« Le débit de filtration glomérulaire (ou DFG) correspond au volume de sang filtré par les reins en une minute, explique le Dr Hélène Schwaller, biologiste médicale. Il est généralement évalué à partir du dosage de la créatininedans le sang selon différentes formules mathématiques« . Le DFG est un indicateur important de la fonction rénale. Une diminution de celui-ci peut indiquer une insuffisance rénale (chronique ou aigue). « La mesure du DFG est souvent utilisée en combinaison avec d’autres tests (comme le dosage de l’albumine et la créatinine dans l’urine) pour évaluer la fonction rénale et diagnostiquer les maladies rénales« .
A quoi correspond la mesure du DFG par l’analyse CKD-EPI ?
Le CKD-EPI est l’abréviation de « Chronic Kidney Disease Epidemiology Collaboration ». Le résultat est exprimé en millilitres par minute par 1,73 mètre carré de surface corporelle (mL/min/1,73 m²). « Il s’agit d’une formule mathématique utilisée pour estimer le débit de filtration glomérulaire (DFG) à partir du dosage de la créatinine sanguine, de l’âge et du sexe du patient« , poursuit la biologiste. L’utilisation de cette formule est recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS) pour le diagnostic et le suivi de l’insuffisance rénale chronique. « La formule CKD-EPI a été développée pour améliorer la précision de l’estimation du DFG, en particulier chez les personnes ayant une fonction rénale normale ou légèrement altérée« .
Quelles sont les différentes formules pour mesurer le débit de filtration glomérulaire ?
« Il existe d’autres formules plus anciennes que le CKD-EPI pour estimer le débit de filtration glomérulaire (DFG), comme le MDRD (Modification of Diet in Renal Disease) ou encore le CG (Cockroft et Gault),ajoute le Dr Schwaller. Mais celles-ci ne sont plus recommandées pour le diagnostic et le suivi de la maladie rénale« . Par exemple, le MDRD a été critiqué pour sa précision limitée chez les patients ayant une fonction rénale normale ou légèrement altérée, ainsi que pour sa sensibilité réduite à la détection de faibles changements dans la fonction rénale. Le CKD-EPI a été développé pour surmonter certaines des limites du MDRD.
Quel est le DFG/CKD-EPI normal ?
Il n’y a pas de DFG « normal » unique, car le résultat varie selon les individus. « Néanmoins, le CKD-EPI normal est supérieur à 90 mL/min/1.73m², entre 60 et 90 il est dit » légèrement diminué » et inférieur à 60 mL/min/1,73 m² il est évocateur d’une insuffisance rénale (chronique ou aigue)« . A noter que le DFG diminue de façon physiologique après 40 ans (diminution de moins de 2mL/min/1.73m² par an).
DFG/CKD-EPI bas : pourquoi ? que faire ?
« Un DFG inférieur à 60 mL/min/1,73 m² (ou entre 60 et 89 avec d’autres signes d’atteintes rénales) est évocateur d’une maladie rénale, souligne notre interlocutrice. Cette diminution peut être aigue ou chronique ». On parle de maladie rénale chronique lorsqu’un des signes d’atteinte rénale (diminution du DFG et/ou autre(s) signe(s) comme la présence de protéines dans les urines) persiste pendant plus de 3 mois : elle concerne presque 6 millions de patients en France. « Si le DFG/CKD-EPI est bas, Il est important de déterminer la cause sous-jacente et de traiter toute maladie ou autre facteur qui contribue à la diminution de la fonction rénale. Des examens supplémentaires, tels que des analyses de sang et d’urine, peuvent être nécessaires« .
Quelles sont les causes de la maladie rénale chronique ?
« Il existe deux causes principales à la maladie rénale chronique : le diabète et l’hypertension artérielle (HTA), observe la biologiste. Mais d’autres facteurs existent : traitements médicamenteux « néphrotoxiques », maladies cardiovasculaires, plusieurs épisodes d’insuffisance rénale aigue… ». La diminution de la filtration rénale est silencieuse. « Des symptômes vont être présents qu’aux stades avancés de la maladie : il est donc primordial de faire un dépistage ciblé de la population à risque (diabète, HTA, obésité, maladie cardiovasculaire…) ». Dans certains cas, des modifications du mode de vie, telles que la modification de l’alimentation, la perte de poids et l’exercice, peuvent aider à ralentir la progression de la maladie rénale. « Dans d’autres cas, des médicaments peuvent être prescrits pour aider notamment à contrôler la tension artérielle et/ou le diabète et à ralentir la progression de la maladie rénale« .
Merci à au Dr Hélène Schwaller, biologiste médicale au Laboratoire B2A d’Épinal et membre du réseau les Biologistes Indépendants.
« L’indice HOMA (Homeostasis Model Assessment) est un indice utilisé pour évaluer l’insulino-résistance et la fonction des cellules bêta pancréatiques, qui sont des indicateurs clés de la régulation de la glycémie dans le corps« , explique le Dr Fécel Filali, Biologiste Médical. Il est calculé à partir de deux mesures : la glycémie à jeun et l’insuline à jeun. « Une valeur élevée de l’indice HOMA indique une résistance à l’insuline et une fonction pancréatique altérée, ce qui peut être associé à un risque accru de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. En revanche, un indice HOMA faible indique une meilleure sensibilité à l’insuline, qui est importante pour maintenir une glycémie stable et prévenir les complications associées à une glycémie élevée« .
Comment est calculé l’indice HOMA ?
L’indice HOMA est calculé à partir de deux paramètres dosés à jeun dans le sang : la glycémie et l’insulinémie. La formule est la suivante : Glycémie (mmol/l) x Insulinémie (microUI/ml ou mUI/l) /22.5. « La glycémie à jeun est mesurée après une période de jeûne de 8 à 12 heures, tandis que l’insulinémie à jeun est mesurée en même temps« , précise le biologiste.
Indice HOMA : pour qui ?
« L’indice HOMA est à conseiller dans les cas suivants », signale notre interlocuteur :
Aux personnes ayant un syndrome métabolique : surcharge pondérale, tension élevée, glycémie supérieure à la normale, troubles lipidiques.
Dysfonctionnement hépatique : stéatose hépatique non alcoolique
Indice HOMA faible : interprétation ?
« Un indice HOMA faible est généralement considéré comme indiquant une bonne sensibilité à l’insuline et une fonction pancréatique normale, détaille le Dr Filali. Cela signifie que le corps est capable de réguler efficacement le taux de sucre dans le sang en produisant suffisamment d’insuline pour contrôler la glycémie« . Un indice HOMA faible peut être interprété comme un indicateur positif de la santé métabolique mais d’autres facteurs tels que l’âge, le poids corporel, le régime alimentaire et l’activité physique doivent également être pris en compte.
Indice HOMA élevé : interprétation ?
« Un indice HOMA élevé (>2,4) est généralement considéré comme indiquant une résistance à l’insuline et une fonction pancréatique altérée, poursuit le médecin. Cela signifie que le corps a des difficultés à réguler le taux de sucre dans le sang, ce qui peut entraîner une augmentation de la glycémie et, éventuellement, le développement de diabète de type 2« . Un indice HOMA élevé peut également être associé à un risque accru demaladies cardiovasculaires et d’autres complications métaboliques.
Indice HOMA et SOPK
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une affection qui est souvent associée à une résistance à l’insuline. « En raison de cette association, l’indice HOMA peut être utilisé pour évaluer cette insulinorésistance et mettre en place une prise en charge (modifications de l’alimentation, activité physique, prise en charge médicamenteuse…)« , répond le spécialiste.
Quels traitements quand l’indice HOMA est élevé ?
Si l’indice HOMA est élevé, cela peut indiquer une résistance à l’insuline. Les traitements visent donc à améliorer la sensibilité à l’insuline et à réguler la glycémie. Parmi eux : ► L’exercice physique régulier : il peut améliorer la sensibilité à l’insuline en augmentant la dépense énergétique, en réduisant l’inflammation et en améliorant la signalisation de l’insuline. ► La perte de poids : elle peut réduire la résistance à l’insuline en améliorant la sensibilité à l’insuline dans les tissus périphériques. ► La modification du régime alimentaire : une alimentation équilibrée, riche en fibres et pauvre en graisses saturées peut aider à réduire la résistance à l’insuline. ► Par ailleurs, pour réguler la glycémie, « le patient peut bénéficier de médicaments hypoglycémiants comme la metformine qui peuvent être prescrits pour améliorer la glycémie en réduisant la production hépatique de glucose ou d’une insulinothérapie, qui peut être utilisée pour réguler la glycémie chez les patients atteints de diabète de type 2« .
Prix de l’analyse de l’indice HOMA
Le coût de l’analyse de l’indice HOMA peut varier en fonction de la région, du laboratoire et de la couverture d’assurance. En général, il est de 20 euros. « Cet examen est pris en charge par la sécurité sociale et par les mutuelles« .
Merci au Docteur Fécel Filali, Biologiste Médical au Laboratoire B2A de Benfeld (67) et membre du réseau Les Biologistes Indépendants
[Mis à jour le 31 mars 2023 à 10h31] On en sait un peu plus sur la mystérieuse épidémie « étrange et alarmante » d’hépatites infantiles, de cause inconnue qui est apparue au printemps 2022 dans le monde, y compris en France. En effet, plusieurs centaines de cas d’hépatites aiguës avaient été signalé chez des enfants en bonne santé.Parmi les symptômes d’alerte qui ont été mentionnés, on retrouvait : une jaunisse, des diarrhées, des vomissements et des douleurs abdominales… Alors que sait-on sur l’origine de ces hépatites ? Le rapport de 3 études (une écossaise, une anglaise et une américaine) publié le 30 mars 2023 dans la revue Nature, apportent un début de réponse et pointent du doigt le virus adéno-associé de type 2 (AAV2) qui a été retrouvé à des niveaux élevés chez 93 % des enfants atteints aux États-Unis, 81 % en Écosse et 96,4 % en Angleterre. Quand il est seul, ce virus n’entraîne pas de maladie car le système immunitaire de l’enfant se défend. Pour se répliquer dans les cellules du foie, il a besoin d’un autre virus dit « auxiliaire ». Là aussi, des pistes sont avancées. Chez 13 enfants américains sur 14, des virus d’Epstein-Barr ou des virus de l’herpès humain (HHV-6B) ont été détectés. Chez les enfants britanniques, ces mêmes virus de l’herpès et des adénovirus ont été identifiés à de faibles niveaux. Aussi, chez tous les enfants étudiés, les chercheurs écossais ont identifié un gène impliqué dans l’identification des cellules infectées par le système immunitaire, ce qui constituerait un facteur de risque à l’apparition d’hépatite aiguë.
Combien de cas d’hépatites infantiles dans le monde ?
Au 29 septembre 2022, 555 cas d’hépatite aiguë d’origine inconnue chez des enfants âgés de 16 ans ou moins ont été rapportés par 20 pays de l’Union Européenne et de l’Espace Economique Européen (277 cas) et le Royaume-Uni (278 cas). 44 nouveaux cas ont été rapportés par rapport au bilan du 25 août avec une diminution importante et continue du nombre de cas rapportés.
Au 8 juillet 2022, un total de 1 010 cas probables ont été rapportés par 35 pays dans cinq régions OMS, sans qu’il soit possible à l’heure actuelle, de savoir s’ils représentent un excès de cas ou s’il s’agit du nombre habituel de cas dans la plupart des pays.
Combien de cas d’hépatites infantiles en France ?
Au 1er octobre 2022, 10 cas possibles ont été signalés par les équipes médicales, en lien avec Santé publique France, indique l’autorité de santé dans son communiqué. « Les cas d’hépatite aiguë d’étiologie indéterminée chez l’enfant ne sont pas rares. La survenue de ces deux cas n’est pas inattendue et ne témoigne pas, à ce stade, d’un excès de cas en France.« , poursuit l’autorité sanitaire.
Définition d’un cas possible d’hépatite aiguë (mis à jour le 23 mai 2022)
► Enfant âgé de moins de 18 ans, se présentant pour une hépatite aiguë avec cytolyse (ASAT et/ou ALAT) > 500 UI/L, depuis le 1er janvier 2022, pour lequel est retrouvé :
Une infection par un Adénovirus ou un SARS-CoV-2 ;
OU
Aucune étiologie (confirmée ou fortement suspectée) après un bilan de première intention comprenant la recherche :
– D’une hépatotoxicité liée à un médicament recensé sur le site international » LiverTox « : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK547852/ ;
– D’une infection par un virus classiquement responsable d’hépatite aiguë : VHA, VHB, VHC, VHD, VHE, HSV ;
– D’une hépatopathie (déficit en a1AT, maladie de Wilson, hépatite auto-immune, cholestase intrahépatique familiale progressive), d’une maladie métabolique, d’une leucémie aiguë, d’un foie de choc, d’une hépatite hypoxique (anoxo-ischémie néonatale notamment), d’une cause traumatique
Ces cas d’hépatite sont-ils graves ?
« Il s’agit d’un phénomène grave [qui touche]des enfants en bonne santé« , a insisté Deirdre Kelly, hépatologue pédiatrique au Birmingham Children’s Hospital au Royaume-Uni, cité par la revue Science. Parmi tous les cas recensés, 17 enfants ont eu besoin d’une transplantation hépatique. Au moins un décès a été déclaré.
« L’adénovirus ou le virus du Covid ne sont pas des virus connus pour attaquer les cellules du foie et engendrer des vraies hépatites »
Quelles sont les causes possibles de ces hépatites aiguës chez l’enfant ?
L’hypothèse principale actuelle est qu’un cofacteur affectant les jeunes enfants ayant une infection à adénovirus, qui serait bénigne dans des circonstances normales, mais qui peut déclencher une infection plus grave ou du foie. En effet, trois études (une écossaise, une anglaise et une américaine) publiées le 30 mars 2023 dans la revue Nature, ont mis en évidence le rôle du virus adéno-associé de type 2 (AAV2), retrouvé à des niveaux élevés chez 93 % des enfants malades aux États-Unis, 81 % en Écosse et 96,4 % en Angleterre. Seul, ce virus n’entraîne pas de maladie. Il peut se répliquer dans les cellules du foie mais pour cela, il a besoin d’un autre virus dit « auxiliaire » qui pourrait être un des virus d’Epstein-Barr, des virus de l’herpès humain (HHV-6B) ou encore un adénovirus. Par ailleurs, les chercheurs écossais ont identifié un gène impliqué dans l’identification des cellules infectées par le système immunitaire, ce qui constituerait un facteur de risque à l’apparition d’hépatite aiguë. D’autres agents infectieux ou toxiques (par exemple le Covid) sont toujours à l’étude et n’ont pas été exclues mais sont considérées comme moins plausibles. « Les hépatites d’origine indéterminée, ça existe toujours. Même si on réalise tous les examens et qu’on balaye toutes les causes connues, il reste toujours des cas inexpliqués. Mais il faut bien éliminer les causes les plus importantes, pour trouver un traitement et pour garantir un bon pronostic vital« , nous confiait le Pr Patrick Marcellin, hépatologue, que nous avions interviewé le 22 avril 2022.
Les virus de l’hépatite (A, B, C, E et D) ont étéexclus après des tests de laboratoire tandis que d’autres enquêtes sont en cours pour comprendre l’étiologie de ces cas, indique l’OMS. « L’augmentation est inattendue et les causes habituelles ont été exclues« , indiquait le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Europe dans un communiqué du 15 avril 2022. « Les premières enquêtes épidémiologiques sur des cas au Royaume-Uni basées sur des questionnaires de chalutage n’ont pas permis d’identifier une exposition commune notable (y compris des aliments, des médicaments ou des toxines) », indiquait de son côté le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC), le 28 avril 2022.
Le Covid à l’origine de ces hépatites ?
Le Sars-CoV-2, virus responsable du Covid, a également été détecté chez plusieurs enfants (au moins dans 20 cas parmi les enfants testés). Toutefois, ce n’est qu’une hypothèse : « les preuves sont trop minces pour résoudre le mystère« , indiquent chercheurs et médecins. « L’adénovirus ou le virus du Covid sont des virus qui peuvent donner une petite élévation des transaminases, reflétant l’impact de l’infection virale. En revanche, ce ne sont pas des virus connus pour attaquer les cellules du foie et engendrer des vraies hépatites« , détaille le Pr Patrick Marcellin, hépatologue, interviewé par le Journal des Femmes Santé le 22 avril 2022. En effet, le syndrome clinique parmi les cas identifiés est une hépatite aiguë (inflammation du foie) avec des enzymes hépatiques nettement élevées (aspartate transaminase (AST) ou alanine aminotransaminase (ALT) supérieurs à 500 UI/L). De nombreux cas ont signalé des symptômes gastro-intestinaux, notamment des douleurs abdominales, de la diarrhée et des vomissements précédant la présentation d’une hépatite aiguë sévère et une jaunisse. La plupart des cas n’avaient pas de fièvre. Une caractérisation génétique des virus doit être entreprise pour déterminer toute association potentielle entre les cas. Cette épidémie d’hépatites fait à ce jour toujours l’objet d’une enquête active.
Quelle prise en charge pour une hépatite infantile ?
Selon la conduite à tenir élaborée par Santé publique France (mis à jour le 23 mai 2022), toute hépatite aiguë avec ASAT et/ou ALAT > 500 UI/L chez un enfant doit conduire à la réalisation d’un bilan étiologique de 1ère intention complet, à la recherche d’une étiologie, en particulier infectieuse, toxique, immuno-hématologique, auto-immune, métabolique, vasculaire ou d’une hépatopathie chronique. Aucune hypothèse ne doit être écartée d’emblée. Ce bilan étiologique doit notamment reposer sur des prélèvements sanguins, respiratoires, urinaires, de selles et issus d’une biopsie hépatique (idéalement). L’ensemble de ces prélèvements doivent être conservés dans des conditions optimales pour des recherches ultérieures, en particulier métagénomique. A l’issue du 1er bilan étiologique :
Si la recherche d’adénovirus et/ou de SARS-CoV-2 est POSITIVE(quel que soit le prélèvement) ET qu’AUCUNE autre étiologie n’est retrouvée, le cas est considéré comme possible et doit donner lieu à un signalement à Santé publique France. Les prélèvements doivent être transmis pour analyse métagénomique.
Si la recherche d’adénovirus et/ou de SARS-CoV-2 sur les prélèvements respiratoires et/ou de selles est POSITIVE ET qu’UNE autre étiologie est retrouvée (ou fortement suspectée), le cas est considéré comme possible et doit donner lieu à un signalement à Santé publique France. Dans ce cas de figure, il est demandé, dans la mesure du possible, de réaliser une recherche complémentaire de ce ou ces virus sur sang total (tube EDTA, sur un prélèvement antérieur si le cas est déclaré de façon rétrospective) si non réalisée. Des prélèvements doivent également être conservés jusqu’à validation du cas par un groupe multi-disciplinaire, pour éventuelle analyse métagénomique.
Si la recherche d’adénovirus et de SARS-CoV-2 est NEGATIVE (quel que soit le prélèvement) ET qu’AUCUNE autre étiologie n’est retrouvée, le cas est considéré comme possible et doit donner lieu à un signalement à Santé publique France. Les prélèvements doivent être transmis pour analyse métagénomique.
Si la recherche d’adénovirus et de SARS-CoV-2 sur les prélèvements respiratoires, de selles et si possible sanguins est NEGATIVE ET qu’UNE autre étiologie est retrouvée (ou fortement suspectée), le cas est exclu et ne donne pas lieu à un signalement.
Oui. L’OMS ne recommande aucune restriction sur les voyages et/ou le commerce, notamment avec le Royaume-Uni, ou tout autre pays où des cas sont identifiés, sur la base des informations actuellement disponibles.
Quelle prévention pour éviter une hépatite ?
L’exposition féco-orale à des virus tels que les adénovirus est plus probable chez les jeunes enfants, indique le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC). « Nous recommandons donc de renforcer les bonnes pratiques générales d’hygiène (y compris l’hygiène soigneuse des mains, le nettoyage et la désinfection des surfaces) dans les milieux fréquentés par de jeunes enfants »
Sources : Acute hepatitis of unknown aetiology – the United Kingdom of Great Britain and Northern Ireland, OMS, 15 avril 2022 / Mysterious hepatitis outbreak sickens young children in Europe as CDC probes cases in Alabama, Science, 15 avril 2022
En février 2023, l’Agence américaine du médicament (FDA) a annoncé prendre des mesures pour contrôler l’entrée illégale de xylazine, un anesthésiant vétérinaire détourné pour fabriquer la « tranq » drogue aussi appelée « drogue du zombie ». L’utilisation de xylazine a explosé ces dernières années aux Etats-Unis. « Au niveau national, elle est présente dans 25 % des drogues vendues. Une attention particulière est portée sur la ville de Philadelphie où le phénomène concerne 90% des drogues saisies. Elle inquiète les autorités sanitaires à cause de cette prolifération particulièrement rapide, son coût relativement peu élevé et sa facilité d’achat » nous explique le Dr Judith Trinquart, médecin addictologue. Quels sont les effets de la xylazine sur le corps ? Dangers ? Pourquoi l’appelle-t-on « drogue du zombie » ? Quels sont les effets sur la santé ? Est-elle présente en France ?
La xylazine est un produit vétérinaire utilisé comme anesthésiant ou sédatif pour les animaux (chevaux, cerfs) inventé dans les années 1960 et autorisé en 1972 aux Etats-Unis, par la FDA. Elle se présente sous la forme d’une solution injectable claire et incolore. L’utilisation de la xylazine est détournée en drogue injectable depuis les années 2000. « Il est facile de se la procurer et elle est relativement peu chère par rapport aux opioïdes. A priori, la xylazine ne serait pas utilisée seule mais en adjuvant des opiacés et notamment du Fentanyl, un opioïde très répandu aux Etats-Unis (notamment lors de la crise des opioïdes qui a fait plus de 500 000 morts) » indique le Dr Judith Trinquart, médecin addictologue. Les personnes se l’injectent dans le but d’allonger la durée de l’effet de l’opioïde seul. « La xylazine ajoutée au fentanyl majore l’effet de l’opioïde d’une dizaine d’heures » précise l’addictologue. Mais il peut également être utilisé comme agent de coupe pour d’autres opioïdes tels que l’héroïne, la méthamphétamine ou la cocaïne. La drogue contenant de la xylazine est également appelée « tranq drug » (drogue « tranquille » en français) ou « drogue du zombie ».
Quels sont les effets de la xylazine ?
Les consommateurs recherchent l’effet de sédation qui donne l’impression de flotter et d’être déconnecté de la réalité. « Les propriétés analgésiques soulagent la douleur, relaxent les muscles et sont à l’origine d’une euphorie. On la nomme « zombie drogue » parce que l’effet causé entraîne chez les consommateurs une démarche un peu particulière, voutée et ralentie qui leur donnent l’aspect de « mort-vivant »« remarque le Dr Trinquart. La xylazine provoque également des hallucinations, des états de stupeurs et des pertes de connaissances.
Quels sont les effets secondaires de la xylazine sur le corps ?
Selon la FDA, « la xylazine peut faire baisser la respiration, la tension artérielle, le rythme cardiaque et la température corporelle à des niveaux critiques« . Les personnes qui s’injectent des drogues contenant de la xylazine peuvent développer « des blessures principalement aux points d’injection qui vont dégénérer en escarres et dans les cas les plus avancés en gangrènes et nécroses des tissus qui nécessiteront une amputation sans prise en charge » alerte l’experte. Elle cause également des effets sur le cerveau à long terme. « La xylazine est un agoniste des récepteurs a-adrénergiques dont la toxicité peut provoquer des effets cliniques tels que la sédation, une dépression respiratoire et le coma, une bradycardie, une hypotension et une hyperglycémie. Des arythmies ventriculaires ont été signalées » indique l’Anses dans la fiche des caractéristiques du xylazine comme médicament vétérinaire. Par ailleurs, comme toutes les drogues, la consommation de xylazine revêt un haut potentiel addictif et sa combinaison avec un opioïde maximise les risques d’addiction.
La xylazine est-elle présente en France ?
La xylazine est autorisée en médicament anesthésiant pour les animaux en France. « Pour l’instant, elle n’est pas un problème (en drogue, ndlr) puisqu’elle n’est pas arrivée sur le territoire (sous cette forme, ndlr). Néanmoins, les instances, médecins et addictologues restent extrêmement vigilants. Pour le moment, elle concerne majoritairement les Etats-Unis et une population jeune et précaire » répond l’addictologue.
Quels sont les risques de mortalité avec la xylazine ?
Le risque de surdosage mortel est majoré lorsque la xylazine est ajoutée aux opioïdes. Le risque de mortalité réside dans l’overdose et le mode d’administration par injection dont les complications cutanées et musculaires (nécroses) peuvent être mortelles. « Entre 2010 et 2015, la xylazine était détectée dans 2% des décès par overdose aux opioïdes et en 2019 ce taux est monté à 31 %. C’est pour cela que la FDA a lancé une alerte nationale pour mettre en garde contre le risque d’une crise liée à la xylazine après la crise des opioïdes » note le Dr Trinquart.
Quels traitements contre l’addiction à la xylazine ?
« Il n’existe pas de traitement contre cette drogue et c’est ce qui la rend aussi dangereuse » alerte l’addictologue. En cas d’overdose par opioides, on prescrit de la Naloxone. Mais celle-ci est inefficace contre la xylazine qui n’en est pas un. La seule prise en charge passe par des psychothérapies pour sortir de la dépendance; que l’on associe avec de la naloxone et/ou des médicaments de substitution si la personne est sous xylazine combinée à un opioide.
Merci au Dr Judith Trinquart, médecin addictologue.
Sources :
– La FDA prend des mesures pour restreindre l’importation illégale de xylazine, FDA, 28 février 2023
– Xylazine, résumé des caractéristiques du produits, Anses
Définition : c’est quoi le trouble schizo-affectif ?
Le trouble schizo-affectif fait partie de la famille des troubles schizophréniques. « Comme pour la plupart des troubles psychiatriques, il apparaît souvent à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte. Il se caractérise par la présence de symptômes de la schizophrénie, associés à des symptômes liés à l’humeur, comme la dépression ou des épisodes d’euphorie ou de grande irritabilité (manie)« , définit la psychologue clinicienne, Julie Zajac.
Quels sont les signes du trouble schizo-affectif ?
Les personnes qui souffrent de trouble schizo-affectif cumulent deux familles de symptômes. « Il s’agit des symptômes positifs de la schizophrénie tels que les hallucinations, les idées délirantes, la désorganisation de la pensée, du comportement, du discours ainsi que des symptômes négatifs« , liste la spécialiste. Parmi ces symptômes, on retrouve le déficit de la motivation, le désintérêt pour les autres, l’apragmatisme, mais aussi des troubles de l’humeur comme la manie, l’hypomanie ou la dépression. « Ces deux familles de symptômes sont très entremêlées« , tient à préciser la psychologue clinicienne. « Les symptômes psychotiques du patient seront congruents (en rapport) à son humeur. Contrairement à un patient qui souffre de trouble bipolaire, une personne souffrant de trouble schizo-affectif verra les symptômes psychotiques perdurer même si l’humeur se stabilise« .
Quelles sont les causes d’un trouble schizo-affectif ?
Selon la psychologue, il n’y a pas de cause unique et directe. Plusieurs facteurs peuvent ainsi être à l’origine de ce trouble. « Il existe des facteurs biologiques, des antécédents familiaux pouvant induire une vulnérabilité génétique au stress et des facteurs psychosociaux, c’est-à-dire des événements de vie stressants répétés dans le temps qui viennent perturber cette vulnérabilité (humiliations répétées, traumatismes, migration…)« , souligne Julie Zajac. L’ingestion de toxiques peut également le favoriser. « La consommation de drogues dures,de cannabis ou d’alcool peut être un facteur qui va favoriser l’émergence de la pathologie« , précise la psychologue.
Le trouble schizo-affectif peut être invalidant au quotidien
Y a-t-il un test pour diagnostiquer un trouble schizo-affectif ?
Le diagnostic est réalisé par un médecin psychiatre. « Certains tests peuvent être utilisés par le psychiatre pour explorer la symptomatologie de l’humeur et des symptômes psychotiques mais c’est surtout l’observation des symptômes ainsi que plusieurs entretiens cliniques qui détermineront le diagnostic« , avance Julie Zajac.
Comment guérir d’un trouble schizo-affectif ?
Comme les autres troubles psychiatriques, le trouble schizo-affectif peut être invalidant au quotidien. Une prise en charge médicamenteuse et psychothérapeutique peut être envisagée. « Le traitement médicamenteux servira à apaiser les symptômes les plus aigus et à stabiliser l’humeur. L’approche centrée sur la réhabilitation psychosociale vise à aider les personnes souffrant de troubles psychiques à se rétablir et à obtenir une satisfaction de vie à la hauteur de leurs attentes« , explique Julie Zajac. Elle préconise notamment les thérapies comportementales et cognitives (TCC). « Elles sont intéressantes pour travailler sur la régulation émotionnelle, la gestion des hallucinations, sur les idées délirantes et la psychoéducation, afin que les patients comprennent bien leur fonctionnement et comment se manifeste leur trouble« , détaille-t-elle. La remédiation cognitive, sur certains symptômes invalidant le quotidien, est également à explorer. « Il s’agit, à l’aide d’exercices de faire travailler la personne sur des compétences qui peuvent être déficitaires dans le trouble (planification, attention, mémoire, vitesse de traitement de l’information, cognition sociale…)« .
Le PCP, pour phencyclidine est une drogue émergente détournée de sa fonction médicale et particulièrement dévastatrice qui appartient à la famille des Nouveaux Produits de Synthèse (NPS). À la fois hallucinogène et psychostimulante, elle peut être dangereuse pour la santé dès la première prise.
Le PCP, ou la phencyclidine, est initialement un médicament anesthésique développé dans les années 1950 et qui n’est plus utilisé en médecine humaine à cause de ses effets secondaires importants provoquant une agitation et une confusion. Il est synthétisé illégalement et vendu sous le nom de « poudre d’ange » ou « ozone », en particulier sur le darknet et aux USA. Il est fréquemment associé au cannabis, au LSD, aux amphétamines ou à la cocaïne. Il se présente sous la forme d’une poudre blanche cristalline à la saveur amère. Il est vendu sous forme de comprimés, de capsules ou de poudre. Il peut être fumé, sniffé, ingéré ou injecté par voie intraveineuse. Il n’existe pas encore de chiffres sur sa consommation qui reste très anecdotique en Europe mais beaucoup plus fréquente aux USA.
Le PCP se compose de phencyclidine, c’est-à-dire de 1-(1-phénylcyclohexyl)-pipéridine, une molécule qui appartient à la famille des cyclohexylamines, un puissant psychodysleptique, tout comme le LSD.
Le PCP est parfois appelé la « drogue du zombie » suite à certains faits divers survenus aux États-Unis. Grâce à ses propriétés anesthésiques très puissantes, il a permis à certains consommateurs de ne pas se rendre compte qu’ils s’étaient fait tirer dessus ou qu’ils avaient perdu un membre par exemple. Il peut aussi déclencher une crise psychotique avec des hallucinations et un délire ayant mené un consommateur, toujours aux États-Unis, à tuer et manger le corps de sa petite amie.
Le PCP agit en général quelques minutes après la prise et dure de 2 à 48 heures. Les effets dépendent de la dose consommée.
À faible dose, il agit comme un stimulant provoquant une agitation, une excitation, des troubles de la coordination, une accélération de la respiration et une augmentation de la tension artérielle et des sueurs. Il est aussi progressivement hallucinogène et provoque une distorsion de l’image du corps, des troubles de la pensée et une anesthésie à la douleur. Ses effets ressemblent à une psychose proche de la schizophrénie avec une amnésie, des diarrhées et des douleurs abdominales.
À plus forte dose, il devient sédatif et fait plonger le consommateur dans un coma dangereux avec des convulsions, de la fièvre, une hypersalivation, des vomissements et une baisse de la tension artérielle. Du fait de son action très lente, il peut provoquer un syndrome de sevrage plusieurs jours après la prise avec une tristesse et une angoisse intense. Une hospitalisation peut s’avérer nécessaire dans certains cas en raison de la violence des effets du PCP chez certaines personnes, y compris des jeunes en bonne santé.
Avec une utilisation régulière, le consommateur peut tomber dans une forme de dépendance, c’est-à-dire qu’il a besoin d’augmenter les doses et la fréquence de sa consommation pour ressentir le même effet. Il développe rapidement une insomnie chronique, une anorexie, une dépressionavec des idées suicidaires, une psychose, des troubles de la mémoire, une confusion, et des troubles du langage. Tous ces effets peuvent persister plusieurs mois après la dernière prise. Chez les adolescents, il peut aussi être associé à un retard de croissance et des troubles de l’apprentissage.
Dès la première prise, à cause du violent syndrome de sevrage qui peut survenir plusieurs jours après la prise, il n’est pas rare que le consommateur recommence à consommer du PCP ou bien d’autres drogue pour l’aider. Se développe ainsi une dépendance et qui se traduit par la nécessité d’augmenter les doses et la fréquence de consommation pour ressentir le même effet et soulager le syndrome de sevrage. Les conséquences sur la vie personnelle et professionnelle sont en général rapides et peuvent mener à la précarité, à des difficultés financières, familiales et judiciaires.
Il n’existe pas de traitement pharmacologique spécifique des symptômes associés à la consommation de PCP. Lorsque la dépendance s’installe, une prise en charge par un addictologue est recommandée, que ce soit en libéral, à l’hôpital ou dans un CSAPA (Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie). Un traitement anxiolytique peut être proposé pour aider à gérer le phénomène de descente et l’anxiété et qui s’est installée. Certaines thérapies comme la TCC (Thérapie Cognitive et Comportementale) ont fait leur preuve dans ce type d’addiction.
La consommation de PCP concerne des consommateurs habituels d’autres drogues comme le LSD par exemple. Parmi les conseils de « réduction des risques » pour les consommateurs que l’on ne peut pas empêcher de consommer, il faut savoir qu’il est déconseillé d’associer plusieurs drogues en même temps, qu’il faut commencer toujours sa consommation par la plus petite dose en laissant au moins 1h avant d’en reprendre. N’hésitez pas non plus à consommer accompagné de personne pouvant donner l’alerte en cas de perte de conscience et de coma.