Débit de filtration glomérulaire/CKD-EPI : c'est quoi, bas, que faire ?

C’est quoi le débit de filtration glomérulaire ? 

« Le débit de filtration glomérulaire (ou DFG) correspond au volume de sang filtré par les reins en une minute, explique le Dr Hélène Schwaller, biologiste médicale. Il est généralement évalué à partir du dosage de la créatinine dans le sang selon différentes formules mathématiques« . Le DFG est un indicateur important de la fonction rénale. Une diminution de celui-ci peut indiquer une insuffisance rénale (chronique ou aigue). « La mesure du DFG est souvent utilisée en combinaison avec d’autres tests (comme le dosage de l’albumine et la créatinine dans l’urine) pour évaluer la fonction rénale et diagnostiquer les maladies rénales« .

A quoi correspond la mesure du DFG par l’analyse CKD-EPI ? 

Le CKD-EPI est l’abréviation de « Chronic Kidney Disease Epidemiology Collaboration ». Le résultat est exprimé en millilitres par minute par 1,73 mètre carré de surface corporelle (mL/min/1,73 m²). « Il s’agit d’une formule mathématique utilisée pour estimer le débit de filtration glomérulaire (DFG) à partir du dosage de la créatinine sanguine, de l’âge et du sexe du patient« , poursuit la biologiste. L’utilisation de cette formule est recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS) pour le diagnostic et le suivi de l’insuffisance rénale chronique. « La formule CKD-EPI a été développée pour améliorer la précision de l’estimation du DFG, en particulier chez les personnes ayant une fonction rénale normale ou légèrement altérée« .

Quelles sont les différentes formules pour mesurer le débit de filtration glomérulaire ?  

« Il existe d’autres formules plus anciennes que le CKD-EPI pour estimer le débit de filtration glomérulaire (DFG), comme le MDRD (Modification of Diet in Renal Disease) ou encore le CG (Cockroft et Gault), ajoute le Dr Schwaller. Mais celles-ci ne sont plus recommandées pour le diagnostic et le suivi de la maladie rénale« . Par exemple, le MDRD a été critiqué pour sa précision limitée chez les patients ayant une fonction rénale normale ou légèrement altérée, ainsi que pour sa sensibilité réduite à la détection de faibles changements dans la fonction rénale. Le CKD-EPI a été développé pour surmonter certaines des limites du MDRD. 

Quel est le DFG/CKD-EPI normal ? 

Il n’y a pas de DFG « normal » unique, car le résultat varie selon les individus. « Néanmoins, le CKD-EPI normal est supérieur à 90 mL/min/1.73m², entre 60 et 90 il est dit  » légèrement diminué  » et inférieur à 60 mL/min/1,73 m² il est évocateur d’une insuffisance rénale (chronique ou aigue)« . A noter que le DFG diminue de façon physiologique après 40 ans (diminution de moins de 2mL/min/1.73m² par an).

DFG/CKD-EPI bas : pourquoi ? que faire ?  

« Un DFG inférieur à 60 mL/min/1,73 m² (ou entre 60 et 89 avec d’autres signes d’atteintes rénales) est évocateur d’une maladie rénale, souligne notre interlocutrice. Cette diminution peut être aigue ou chronique ». On parle de maladie rénale chronique lorsqu’un des signes d’atteinte rénale (diminution du DFG et/ou autre(s) signe(s) comme la présence de protéines dans les urines) persiste pendant plus de 3 mois : elle concerne presque 6 millions de patients en France. « Si le DFG/CKD-EPI est bas, Il est important de déterminer la cause sous-jacente et de traiter toute maladie ou autre facteur qui contribue à la diminution de la fonction rénale. Des examens supplémentaires, tels que des analyses de sang et d’urine, peuvent être nécessaires« . 

Quelles sont les causes de la maladie rénale chronique ? 

« Il existe deux causes principales à la maladie rénale chronique : le diabète et l’hypertension artérielle (HTA), observe la biologiste. Mais d’autres facteurs existent : traitements médicamenteux « néphrotoxiques », maladies cardiovasculaires, plusieurs épisodes d’insuffisance rénale aigue… ». La diminution de la filtration rénale est silencieuse. « Des symptômes vont être présents qu’aux stades avancés de la maladie : il est donc primordial de faire un dépistage ciblé de la population à risque (diabète, HTA, obésité, maladie cardiovasculaire…) ». 
Dans certains cas, des modifications du mode de vie, telles que la modification de l’alimentation, la perte de poids et l’exercice, peuvent aider à ralentir la progression de la maladie rénale. « Dans d’autres cas, des médicaments peuvent être prescrits pour aider notamment à contrôler la tension artérielle et/ou le diabète et à ralentir la progression de la maladie rénale« .

Merci à au Dr Hélène Schwaller, biologiste médicale au Laboratoire B2A d’Épinal et membre du réseau les Biologistes Indépendants.


Source : JDF Santé