Comment reconnaître une personne bipolaire ? Euphorie, déprime ?

[Mise à jour le 29 mars 2023 à 19h39] Le 30 mars 2023 c’est la Journée mondiale des troubles bipolaires. En France, selon la Haute Autorité de santé (HAS), sa prévalence est estimée autour de 1 % à 2,5 % en population générale. Les personnes bipolaires ont une humeur très fluctuante. La bipolarité est reconnue comme une maladie psychiatrique. Elle est très longue à diagnostiquer. Il n’existe pas d’outil d’évaluation objectif pour le diagnostic du trouble de la bipolarité. Le diagnostic repose uniquement sur un examen clinique psychiatrique du patient, réalisé par un médecin spécialiste. Dépression, hypomanie… Comment reconnaître une personne bipolaire ? Quels tests faire ? Quand consulter un psychiatre ?

Qu’est-ce qu’un trouble bipolaire ?

Le trouble bipolaire est une maladie psychiatrique chronique et récurrente, de présentation clinique et d’évolution très variables, débutant majoritairement chez l’adolescent et l’adulte jeune. Il s’agit d’un trouble de l’humeur alternant épisode(s) maniaque(s) ou hypomaniaque(s) (exaltation de l’humeur, agitation psychomotrice) et épisode(s) dépressif(s) avec des intervalles de rémission

Quels sont les symptômes d’une personne bipolarité ?

Les troubles bipolaires se manifestent par un trouble chronique de l’humeur avec alternance de phases euphoriques, parfois même délirantes, et de phases de dépression. La psychologue Marine Bienaimé précise toutefois que « ces épisodes pathologiques étant entrecoupés par des périodes où l’humeur est normale ». Ces états, poussés à l’extrême, peuvent produire des délires et des hallucinations voire un comportement dangereux parfois pouvant conduire à hospitalisation sous contrainte. 

► Les symptômes de la phase dépressive sont notamment une profonde tristesse, un désespoir qui se traduisent par un manque d’envie, une perte de l’élan vital et un ralentissement psychique et moteur. On observe chez le patient une perte d’intérêt et de motivation, un pessimisme, une culpabilité ou dépréciation ainsi qu’un repli sur soi pouvant aller jusqu’à des idées suicidaires.

►​​​​​​​ Ceux d’une phase maniaque sont notamment l‘euphorie, l’exaltation de l’humeur, l’excitation psychomotrice ( projets multiples, désinhibition, présentation extravagante, flux de paroles (logorrhée), fuite des idées, insomnie sans sentiment de fatigue, etc.). Le maniaque ne s’arrête jamais. Il fait preuve d’un optimisme débordant, d’un sentiment de toute puissance et d’une désinhibition. On assiste ainsi à une accélération du fonctionnement psychique, accompagnée d’un délire parfois et d’un risque de mise en danger. En phase maniaque, le sujet est dans le déni de ses troubles et, après un épisode maniaque, il peut même éprouver une certaine nostalgie d’une période durant laquelle tout semblait possible. Il est fréquent qu’après l’épisode maniaque apparaisse une phase dépressive.

Quels sont les facteurs de risque de la bipolarité ? Une maladie génétique ?

Sur cette question, Marine Bienaimé précise que « les facteurs génétiques sont parfois évoqués, au moins dans certains cas où plusieurs membres d’une même famille sont touchés. Mais aucune étude génétique n’a à ce jour fait de lien direct et le poids psychique transgénérationnel est un facteur qui ne doit pas être négligé ».

Comment diagnostiquer la bipolarité ?

Les troubles bipolaires sont diagnostiqués grâce à une enquête au cours de laquelle le psychiatre mesure la durée des phases d’exaltation et des phases de dépression. Il s’agira aussi de prendre en compte les antécédents familiaux et l’environnement dans lequel le patient évolue. L’interrogatoire de l’entourage est très informateur, la personne atteinte étant rarement consciente de son trouble. Le diagnostic est souvent difficile et long entraînant une prise en charge tardive des personnes atteintes de troubles bipolaires. Il s’écoulerait en moyenne une dizaine d’années entre les premiers symptômes et la prescription d’un traitement adapté, situation augmentant le risque de complications.

Existe-t-il des tests ?

Aucun examen biologique ou d’imagerie, en l’absence de point d’appel clinique ou de test génétique, n’est, à l’heure actuelle, utile pour porter un diagnostic.

Dépression ou troubles bipolaires ?

Il faut faire la différence entre des troubles bipolaires et un épisode dépressif, qu’il soit isolé ou récurrent car la prise en charge est différente. Lors d’un trouble bipolaire, il existe une rupture avec le fonctionnement psychique antérieur avec un caractère épisodique des manifestations. Il est également indispensable d’évaluer les risques suicidaires. Les adolescents souffrant d’un épisode dépressif et présentant un antécédent familial de trouble bipolaire nécessitent une surveillance.

Traitement : que faire en cas de bipolarité ?

Marine Bienaimé explique que « médicaments et psychothérapie sont complémentaires. Il peut s’agir d’une thérapie comportementale ou cognitive, d’une psychothérapie mais aussi d’une thérapie familiale ou conjugale en raison de l’impact de la maladie sur l’entourage ». La psychologue insiste sur « l’importance d’une bonne alliance thérapeutique et d’une observance du traitement au long cours ainsi qu’une bonne hygiène de vie ». Le succès de la prise en charge passe également par une éducation thérapeutique afin que la personne reconnaisse les signes avant-coureurs. Sur le plan médicamenteux, une fois le diagnostic posé, le traitement est souvent prescrit sur de très longues périodes. Les molécules les plus couramment utilisées sont des sels de lithium, des neuroleptiques et des médicaments antiépileptiques.

Complication : prévenir le suicide

L’avis d’un psychiatre est indispensable lorsque le diagnostic de troubles bipolaires est envisagé afin de le confirmer et de mettre en place une prise en charge la plus adaptée. Une hospitalisation est parfois envisagée avant l’orientation vers un psychiatre, par exemple lors d’un épisode maniaque ou mixte présentant des critères de gravité ou d’un risque de suicide.

Merci à Marine Bienaimé, psychologue. / Haute Autorité de Santé.


Source : JDF Santé