Le Locabiotal 1%® était un médicament antibiotique et anti-inflammatoire utilisé en spray dans le nez ou la gorge commercialisé par les laboratoires Servier pour soulager les infections des voies respiratoires (rhinopharyngites, angines par exemple). Sa commercialisation a été arrêtée en France en 2005 en raison des effets secondaires de son principe actif, la fusafungine. En 2016, l’Union européenne adécidé à son tour de retirer du marché les sprays de fusafungine de la vente estimant « que les bénéfices de la fusafungine ne l’emportent pas sur ses risques, en particulier le risque de réactions allergiques graves ». Quelles étaient les indications du Locabiotal ? Pourquoi -t-il été retiré du marché ? Par quoi le remplacer ?
Quelles étaient les indications du Locabiotal ?
Le Locabiotal 1%® (fusafungine) fabriqué par le laboratoire Servier reçoit une autorisation de mise sur le marché (AMM) le 27 mars 1995. C’est un antibiotique et un anti-inflammatoire utilisé sous la forme d’un pulvérisateur nasal et buccal dans le traitement local d’appoint des infections des voies respiratoires supérieures :
les rhinopharyngites (rhume ordinaire)
les angines (inflammation des amygdales)
les sinusites (infection des sinus)
les rhinites (nez bouché avec écoulements)
les laryngites (inflammation du larynx)
Quelles sont les causes du retrait du Locabiotal ?
► 8 décembre 2004. Un avis de la Commission de transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) estime que le Locabiotal 1%®« ne présente pas d’intérêt en termes de santé publiquecompte tenu du rapport efficacité/effets indésirables mal établi de cette spécialité, de l’absence de caractère habituel de gravité de l’affection traitée et de l’absence de place dans la stratégie thérapeutique« . Cette spécialité entraîne un risque de sensibilisation liée à la présence de la fusafungine et peut provoquer des irritations locales.
► 19 juillet 2005. Suite à la réévaluation des médicaments contenant des antibiotiques et administrés par le nez la gorge ou en bain de bouche, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM ex-Afssaps) conclut à l’inefficacité de ces médicaments, dont le Locabiotal® (Fusafungine) dans le traitement des rhinopharyngites, des angines, des infections buccales ou la prévention de leurs complications. « L’antibiothérapie locale n’a pas démontré sa capacité à réduire les symptômes ni à prévenir les complications des pathologies ciblées par ces médicaments. Les antibiotiques contenus dans ces spécialités ne sont pas utiles à la guérison de ces infections qui sont majoritairement d’origine virale et d’évolution spontanément favorable. Les bactéries responsables d’éventuelles complications de ces infections ne sont pas ou mal combattues par les antibiotiques locaux concernés » précise l’ANSM. De plus, l’utilisation inadaptée d’antibiotiques favorise l’apparition de bactéries résistantes, autrement dit elle augmente le risque que l’organisme développe une résistance face aux antibiotiques qui ne seront plus efficaces en cas de maladies bactériennes. La balance bénéfice-risque de ces spécialités est considérée comme défavorable.
► 30 septembre 2005. La commercialisation de Locabiotal 1%® est arrêtée en France à la demande de l’ANSM.
► 15 décembre 2010, un arrêté de justice du gouvernement français décide que le Locabiotal 1%® (fusafungine) est radié de la liste des médicaments remboursés.
► 12 mars 2012. Une nouvelle spécialité, Locabiotal 0,25 %® solution pour pulvérisation nasale ou buccale, ne comportant plus de fusafungine mais de l’huile essentielle de menthe poivrée, est commercialisée en France par les laboratoires Servier.
► 1er avril 2016, l’Agence européenne des médicaments (EMA) retire l’autorisation de mise sur le marché pour tous les médicaments en pulvérisation à base de fusafungine utilisés dans le traitement des infections des voies respiratoires, commercialisés hors de France, dont le Locabiotal après avoir « conclu que les bénéfices de la fusafungine ne l’emportaient pas sur ses risques, en particulier le risque de réactions allergiques sévères ».
► 22 juin 2016, l’autorisation de mise sur le marché de Locabiotal 0,25%® est annulée en France sur demande des Laboratoires Servier pour éviter tout risque de confusion du fait du nom de marque avec le Locabiotal contenant du fusafungine. Tous les lots sont rappelés.
Quels étaient les effets secondaires du Locabiotal ?
En 2004, la HAS estime que le Locabiotal 1% « peut provoquer des réactions locales transitoires à type d’irritation bucco pharyngée » et qu’il existe un « risque de sensibilisation à la fusafungine avec réactions anaphylactiques du type urticaire, œdème de Quincke et très rarement bronchospasme et choc anaphylactique« . L’Agence Européenne des médicaments a acté le retrait des pulvérisateurs de fusafungine après avoir « conclu que les bénéfices de la fusafungine ne l’emportaient pas sur ses risques, en particulier le risque de réactions allergiques sévères ». Ces réactions impliquaient des bronchospasmes (contractions excessives et prolongées des muscles des voies respiratoires entraînant des difficultés à respirer). « Bien que l’examen ait révélé que les réactions allergiques graves sont rares, elles peuvent mettre la vie en danger et aucune mesure n’a été identifiée pour réduire ou gérer suffisamment ce risque » a argué l’autorité. Avant de partager ses « inquiétudes quant au potentiel de la fusafungine à favoriser la résistance aux antibiotiques ».
Par quoi remplacer le Locabiotal ?
Il n’y a pas eu d’alternatives proposées par les autorités sanitaires suite au retrait du Locabiotal. En cause, les« faibles » preuves de ses effets bénéfiques et « la nature bénigne et spontanément résolutive des infections des voies respiratoires supérieures telles que la rhinopharyngite » pour lesquelles il était indiqué. En France, l’ANSM a par ailleurs rappelé que « les angines, le rhume et la rhinopharyngite sont généralement d’origine virale. Les antibiotiques sont inefficaces et donc inutiles pour les soigner. Pour vous soulager, vous pouvez avoir recours à des médicaments destinés à combattre la fièvre, la douleur et à réduire les manifestations gênantes de la maladie. Les angines qui dont dues à des bactéries peuvent être reconnues par un test rapide que le médecin effectue pendant la consultation« .
Sources :
– Locabiotal 1%, solution pour pulvérisation buccale et nasale, Avis de la Commission, HAS, 8 décembre 2004
– Point d’information sur le retrait des antibiotiques locaux pour le nez, la gorge et en bain de bouche, ANSM, Juillet 2005
– Antibiotiques locaux pour le nez, la gorge et en bain de bouche : arrêt définitif de la commercialisation à compter du 30 septembre 2005, ANSM, 19 juillet 2005
– Le CMDh approuve le retrait des autorisations pour les pulvérisateurs de fusafungine utilisés dans le traitement des infections des voies respiratoires, Agence européenne des médicaments, 1er avril 2016
– Médicaments contenant de la fusafungine à usage oromucosal et nasal, Agence européenne des médicaments
La perlèche désigne une inflammation au niveau des commissures des lèvres (coins de la bouche) et peut s’étendre au niveau de l’intérieur des joues. Comment la reconnaître ? A quoi est-ce dû ? Est-ce grave ? Contagieux ? Comment la soigner rapidement ? Avec quelle pommade ?
Définition : c’est quoi une perlèche ?
En dermatologie, « une perlèche correspond à une chéilite angulaire. Une chéilite est une inflammation des lèvres. Une chéilite angulaire est une inflammation localisée à la commissure des lèvres, informe d’emblée le Pr Mahtab Samimi, dermatologue au CHU de Tours, responsable de la consultation spécialisée de dermatologue buccale. Le diagnostic de perlèche est facilement posé par le médecin, et peut correspondre à de multiples causes. »
Quels sont les symptômes d’une perlèche ?
Les perlèches apparaissent le plus souvent aux deux coins des lèvres. Les commissures deviennent rouges, ou plus rarement blanchâtres. « Cette rougeur, le plus souvent douloureuse, peut évoluer en fissure qui peut suinter et devenir croûteuse, mais cela n’est pas systématique« , indique la dermatologue. L’inflammation peut rester localisée à la commissure de la lèvre ou s’étendre au versant cutané de la joue ou à l’intérieur de la bouche.
Qui sont les personnes les plus à risque d’avoir une perlèche ?
Les perlèches sont assez fréquentes, notamment dans trois populations :
Les enfants qui sucent leur pouce ou se lèchent les lèvres,
Les adultes jeunes qui sont porteurs chroniques de staphylocoque doré : à noter qu’un tiers des jeunes adultes ont un portage intra-nasal de staphylocoque doré,
Les personnes âgées édentées ou qui ont une prothèse dentaire.
Quelles sont les causes possibles d’une perlèche ?
► « Toute cause irritative (lèvres très sèches ou trop humides) peut donner une perlèche« , informe le Pr Mahtab Samimi.
► Les enfants qui ont un tic de léchage peuvent avoir une perlèche due à une trop grande humidité des lèvres. Ce terrain d’humidité va alors favoriser la survenue de causes infectieuses.
► De la même façon, les personnes âgées, dont les commissures labiales s’affaissent, qui sont édentées ou ont un appareil dentaire, ce qui crée une macération du pli labial, sont également à risque.
► Staphylocoque. Chez les enfants et les jeunes adultes, il s’agit d’une perlèche bactérienne, le plus souvent causée par un staphylocoque doré.
► Perlèche candidosique. Chez les personnes âgées, il s’agit plutôt de perlèches mycosiques à Candida albicans.
► Une perlèche particulière, un peu bombée et indolore peut être un signe de syphilis (cette IST est en recrudescence depuis les années 2000).
► Un eczéma de contact allergique peut entraîner un eczéma des lèvres, péri-buccal et une perlèche.
► Une perlèche chronique peut révéler une carence en fer ou en vitamines.
La perlèche est-elle un signe de VIH ?
« Une perlèche chronique ou à répétition, de cause infectieuse notamment mycosique, fait soupçonner un déficit immunitaire, par exemple l’infection par le VIH, ou alors un diabète. Par ailleurs, la prise de médicaments immunosuppresseurs peut également favoriser les perlèches, par ce même mécanisme« , informe la dermatologue.
La perlèche est-elle un signe de cancer ?
C‘est rare mais un cancer peut être un facteur favorisant de perlèche. Cela ne veut pas dire qu’une perlèche est forcément un signe de cancer.
Cause psychologique : le stress peut-il entraîner une perlèche ?
« Le stress n’est pas une cause de perlèche, contrairement à d’autres affections dermatologiques buccales pour lesquelles le stress a un impact bien connu, par exemple l’apparition d’aphtes chez des adolescents avant leurs examens scolaires » indique le Dr Mahtab Samimi.
Quel est le traitement pour soigner une perlèche ?
Le traitement de la perlèche dépend de la cause :
► Si la perlèche est liée à un facteur irritatif, il convient de corriger celui-ci :
hydrater les lèvres si elles sont très sèches avec un baume hydratant : « il vaut mieux utiliser un baume à lèvres plutôt qu’un stick qui est non hygiénique et qui, en outre, peut contenir des parfums, des conservateurs, voire des colorants« , recommande la dermatologue. Son conseil : utiliser un baume à lèvres dermatologique acheté en parapharmacie.
éviter l’humidité des lèvres en arrêtant de les lécher,
ré-adapter une prothèse dentaire…
► Si la cause de la perlèche est infectieuse, il faut traiter la bactérie ou le champignon : appliquer « une pommade antibiotique pendant une semaine ou une pommade antifongique pendant deux à trois semaines« , préconise notre interlocutrice
► Si la perlèche est causée par un champignon : l’intérieur de la bouche, voire l’appareil dentaire, doivent être traités également avec un bain de bouche ou un gel antifongique
Dans tous les cas : il est déconseillé d’humidifier ses commissures de lèvres avec la langue pour combattre la sécheresse des plaies : cela ne fait que retarder la cicatrisation et potentiellement entraîner une surinfection.
Quelles sont les meilleures pommades pour traiter une perlèche ?
Si la perlèche est due à une bactérie, il convient d’utiliser une pommade antibiotique ou antifongique à base d’éconazole par exemple : MYCOSEDERMYL 1% / TERBINAFINE EG 1 % / FENTICONAZOLE BAILLEUL 2 %… Il est recommandé de demander conseil à son médecin ou pharmacien.
Que faire en cas de perlèche pendant la grossesse ?
« Les causes de la perlèche sont les mêmes chez une femme enceinte que dans la population générale. Lorsqu’une femme enceinte a une perlèche, elle peut se soigner avec un baume hydratant sans souci. Si cela persiste, elle doit consulter son médecin. Tout médicament pendant la grossesse doit faire l’objet d’une prescription médicale« , tient à rappeler la dermatologue.
Prévention : comment éviter d’avoir une perlèche ?
Eviter de se lécher les pourtours de la bouche : l’humidification crée un contexte favorable à l’intrusion de bactéries et champignons. « Chez les enfants qui ont tendance à se lécher les lèvres et chez les personnes âgées, il convient de maintenir les plis des lèvres au sec« , conseille le Pr Mahtab Samimi.
Hydrater régulièrement ses lèvres avec un baume à lèvres.
Ne pas toucher ses lèvres en prévention, pour éviter les contaminations infectieuses.
Avoir une bonne hygiène buccale et des soins dentaires réguliers.
Quand consulter un médecin ?
« Si une perlèche persiste malgré un traitement hydratant avec un baume à lèvres, il faut consulter un médecin car il peut y avoir une infection bactérienne ou fongique à traiter« , conclut notre experte.
Merci au Pr Mahtab Samimi, dermatologue au CHU de Tours, responsable de la consultation spécialisée de dermatologue buccale.
Auriculaire, ophtalmique, intercostal… le zona peut toucher différentes parties du corps (visage, yeux, oreilles…). Cette maladie infectieuse est liée à une réactivation du virus de la varicelle. Le stress est une des causes possibles de cette maladie. Un zona se manifeste par des symptômes cutanés (papules, pus). Être atteint d’un zona augmenterait d’environ 80% le risque d’accident vasculaire cérébral selon une étude réalisée par le Professeur en neurologie Andrew Bubak et publiée dans la revue américaine Journal des Maladies Infectieuses le 6 octobre 2022. Le risque persisterait jusqu’à 1 an après la guérison du zona. En dehors des traitements, des vaccins existent, mais ils ne sont remboursés que pour les personnes âgées de plus de 65 ans. Le zona est-il contagieux ? Comment l’attrape-t-on ? Peut-il cacher un cancer ? Photo des boutons et infos sur le zona.
Définition : qu’est-ce que le zona ?
Le zona est une maladie infectieuse liée à un nouveau contact avec le virus responsable de la varicelle, communément appelé le VZV. « Des années après une varicelle, le même virus peut réinfecter le corps affaibli et coloniser un territoire nerveux cutané« , explique le Dr Jean-Luc Rigon, dermatologue-vénérologue. Le virus peut se propager par les nerfs vers la peau et les muqueuses où il crée des vésicules proches de celles de la varicelle. « Le zona ressort sur un territoire nerveux bien limité ; ses manifestations se localisent la plupart du temps sur un seul côté du corps« , précise le spécialiste. La réactivation du virus peut survenir essentiellement chez la personne âgée ou au cours d’une diminution des défenses de l’organisme.
Où peut se localiser un zona ?
Le zona peut toucher différentes zones, en fonction du territoire nerveux attaqué. « Certaines zones sont plus dangereuses que d’autres, comme le visage ou l’œil ; les conséquences peuvent être plus graves« , précise le Dr Rigon.
► Zona intercostal. C’est le zona le plus fréquent, baptisé « la ceinture de feu ». Un nerf situé au niveau de la colonne vertébrale est infecté, ce qui provoque l’apparition des symptômes dans la zone innervée, d’un seul côté du thorax : on parle d’une éruption en hémi-ceinture entre 2 côtes. « Ce zona évolue en deux ou trois semaines, il est souvent bénin« , rassure le dermatologue. Moins fréquent, le zona abdominal se développe au niveau de l’abdomen, avec une forme moins nette.
► Zona ophtalmique (yeux). Il s’agit d’une forme rare et potentiellement grave de zona. La maladie se manifeste par des douleurs vives sur un côté du visage suivies d’une éruption cutanée et de brûlures au niveau des paupières et des yeux. « Ce zona peut être responsable d’une perte de la vue par opacification de la cornéeet doit être traité en urgence« .
► Zona du visage (facial). Classiquement, il s’agit d’un zona, qui apparaît d’un seul côté du visage. Il correspond à l’atteinte d’une des 3 branches du nerf trijumeau responsable de la sensibilité de la face.
► Zona auriculaire (oreille). Lorsqu’il atteint le nerf de Wrisberg, le zona est dit auriculaire ou otitique et entraîne des symptômes spécifiques : une douleur d’oreille, une perte de sensibilité de la langue et parfois des vertiges ou troubles auditifs associés à une paralysie faciale. « C’est un zona plus rare et difficile à diagnostiquer, car il ne touche qu’une partie du conduit auditif« .
Quels sont les symptômes d’un zona ?
« Le zona, c’est une brûlure« , résume le Dr Rigon. A ce titre, les signes précurseurs d’une poussée de zona sont souvent caractéristiques :
sensation de picotement
sensation de brûlure
éruptions cutanées (papules). Il s’agit de petites vésicules semblables à des cloques remplies de pus localisées sur le trajet d’un nerf sensitif. Après quelques jours, ces vésicules sèchent et forment des croûtes qui finissent par tomber. Ce cycle peut durer entre 2 et 4 semaines, au cours desquelles on observe en général 2 ou 3 poussées.
des douleurs séquellaires souvent très incommodantes, appelées algies post-zostériennes. « Le personnes âgées en particulier, sont atteintes de névralgie chronique, une douleur semblable à une décharge électrique qui peut engendrer beaucoup de mal-être – dépression, troubles du sommeil…« .
Le virus ne peut se transmettre qu’à une personne n’ayant jamais contracté la varicelle.
Une personne ayant déjà eu la varicelle ne pourra pas contracter le zona auprès d’une personne elle-même atteinte d’un zona. En revanche, le virus peut se transmettre à une personne n’ayant jamais contracté la varicelle. Le liquide présent dans les vésicules contient le VZV ; si ce liquide vésiculaire entre en contact avec les muqueuses d’une personne non immunisée, il pourra la contaminer. « Mais le risque est faible, étant donné que presque tout le monde a déjà eu la varicelle« , fait remarquer Jean-Luc Rigon. Une attention doit toutefois être portée aux nouveaux-nés, chez qui le VZV peut avoir des conséquences graves. Il n’existe pas de risque contagieux d’une zone à une autre chez la même personne : un zona intercostal ne générera pas de zona ophtalmique, mais une bonne hygiène doit être adoptée. « Avoir un zona intercostal, se gratter, puis mettre ses lentilles de contact sans se laver les mains, c’est la catastrophe assurée ! On peut facilement avoir l’œil infecté. On utilise des antiseptiques et des pansements occlusifs pour éviter les risques de surinfection« , préconise le Dr Rigon.
9 adultes sur 10 ont déjà contracté le virus de la varicelle
Causes : comment attrape-t-on un zona ?
A savoir que neuf adultes sur dix dans le monde ont déjà contracté le virus de la varicelle et sont donc porteurs du virus VZV. Parmi ces personnes, on estime qu’un faible nombre sera un jour touchée par le zona. Le virus est réactivé lors de la baisse des défenses immunitaires. Cela peut être dû au stress, ou encore à une maladie (cancer, leucémie…). « Pendant les épidémies de grippe, par exemple, on peut être plus vulnérable« , ajoute Jean-Luc Rigon.
Traitement : comment soigner le zona ?
Les traitements locaux permettent d’éviter la surinfection bactérienne des vésicules. L’utilisation d’un savon dermatologique et l’application d’antiseptiques locaux sont conseillés, ainsi que le port d’un pansement occlusif. « Il faut aussi adopter des mesures d’hygiène, se laver les mains régulièrement« , conseille le Dr Rigon. Les douleurs peuvent être traitées avec des antalgiques type paracétamol.
Des traitements antiviraux (valaciclovir) peuvent être prescrits mais ils doivent être pris dans les 3 premiers jours suivant l’apparition des premières lésions, sinon, ils sont inefficaces. Enfin, « des vaccins existent contre le VZV, mais ils ne sont remboursés par la Sécurité sociale que pour les personnes de plus de 65 ans, en raison du sur-risque de complications« . Quant aux personnes atteintes d’algies post-zostériennes, « elles doivent souvent être prises en charge dans des centres spécialisés dans le traitement de la douleur« , conclut le dermatologue.
Merci au Dr Jean-Luc Rigon, dermatologue vénérologue à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Les règles (ou les menstruations) sont un phénomène normal chez la femme. Elles correspondent à l’écoulement mensuel et temporaire d’un mélange de sang et de sécrétions vaginales par le vagin. La durée est variable en fonction des femmes, mais généralement, les règles durent de 3 à 7 jours. Elles sont plus ou moins abondantes, plus ou moins régulières, plus ou moins douloureuses. Durée, symptômes, protections, problèmes, calcul… Tout savoir sur les règles.
Définition : qu’appelle-t-on les règles ?
Les menstruations sont le nom scientifique des règles. Elles désignent les pertes de sang mensuelles par voies génitales chez la femme. Cela correspond à l’élimination de la muqueuse utérine. Ce sont un phénomène normal chez la femme non enceinte, de la puberté à la ménopause.
Qu’est-ce qui déclenche les règles ?
Les règles proviennent de la destruction de la couche interne de l’utérus, appelée « muqueuse utérine » ou « endomètre ». La muqueuse utérine permet la nidification de l’ovule fécondé. Lorsqu’il n’y a pas de fécondation donc de nidation de l’œuf, elle desquame et est évacuée sous forme de saignements plus ou moins abondants
Les ovaires produisent les ovules et les hormones indispensables au développement de l’endomètre.
Les œstrogènes sont des hormones permettant l’augmentation de l’épaisseur de l’endomètre.
La progestéroneaugmente après l’ovulation pour permettre à l’endomètre de perdurer et recevoir l’œuf fécondé. En l’absence de nidation, le taux hormonal chute et provoque les règles.
A quel âge arrivent les règles ?
L’arrivée des règles à la puberté, vers l’âge de 11-13 ans, marque le début du cycle menstruel.
Combien de temps durent les règles ?
Elles reviennent de façon cyclique en moyenne tous les 28 jours. Les règles durent généralement 3 à 5 jours.
► Lors de la phase pré-ovulatoire, première phase du cycle, l’endomètre augmente en épaisseur. Un ou plusieurs follicules (futur ovule) se développent au niveau de l’ovaire. Cette phase peut être prolongée en cas de cycles longs.
► Lors de la phase d’ovulation, l’ovocyte est libéré par l’ovaire.
► La phase post-ovulatoire dure 14 jours pour un cycle régulier de 28 jours mais peut toutefois durer entre 10 et 20 jours en cas de cycles très irréguliers. S’il n’y a pas eu fécondation, il y a une baisse brutale du taux d’hormones et apparition des règles. S’il y a eu fécondation, il y a production d’une hormone spécifique de la grossesse : l’HCG. Cette hormone maintient la production des autres hormones, notamment la progestérone. Elle permet ainsi de garder l’endomètre intact afin que le futur embryon s’y installe. La température corporelle varie au cours du cycle menstruel et son élévation au moment de l’ovulation peut permettre de repérer celle-ci.
► La durée ducycle féminin est normalement de 28 jours. Le cycle commence le 1er jour des règles et se termine la veille du 1er jour des règles suivantes. Par exemple : si le 1er jour des règles est le 2 du mois et que le 1er jour des règles suivantes est le 30 du mois, le cycle est de 28 jours. Toutefois, la durée des cycles menstruels peut varier d’une femme à l’autre, ainsi que pour une même femme, qui peut présenter des cycles irréguliers.
Un cycle est dit « long » lorsqu’il est supérieur à 35 jours. Les cycles peuvent parfois durer 56 jours, voire plus.
Un cycle court est un cycle inférieur ou égal à 21 jours.
Symptômes : qu’est-ce qui se passe quand on a ses règles ?
Les différentes phases du cycle menstruel provoquent des symptômes, plus ou moins marqués selon les femmes. La période des règles peut provoquer des douleurs pelviennes ou lombaires parfois intenses, des nausées et des vomissements. La phase pré-ovulatoire est la phase la moins symptomatique. La seconde phase du cycle, avant les règles, peut provoquer un syndrome prémenstruel. Ce syndrome a un impact sur l’humeur avec une irritabilité fréquente, il provoque des tensions mammaires, une prise de poids pouvant aller jusqu’à 2 kilos et l’apparition de boutons d’acné chez la jeune fille.
Quelles protections périodiques existent pour les règles ?
Les femmes qui ont leurs règles ont le choix niveau protections périodiques :
Serviette hygiénique
Tampon
Culotte menstruelle
Cup menstruelle
Technique du flux instinctif libre
Qu’est-ce qui peut expliquer un retard de règles ?
Qu’est-ce qui peut expliquer l’arrêt des règles ?
• Grossesse : Les menstruations cessent durant les périodes de grossesse et d’allaitement au sein à cause des modifications hormonales qu’elles engendrent.
• Ménopause : L’arrêt définitif des menstruations indique la fin de la capacité reproductrice : c’est la ménopause qui survient généralement vers l’âge de 50 ans.
• Pilules : Certaines pilules contraceptives peuvent bloquer les règles.
Quelles sont les anomalies des règles ?
Des anomalies des menstruations peuvent exister comme des règles trop abondantes en quantité ou en durée, appelées ménorragies ou hyperménorrhée. Il s’agit du trouble menstruel le plus fréquent. Il survient surtout à l’issue d’un cycle sans ovulation. Généralement, les règles prolongées ont un certain retard. Un retard important (supérieur à 15 jours) suivi de règles prolongées peut être un symptôme de fausse couche. Un traitement hormonal, une tumeur ou une inflammation du col de l’utérus sont parfois à l’origine de règles prolongées. Une échographie permet de mettre en évidence la cause responsable et de choisir le traitement approprié. Les règles peuvent aussi être douloureuses, on parle alors de dysménorrhées.
Comment calculer sa date d’ovulation ?
Sur le forum santé : les discussions au sujet des règles
► L’arrivée des règles se situe à la puberté, vers 11-13 ans.
► Les règles caractérisent la destruction de la couche interne de l’utérus appelée « muqueuse utérine » ou « endomètre » qui n’a pas reçu d’œuf fécondé.
► La durée du cycle féminin est normalement de 28 jours.
► L’arrêt définitif des menstruations indique la fin de la capacité reproductrice : c’est la ménopause.
► Des anomalies des menstruations peuvent exister comme des règles trop abondantes en quantité ou en durée.
Merci au Dr Anne-Christine Della Valle, médecin généraliste.
Consulter ses mails lors d’un dîner en amoureux, pianoter sur son téléphone pendant une soirée familiale, faire défiler ses notifications Instagram en pleine conversation avec des amis, se précipiter sur son smartphone à la moindre notification… Cette attitude qui revient à ignorer les personnes qui sont avec nous au profit de son téléphone s’appelle le « phubbing ». Le terme est une contraction du mot anglais « phone » (téléphone) et « snubbing » (snober). Vous pensez ne pas être concerné ? Les Français ont passé près de 4 heures par jour sur leur smartphone en 2022 d’après le rapport « State of Mobile » de Data.ai. Nous pratiquons le « phubbing » plus souvent qu’on ne pense.
Définition : c’est quoi le phubbing ?
Littéralement, le phubbing signifie snober quelqu’un en utilisant son téléphone. Dans le cadre d’une relation personnelle (familiale, de couple ou amicale), lorsqu’on s’adresse à cet ami qui est sur son téléphone se pose la question d’une potentielle addiction. « Le phubbing est davantage une conduite d’évitement de soi et de l’autre » selonMichael Stora, psychologue et psychanalyste. C’est une manière de s’éviter soi (je ne veux pas penser à quelque chose) ou l’autre (la relation ne va pas bien mais je n’ose pas en parler). « Elle révèle un problème sous-jacent« ajoute le psychologue. Le phubbing entre dans le domaine du pathologique dès lors que l’entourage commence à alerter et que les liens sociaux sont en rupture.
Qui est le plus touché par cette pratique ?
Tout le monde peut en être touché. « Je remarque que c’est un des reproches les plus attribués aux adolescents par les parents. Je les invite toujours à s’interroger sur les raisons pour lesquelles leur enfant se comporte comme cela » indique Michael Stora. Les jeunes pratiquent une stratégie de retrait social. « Ils peuvent expérimenter des socialisations virtuelles au détriment de relations réelles et c’est là où le phubbing peut tomber dans le pathologique. Les relations virtuelles sont paradoxalement plus satisfaisantes pour les jeunes de par les stratégies de valorisation narcissique mises en place sur les réseaux sociaux (les « likes ») et sur les jeux vidéo (les points, les trophées et médailles) » note le psychologue.
Quelles sont les causes du phubbing ?
Le phubbing pathologique révèle d’autres problématiques intimes et une forme d’évitement de l’autre et d’évitement de soi (problématiques intimes, dans la relation à l’autre, difficultés d’exprimer des sentiments etc). Un ado dont les parents lui reprochent de faire du phubbing lors des dîners familiaux est peut-être en train d’éviter les conversations sur ses notes ou l’école. « C’est une non manière de rejeter la parentalité, forme de rébellion mais fausse rébellion puisque on est dans l’évitement plutôt que le conflit » souligne Michael Stora. « Dans un couple, le phubbing peut révéler une forme de lâcheté ou de peur face au conflit. Nous sommes le 14 février, jour de la Saint Valentin, je suis avec mon conjoint et il sort son téléphone. Cela peut démontrer que l’autre n’a pas vraiment envie d’être là mais n’a pas le courage d’aborder le problème par exemple« illustre notre interlocuteur. On peut également mentionner les stratégies de captation mises en place par les réseaux sociaux dont la vocation est que l’internaute reste le plus longtemps possible dessus. « Les GAFAM nous offrent une forme de bonheur numérique pour pallier à notre malheur réel« remarque le psychologue.
« Il est important d’apprendre à s’ennuyer ensemble et l’accepter »
Avec qui est-on plus susceptible de pratiquer le phubbing ?
Notre entourage le plus proche (couple, famille) est celui avec lequel on vit les choses les plus intenses mais également les plus ennuyeuses. « Le couple qui vit ensemble au quotidien subit les injonctions de l’amour et du bonheur ce qui peut être « tyrannisant ». Or, le quotidien du couple se confronte à l’ennui qui n’est pas particulièrement valorisé dans notre société » développe Michael Stora. « Il est important d’apprendre à s’ennuyer ensemble et l’accepter« conseille notre expert.
Quelles sont les conséquences du phubbing sur nos relations ?
« Les conséquences sur nos relations sont catastrophiques. Le phubbing participe au délitement des relations interpersonnelles et provoque de l’isolement social« alerte notre interlocuteur. Le rejet, s’il est vexant, a le mérite de transmettre sa position à l’autre, le phubbing est une forme d’indifférence qui crée une blessure narcissique de l’indifférence. Imaginons que vous discutez avec quelqu’un d’un sujet sérieux et que la personne en face de vous ouvre son téléphone et regarde ses notifications, vous n’aurez plus envie de passer du temps avec cette personne ni de vous ouvrir sur un sujet personnel. « On réalise que « l’écran fait écran ». Dans une relation, reconnaître que l’autre est là par le contact, qu’il soit visuel ou communicatif, est primordial pour la développer et l’entretenir » ajoute le psychologue.
Quelle image cela renvoie de la personne ?
Le phubbing est vécu comme un mépris par la personne qui le subit et cela renvoie donc une image négative, une forme d’indifférence et de désintérêt vis à vis de l’autre.
« Le dialogue est primordial »
Comment lutter contre cette pratique du phubbing ?
Une des façons de lutter contre les conséquences relationnelles du phubbing est le partage. « Partager le contenu de ce que l’on regarde dans son téléphone, demander à l’autre ce qu’il en pense et s’en servir comme support de discussion » propose Michael Stora. Si l’on est face à quelqu’un qui fait du phubbing de manière disproportionnée et qu’on a l’impression d’être méprisé par l’autre, il faut oser rompre cette attitude et cet évitement en parlant à l’autre de son ressenti. « Comme le phubbing est généralement révélateur d’un autre problème sous-jacent, lié au fait que la communication intime est très compliquée, le dialogue est primordial » défend le psychologue. « Aux parents qui se plaignent du phubbing de leurs enfants lors des dîners par exemple, je leur conseille d’évoquer des sujets de conversation qui intéressent leurs ados et de ne pas aborder systématiquement les cours et les notes par exemple » poursuit l’expert. Si je suis l’auteur du phubbing, mon entourage peut le remarquer et des phrases comme « tu es tout le temps sur ton téléphone », « t’es accro à ton téléphone » doivent nous alerter sur notre pratique. Lorsqu’on perçoit un phubbing excessif ou problématique, le problème sous-jacent doit être identifié pour le résoudre. « En général, si la dynamique familiale, amicale et de couple est bienveillante, ouverte au dialogue et à l’écoute, que les individus prennent le temps d’échanger et de partager, le phubbing problématique est moins probable » rassure notre expert. Si le problème persiste, il est possible d’aller consulter un psychologue.
Merci à Michael Stora, psychologue et psychanalyste, co-fondateur de l’Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines (OMNSH).
Brutal, violent et associé parfois à de lourdes séquelles, l’accident vasculaire cérébral (AVC) entraîne chaque année l’hospitalisation de55 000 à 60 000 femmes en France. Elles sont encore plus touchées que les hommes parce qu’elles cumulent davantage de facteurs de risque. L’accident vasculaire cérébral est un accident qui touche une artère. On distingue les AVC où l’artère se bouche (80% des cas) : c’est l’infarctus cérébral. Des AVC où l’artère se rompt (20% restants) : c’est l’hémorragie cérébrale. Signes d’alerte, causes, séquelles : explications et conseils avec le Pr Sonia Alamowitch du service de Neurologie et d’Urgences Neurovasculaires à l’Hôpital Saint-Antoine de Paris.
La fréquence de l’AVC augmente de manière générale après 50 ans. Deux pics sont observés chez les femmes :
► Un gros pic vers 70-75 ans.
► Un plus petit mais en augmentation chez la femme jeune (30-35 ans). « Ce pic peut s’expliquer par la problématique de l’AVC pendant la grossesse ou être lié à l’association tabac, pilule et migraine. Ce trio fait très mauvais ménage chez la femme jeune. Certaines contraceptions orales augmentent aussi le risque de thrombose (caillot) surtout si elles sont associées à d’autres facteurs de risque vasculaire, particulièrement les fortement dosées en œstrogènes » explique le Professeur Sonia Alamowitch du service de Neurologie et d’Urgences Neurovasculaires à l’Hôpital Saint-Antoine (AP-HP Paris) et Secrétaire général de la Société française Neuro-Vasculaire (SFNV).
Les symptômes de l’accident vasculaire cérébral chez la femme ne diffèrent pas de ceux du reste de la population (à l’inverse de l’infarctus du myocarde qui se caractérise par des signes plus spécifiques chez elle) :
Une perte de la mobilité, de la motricité, de la force musculaire qui typiquement va toucher un hémicorps (moitié droite ou moitié gauche du corps) ou une partie de l’hémicorps.
Uneperte du langage, de la capacité à s’exprimer et à comprendre (aphasie).
Une perte de la sensibilité de l’hémicorps.
Une perte de la vue (d’un ou des deux yeux).
« Tous ces symptômes sont très évocateurs d’un accident vasculaire cérébral s’ils surviennent brutalement. Dans les cas particuliers des hémorragies, ça peut être un mal de tête violent et très soudain » ajoute notre interlocutrice.
Le premier (et le seul contre lequel on ne peut rien) c’est l’âge. C’est d’ailleurs lui qui explique que les femmes souffrent davantage d’AVC que les hommes. « Il est particulièrement fréquent à 70-75 ans or les femmes vivent plus longtemps donc sont plus touchées » argue le Pr Alamowitch. Les femmes cumulent aussi plus de facteurs de risques qu’eux comme l’hypertension artérielle (premier facteur d’AVC chez elles), la fibrillation auriculaire et la grossesse. « C’est une période où la femme est un peu plus exposée à différents types d’AVC », poursuit la spécialiste.
La fibrillation auriculaire : « Cette maladie responsable de troubles du rythme cardiaque représente 20 à 30% des causes d’infarctus cérébral et elle touche plus les femmes » argue le Pr Alamowitch.
L’athérosclérose, une maladie caractérisée par l’obstruction des artères de gros calibre. On en souffre quand on avance dans l’âge, quand on a du diabète, de l’hypertension artérielle, du cholestérol, et que l’on fume.
Une maladie des artères de petit calibre dans le cerveau, favorisée par l’hypertension artérielle.
« Il faut aller vite en cas d’AVC au risque sinon que la zone du cerveau atteinte soit détruite. »
Immédiatement appeler le 15. « Il faut aller très vite, insiste le Pr Alamowitch. Les traitements qui permettent de déboucher les artères sont d’autant plus efficaces quand on intervient tôt. Si on laisse passer plusieurs heures, la zone du cerveau va être détruite et ce sera irrémédiable. Par contre si on intervient dans les premières heures, l’artère peut être débouchée, on évite que le tissu cérébral souffre et on permet une récupération voire une guérison. »
La prise en charge en cas d’AVC se fait toujours dans une Unité de soins intensifs neuro-vasculaires. Il y en a 140 en France.
Si on se situe dans le cas le plus fréquent de l’infarctus cérébral : « La prise en charge est d’abord de faire les examens en urgence pour voir ce qu’il se passe dans le cerveau, explique la spécialiste. L’examen le plus performant est l’IRM cérébral. A défaut d’IRM ou de contre-indications, on peut faire un scanner cérébral. Une fois le diagnostic affirmé, on débute le traitement. » Deux traitements sont employés :
► Un traitement en perfusion avec un médicament thrombolytique qui permet de dissoudre une thrombose donc le caillot.
► Une thrombectomie (traitement mis en place en 2015) quand le thrombolytique n’est pas suffisamment puissant pour détruire le caillot et déboucher l’artère. Elle est réalisée par un médecin spécialiste, le plus souvent un neuroradiologue interventionnel. « Il va piquer dans une artère au niveau de l’aine et monter avec un petit cathéter pour aller atteindre les artères à l’intérieur du cerveau. Une fois qu’il sera dans l’artère, il va attraper le caillot et le retirer. Cela doit être fait très rapidement, dans les premières heures, avant que les dégâts soient importants » précise le Pr Alamowitch.
► Dans le cas d’une hémorragie cérébrale, « il faut baisser la tension artérielle car en général elle est très élevée. S’il y a des malformations des vaisseaux, un traitement interventionnel est parfois nécessaire ».
En parallèle à cela, les équipes mettent en place des traitements pour éviter les rechutes, réalisent des examens pour identifier les causes de l’AVC et envisagent précocement la rééducation.
Les conséquences de l’accident vasculaire cérébral diffèrent d’une personne à l’autre. « Il y a des situations favorables où on récupère bien avec les traitements, les personnes peuvent reprendre leur vie comme avant mais vont avoir besoin d’un traitement pour éviter une rechute. Il y a des cas où les gens semblent bien récupérer mais ont des petites séquelles, ils vont pouvoir repartir à la maison, mais avec la rééducation d’un kinésithérapeute, d’un orthophoniste… Et puis il y a des cas où la récupération est moins bonne et les gens ont alors besoin d’une rééducation plus intensive, ils doivent aller dans des établissements spécialisés où ils vont rester quelques semaines, voire deux à trois mois », détaille notre interlocutrice.
« Le cerveau peut se réorganiser et récupérer avec une rééducation intensive. »
Un AVC est un accident lourd, il impose une phase de récupération. Cette phase n’est pas différente entre hommes et femmes et comprend toujours de la rééducation. « Il y a un élément important que l’on sait maintenant. Le cerveau, même s’il a une part qui est détruite, est capable de s’adapter un petit peu, c’est-à-dire que si on le fait travailler avec de la rééducation neurologique, il peut se réorganiser pour arriver à récupérer une certaine partie de sa mobilité, de son langage donc cette rééducation intensive est importante » témoigne la spécialiste.
« La première chose à faire, c’est le dépistage et traitement de l’hypertension artérielle, c’est le facteur de risque numéro 1 de l’AVC chez la femme, insiste le médecin. Or l’hypertension artérielle est une maladie silencieuse, qu’on ne sent pas donc il doit y avoir des prises de tension artérielle chez le médecin traitant, le pharmacien. » Et aussi :
Arrêter de fumer : « Le tabac est un facteur de risque évitable » rappelle le Pr Alamowitch.
Manger équilibré en faisant attention à ses apports de sucres et de graisses.
Avoir une activité physique régulière (marche, natation, course à pied… l’important c’est la ré-gu-la-ri-té !).
Eviter le trio pilule, tabac, migraine.
Merci au Professeur Sonia Alamowitch du service de Neurologie et d’Urgences Neurovasculaires à l’Hôpital Saint-Antoine (AP-HP Paris) et Secrétaire général de la Société française Neuro-Vasculaire (SFNV).