Les dyskinésies désignent des mouvements anormaux et involontaires. « Il s’agit d’une pathologie complexe car elle rassemble différentes formes de mouvements involontaires choréiques et dystoniques« , explique le Pr Luc Defebvre, neurologue au Centre expert parkinson de Lille. Un mouvement choréique est un mouvement anarchique de balancement ou d’extension-flexion d’un membre, du cou ou du tronc tandis qu’un mouvement dystonique est une posture anormale d’une partie du corps.
Quelles sont les causes des dyskinésies ?
La dyskinésie survient principalement après la prise d’un traitement pour soigner une psychose ou la maladie de Parkinson. Ainsi, la dyskinésie est induite par la prise de neuroleptiques (psychose) ou par la prise de L-Dopa (Parkinson). D’après le Pr Defebvre, dans le cadre de la prise de neuroleptique, deux situations sont possibles : « Une dyskinésie aigue – cas plus rare – qui intervient dès la première prise du traitement et dont les mouvements sont surtout dystoniques ou bien une dyskinésie plus tardive – plus fréquente – qui intervient après plusieurs mois ou années de prise de traitement et dont les mouvements sont à la fois choréiques et dystoniques ». Dans le cadre d’une dyskinésie induite par la L-Dopa, traitement de référence dans la maladie de Parkinson, deux schémas sont aussi visibles : « Une dyskinésie apparaissant juste après la prise du traitement ou à distance de la prise avec des mouvements dystoniques touchant plutôt les pieds ou bien une dyskinésie intervenant au pic d’action du traitement avec des mouvements plutôt choréiques touchant la partie supérieure du tronc, le cou, le visage ou les membres. » Dans ce dernier cas, la crise peut durer de 30 à 45 minutes.
C’est quoi une dyskinésie tardive ?
La dyskinésie tardive est assez fréquente. « Elle intervient après plusieurs mois de traitements neuroleptiques. Les dyskinésies tardives surviennent principalement avec les neuroleptiques de première génération. Les mouvements peuvent être à la fois choréiques et dystoniques et sont situés principalement au niveau de la bouche, de la langue et du visage. Lorsque la dyskinésie est tardive elle est souvent permanente… », souligne le Pr Defebvre.
Est-ce un signe de Parkinson ?
Les dyskinésies ne sont pas un signe révélateur de la maladie de Parkinson mais une conséquence puisqu’elles surviennent quelques années après la prise du traitement par L-Dopa.
Quels sont les symptômes d’une dyskinésie ?
Les symptômes principaux sont des mouvements non coordonnées, involontaires, répétitifs, saccadés ou non mais aussi des spasmes musculaires continus qui parasitent les mouvements involontaires.
Comment est posé le diagnostic d’une dyskinésie ?
« Tout d’abord, la dyskinésie se voit, elle ne peut pas se cacher. En s’informant sur son dossier médical, si le patient est atteint de Parkinson ou de psychose et est ainsi soigné par L-Dopa ou neuroleptiques, on comprend rapidement que ses mouvements relèvent de la dyskinésie. »
Comment soigner une dyskinésie ?
« Lorsque la dyskinésie est causée par la prise de neuroleptiques, il est possible de diminuer ou d’arrêter le traitement mais parfois, même en l’arrêtant, la dyskinésie persiste. Dans ce cas, nous sommes limités en termes de thérapeutiques : on peut proposer des injections de toxine botulique ou proposer un traitement proche des neuroleptiques appelé xenazine« , explique le neurologue. En cas de dyskinésie causée par le traitement de la maladie de Parkinson, il est possible d’adapter les doses du traitement ou de procéder à une stimulation cérébrale profonde.
C’est quoi une dyskinésie septale ?
La dyskinésie septale peut apparaître en cardiologie lorsque l’on suspecte une anomalie au niveau du septum interventriculaire. Le septum interventriculaire est une cloison qui sépare les deux ventricules cardiaques. Habituellement, le muscle cardiaque se contracte en systole, c’est-à-dire qu’il s’épaissit puis se rapproche du centre de la cavité. Si la paroi ventriculaire s’éloigne du centre de la cavité au lieu de s’en rapprocher, il s’agit alors d’une dyskinésie, explique une Note physiologique sur l’Aplatissement septal et la dyskinésie septale. Cette dyskinésie peut survenir après un infarctus du myocarde ou témoigner d’une hypertension artérielle pulmonaire importante.
C’est quoi une dyskinésie ciliaire ?
Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), « les dyskinésies ciliaires primitives (DCP) sont des maladies respiratoires rares d’origine génétique, transmises le plus souvent sur un mode autosomique récessif, et principalement responsables d’infections précoces et récidivantes des voies aériennes« . La dyskinésie ciliaire n’a donc pas de lien avec les dyskinésies neurologiques. Il s’agit ici d’une anomalie des battements des cils situés dans le nez et les bronches chargés de protéger les poumons des bactéries inhalées. Ces dyskinésies respiratoires seraient à l’origine de pathologie ORL chroniques tels que des rhinites, des rhino sinusites, des otites moyennes aigues répétées, une toux grasse chronique ou encore une dilatation des bronches. Dans 50% des cas, ce type de dyskinésie s’accompagnerait d’un situs inversus, c’est-à-dire une inversion des organes du thorax et de l’abdomen : on appelle alors cela le syndrome de Kartagener. Il n’existe pas de traitement permettant aux cils de battre normalement. Pour l’heure, la prise en charge repose sur la prévention et le traitement des maladies respiratoires.
Merci au Pr Luc Defebvre, responsable du service de Neurologie et Pathologie du Mouvement au CHU de Lille et Président du Collège des enseignants de neurologie.
Sources :
– Dyskinésies ciliaires primitives, 12 janvier 2018, Haute autorité de santé – Aplatissement septal et dyskinésie septale, 2005, Elsevier SAS pour la Société de réanimation de langue française
Un éthylotest est un dispositif de mesure du taux d’alcool dans l’air expiré. Il est souvent utilisé pour déterminer si une personne est en état d’ébriété au volant. Pour rappel concernant le seuil réglementaire du taux d’alcool : « la limite fixée est de 0,5 g d’alcool par litre de sang, soit 0,25 mg par litre d’air expiré, rappelle une porte-parole de la Sécurité Routière. Pour les conducteurs titulaires d’un permis probatoire, et ceux en situation d’apprentissage, les conducteurs de véhicules de transport en commun ou dont le droit à conduire est limité aux véhicules équipés d’un EAD, la limite fixée est de 0,2 g par litre de sang, soit 0,1 mg par litre d’air expiré« . L’éthylotest est un dispositif destiné au dépistage de l’alcoolémie ce qui le différencie de l’éthylomètre qui est un outil de vérification de l’alcoolémie. « En d’autres termes, l’éthylotest est un moyen de détecter la présence d’alcool dans l’air expiré et l’éthylomètre permet de mesurer très précisément la concentration d’alcool dans l’air expiré. C’est d’ailleurs la mesure faite au moyen de l’éthylomètre et uniquement elle (sauf en cas de prélèvement sanguin) qui est utilisée en matière pénale pour caractériser l’infraction de conduite sous l’empire d’un état alcoolique« .
Il existe 2 grandes familles d’éthylotest : ► Les éthylotests chimiques souvent appelés par abus de langages « ballons » alors que certains modèles sont dépourvus de poche gonflable. « A usage unique, ils utilisent des cristaux chimiques (réactif) qui s’oxydent en présence d’alcool et changent donc de couleur, passant du jaune au vert. L’utilisateur souffle soit dans une poche en plastique qu’il faut ensuite dégonfler dans le tube contenant les cristaux soit directement dans le tube contenant les cristaux avec un embout adapté« . ► Les éthylotests électroniques. Il existe 2 types d’éthylotests électroniques avec les modèles grand public et les éthylotests électroniques destinés aux forces de l’ordre. « Les modèles forces de l’ordre sont spécialement développés pour permettre un très grand nombre de dépistages, ce à quoi ne se destinent pas les éthylotests grand public. Les éthylotests électroniques sont équipés d’une sonde électrochimique qui réagit à la présence d’alcool dans l’air expiré selon un calibrage pré-établi (seuil de détection). Si ce seuil est atteint, l’appareil va indiquer que le dépistage est positif« . Qu’ils soient électroniques ou chimiques, les éthylotests doivent répondre à des obligations réglementaires et normatives (NF EN 16280, NF EN 15964 et NF X 20-702) qui en garantissent les performances et la fiabilité. « Un appareil ne répondant pas à ces normes ne peut donc pas être commercialisé en France. Avant l’achat d’un éthylotest, il est donc important de vérifier qu’il réponde à une des normes obligatoires et pour les éthylotests chimiques, que sa date de validité de soit pas dépassée« .
Un éthylotest électronique est un appareil électronique portatif qui mesure le taux d’alcool dans l’air expiré en soufflant dans un embout à usage unique jusqu’à ce qu’un signal sonore ou visuel s’arrête. « Les résultats sont affichés sur un écran, poursuit la porte-parole de la Sécurité Routière. Ils sont plus précis que les éthylotests traditionnels et plus rapides à utiliser« . Quoique cet outil soit plus coûteux qu’un éthylotest jetable, son prix se justifie par les 300 utilisations qu’il offre. Il est privilégié par les forces de l’ordre. « Les seuls impératifs particuliers de l’éthylotest électronique sont qu’ils nécessitent d’être rechargés régulièrement et qu’il faut posséder quelques embouts de rechange en stock« .
Comment fonctionne un éthylotest ?
Un éthylotest mesure la quantité d’alcool dans le souffle d’une personne. « Lorsque vous soufflez dans l’embout de l’éthylotest, les électrodes mesurent la quantité d’alcool dans votre souffle et envoient ces informations à un circuit électronique, détaille notre interlocutrice. Ce circuit calcule ensuite le taux d’alcool dans votre sang en utilisant une formule mathématique standard« . Les résultats sont affichés sur un écran en général en pourcentage d’alcool dans le sang (permillage ou g/l).
Où acheter un éthylotest ?
Les éthylotests sont disponibles en :
Magasins d’articles de voiture
Supermarchés
Magasins de droguerie
Pharmacies
En ligne sur des sites de commerce électronique tels que Amazon, Cdiscount…
Il est important de vérifier la précision et la fiabilité de l’éthylotest avant de l’acheter, en vous référant aux avis d’autres utilisateurs et aux spécifications du produit. Également pour favoriser l’auto-contrôle, les débits de boissons, autorisés à distribuer de l’alcool entre 2 heures et 7 heures du matin (discothèques, bars à ambiance musicale, cabarets), ont l’obligation depuis octobre 2011 (loi n° 2011-1267 du 14 mars 2011 et arrêté d’application du 24 mars 2011 au Journal Officiel du 1er octobre 2011), de mettre à disposition de leurs clients des éthylotests permettant de mesurer le taux d’alcool.
Les lieux qui vendent de l’alcool doivent mettre à disposition des clients des éthylotests
« Et en complément de ce dispositif, depuis le 1er juillet 2021, les établissements délivrant des boissons alcoolisées à emporter doivent proposer à la vente des éthylotests à proximité du rayon présentant le plus grand volume de boissons alcooliques (ou près du lieu d’encaissement pour les débits dont l’activité principale est la vente d’alcool), précise la porte-parole. Cette obligation de mise à disposition d’éthylotests, jusque-là limitée aux établissements de nuit, s’applique également aux sites de vente en ligne de boissons alcoolisées« . En application de l’article 100 de la Loi d’orientation et des mobilités (LOM), cette obligation (traduction de la mesure n°11 du Comité interministériel de la sécurité routière du 9 janvier 2018) vise à lutter contre l’alcoolémie au volant, l’une des premières causes de mortalité sur la route. « Les établissements concernés (grandes surfaces, vendeurs d’alcool à emporter, vendeurs de spiritueux) participent à la prévention et incitent à la prise de conscience du risque en proposant à leurs clients à la vente de façon permanente des éthylotests (chimiques ou électroniques répondant aux exigences fixées par le décret n°2015-775 du 29 juin 2015 et le décret n°2008-883 du 1er septembre 2008) et en relayant par voie d’affichage à proximité du rayon alcool et sur leur site internet, une information sur l’importance de l’auto-dépistage« .
Peut-on acheter un éthylotest en pharmacie ?
Oui, il est possible d’acheter un éthylotest en pharmacie sans ordonnance médicale.
Est-il obligatoire en voiture ?
Non. Depuis le 22 mai 2020 il n’est pas obligatoire de posséder un éthylotest dans son véhicule. « Mais avoir un ou deux éthylotests à disposition dans la boite à gants de sa voiture peut s’avérer bien utile pour s’auto-tester en cas de doute après une soirée alcoolisée et avant de décider de reprendre le volant ou non« , préconise la porte-parole de la Sécurité Routière.
Le refus de se soumettre au souffle dans l’éthylomètre est un délit
Quel est le prix d’un éthylotest ?
Le prix d’un éthylotest peut varier en fonction du type et des caractéristiques de l’appareil. Les éthylotests chimiques peuvent coûter entre 1 et 3 euros, tandis que les éthylotests électroniques plus sophistiqués peuvent coûter entre 50 euros et 150 euros ou plus.
Qui a le droit de faire souffler dans un éthylotest ?
« Dans le cadre de contrôles routiers, les agents des forces de sécurité intérieure (policiers, gendarmes, policiers municipaux et gardes champêtres) peuvent soumettre au dépistage de l’imprégnation alcoolique les conducteurs de véhicules ainsi que les accompagnateurs d’élèves-conducteurs (conduite accompagnée)« , souligne la porte-parole de la Sécurité Routière. Ces dépistages peuvent être effectués suite à un accident de la circulation, en cas de constatation d’une infraction au Code de la route ou de manière purement préventive (ni accident, ni infraction). « Le refus de se soumettre à la vérification de l’imprégnation alcoolique (souffle dans l’éthylomètre) est un délit. Le conducteur qui refuse le dépistage sera obligatoirement invité à se soumettre à une vérification à l’aide d’un éthylomètre. S’il refuse cette vérification, il sera passible des mêmes sanctions qu’en cas de constatation d’une alcoolémie délictuelle. Cette infraction est passible de 2 ans de prison et 4500 € d’amende au titre des peines principales (cf. articles L234-4, L234-6, L234-8 et L234-9 du Code de la route)« . Dans le domaine professionnel et sous certaines conditions, l’employeur, au titre de son obligation générale de protection de la santé physique et mentale des travailleurs, peut procéder ou faire procéder à dépistage d’alcoolémie (art. L4121 et L.4121-2 du Code du travail).
Merci à la Sécurité routière pour sa participation.
Une cirrhose décompensée est une maladie hépatique chronique évolutive générant une destruction presque complète du foie (plus de 75 %). Ainsi, ce dernier n’assure plus ses fonctions hépatocellulaires d’épuration et de production de certaines substances indispensables à l’organisme. « Il existe deux stades de cirrhose, la cirrhose compensée qui est une maladie hépatique chronique silencieuse infraclinique, c’est-à-dire sans symptôme et qui si elle n’est pas prise en charge évolue inexorablement vers la cirrhose décompensée avec installation des symptômes d’insuffisance hépato-cellulaire et/ou d’hypertension portale« , souligne le Dr Karim Chaouchi, gastro-entérologue et hépatologue interventionnel.
Quels sont les symptômes en cas de cirrhose décompensée ?
Une cirrhose décompensée est une cirrhose symptomatique. On observe à ce stade de la fatigue, un amaigrissement, une perte d’appétit et surtout une jaunisse ou un ictère « quand le foie n’assure plus son rôle d’épuration et d’élimination des selles biliaires et des déchets de l’organisme. Ces derniers vont ainsi s’accumuler en amont dans le sang et les patients devenir jaunes ou ictériques« . Cet excès de bilirubine dans le sang traduit une insuffisance hépatique à un stade avancé. D’autres symptômes peuvent alors apparaître du fait de l’évolution de la maladie et de ses complications pour l’organisme, notamment des hémorragies digestives par rupture de varices œsophagiennes.
Quelles sont les causes possibles d’une cirrhose décompensée ?
Les causes possibles peuvent être les conséquences de l’alcoolisme, d’un virus (une hépatite B ou C), d’un « foie gras » chez les personnes en excès pondéral (stéatose hépatique, conséquence d’une accumulation d’acide gras dans le foie ou hépatite graisseuse) ou de certaines maladies hépatiques chroniques auto-immunes (cirrhose biliaire primitive, hépatite auto-immune…). « Ces maladies causent une agression sur les cellules du foie, l’hépatite. La cirrhose à ce stade est compensée et réversible. En l’absence d’un traitement causal permettant de stopper l’agression du foie, la cirrhose évolue vers un stade décompensé, symptomatique, qui s’observe par une importante destruction du parenchyme hépatique ou du foie ».
Comment peut évoluer une cirrhose décompensée ?
Une cirrhose décompensée non prise en charge peut évoluer vers des saignements digestifs du fait de l’apparition de varices au niveau de l’œsophage, qui peuvent être responsables d’unehémorragie digestive. La cirrhose est un état précancéreux pouvant aboutir à un cancer du foie. « Les cellules du foie qui sont détruites par l’inflammation chronique sont remplacées par du tissu cicatriciel. Le foie devient alors « pierreux » et crée un obstacle à la circulation du sang provoquant la formation de varices dans l’œsophage pouvant se rompre, et faire place à des hémorragies digestives. L’inflammation chronique du foie peut évoluer vers la cancérisation des cellules hépatiques« , décrit le Dr Karim Chaouchi. La cirrhose évoluée peut également aboutir à un coma hépatique : « les déchets accumulés non éliminés par le foie se retrouvent alors dans le sang et l’organisme, et altèrent les fonctions cérébrales. Cette défaillance cérébrale ou encéphalopathie hépatique peut aboutir à un coma« , ajoute-t-il.
Comment pose-t-on le diagnostic d’une cirrhose décompensée ?
Le diagnostic d’une cirrhose décompensée s’établit à différentes étapes. À l’étape clinique, il y a deux types de signes :
► D’insuffisance hépato-cellulaire : une jaunisse « le teint jaune », une ascite « ventre gonflé par du liquide », des angiomes stellaires « de petites taches couleur jaune rubis », des petites taches vasculaires au niveau du thorax ou du torse. À la palpation du foie : « il est dur, pierreux, le bord inférieur est tranchant » ;
► Et en rapport avec l’hypertension portale : une circulation veineuse collatérale « de petites varices dans la paroi de l’abdomen » ou des œdèmes des membres inférieurs.
Des examens complémentaires viendront confirmer ce diagnostic soit par une échographie soit par un scanner qui permettront d’observer la déformation du foie, l’ascite, la dilatation de certaines veines sus-hépatiques et une mauvaise circulation du sang vers la veine cave. Une fibroscopie haute peut aussi être envisagée à la recherche de varices dans l’œsophage « qui témoignent d’une cirrhose installée« . Des tumeurs dans le foie et des thromboses de la veine porte pourront aussi être découvertes en imagerie abdominale. Aujourd’hui, il est possible d’évaluer également l’état de la fibrose du foie, le stade ultime de la cirrhose, grâce à des moyens non invasifs : examens de type fibroscanner ou fibrotest.
Si on ne traite pas la cause de la cirrhose décompensée, l’espérance de vie en moyenne des patients est de 12 à 24 mois
Comment traiter une cirrhose décompensée ?
On peut rendre réversible l’atteinte hépatique, si on traite précocement la cause de l’hépatite ou l’agresseur du foie : « arrêt de l’alcool, traitements contre le virus de l’hépatite B ou C, traitements médicamenteux contre une maladie auto-immune« . Ces différents traitements permettent de stopper le processus de destruction du foie et rendre réversibles les lésions hépatiques. La greffe hépatique est l’ultime prise en charge face à une cirrhose décompensée avec une insuffisance hépatique terminale. « On ne peut pas vivre sans foie, sachant que seulement 20 à 30 % des fonctions hépatiques viables peuvent maintenir en vie tout un organisme« .
Quel est le pronostic en cas de cirrhose décompensée ?
Si on ne traite pas la cause de la cirrhose décompensée qu’elle soit d’origine alcoolique, hépatique ou auto-immune, l’espérance de vie en moyenne des patients est de 12 à 24 mois. « Quand on traite précocement la cause, le foie peut récupérer. Sans intervention et sans greffe hépatique au stade terminal de la cirrhose, l’issue est fatale ».
Merci au Dr Karim Chaouchi, gastro-entérologue et hépatologue interventionnel, clinique Floréal, Bagnolet et Nogent-sur-Marne.
Les particules fines sont des polluants physiques de l’air. On les distingue des polluants chimiques comme l’ozone et des polluants biologiques comme les pollens ou moisissures. Etre exposé à ces particules augmente le risque de cancers, de maladies pulmonaires, cardiovasculaires…
Où trouver la carte de la pollution aux particules fines ?
Pour connaître le niveau de pollution dans sa ville, il faut consulter le site Recosante. Dans chaque région, c’est l’AASQA qui informe en temps réel de la qualité de l’air et des épisodes de pollution. L’indice ATMO (de 1 à 10) indique lui par un code couleur quel est le niveau de pollution de l’air observé. Au niveau national, les cartes d’observation et de prévision de la qualité de l’air sont disponibles sur Prev’air.
« Les particules fines sont de la poussière qui proviennent de combustions. Elles génèrent des imbrûlés. Il y a des particules d’origine humaine (chauffage à bois, centrales thermiques, activités) et d’autres d’origine naturelle (volcan, incendies)« , explique Tony Renucci, directeur de l’association Respire.
C’est quoi des particules fines en suspension ?
Les particules fines en suspension sont des particules solides et liquides qui sont suspendues dans l’air.
Que veut dire PM10 et PM 2,5 ?
Pour mesurer la pollution des particules fines, on parle de concentrations moyennes journalières ou annuelles de matières particulaires (PM) par mètre cube d’air. Ces concentrations sont exprimées en microgrammes par mètre cube (μg/m3). Il existe deux types de particules :
► celles ayant un diamètre inférieur ou égal à 10 micromètres (les PM10) : elles sont retenues au niveau du nez et des voies aériennes supérieures ;
► celles dont le diamètre est inférieur ou égal à 2,5 micromètres (les PM2,5) : elles pénètrent profondément dans l’appareil respiratoire jusqu’aux alvéoles pulmonaires et peuvent passer dans la circulation sanguine.
Quels sont les symptômes liés à l’exposition aux particules fines ?
La pollution de l’air peut entraîner :
des irritations des yeux,
des irritations de la gorge
des irritations du nez
des irritations des voies respiratoires,
de la toux,
une hypersécrétion nasale,
des difficultés à respirer (essoufflement),
des crises d’asthme
Causes et origines des particules fines
Les particules fines sont issues, d’après le ministère de la transition écologique de « toutes les combustions incomplètes liées aux activités industrielles ou domestiques, ainsi qu’aux transports. Elles sont aussi émises par l’agriculture (épandage, travail du sol, etc). Elles peuvent également être d’origine naturelle (érosion des sols, pollens, feux de biomasse, etc.)« .
Quelles sont les dangers des particules fines pour la santé ?
« Les particules fines pénètrent en profondeur dans les poumons et sont donc à l’origine d’inflammations. Elles peuvent également aggraver l’état de santé des personnes souffrant déjà de problèmes cardiaques ou pulmonaires« , alerte Tony Renucci. Les PM2,5, encore plus fines, sont les plus dangereuses car elles peuvent passer la barrière pulmonaire et s’infiltrer dans les veines. Une exposition régulière augmente donc le risque de développer des maladies respiratoires, cardiovasculaires, des cancers pulmonaires, jusqu’à entrainer la mort. Santé Publique France estime que chaque année près de 40 000 décès seraient attribuables à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules fines (PM2,5). Les particules fines :
augmentent la pression artérielle
favorisent l’athérosclérose
majorent les risques d’infarctus du myocarde et d’AVC
réduisent la capacité respiratoire
favorisent le développement de la bronchopneumopathie chronique obstructive
favorisent l’asthme
favorisent le cancer du poumon
Des études démontrent aussi que la pollution atmosphérique a un rôle important sur « les troubles de la reproduction, les troubles du développement de l’enfant, les affections neurologiques et le diabète de type 2« , explique Santé Publique France.
Quels sont les seuils limites de particules fines ?
D’après l’OMS, « même à faibles concentrations, les particules polluantes ont des répercussions sur la santé ; aucun seuil n’a été identifié au-dessous duquel elles n’affectent pas la santé« . Voici les normes française et européennes de la qualité de l’air, selon le ministère de l’Ecologie :
PM10
PM 2,5
Objectif de qualité
30 µg/m³ (FR, en moyenne annuelle)
10 µg/m³ (FR, en moyenne annuelle)
Valeurs limites pour la protection de la santé humaine
50 µg/m³ (UE, en moyenne journalière à ne pas dépasser plus de 35 jours par an) 40 µg/m³ (UE, en moyenne annuelle)
25 µg/m³ (UE, en moyenne annuelle)
Seuil d’information et de recommandation
50 µg/m³ (FR, en moyenne sur 24 heures)
Seuil d’alerte
80 µg/m³ (FR, en moyenne sur 24 heures)
Valeur cible pour la protection de la santé humaine
20 µg/m³ (FR, en moyenne annuelle)
Quelles sont les sources de particules fines à la maison ?
« Dès qu’il y a de la combustion, cela entraine l’apparition de particules fines« , assure Tony Renucci. La cuisson, les bougies, la fumée de cigarette et le chauffage, particulièrement le chauffage à bois, sont des sources de combustion internes.
Comment se protéger des particules fines ?
Pour améliorer la qualité de l’air extérieur, « nous même, individuellement, ne pouvons pas modifier les choses profondément. Ce sont les politiques mises en place qui doivent changer concernant notamment le trafic routier et l’activité des industries et qui rejailliront sur la population« . En intérieur, Tony Renucci conseille d’éviter les bougies, d‘aérer le plus possible après avoir cuisiné, utiliser un purificateur d’air,ne pas utiliser la cheminée les jours de pic de pollution.
Merci à Tony Renucci, directeur de l’association Respire. Propos recueillis en 2022.
Sources :
– Tableau des normes de la qualité de l’air du ministère de la transition écologique – Article du ministère de la transition écologique sur la pollution de l’air – Données de l’OMS – Atmo France – Santé publique France
Les anticorps antithyroïdiens (AAT) sont des anticorps dirigés contre la thyroïde. On parle d’anticorps auto-immuns car ils agissent contre un élément de l’organisme. « Les anticorps sont censés défendre l’organisme contre des agents extérieurs. Toutefois, certaines personnes ont des auto-anticorps, des anticorps dirigés contre eux-mêmes. Plus de 5 millions de français souffriraient d’une maladie auto-immune« , explique Magali Cocaul-André, endocrinologue à Paris. Il existe plusieurs types d’anticorps antithyroïdiens impliqués dans divers maladies thyroïdiennes comme la maladie de Basedow et la thyroïdite auto-immune type Hashimoto :
Anticorps anti-peroxydase (Anti-TPO ou AcTPO)
Anticorps anti-thyroglobuline (acTG ou Anti-TG)
Anticorps antirécepteur de la TSH ou AC stimulants (TRAK)
Anticorps anti T3 et anti T4
Quand faire un dosage des anticorps antithyroïdiens ?
On effectue un dosage des anticorps antithyroïdiens en cas de dysfonctionnement de la thyroïde pour aider au diagnostic d’ une pathologie thyroïdienne auto-immune. « En cas de dysfonctionnement de la thyroïde, on doit en rechercher la cause afin de décider de la conduite à tenir« , souligne notre experte. « La plupart des hyperthyroïdies sont liées à la présence d’anticorps qui stimulent la thyroïde et qu’on retrouve lors du dosage, signant l’existence d’une maladie de Basedow, mais l’hyperthyroïdie peut être liée à d’autres pathologies thyroïdiennes« , note l’endocrinologue. L’hypothyroïdie est souvent liée à un dysfonctionnement auto-immun même si on ne parvient pas à doser les anticorps. On peut observer des signes cliniques, trouver un taux de TSH élevé. Parfois, une échographie montrera une inflammation de la thyroïde qui permettra d’orienter le diagnostic. vers une thyroïdite auto-immune type Hashimoto. « Lorsque le tableau clinique est complet, le diagnostic est assez simple à poser mais parfois, c’est plus compliqué« , explique Magali Cocaul-André.
Comment se déroule un dosage des anticorps antithyroïdiens ?
Il s’agit d’une prise de sang réalisée en laboratoire, pas forcément à jeun, prescrite par un médecin généraliste ou un spécialiste.
Quelles sont les valeurs normales des anticorps antithyroïdiens ?
« Il faut se baser sur la norme du laboratoire car ils n’ont pas tous les mêmes kits, ni les mêmes normes donc, dosage positif ou négatif, cela dépend du labo. Il ne sert à rien d’établir des normes« , note notre experte.
Que signifie un taux d’anticorps antithyroïdiens élevé ?
Il n’y a pas de corrélation entre le taux des anticorps et leur pouvoir de blocage de la thyroïde. « Certaines personnes ont un taux positif d’anticorps mais leur thyroïde fonctionne très bien« , explique la spécialiste. La présence d’autres signes, cliniques et biologiques, est primordiale pour poser un diagnostic. « Le taux d’AAT est un signe à prendre en considération, qui peut révéler un dysfonctionnement de la thyroïde ou une autre pathologie auto-immune, mais le diagnostic et le traitement ne peuvent pas uniquement s’appuyer sur cet élément« , poursuit-elle. Noter qu’en l’absence de signes cliniques et en présence d’un taux de TSH normal, il n’y aucun traitement à prescrire, même avec un taux positif d’AAT, « une simple surveillance du patient suffira à ce stade ».
Que signifie un taux d’anticorps antithyroïdiens bas ?
Si le taux d’AAT est négatif, c’est que tout va bien ? « Pas forcément. Dans certaines hypothyroïdies, le fonctionnement de la thyroïde est totalement bloqué alors que le taux d’anticorps est indosable sur la prise de sang. C’est pourquoi le diagnostic est parfois difficile à poser » précise Magali Cocaul-André. Sans un faisceau d’arguments valables, le dosage des anticorps antithyroïdiens, positif ou négatif, ne fait pas le diagnostic.
Qui consulter en cas de dosage des anticorps antithyroïdiens anormal ?
Si le tableau est évident, un médecin généraliste pourra poser le diagnostic et traiter le patient. Les dysfonctionnements thyroïdiens sont désormais très fréquents. « Quand le diagnostic est difficile à poser c’est alors un endocrinologue, spécialiste de la thyroïde, qu’ il faudrait consulter« , conclut la spécialiste.
Merci à Magali Cocaul-André, endocrinologue à Paris, pour son expertise.
La sarcopénie est une pathologie liée au vieillissement physiologique qui s’observe fréquemment chez les personnes de plus de 70 ans. Elle se caractérise par une modification progressive de la composition corporelle, à savoir une augmentation de la masse grasse et une diminution de la masse maigre (incluant les muscles). « Ce syndrome correspond à une perte de masse musculaire, avec une infiltration graisseuse du tissu musculaire. Les muscles sont composés de différents types de fibres : les types I et les types II. Les fibres de type I sont à contraction lente, pour les exercices peu puissants et prolongés, tandis que les fibres de type II sont pour les réponses musculaires rapides. Ce sont ces fibres de type II qui sont atteintes dans le processus de sarcopénie« , détaille le Dr Marie Mathieu. On considère que le pic de masse musculaire est atteint entre 30 et 40 ans et qu’à partir de 40 ans, cette masse musculaire commence à décliner de 1 à 2% par an. La sarcopénie peut débuter vers l’âge de 30 ans, par une légère diminution de la force musculaire. Mais le processus peut être accéléré par des pathologies chroniques, la sédentarité, ou une alimentation non adaptée. À terme, la sarcopénie entraîne une perte de l’autonomie, des risques de chute, ou encore un affaiblissement du système immunitaire.
Quels sont les symptômes d’une sarcopénie ?
La sarcopénie passe généralement inaperçue au début, puis affecte les tâches du quotidien : marche, montée d’escaliers, transfert assis-debout. Trois stades diagnostiques sont élaborés : le stade de sarcopénie probable qui désigne l’altération seule de la force musculaire ; la sarcopénie confirmée, quand l’altération de la force est associée à une perte de masse musculaire ; la sarcopénie sévère quand il existe en plus une altération de la performance physique. Les risques de complications surviennent rapidement : la sarcopénie favorise les chutes, les fractures et les immobilisations, elles-mêmes considérées comme des facteurs aggravants de la sarcopénie. La sarcopénie retentit également sur la qualité de vie.
La sarcopénie est due à une altération quantitative et qualitative des fibres musculaires. Il s’agit d’un phénomène physiologique, dont la gravité s’accroît avec le temps. Les principales causes de la sarcopénie sont l’altération des protéines musculaires, la dégradation de la commande nerveuse des contractions musculaires, la baisse du taux d’hormones anabolisantes, de faibles apports en protéines, et la prise de certains traitements médicamenteux. D’autres facteurs comme une utilisation insuffisante des muscles peuvent favoriser la perte de la masse et de la force musculaire : répétition de périodes d’inactivité, d’alitement, ou d’hospitalisation. « La sarcopénie est dite primaire lorsqu’elle est en lien uniquement avec le vieillissement physiologique. Dans ce sens, elle présente un caractère inéluctable. Pour autant, il est tout à fait possible de ralentir ce processus et limiter ses conséquences. D’autre part, elle peut être secondaire à des pathologies inflammatoires, chroniques, rhumatismales ou encore neurologiques« , précise le médecin gériatre.
S’inscrire dans la prévention grâce à une activité physique régulière et une alimentation équilibrée
Quel test pour diagnostiquer une sarcopénie ?
Le diagnostic de la sarcopénie repose sur l’évaluation de la diminution de la force, de la masse, et de la performance musculaire. Plusieurs outils peuvent être utilisés :
► La force de préhension au niveau du poignet mesurée à l’aide d’un dynamomètre. Ou encore le test de lever de chaise à 5 reprises : le sujet est assis sur une chaise, les bras croisés, et va se lever 5 fois de suite de la chaise. On considère que ce temps est trop élevé quand il est au-delà de 15 secondes.
► L’évaluation de la masse musculaire peut être évaluée par le biais d’uneIRM, d’un scanner ou d’une impédancemétrie.
► La fonction musculaire est quant à elle évaluée par la vitesse de marche sur 4 mètres. Si cette vitesse de marche est inférieure à 0,8 mètres par seconde, elle signe une sarcopénie sévère.
Quel est le traitement pour soigner une sarcopénie ?
Il n’existe pas de thérapeutique médicamenteuse validée pour prendre en charge la sarcopénie. La meilleure chose à faire, c’est de s’inscrire dans la prévention grâce à une activité physique régulière et une alimentation équilibrée afin d’optimiser son pic de masse musculaire jusqu’à l’âge de 30-40 ans, puis d’entretenir et de prévenir sa perte par la suite. L’activité physique contre-résistante, ou anaérobie, a fait ses preuves pour entretenir les fibres musculaires de type 2, lorsqu’elle est effectuée de manière régulière et sur le long terme, à raison de deux à trois séances de 20 à 30 minutes par semaine. « On va travailler l’activité physique au niveau des bras en soulevant des sacs de courses par exemple, en faisant un travail de relevé de chaise ou de relevé de jambes. Dans l’idéal, cette activité doit être associée à une activité physique en endurance comme la marche pour travailler les capacités cardiorespiratoires. Et si l’on s’inscrit dans une sarcopénie secondaire à une pathologie chronique ou à de la dénutrition, il faut absolument associer à l’activité physique une approche nutritionnelle avec une alimentation riche en protéines, indispensables pour l’anabolisme (la fabrication du muscle). Un accompagnement par une diététicienne semble central« , détaille le Dr Marie Mathieu.
La sarcopénie est-elle irréversible ?
Le renforcement musculaire et l’activité physique sont les meilleurs moyens de traiter et ralentir les effets de la sarcopénie. Des séances régulières, adaptées à l’état de santé du patient, permettent de maintenir (voire augmenter) la vitesse de marche et de transfert assis-debout, et d’éviter les chutes. Il peut s’agir d’exercices d’endurance, ou de répétition de gestes du quotidien. Il est recommandé de compléter l’activité physique par des apports en protéines pour limiter la fonte musculaire : par jour, entre 1 et 1,2 g par kg pour une personne âgée en bonne santé, et entre 1,2 et 1,5 g pour une personne dénutrie.
Merci au Dr Marie Mathieu, gériatre au CHU de Nantes.