Dyskinésie : causes, comment soigner ?

Définition : qu’est-ce qu’une dyskinésie ? 

Les dyskinésies désignent des mouvements anormaux et involontaires. « Il s’agit d’une pathologie complexe car elle rassemble différentes formes de mouvements involontaires choréiques et dystoniques« , explique le Pr Luc Defebvre, neurologue au Centre expert parkinson de Lille. Un mouvement choréique est un mouvement anarchique de balancement ou d’extension-flexion d’un membre, du cou ou du tronc tandis qu’un mouvement dystonique est une posture anormale d’une partie du corps. 

Quelles sont les causes des dyskinésies ? 

La dyskinésie survient principalement après la prise d’un traitement pour soigner une psychose ou la maladie de Parkinson. Ainsi, la dyskinésie est induite par la prise de neuroleptiques (psychose) ou par la prise de L-Dopa (Parkinson). D’après le Pr Defebvre, dans le cadre de la prise de neuroleptique, deux situations sont possibles : « Une dyskinésie aigue – cas plus rare – qui intervient dès la première prise du traitement et dont les mouvements sont surtout dystoniques ou bien une dyskinésie plus tardive – plus fréquente – qui intervient après plusieurs mois ou années de prise de traitement et dont les mouvements sont à la fois choréiques et dystoniques ». Dans le cadre d’une dyskinésie induite par la L-Dopa, traitement de référence dans la maladie de Parkinson, deux schémas sont aussi visibles : « Une dyskinésie apparaissant juste après la prise du traitement ou à distance de la prise avec des mouvements dystoniques touchant plutôt les pieds ou bien une dyskinésie intervenant au pic d’action du traitement avec des mouvements plutôt choréiques touchant la partie supérieure du tronc, le cou, le visage ou les membres. » Dans ce dernier cas, la crise peut durer de 30 à 45 minutes.  

C’est quoi une dyskinésie tardive ? 

La dyskinésie tardive est assez fréquente. « Elle intervient après plusieurs mois de traitements neuroleptiques. Les dyskinésies tardives surviennent principalement avec les neuroleptiques de première génération. Les mouvements peuvent être à la fois choréiques et dystoniques et sont situés principalement au niveau de la bouche, de la langue et du visage. Lorsque la dyskinésie est tardive elle est souvent permanente… », souligne le Pr Defebvre.  

Est-ce un signe de Parkinson ? 

Les dyskinésies ne sont pas un signe révélateur de la maladie de Parkinson mais une conséquence puisqu’elles surviennent quelques années après la prise du traitement par L-Dopa. 

Quels sont les symptômes d’une dyskinésie ? 

Les symptômes principaux sont des mouvements non coordonnées, involontaires, répétitifs, saccadés ou non mais aussi des spasmes musculaires continus qui parasitent les mouvements involontaires. 

Comment est posé le diagnostic d’une dyskinésie ? 

« Tout d’abord, la dyskinésie se voit, elle ne peut pas se cacher. En s’informant sur son dossier médical, si le patient est atteint de Parkinson ou de psychose et est ainsi soigné par L-Dopa ou neuroleptiques, on comprend rapidement que ses mouvements relèvent de la dyskinésie. » 

Comment soigner une dyskinésie ?

« Lorsque la dyskinésie est causée par la prise de neuroleptiques, il est possible de diminuer ou d’arrêter le traitement mais parfois, même en l’arrêtant, la dyskinésie persiste. Dans ce cas, nous sommes limités en termes de thérapeutiques : on peut proposer des injections de toxine botulique ou proposer un traitement proche des neuroleptiques appelé xenazine« , explique le neurologue. En cas de dyskinésie causée par le traitement de la maladie de Parkinson, il est possible d’adapter les doses du traitement ou de procéder à une stimulation cérébrale profonde.  

C’est quoi une dyskinésie septale ? 

La dyskinésie septale peut apparaître en cardiologie lorsque l’on suspecte une anomalie au niveau du septum interventriculaire. Le septum interventriculaire est une cloison qui sépare les deux ventricules cardiaques. Habituellement, le muscle cardiaque se contracte en systole, c’est-à-dire qu’il s’épaissit puis se rapproche du centre de la cavité. Si la paroi ventriculaire s’éloigne du centre de la cavité au lieu de s’en rapprocher, il s’agit alors d’une dyskinésie, explique une Note physiologique sur l’Aplatissement septal et la dyskinésie septale. Cette dyskinésie peut survenir après un infarctus du myocarde ou témoigner d’une hypertension artérielle pulmonaire importante. 

C’est quoi une dyskinésie ciliaire ? 

Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), « les dyskinésies ciliaires primitives (DCP) sont des maladies respiratoires rares d’origine génétique, transmises le plus souvent sur un mode autosomique récessif, et principalement responsables d’infections précoces et récidivantes des voies aériennes« . La dyskinésie ciliaire n’a donc pas de lien avec les dyskinésies neurologiques. Il s’agit ici d’une anomalie des battements des cils situés dans le nez et les bronches chargés de protéger les poumons des bactéries inhalées. Ces dyskinésies respiratoires seraient à l’origine de pathologie ORL chroniques tels que des rhinites, des rhino sinusites, des otites moyennes aigues répétées, une toux grasse chronique ou encore une dilatation des bronches. Dans 50% des cas, ce type de dyskinésie s’accompagnerait d’un situs inversus, c’est-à-dire une inversion des organes du thorax et de l’abdomen : on appelle alors cela le syndrome de Kartagener. Il n’existe pas de traitement permettant aux cils de battre normalement. Pour l’heure, la prise en charge repose sur la prévention et le traitement des maladies respiratoires. 

Merci au Pr Luc Defebvre, responsable du service de Neurologie et Pathologie du Mouvement au CHU de Lille et Président du Collège des enseignants de neurologie.

Sources :

– Dyskinésies ciliaires primitives, 12 janvier 2018, Haute autorité de santé
– Aplatissement septal et dyskinésie septale, 2005, Elsevier SAS pour la Société de réanimation de langue française


Source : JDF Santé