Avec plus de 400 millions de vues sur TikTok, impossible de passer à côté du Lucky Girl Syndrome, le « syndrome de la fille chanceuse » en français . Cette méthode miracle permettrait d’attirer la chance en s’autopersuadant. « Il s’agit d’une trend véhiculée par la génération Z sur le réseau social. Elle suggère que vous pouvez obtenir les choses que vous souhaitez, si vous vous persuadez qu’elles vous appartiennent déjà« , explique Kimberly Vered Shashoua, thérapeute. Pour la spécialiste, il s’agit d’un nouveau nom donné à la loi de l’attraction (et à la loi de l’assomption), une croyance qui veut que nos pensées aient une influence sur nos vies. « L’idée est la même, si ce n’est que le Lucky Girl Syndrome vise souvent les plus jeunes« , poursuit-elle. Selon la thérapeute, les pensées magiques ont toujours existé. « Il y a tellement d’incertitude, en ce moment, qu’elles donnent l’impression que nous contrôlons nos vies. Ainsi, il est presque normal que les gens soient attirés par cette méthode« , explique-t-elle à propos de l’engouement pour la pratique.
En quoi ça consiste ? Comment avoir plus de chances ?
La clé du succès repose sur la répétition d’affirmations positives. Sur TikTok, l’utilisatrice @soulcialbohemia conseille, par exemple, de répéter fréquemment des phrases telles que « Je me sens chanceuse », « Tout me sourit », « J’ai beaucoup de chance », » Ma vie est bien remplie », ou encore « Tout va bien ». Une autre explique que verbaliser des « mantras » positifs et visualiser ses objectifs aurait changé sa vie. « J’ai compris qu’il était important que ça devienne un état d’esprit. J’ai commencé par visualiser un nouveau groupe d’amis, un appartement et un nouveau travail. Tout est ensuite arrivé très vite« , explique celle qui le pratique quotidiennement, comme une routine.
Attention à la positivité toxique !
Est-ce que ça rend plus heureux ?
À l’image de la loi de l’attraction, le Lucky Girl Syndrome permet de poser des intentions. Sur le papier, cela peut donc être bénéfique et rendre plus heureux. Kimberly Vered Shashoua souhaite néanmoins nuancer. « Il n’a jamais été prouvé que la Loi de l’attraction, la Loi de l’assomption ou le Lucky Girl Syndrome existent, au-delà des anecdoctes. Si le Lucky Girl Syndrome était efficace, nous serions tous en mesure de le tester et d’en apporter la preuve, ce qui n’est pas le cas« , détaille la thérapeute. « De plus, de nombreuses personnalités telles que Napoleon Hill et Rhonda Byrne – qui ont fait la promotion de ces méthodes – ont depuis été accusées d’être des charlatans« , conclut-elle.
Quels sont les limites et risques de cette méthode ?
Le Lucky Girl Syndrome aurait de nombreux inconvénients, dont la positivité toxique. « Il s’agit d’une croyance selon laquelle on doit toujours être positif, même si cela signifie ignorer la réalité« , souligne la thérapeute. « Le Lucky Girl Syndrome suggère qu’on devrait supprimer nos pensées »négatives » ce qui n’est pas sain. Si nous sommes en mauvaise posture, nous ne pouvons pas les ignorer, car ça reviendrait à nous mentir à nous même. Les recherches ont d’ailleurs démontré que lorsque nous n’affrontons pas la réalité, et que nous répétons des choses que nous savons fausses, nous nous sentons encore plus mal« , précise-t-elle. Selon elle, imaginer que nos pensées contrôlent notre vie culpabilise et a des effets néfastes. « Si les choses tournent mal, si nous perdons notre emploi, si nous faisons une dépression ou si notre animal de compagnie est malade, par exemple, nous pourrons avoir tendance à penser que ces événements sont arrivés à cause de nous et de nos pensées« , prévient Kimberly Vered Shashoua. Cela renforcerait un sentiment de honte, de déni et de culpabilité qui pourrait avoir des conséquences surtout lorsqu’il s’agit de la santé. « Si on souffre de dépression, par exemple, se fier à de telles pensées peut amener à ignorer les symptômes, à ne pas voir de thérapeute et à ne pas accéder à un traitement médicamenteux« .
Mise en garde aux Franciliens qui possèdent leur propre poulailler ou qui achètent leurs oeufs chez des particuliers. L’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Ile-de-France recommande de ne plus consommer ces œufs de production domestique non contrôlée sur l’ensemble de la région, pour cause de contamination aux polluants organiques persistants (POP). Une étude réalisée en mars 2023 par l’ARS sur les œufs de 25 poulaillers domestiques d’Île de France a révélé que les sols et les œufs des poulaillers de la région sont contaminés par trois familles de polluants organiques persistants (POP) : les dioxines (PCDD), les furanes (PCDF) et les polychlorobiphényles (PCB). 14 des poulaillers analysés sont situés près des trois plus grands incinérateurs d’ordures ménagères de la région à savoir Ivry-sur-Seine, Issy-Les-Moulineaux et Saint-Ouen. « Les polluants sont présents dans tout l’environnement urbain, et non pas spécifiquement aux abords des incinérateurs » souligne l’ARS. Sur les 25 poulaillers analysés, « deux sites, [situés à plus de 3 kilomètres d’un des incinérateurs] présentent des teneurs particulièrement élevées en PCB dans les œufs, dépassant de 40 à 50 fois les seuils réglementaires européens pour les œufs commercialisés ».
C’est quoi les polluants organiques persistants (POP) ?
Les dioxines et les furanes sont des sous-produits indésirables de la combustion des déchets (incinération des ordures ménagères, brûlage de déchets verts) et de certains procédés industriels (blanchiment des pâtes à papier par exemple). Les PCB sont aujourd’hui interdits en France. Leur présence dans l’environnement est liée à des utilisations passées (adhésif, huiles, peintures, pesticides) ou des fuites d’usines. Les POP « sont lipophiles et se concentrent donc dans les tissus adipeux des organismes vivants, et s’accumulent tout au long de la chaine alimentaire. L’alimentation constitue donc la principale voie d’exposition pour la population générale » alerte l’ARS. Selon le Ministère de la Transition écologique, les POP sont :
persistants : la substance se dégrade « lentement »,
bioaccumulables : la substance « s’accumule » au sein des êtres vivants,
toxiques : l’exposition à la substance est susceptible de provoquer des effets nocifs,
mobiles sur de grandes distances : des concentrations élevées sont mesurées loin des points de rejet (en Arctique par exemple).
Quels sont les risques pour la santé ?
Selon l’ARS, consommer des aliments contaminés par des POP peut avoir des effets sur la santé à long terme comme :
« Il n’existe aucun traitement pour éliminer ces substances de l’organisme. La principale mesure de prévention consiste à éviter la consommation de produits alimentaires contaminés » préconise l’ARS. L’Agence recommande, en attendant les investigations complémentaires, de ne pas consommer les œufs et produits animaux de production domestique non contrôlée sur l’ensemble de la région francilienne (surtout Paris et la petite couronne). L’étude ne concerne pas les productions d’œufs intégrés à une filière commerciale, vous pouvez toujours consommer des œufs vendus dans le commerce, ils sont contrôlés.
Sources :
– Polluants organiques persistants : l’Agence recommande à titre conservatoire de ne pas consommer les œufs des poulaillers domestiques en Île-de-France, ARS Ile-de-France, 19 avril 2023
– Les polluants organiques persistants (POP), Ministère de la Transition écologique, 22 mars 20223
L’endométriose est une maladie gynécologique qui touche environ 1 femme sur 10 en âge de procréer en France. Elle se caractérise par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine (tissu endométrial) qui se développeen dehors de l’utérus. Si l’endométriose est profonde, des lésions peuvent toucher différents organes : ovaire, rectum, vessie, vagin, ligaments utéro-sacrés… Et ces lésions entraînent (mais pas toujours !) l’apparition de symptômes. Comment reconnaître une endométriose ? Quels sont les signes évocateurs ? Quand et qui consulter ? Réponses avec le Dr Olivier Donnez, gynécologue-obstétricien.
1. Des règles douloureuses
Le symptôme le plus caractéristique de l’endométriose est la douleur. « Une douleur qui peut se manifester juste avant les règles, pendant les règles (dysménorrhée) ou même entre les règles. Il s’agit d’une douleur pelvienne qui est variable en fonction des femmes« , explique notre interlocuteur. La douleur pelvienne se situe au niveau du petit bassin, à l’arrière de l’utérus. Typiquement, elle se manifeste par une sensation de brûlure ou de décharge électrique au niveau du bas-ventre et peut irradier vers le bas du dos ou vers les jambes.
2. Des douleurs pendant les rapports
« Certaines femmes se plaignent de douleurs au moment de rapports sexuels – on les appelle « dyspareunies » – qui surviennent soit dans certaines positions, soit dans toutes les positions. Ces douleurs surviennent généralement dans les positions dans lesquelles la pénétration est la plus profonde » (comme l’enclume ou l’Andromaque), indique le gynécologue-obstétricien.
3. Des douleurs chroniques dans le bas du ventre
L’endométriose peut entraîner une douleur pelvienne récurrente (qui persiste plus de 6 mois) et survenir entre les périodes de règles. Ce caractère cyclique est d’ailleurs évocateur de la maladie. L’Inserm précise que 40% des femmes qui présentent des douleurs pelviennes chroniques seraient atteintes d’endométriose.
4. Des brûlures urinaires
« L’endométriose peut entraîner des douleurs lors de la miction, comme des sensations de brûlure, qui peuvent faire penser à tort à une infection urinaire« , indique le gynécologue. L’endométriose peut également causer des douleurs à la défécation (expulsion des matières fécales), associées parfois à une présence de sang dans les selles.
L’endométriose peut causer des hémorragies anormales qui se manifestent par des règles plus abondantes ou plus longues, que l’on appelle médicalement des ménorragies. On parle de règles abondantes quand :
► la période de saignements dure plus de 7 jours
► on perd plus de 80 ml de sang par cycle menstruel (cela représente en moyenne un changement de protection hygiénique toutes les heures)
► on perd d’importants caillots de sang de plusieurs centimètres.
6. Des saignements anormaux hors règles
L’endométriose peut entraîner des saignements entre les règles (spotting s’ils sont légers et occasionnels ou métrorragies s’il sont abondants et quasi permanents) ainsi que des contractions de l’utérus qui provoquent des douleurs. « Ces saignements sont liés à une adénomyose, une forme d’endométriose interne qui envahit le muscle de l’utérus. C’est une forme d’endométriose fréquente entre 35 et 40 ans et plus rare chez la femme jeune« , précise notre interlocuteur.
7. Une alternance diarrhée/constipation
L’endométriose peut également causer des douleurs liées au transit intestinal. « Si l’endométriose touche l’intestin, elle peut bloquer le transit, tandis que pendant les règles, l’endométriose va s’enflammer et provoquer une accélération du transit. Les femmes concernées par ce problème se plaignent donc d’une alternance de constipation et de diarrhée« , observe notre spécialiste. Des symptômes qui sont très invalidants au quotidien.
8. Une infertilité
« On estime que 50% des patientes qui souffrent d’endométriose (pas forcément à un stade avancé) présentent des troubles de la fertilité. L’endométriose est souvent associée à l’idée de ne pas pouvoir avoir des enfants. Or, c’est faux. L’endométriose crée une infertilité quand elle est présente. Mais quand elle est traitée, il est tout à fait possible de tomber enceinte« , tient à rétablir notre interlocuteur.
9. Une douleur à l’épaule
Dans de rares cas, il arrive que les lésions se trouvent très à distance de l’utérus, par exemple au niveau du diaphragme, c’est-à-dire assez haut au niveau de l’abdomen. « Et ces lésions peuvent occasionner des douleurs en dessous des côtes pendant les règles. Ces douleurs peuvent même remonter au niveau des épaules. Les lésions d’endométriose superficielle se déposent dans les endroits les plus bas. Comme les femmes passent les deux tiers de leur temps assise ou debout, l’endroit le plus bas du ventre est le cul-de-sac de Douglas, autrement dit, la partie qui se trouve juste derrière l’utérus et c’est là que les femmes ont mal le plus souvent. En revanche, lorsqu’elles sont allongées, la partie la plus basse de l’abdomen se trouve juste derrière le foie. il peut y avoir de l’endométriose à cet endroit-là. Une femme qui se plaint de douleurs à l’épaule pendant les règles doit être entendue. Ce n’est pas anodin, même si ça reste rare« , détaille notre expert.
10. Un mal de dos
Il y a des symptômes qui sont liés à des maladies qui sont à un stade plus avancé en termes de douleurs. « Une douleur au niveau du milieu du dos pendant les règles peut être un signe de souffrance rénale. En effet, dans des cas extrêmes, une endométriose qui s’est étendue peut toucher les uretères (tuyaux qui amènent l’urine du rein vers la vessie) et empêcher l’urine d’aller dans la vessie. L’urine s’accumule dans le rein, ce qui à terme, impacte son fonctionnement et dans les cas les plus sévères, entraîne une perte totale de la fonction du rein« , alerte le Dr Donnez.
► Si vous constatez la survenue d’un ou plusieurs de ces symptômes, il est important d’en parler à son médecin traitant ou à son gynécologue qui pourra ensuite vous orienter vers des spécialistes si une endométriose est suspectée. Des examens (par exemple, une échographie pelvienne, une résonnance magnétique pelvienne…) pourront être réalisés pour poser un diagnostic.
Une endométriose sans symptômes, ça existe ?
A savoir aussi que certaines formes d’endométriose sont asymptomatiques et évoluent silencieusement. Dans ce cas, la maladie est généralement découverte de façon fortuite.
Merci au Dr Olivier Donnez, gynécologue-obstétricien à la Polyclinique Urbain V, établissement Elsan, qui fait partie de l’ensemble des Hôpitaux Privés du Vaucluse à Avignon.
Le HPV est l’abréviation de Human papillomavirus (HPV) en anglais. Il s’agit d’une grande famille de virus avec plus de 200 virus identifiés à ce jour. « On leur donne des numéros pour les différencier. Par exemple, le HPV 1 est celui qui est responsable des verrues palmo-plantaires bien connues chez les enfants« , illustre Amélie Ménard, infectiologue. Il s’agit d’un virus extrêmement contagieux. « On estime qu’environ 90 % de la population va rencontrer au cours de sa vie un papillomavirus. Être en couple avec un partenaire positif au HPV multiplie le risque d’être contaminé par 6 selon une étude canadienne publiée en mai 2021 dans le National Library of Medicine« , avance Amélie Ménard.
Est-ce que l’homme peut attraper le papillomavirus ?
L’homme et la femme peuvent être contaminés indifféremment par contact intime. Plusieurs études retrouvent un taux de transmission plus important de la femme vers l’homme (1,6 fois plus).
Quels sont les symptômes d’une infection au papillomavirus chez l’homme ?
La contamination par HPV reste asymptomatique dans la très grande majorité des cas mais « on sait qu’il existe une susceptibilité génétique au HPV », explique la spécialiste. Aussi chez un certain nombre d’individus l’HPV va infecter les cellules et s’exprimer par des verrues de la peau ou des muqueuses et parfois les transformer en cancers. La verrue génitale, ou condylome, est le symptôme le plus fréquent. « En France, chaque année, 100.000 personnes, hommes et femmes, sont traitées pour des verrues génitales, parfois au niveau de l’anus mais aussi dans la muqueuse orale« . Dans 10 % des cas, une infection liée à un HPV à haut risque oncogène (HPV-HR, il en existe une quinzaine connu à ce jour) peut transformer nos cellules en cellules pré-cancéreuses puis en cancers. Chez l’homme, on retrouve ainsi des cancers de l’anus, des cancers du pénis et des cancers de la sphère ORL. Ces derniers étant de plus en plus fréquents. « Aujourd’hui la majorité des cancers de l’oropharynx sont liés au papillomavirus et plus uniquement à l’alcool et au tabac comme c’était le cas il y a encore quelques années« , souligne l’infectiologue. Les HPV à haut risque oncogène sont les HPV 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59, 66, 68, le HPV 16 étant le plus fréquent.
Comment se fait la transmission du papillomavirus chez l’homme ?
C’est une transmission par contact de muqueuse à muqueuse. « Les virus HPV ne se trouvent pas dans les sécrétions mais dans les cellules de la peau et des muqueuses. Aussi les préservatifs ne sont pas une protection efficace dans le cadre de cette IST, c’est important de l’expliquer. Une simple caresse peut suffire pour contaminer ou être contaminé, avec ou sans pénétration« , précise Amélie Ménard. Elle complète : « les hommes se contaminent plus que les femmes pour plusieurs raisons encore mal comprises mais notamment parce qu’ils fabriquent moins d’anticorpsaprès une infection et leur protection naturelle dure moins longtemps. Ils se re-contaminent donc plus facilement, ce qui signifie qu’ils participent activement à l’épidémie« . Même asymptomatique, un individu infecté peut contaminer un autre individu.
Chez 10 % des individus infectés le HPV va évoluer vers un cancer
Existe-il un test de dépistage ?
Si letest HPV – et le frottis cervical- sont des outils bien établis du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus chez les femmes, il n’existe pas ou peu de tests similaires pour l’homme. « Selon les nouvelles recommandations de la société française de proctologie 2023, des tests HPV peuvent être réalisés pour un certain type de population à haut risque de développer un cancer de l’anus lié à l’HPV 16. Une anuscopie et un test HPV peuvent alors être réalisés« , explique la spécialiste. Ces populations à risque sont « les hommes âgés de plus de 30 ans vivant avec le VIH et ayant des rapports sexuels avec les hommes, les femmes ayant des antécédents de lésions précancéreuses ou de cancer de la vulve, les femmes transplantées d’organe solide depuis plus de 10 ans« , note la Société nationale française de colo-proctologie (SNFCP) sur son site Internet. Pour les cancers ORL et le cancer du pénis, il n’existe aucun test disponible actuellement.
Est-ce dangereux chez l’homme ?
La dangerosité du virus varie en fonction du type de HPV contracté. « Ainsi, du type de HPV dépend la probabilité qu’une infection reste inapparente ou se traduise par des anomalies des cellules, que l’infection ou la maladie guérisse spontanément ou persiste, et que l’infection conduise à une lésion de haut grade, qui régressera ou persistera (lésion cancéreuse). Le virus HPV est aussi dangereux chez l’homme que chez la femme. Il existe une prédisposition génétique, immunitaire et certains facteurs de risques sont bien connus comme le tabac pour favoriser la chronicisation de l’infection à HPV. Donc oui il est dangereux car nous n’avons pas la possibilité de savoir qui sont les 10 % des individus infectés chez qui une infection va évoluer vers un cancer« , développe la spécialiste.
Traitement : comment soigner le papillomavirus chez l’homme ?
On ne dispose à ce jour d’aucun traitement antiviral contre le papillomavirus. On ne soigne pas un papillomavirus mais les symptômes dont il est responsable, dont les condylomes, les lésions pré- cancéreuses et les cancers. « Le fardeau chez l’homme du traitement des lesions pré-cancéreuses anales ou du pénis est très lourd« , note Amélie Ménard.
Quelle prévention contre l’infection par l’ HPV ?
La seule prévention efficace est le vaccin. Préconisé au départ chez les filles depuis 2007 puis chez les garçons depuis 2019, la vaccination HPV est recommandée, remboursée à partir de 11 ans. Par deux doses si elle est faite avant 15 ans et 3 doses si elle est faite entre 15 et 26 ans. A la fin de l’année 2021, selon Santé Publique France, 37,4% des filles de 16 ans présentaient un schéma vaccinal complet à deux doses. Chez les garçons, 6% avaient reçu une dose à 15 ans. En France, la couverture vaccinale est parmi les plus faibles d’Europe. Par exemple en Espagne ou au Portugal ils sont à 80%, en Angleterre à 81% et 60% en Italie… « Dans de nombreux pays, on recommande un rattrapage vaccinal jusqu’à 45 ans, ce qui n’est pas encore le cas en France aujourd’hui », conclut Amélie Ménard. « Cela pourrait être intéressant car avoir été contaminé une fois par un HPV 18 par exemple ne protège pas naturellement d’être contaminé plus tard par un HPV 16 par exemple, dont on sait qu’il est plus pourvoyeur de cancer ».
Merci au Dr. Amélie Ménard, dermato-infectiologue à l’AP-HM à Marseille et coordinatrice de la Réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP- HPV complexe) qui réunit différentes spécialités médicales concernées par les cancers induits par les papillomavirus.
Source : Taux de transmission du papillomavirus humain génital spécifique au sexe et au type entre partenaires hétérosexuels : une réanalyse bayésienne de la cohorte HITCH, mai 2021, National Library of Medicine.
Les personnes hypomaniaques souffrent d’hypomanie, un trouble psychique qui se manifeste par des troubles de l’humeur. Crises d’exaltation, humeur euphorique mais aussi irritabilité voire agressivité. Découverte du trouble hypomaniaque avec le Dr Jacques Angelergues, psychiatre et psychanalyste.
Définition : C’est quoi être hypomaniaque ?
L’hypomanie est un trouble psychique, passager ou chronique, caractérisé par un dérèglement de l’humeur. L’hypomanie signifie littéralement « sous-manie » et correspond à une forme mineure de la manie : « Il s’agit d’un mot d’usage relativement récent, l’hypomanie dérive de la manie qui, avec la mélancolie, est une entité psychiatrique ancienne et très caractérisée. Cette forme est symptomatiquement moins extrême, moins folle et plus proche de la normale : elle pourrait correspondre presque à un trait de personnalité« , souligne Jacques Angelergues, psychiatre et psychanalyste. Les patients hypomaniaques peuvent ressentir un important sentiment de joie et de bien-être ou une irritabilité et une hyperactivité (la personne dort moins mais ne se sent pas fatiguée, peut s’investir dans un grand nombre d’activités nouvelles, déborde d’énergie et fait plus d’activité physique). L’hypomanie peut être présente chez les personnes bipolaires.
Comment se manifeste une crise hypomaniaque ?
Quand il se manifeste par des crises d’exaltation de quelques jours, ce trouble est parfois assimilé à la bipolarité. L’excitation peut s’accompagner d’une humeur euphorique, mais le sujet peut aussi être parfois irritable voire agressif. Il peut en découler des altérations du jugement entrainant des troubles de la pensée et du comportement modérés. « Il s’agit d’une déclinaison diluée de la manie : ce sont des personnes qui ont des moments où ils sont un peu plus excitables, ils sont hyperactifs soit par période ou de façon régulière. Ils peuvent ainsi être moteur pour leur environnement ou parfois tout le contraire être fatigant pour l’entourage ou néfastes par leurs activités trop décousues« , explique J. Angelergues. Mais l’hypomanie peut aussi se manifester comme défense suite à un deuil par exemple. Les réactions sont paradoxales : la personne que l’on attendrait abattue ou déprimée peut se trouver dans un état d’excitation réactionnel. « Plutôt que condamner un comportement en apparence inapproprié, il faut alors lire les choses avec soin et tenter de comprendre les raisons qui se cachent derrière ce comportement inhabituel et soudain. L’hypomanie peut être le paravent d’une difficulté plus profonde ».
Contrairement au véritable accès maniaque, l’hypomanie peut être assez productive et ne constitue pas un symptôme psychiatrique.
Quels symptômes lors d’une phase hypomaniaque ?
Contrairement au véritable accès maniaque, l’hypomanie peut être assez productive et elle ne constitue pas un symptôme psychiatrique. « Chez certaines personnes, ça peut même être une façon de s’équilibrer et de réguler leur existence avec des périodes un peu hypomanes et d’autres plus tranquilles. Cet équilibre peut être assez instable quand les périodes d’hypomanie sont trop continues et trop importantes« . Pour parler d’hypomanie, plusieurs symptômes doivent être présents. Les patients peuvent ressentir un important sentiment de joie et de bien-être ou une irritabilité (susceptibilité, pleurs, nervosité), et une hyperactivité (la personne dort moins mais ne se sent pas fatiguée, peut s’investir dans un grand nombre d’activités nouvelles, déborde d’énergie et fait plus d’activité physique). Ce trouble de l’humeur peut être associé à au moins trois des symptômes suivants :
une grande confiance en soi : « elle ose davantage et est généralement au centre de l’attention » ;
une désinhibition importante : « elle est plus sociable, elle a davantage envie de sortir, de rencontrer de nouvelles personnes » ;
une augmentation du débit de la parole ;
une plus grande efficience intellectuelle pour travailler ou étudier : « plein d’idées et de projets » ;
un flux de pensées qui va très vite ;
une augmentation excessive de l’engagement dans des activités agréables (consommation de nourriture, tabac, alcool, drogue, dépenses excessives, conduites à risque…), mais sans réellement percevoir les risques.
Y a-t-il un test pour diagnostiquer une hypomanie ?
Il n’existe pas de critères diagnostiques précis d’hypomanie mais des pistes de recherches. Le seul référentiel est celui de l’excitation : son intensité, sa durée, ses causes et le risque de dérapage vers la manie. « La clinique est l’instrument de diagnostic à travers le dialogue qui permet un questionnement pour comprendre et d’analyser les causes et la dimension de l’excitation hypomaniaque« , ajoute-t-il. Il est important de noter si les symptômes diffèrent de l’état habituel de la personne. Il peut s’agir d’un épisode, avec un début et une fin, qui peut durer plusieurs jours. Toutefois, à l’inverse d’un épisode de manie (beaucoup plus intense), l’épisode d’hypomanie n’a généralement pas de conséquences graves sur la vie professionnelle et sociale de la personne. Cela explique l’important retard fréquent à la prise en compte de ce trouble.
Une psychothérapie permet de comprendre ce qui se cache derrière ces troubles
Quel est le traitement pour soigner une hypomanie ?
Comme pour tous les troubles de l’humeur, il faut distinguer les deux phases du traitement : le traitement symptomatique, qui peut être nécessaire pour calmer l’état immédiat du patient en phase d’hypomanie, et le traitement de fond, pour répondre à une détresse cachée et éviter les récidives. Lorsqu’une prise charge médicamenteuse est envisagée, on se tourne généralement vers des anxiolytiques ou de petites doses de neuroleptiques pour éviter l’agitation et calmer leur comportement et si le sommeil est difficile, de la mélatonine pourra aussi être prescrite. Et à cela ajouter un suivi psychothérapeutique pour comprendre ce qui peut se cacher derrière ces troubles.
Comment se comporter avec une personne hypomaniaque ?
« Il ne faut pas hésiter à montrer son intérêt, à exprimer ses inquiétudes surtout quand la personne a des difficultés à dormir et l’inciter à consulter« , souligne J. Angelergues. L’accompagnement est fondamental dans la prise en charge de cette pathologie : il faut prendre le temps d’échanger, se rendre disponible, écouter et rester bienveillant, et surtout conseiller de consulter un psychiatre et/ou un psychologue. « Apporter une écoute amicale et/ou professionnelle pour permettre à l’autre de mieux envisager ces troubles, de les appréhender et de comprendre le sens de ce mal-être ».
Merci au Dr Jacques Angelergues, psychiatre, pédopsychiatre et psychanalyste à Paris, membre de la société psychanalytique de Paris.
L’Intelligence artificielle continue ses avancées. Parfois de manière inquiétante. Sous son air de pitch de la série dystopique Black Mirror, faire revivre nos proches décédés et discuter avec eux post-mortem serait possible grâce à l’intelligence artificielle (IA). Plus précisément, des plateformes utilisant l’IA seraient capables de prédire la « conscience » et les réactions d’un être humain décédé afin de les retranscrire virtuellement sur un écran via un « double numérique » ou « deadbot » (contraction de « mort » et de « robot » en anglais). C’est en tout cas ce que promet un logiciel américain, présenté dans un article du New York Post et conçu par le Dr Pratik Desai, un médecin et informaticien de la Silicon Valley, qui devrait être disponible d’ici la fin de l’année 2023. Pour retranscrire la conscience d’une personne, l’outil aurait besoin d’une multitude de données comme des enregistrements de la voix de la personne, des messages, des posts ou des commentaires sur les réseaux sociaux, des extraits vidéo et des photos que l’on souhaite « réimaginer ».
Un avatar que l’on peut solliciter à chaque instant, comme n’importe quel contact Facebook.
Compilées et mixées, toutes ces données seraient ensuite téléchargées dans le système de l’IA qui apprendrait ainsi à connaître et décrypter le caractère, les mouvements, les mimiques, les tics de langage, le sens de l’humour ou encore la voix de la personne. L’utilisateur devrait ensuite concevoir un avatar (représentation virtuelle d’une personne) ressemblant le plus possible au proche qu’il souhaite « faire revivre ». Concrètement, il serait possible de poser des questions à la personne ou d’avoir une discussion avec elle. Un avatar que l’on peut solliciter à chaque instant, comme n’importe quel contact Facebook finalement.
Des conséquences sur la santé mentale
Cela fait quelques années que la technologie et le digital s’intéressent au secteur funéraire. Cette nouvelle branche a même un nom : la deathtech. Bien entendu, ce que les sociologues ont commencé par nommer « l’éternité ou l’immortalité numérique » ne serait pas sans conséquence sur la santé mentale et pourrait, chez certaines personnes fragiles, entraîner des dérives psychologiques. « Après une période de choc liée au décès, la phase suivante est de rechercher la personne décédée. On va croire qu’on la croise dans la rue, on va relire ses messages… Cette phase est normale la première année, mais si elle continue, elle devient pathologique« , prévient Véra Fakhry, psychologue spécialiste du deuil, interrogée par nos confrères des Echos, au sujet d’une application similaire.
« On aura peut-être des nouvelles formes de maladies autour du deuil, un usage quasiment maladif de ces outils technologiques pour ne pas laisser la personne s’en aller, des nouvelles formes de dépression…« , prédit Johan Rochel, spécialiste en droit et éthique de l’innovation, interviewé dans le reportage vidéo « Faut-il ressusciter virtuellement nos morts » du magazine suisse Le Temps. Il faudra donc être extrêmement prudent et psychologiquement bien accompagné(e) si ce genre de plateforme arrive (un jour) en France…
Sources : You could upload dead loved ones to your computer by end of year: tech guru, New York Post, 10 avril 2023 / « La Place des morts, enjeux et rites » du sociologue Patrick Baudry (L’Harmattan, 2006)