AVC chez la femme : signes, âges à risque, que faire ?

Brutal, violent et associé parfois à de lourdes séquelles, l’accident vasculaire cérébral (AVC) entraîne chaque année l’hospitalisation de 55 000 à 60 000 femmes en France. Elles sont encore plus touchées que les hommes parce qu’elles cumulent davantage de facteurs de risque. L’accident vasculaire cérébral est un accident qui touche une artère. On distingue les AVC où l’artère se bouche (80% des cas) : c’est l’infarctus cérébral. Des AVC où l’artère se rompt (20% restants) : c’est l’hémorragie cérébrale. Signes d’alerte, causes, séquelles : explications et conseils avec le Pr Sonia Alamowitch du service de Neurologie et d’Urgences Neurovasculaires à l’Hôpital Saint-Antoine de Paris.

A quel âge survient l’AVC chez les femmes ?

La fréquence de l’AVC augmente de manière générale après 50 ans. Deux pics sont observés chez les femmes :

► Un gros pic vers 70-75 ans.

► Un plus petit mais en augmentation chez la femme jeune (30-35 ans). « Ce pic peut s’expliquer par la problématique de l’AVC pendant la grossesse ou être lié à l’association tabac, pilule et migraine. Ce trio fait très mauvais ménage chez la femme jeune. Certaines contraceptions orales augmentent aussi le risque de thrombose (caillot) surtout si elles sont associées à d’autres facteurs de risque vasculaire, particulièrement les fortement dosées en œstrogènes » explique le Professeur Sonia Alamowitch du service de Neurologie et d’Urgences Neurovasculaires à l’Hôpital Saint-Antoine (AP-HP Paris) et Secrétaire général de la Société française Neuro-Vasculaire (SFNV).

Quels symptômes quand on fait un AVC ?

Les symptômes de l’accident vasculaire cérébral chez la femme ne diffèrent pas de ceux du reste de la population (à l’inverse de l’infarctus du myocarde qui se caractérise par des signes plus spécifiques chez elle) :

  • Une perte de la mobilité, de la motricité, de la force musculaire qui typiquement va toucher un hémicorps (moitié droite ou moitié gauche du corps) ou une partie de l’hémicorps.
  • Une perte du langage, de la capacité à s’exprimer et à comprendre (aphasie).
  • Une perte de la sensibilité de l’hémicorps.
  • Une perte de la vue (d’un ou des deux yeux).

« Tous ces symptômes sont très évocateurs d’un accident vasculaire cérébral s’ils surviennent brutalement. Dans les cas particuliers des hémorragies, ça peut être un mal de tête violent et très soudain » ajoute notre interlocutrice.

Quels sont les facteurs de risques chez la femme ?

Le premier (et le seul contre lequel on ne peut rien) c’est l’âge. C’est d’ailleurs lui qui explique que les femmes souffrent davantage d’AVC que les hommes. « Il est particulièrement fréquent à 70-75 ans or les femmes vivent plus longtemps donc sont plus touchées » argue le Pr Alamowitch. Les femmes cumulent aussi plus de facteurs de risques qu’eux comme l’hypertension artérielle (premier facteur d’AVC chez elles), la fibrillation auriculaire et la grossesse. « C’est une période où la femme est un peu plus exposée à différents types d’AVC », poursuit la spécialiste.

Quelles sont les causes de l’AVC chez la femme ?

  • La fibrillation auriculaire : « Cette maladie responsable de troubles du rythme cardiaque représente 20 à 30% des causes d’infarctus cérébral et elle touche plus les femmes » argue le Pr Alamowitch.
  • L’athérosclérose, une maladie caractérisée par l’obstruction des artères de gros calibre. On en souffre quand on avance dans l’âge, quand on a du diabète, de l’hypertension artérielle, du cholestérol, et que l’on fume.
  • Une maladie des artères de petit calibre dans le cerveau, favorisée par l’hypertension artérielle.

« Il faut aller vite en cas d’AVC au risque sinon que la zone du cerveau atteinte soit détruite. »

Que faire en cas d’AVC ?

Immédiatement appeler le 15. « Il faut aller très vite, insiste le Pr Alamowitch. Les traitements qui permettent de déboucher les artères sont d’autant plus efficaces quand on intervient tôt. Si on laisse passer plusieurs heures, la zone du cerveau va être détruite et ce sera irrémédiable. Par contre si on intervient dans les premières heures, l’artère peut être débouchée, on évite que le tissu cérébral souffre et on permet une récupération voire une guérison. »

Prise en charge et traitements de l’AVC chez la femme

La prise en charge en cas d’AVC se fait toujours dans une Unité de soins intensifs neuro-vasculaires. Il y en a 140 en France.

Si on se situe dans le cas le plus fréquent de l’infarctus cérébral : « La prise en charge est d’abord de faire les examens en urgence pour voir ce qu’il se passe dans le cerveau, explique la spécialiste. L’examen le plus performant est l’IRM cérébral. A défaut d’IRM ou de contre-indications, on peut faire un scanner cérébral. Une fois le diagnostic affirmé, on débute le traitement. » Deux traitements sont employés :

► Un traitement en perfusion avec un médicament thrombolytique qui permet de dissoudre une thrombose donc le caillot.

► Une thrombectomie (traitement mis en place en 2015) quand le thrombolytique n’est pas suffisamment puissant pour détruire le caillot et déboucher l’artère. Elle est réalisée par un médecin spécialiste, le plus souvent un neuroradiologue interventionnel. « Il va piquer dans une artère au niveau de l’aine et monter avec un petit cathéter pour aller atteindre les artères à l’intérieur du cerveau. Une fois qu’il sera dans l’artère, il va attraper le caillot et le retirer. Cela doit être fait très rapidement, dans les premières heures, avant que les dégâts soient importants » précise le Pr Alamowitch.

► Dans le cas d’une hémorragie cérébrale, « il faut baisser la tension artérielle car en général elle est très élevée. S’il y a des malformations des vaisseaux, un traitement interventionnel est parfois nécessaire ». 

En parallèle à cela, les équipes mettent en place des traitements pour éviter les rechutes, réalisent des examens pour identifier les causes de l’AVC et envisagent précocement la rééducation. 

Quelles conséquences et séquelles quand on fait un AVC ?

Les conséquences de l’accident vasculaire cérébral diffèrent d’une personne à l’autre. « Il y a des situations favorables où on récupère bien avec les traitements, les personnes peuvent reprendre leur vie comme avant mais vont avoir besoin d’un traitement pour éviter une rechute. Il y a des cas où les gens semblent bien récupérer mais ont des petites séquelles, ils vont pouvoir repartir à la maison, mais avec la rééducation d’un kinésithérapeute, d’un orthophoniste… Et puis il y a des cas où la récupération est moins bonne et les gens ont alors besoin d’une rééducation plus intensive, ils doivent aller dans des établissements spécialisés où ils vont rester quelques semaines, voire deux à trois mois », détaille notre interlocutrice.

« Le cerveau peut se réorganiser et récupérer avec une rééducation intensive. »

Récupérer après un AVC

Un AVC est un accident lourd, il impose une phase de récupération. Cette phase n’est pas différente entre hommes et femmes et comprend toujours de la rééducation. « Il y a un élément important que l’on sait maintenant. Le cerveau, même s’il a une part qui est détruite, est capable de s’adapter un petit peu, c’est-à-dire que si on le fait travailler avec de la rééducation neurologique, il peut se réorganiser pour arriver à récupérer une certaine partie de sa mobilité, de son langage donc cette rééducation intensive est importante » témoigne la spécialiste.

Comment éviter l’AVC quand on est une femme ?

« La première chose à faire, c’est le dépistage et traitement de l’hypertension artérielle, c’est le facteur de risque numéro 1 de l’AVC chez la femme, insiste le médecin. Or l’hypertension artérielle est une maladie silencieuse, qu’on ne sent pas donc il doit y avoir des prises de tension artérielle chez le médecin traitant, le pharmacien. » Et aussi : 

  • Arrêter de fumer : « Le tabac est un facteur de risque évitable » rappelle le Pr Alamowitch.
  • Manger équilibré en faisant attention à ses apports de sucres et de graisses.
  • Avoir une activité physique régulière (marche, natation, course à pied… l’important c’est la ré-gu-la-ri-té !).
  • Eviter le trio pilule, tabac, migraine.

Merci au Professeur Sonia Alamowitch du service de Neurologie et d’Urgences Neurovasculaires à l’Hôpital Saint-Antoine (AP-HP Paris) et Secrétaire général de la Société française Neuro-Vasculaire (SFNV).


Source : JDF Santé