Définition : qu’est-ce qu’une sarcopénie ?
La sarcopénie est une pathologie liée au vieillissement physiologique qui s’observe fréquemment chez les personnes de plus de 70 ans. Elle se caractérise par une modification progressive de la composition corporelle, à savoir une augmentation de la masse grasse et une diminution de la masse maigre (incluant les muscles). « Ce syndrome correspond à une perte de masse musculaire, avec une infiltration graisseuse du tissu musculaire. Les muscles sont composés de différents types de fibres : les types I et les types II. Les fibres de type I sont à contraction lente, pour les exercices peu puissants et prolongés, tandis que les fibres de type II sont pour les réponses musculaires rapides. Ce sont ces fibres de type II qui sont atteintes dans le processus de sarcopénie« , détaille le Dr Marie Mathieu. On considère que le pic de masse musculaire est atteint entre 30 et 40 ans et qu’à partir de 40 ans, cette masse musculaire commence à décliner de 1 à 2% par an. La sarcopénie peut débuter vers l’âge de 30 ans, par une légère diminution de la force musculaire. Mais le processus peut être accéléré par des pathologies chroniques, la sédentarité, ou une alimentation non adaptée. À terme, la sarcopénie entraîne une perte de l’autonomie, des risques de chute, ou encore un affaiblissement du système immunitaire.
Quels sont les symptômes d’une sarcopénie ?
La sarcopénie passe généralement inaperçue au début, puis affecte les tâches du quotidien : marche, montée d’escaliers, transfert assis-debout. Trois stades diagnostiques sont élaborés : le stade de sarcopénie probable qui désigne l’altération seule de la force musculaire ; la sarcopénie confirmée, quand l’altération de la force est associée à une perte de masse musculaire ; la sarcopénie sévère quand il existe en plus une altération de la performance physique. Les risques de complications surviennent rapidement : la sarcopénie favorise les chutes, les fractures et les immobilisations, elles-mêmes considérées comme des facteurs aggravants de la sarcopénie. La sarcopénie retentit également sur la qualité de vie.
Quelle est la cause d’une sarcopénie ?
La sarcopénie est due à une altération quantitative et qualitative des fibres musculaires. Il s’agit d’un phénomène physiologique, dont la gravité s’accroît avec le temps. Les principales causes de la sarcopénie sont l’altération des protéines musculaires, la dégradation de la commande nerveuse des contractions musculaires, la baisse du taux d’hormones anabolisantes, de faibles apports en protéines, et la prise de certains traitements médicamenteux. D’autres facteurs comme une utilisation insuffisante des muscles peuvent favoriser la perte de la masse et de la force musculaire : répétition de périodes d’inactivité, d’alitement, ou d’hospitalisation. « La sarcopénie est dite primaire lorsqu’elle est en lien uniquement avec le vieillissement physiologique. Dans ce sens, elle présente un caractère inéluctable. Pour autant, il est tout à fait possible de ralentir ce processus et limiter ses conséquences. D’autre part, elle peut être secondaire à des pathologies inflammatoires, chroniques, rhumatismales ou encore neurologiques« , précise le médecin gériatre.
S’inscrire dans la prévention grâce à une activité physique régulière et une alimentation équilibrée
Quel test pour diagnostiquer une sarcopénie ?
Le diagnostic de la sarcopénie repose sur l’évaluation de la diminution de la force, de la masse, et de la performance musculaire. Plusieurs outils peuvent être utilisés :
► La force de préhension au niveau du poignet mesurée à l’aide d’un dynamomètre. Ou encore le test de lever de chaise à 5 reprises : le sujet est assis sur une chaise, les bras croisés, et va se lever 5 fois de suite de la chaise. On considère que ce temps est trop élevé quand il est au-delà de 15 secondes.
► L’évaluation de la masse musculaire peut être évaluée par le biais d’une IRM, d’un scanner ou d’une impédancemétrie.
► La fonction musculaire est quant à elle évaluée par la vitesse de marche sur 4 mètres. Si cette vitesse de marche est inférieure à 0,8 mètres par seconde, elle signe une sarcopénie sévère.
Quel est le traitement pour soigner une sarcopénie ?
Il n’existe pas de thérapeutique médicamenteuse validée pour prendre en charge la sarcopénie. La meilleure chose à faire, c’est de s’inscrire dans la prévention grâce à une activité physique régulière et une alimentation équilibrée afin d’optimiser son pic de masse musculaire jusqu’à l’âge de 30-40 ans, puis d’entretenir et de prévenir sa perte par la suite. L’activité physique contre-résistante, ou anaérobie, a fait ses preuves pour entretenir les fibres musculaires de type 2, lorsqu’elle est effectuée de manière régulière et sur le long terme, à raison de deux à trois séances de 20 à 30 minutes par semaine. « On va travailler l’activité physique au niveau des bras en soulevant des sacs de courses par exemple, en faisant un travail de relevé de chaise ou de relevé de jambes. Dans l’idéal, cette activité doit être associée à une activité physique en endurance comme la marche pour travailler les capacités cardiorespiratoires. Et si l’on s’inscrit dans une sarcopénie secondaire à une pathologie chronique ou à de la dénutrition, il faut absolument associer à l’activité physique une approche nutritionnelle avec une alimentation riche en protéines, indispensables pour l’anabolisme (la fabrication du muscle). Un accompagnement par une diététicienne semble central« , détaille le Dr Marie Mathieu.
La sarcopénie est-elle irréversible ?
Le renforcement musculaire et l’activité physique sont les meilleurs moyens de traiter et ralentir les effets de la sarcopénie. Des séances régulières, adaptées à l’état de santé du patient, permettent de maintenir (voire augmenter) la vitesse de marche et de transfert assis-debout, et d’éviter les chutes. Il peut s’agir d’exercices d’endurance, ou de répétition de gestes du quotidien. Il est recommandé de compléter l’activité physique par des apports en protéines pour limiter la fonte musculaire : par jour, entre 1 et 1,2 g par kg pour une personne âgée en bonne santé, et entre 1,2 et 1,5 g pour une personne dénutrie.
Merci au Dr Marie Mathieu, gériatre au CHU de Nantes.
Source : JDF Santé