L’emprise psychologique ou relationnelle s’installe souvent insidieusement et se traduit par un ascendant psychologique, mêlant manipulation, chantage et dépendance affective, que ce soit dans le couple, en amitié, dans le milieu familial ou au travail. Sur le long terme, elle peut avoir de lourdes conséquences pour celui qui la subit. Et ce n’est pas l’apanage des victimes des pervers narcissiques. Tout le monde peut un jour se retrouver sous l’emprise d’une personne. Quels sont les signes pour la reconnaître ? Comment s’en sortir et retrouver une forme de liberté ? Définition et conseils d’Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne.
On peut tous, à un moment donné de sa vie, vivre dans une forme d’emprise psychologique ou relationnelle avec certaines personnes.
L’emprise psychologique correspond à une forme d’ascendance psychologique, de manipulation mentale voire de « torture psychique »récurrente utilisée dans le but de victimiser une personne et parvenir à ses fins. Elle peut se manifester dans de nombreuses situations de la vie quotidienne : au sein du couple, avec un parent, en amitié, au travail… « On peut tous, à un moment donné de sa vie, vivre dans une forme d’emprise psychologique ou relationnelle avec certaines personnes, comme une sorte de perte de contrôle ou de maîtrise. Peu importe son âge, son niveau intellectuel, socioprofessionnel ou que l’on soit un homme ou une femme. Le mot « emprise » induit qu’il y a un rapport de dominant/dominé. Or, les enjeux relationnels sont un peu plus complexes que ça. On n’est pas toujours dans un profil de « victimologie » pure dans le sens où l’emprise n’est pas forcément si puissante et destructrice, tant qu’elle est conscientisée. L’emprise peut même avoir, dans certaines situations de vie, certains bénéfices, notamment dans le couple, en amitié, au travail… Lorsqu’on a conscience de cette emprise, on peut parfois y gagner quelques avantages et l’utiliser sur le court terme comme une stratégie.Néanmoins, il faut que cette emprise ne persiste pas trop longtemps, sinon elle devient problématique« , prévient Aline Nativel Id Hammou. L’emprise psychologique peut concerner :
le couple, avec une emprise exercée par son conjoint ;
le travail, avec une emprise exercée par un collègue, un manager ou un supérieur hiérarchique ;
la famille, avec une emprise ou une manipulation exercée par un parent, un oncle, une tante, un grand-parent…
l’amitié, avec une emprise exercée par un(e) ami(e), souvent toxique ;
plus rarement, une secte, avec une emprise exercée par « un gourou ».
L’emprise psychologique est une sorte de jeu de rôles où la victime (la personne dominée) ne choisit rien et où tout est imposé par celui qui a le pouvoir (la personne dominante). La reconnaître peut être difficile et prendre du temps. Toutefois, certains signes sont typiques d’une emprise psychologique.
La personne sous emprise psychologique a une faible estime d’elle-même. « La personne dominante va « vider » la confiance en soi de la victime, pour garder son influence et pour faire taire ses traits de personnalité« , indique notre interlocutrice.
La victime vit avec la peur de perdre l’autre ou de perdre ses « avantages ». « Elle est complètement dépendante de la personne dominante, et se sent incapable de vivre sans elle« , précise notre psychologue. Elle a tendance à être dans le déni et à minimiser l’emprise.
Le dominant a tendance à utiliser la menace, le chantage ou des stratégies perverses (par de la jalousie, du mépris, des humiliations, du dénigrement, des insultes, des actes de harcèlement, des mensonges, une dépendance financière…) pour parvenir à ses fins et pour faire culpabiliser sa victime si la situation ne va pas dans son sens. Il peut avoir une grande exigence de perfection envers sa victime et même éprouver un certain plaisir à voir cette personne sous son emprise. Son chantage ou ses menaces peuvent être interrompues par des phases de flatterie, d’empathie, de tendresse ou de gentillesse. Le dominant devient alors compréhensif (surtout en présence d’autres personnes) et montre un visage diamétralement opposé à celui du manipulateur, un peu comme un « Dr Jekyll et Mister Hyde ».
Le dominant a tendance à isoler sa victime du monde extérieur, pour renforcer son lien d’emprise et éviter que son entourage ne l’éloigne de lui.
Une relation de couple saine respecte l’autonomie et la liberté de l’autre, ainsi que les divergences d’opinion.
« Il peut parfois y avoir des déséquilibres dans le couple, mais ça fait partie de la vie à deux. Les rôles ne sont pas toujours fixes : il y a des périodes où on est le dominant, d’autres où on est le dominé. Là où ça devient problématique, c’est lorsque les rôles ne changent jamais, que le déséquilibre persiste et qu’il devient inconfortable voire malsain« , détaille notre interlocutrice. Autrement dit, chacun peut chercher, à un moment donné, à influencer l’autre pour parvenir à ses fins. Néanmoins, lorsque ce comportement se transforme en mécanisme systématique et déviant, il ne doit pas être accepté. Une relation de couple saine respecte l’autonomie et la liberté de l’autre, ainsi que les divergences d’opinion. Ainsi, si vous ressentez régulièrement de la honte, une culpabilité, des difficultés à communiquer, de la peur, une anxiété en présence de votre partenaire, un sentiment d’injustice, une impression de vous faire « fliquer », il peut s’agir potentiellement d’une emprise relationnelle.
Un parent qui est dominateur, méprisant, qui vous fait de nombreuses critiques, qui n’est pas capable de vous offrir un soutien, qui dénigre vos choix, qui contrôle vos décisions, qui vous fait culpabiliser à outrance, qui se victimise en permanence, à qui vous devez tout votre temps, votre énergie, vos réussites… peut correspondre à une forme d’emprise psychologique. « On peut être sous emprise au sein de sa famille, avec un parent par exemple et ne pas aller à l’encontre de cette posture par devoir ou par loyauté. En revanche, si cette emprise devient inconfortable ou destructrice, il faut essayer de s’en sortir et d’y mettre un terme« , conseille notre spécialiste.
L’emprise psychologique peut survenir sur le lieu de travail, de la part d’un collègue, d’un collaborateur ou d’un supérieur hiérarchique qui peut user et abuser de la manipulation pour parvenir à ses fins. Avec l’aide de la séduction dans un premier temps (de prime abord, le manipulateur a tendance à se montrer à l’écoute, compréhensif et ouvert), puis avec la peur, le chantage, le dénigrement et les menaces dans un second temps. Le manipulateur est difficilement repérable, mais présente un comportement typique : il a tendance à tirer la couverture à lui, à s’attribuer tous les mérites, à retourner la situation, à pointer les erreurs des autres, à se montrer flou ou ambigu dans ses demandes, à faire porter la responsabilité de ses erreurs sur d’autres, à agir en faux-gentil ou en faux-modeste, à faire de la rétention d’informations importantes, à diviser son équipe pour « mieux régner »…
De prime abord, le manipulateur a tendance à se montrer à l’écoute, compréhensif et ouvert.
Une personne qui vient d’arriver dans l’entreprise est une proie particulièrement facile car elle a tendance à ne pas se rebeller par crainte de mettre en péril son devenir professionnel. Peu importe le temps passé dans l’entreprise, lorsque vous sentez qu’il y a un abus émotionnel de la part d’un collaborateur – qui peut se traduire par du flicage à outrance, une fatigue émotionnelle, une peur d’aller au travail, une perte d’efficacité, un burn-out professionnel – parlez-en autour de vous, essayez de récolter des avis d’autres personnes dans votre entreprise et n’hésitez pas à solliciter l’aide des ressources humaines.
Lorsqu’elle persiste et dure dans le temps, une emprise psychologique peut mener à :
Une dépendance affective de la victime envers son manipulateur.
Une perte de liberté et d’autonomie, avec un isolement et un fort repli sur soi.
Des troubles relationnels, avec une incapacité à avoir confiance en l’autre.
Une personnalité/identité profondément affectée par cette expérience relationnelle destructrice pour la victime qui a le sentiment de ne plus être elle-même et de ne plus se reconnaître (sentiment de dépersonnalisation).
Une dépression pouvant entraîner des idées suicidaires.
Ce qu’il ne faut pas faire dans le cas d’une emprise psychologique
Agir sous le coup de la colère et hausser le ton. Le dominant risque d’être encore plus agressif envers vous et vous faire payer votre hargne.
Se laisser attendrir et amadouer par ses paroles ou ses actes, souvent précurseurs de manipulation ou de chantage.
Tout accepter et ne plus agir/penser par vous-même.
Se sentir inférieur à son « bourreau » et lui donner plus de crédit qu’il ne faut.
« Il est tout à fait possible de sortir d’une emprise psychologique à condition d’être accompagné et de ne pas rester isolé« , prévient d’emblée notre psychologue. Cela se fait progressivement :
► Première étape : le déconditionnement. Dans un premier temps, la victime devra reconnaître la toxicité et la réalité des dérives de l’emprise relationnelle. Elle devra réduire progressivement l’admiration ressentie pour le manipulateur, afin de lui donner de moins en moins de crédit (phase de désidéalisation). Elle pourra écrire une lettre à la personne manipulatrice, qu’elle n’enverra pas mais dans laquelle elle mettra des mots sur ses souffrances. S’entourer et ne pas minimiser le soutien de ses proches restent primordial. Il ne faut pas hésiter à en parler à son entourage, à demander de l’aide et des conseils pour prendre du recul sur la situation, ne plus être tenté d’accepter l’inacceptable et retrouver une certaine forme de liberté et d’autonomie, ainsi que ses capacités de jugement. L’entourage doit, avec tact et compréhension, amener la victime à réfléchir et à prendre conscience sur ce qui est normal ou pas dans une relation, puis la laisser faire ses propres conclusions. Cela prend du temps, il faut être patient.
► Deuxième étape : la reconstruction. Il est tout à fait possible de se faire accompagner par un professionnel de santé (psychologue, psychiatre, assistant social, intervenant social à domicile, sophrologue, hypnothérapeute…) si nécessaire. Cela va permettre de faire « un travail essentiel sur l’estime de soi car très souvent la victime se sent bête, idiote, coupable, honteuse voire responsable de la situation lors de sa prise de conscience« , indique Aline Nativel Id Hammou. Cela va aussi permettre à la victime de réapprendre à vivre en dehors de la relation d’emprise et de retrouver une indépendance affective. Il est aussi conseillé de lire des ouvrages sur la thématique de l’emprise relationnelle (Sortir de l’emprise et se reconstruire de Julie Arcoulin, L’emprise au travail: La comprendre, s’en libérer de Wadih Choueiri, Se libérer de l’emprise émotionnelle de Sylvie Tenenbaum…). Participer à des groupes de paroles ou à des ateliers de gestion de la vie quotidienne peut également être une bonne solution pour récolter des témoignages et prendre conscience que l’on est pas seul à subir ce genre d’emprise. Enfin, on peut aussi travailler sur le corps avec le recours au théâtre, au chant, à la méditation, au yoga, à l’art-thérapie…
L’emprise psychologique peut se faire de manière consciente ou inconsciente. Parfois, le manipulateur ne se rend pas compte de ses actes. De manière générale, l’emprise psychologique traduit une blessure, un vide intérieur ou un manque de confiance en soi. En agissant ainsi, le manipulateur compense ses souffrances et met à distance ses peurs en ayant un ascendant et en faisant souffrir les autres. La manipulation est comme un moteur pour lui. Dans certains cas, l’emprise psychologique est liée à certains troubles psychiques comme les troubles de la personnalité (sociopathie, psychopathie) ou à une tendance à la perversion (pervers narcissique, perversion morale…).
Merci à Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne.
Si l’indémodable « petit noir » donne un coup de fouet pour certains ou est synonyme de moment convivial pour d’autres, le café a également un effet laxatif, ramollissant les selles et aidant ainsi à lutter contre la constipation. Dès les années 1990, de nombreuses études l’ont prouvé. Mais comment expliquer ce mécanisme ? Une étude américaine menée par l’Université du Texas explique pourquoi : et suprise, ce n’est pas du tout lié à la caféine !
Pour expliquer l’effet laxatif du café, les chercheurs ont mené une expérience sur des rats, pendant 3 jours. Une solution à base de café mélangée à des bactéries intestinales a été administrée à un premier groupe de rats. Le deuxième groupe a été nourri avec du café décaféiné également mélangé à des bactéries intestinales. Puis, ils ont étudié leurs intestins à l’aide d’une sonde. Le troisième groupe de rats n’a quant à lui pas du tout consommé de café. Résultats :
Tous les muscles de l’intestin grêle et du côlon se sont contractés chez les rats après qu’ils aient ingéré du café.
Avec ou sans caféine, la capacité de contraction des muscles de l’intestin grêle des rats augmentait.
Les matières fécales des rats ayant consommé du café présentaient moins de bactéries que les animaux n’ayant pas bu de café. Les bactéries ont même cessé de se multiplier suite à l’ingestion de café. Et ce même si le café était décaféiné.
Le même effet était plus prononcé lorsque la concentration de café augmentait.
On a longtemps pensé que l’effet laxatif du café était lié à la caféine. Or, cette expérience montre bien que « les effets laxatifs sont indépendants de la caféine, puisque le café sans caféine a eu des effets similaires à ceux du café ordinaire« , explique Xuan-Zheng Shi, gastro-entérologue et auteur principal de l’étude. L’expérience montre également que le café stimule les contractions de l’intestin grêle et du côlon, permettant un meilleur passage des aliments solides.
Par ailleurs, »cette expérience est vraiment intéressante, car elle montre que le café pourrait être un agent antibactérien, indique le chercheur. Mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour tenter de comprendre pourquoi le café pourrait avoir cet effet inhibiteur sur le microbiome » et si ce mécanisme est également visible sur des humains. Si les résultats se confirment, la consommation de café pourrait notamment être envisagée comme un traitement efficace contre la constipation postopératoireou iléus, dans laquelle les intestins cessent de fonctionner après une chirurgie abdominale.
Lecancer du pancréasest le 7e cancer le plus fréquent chez les femmes (le 9e chez l’homme).Son incidence augmente de manière inquiétante chez elles, notamment à cause du tagabisme. Et le taux de mortalité également. Pourquoi ? Quels sont les facteurs de risque du cancer du pancréas chez les femmes ? Y a-t-il des symptômes spécifiques ? Quelle est l’espérance de vie ? L’âge au diagnostic ? Réponses avec le Pr Renato Lupinacci, Chirurgien pancréatique et digestif à l’Hôpital Ambroise-Paré (APHP-Université Paris Saclay).
Quels sont les chiffres du cancer du pancréas chez la femme ?
« Le cancer du pancréas est l’un des rares cancers en augmentation. L’incidence du cancer du pancréas augmente surtout chez la femme », rapporte le Pr Renato Lupinacci. En effet, de 1990 à 2018, le cancer du pancréas a augmenté en moyenne par an de +2.7% chez l’homme et +3.8% chez la femme (Données Defossez G. BMC Cancer 2021, voir le schéma ci-dessous). L’Institut national du Cancer (Inca) a ainsi estimé à 6 900 cancers le nombre de nouveaux cas de cancer du pancréas chez la femme en 2018 contre 7 300 chez l’homme. « Si aujourd’hui, plus d’hommes ont un cancer du pancréas que de femme (51% d’hommes contre 49%), le fossé est en train de se réduire« , poursuit-il. Le taux de mortalité du cancer du pancréas augmente aussi de façon plus marquée chez la femme (+1.2% par an chez la femme contre +0.3% par an chez l’homme)
Quels sont les symptômes du cancer du pancréas chez la femme ?
« Il n’y a pas de différences dans les manifestations cliniques chez l’homme ou la femme. La seule différence réside au niveau des facteurs de risque du cancer du pancréas : la mutation du gène BRCA, beaucoup plus fréquente chez les femmes et également associée à une prédisposition aux cancer du sein et de l’ovaire« . Lessymptômes du cancer du pancréas sont longtemps silencieux et peu spécifiques, surtout au début de la maladie. Quand la maladie progresse, le cancer peut entraîner :
Un jaunissement de la peau et du blanc de l’œil (ictère)
Quel est l’âge moyen au diagnostic chez la femme ?
« Le cancer du pancréas est diagnostiqué le plus souvent après les 70 ans », répond le Pr Lupinacci. Chez la femme, l’âge au diagnostic est un tout petit peu plus tardif que chez l’homme : 73 ans chez la femme contre 70 ans chez l’homme.
Quels sont les facteurs de risque (spécifiques) chez la femme ?
Comme pour tous les cancers, il existe des mutations génétiques qui prédisposent à un cancer du pancréas. « Les mutations génétiques les plus fréquentes touchent le gène BRCA2, et le gène CDKN2A (associé au mélanome de la peau). La mutation du gène BRCA qui est beaucoup plus fréquent chez les femmes et également associé à une prédisposition aux cancer du sein et de l’ovaire« , explique notre interlocuteur. Outre ce facteur de risque spécifique à la femme, on peut également citer le tabagisme (actif et passif), la pancréatite chronique, le syndrome métabolique ou encore l’obésité, qui sont des facteurs de risque communs aux deux sexes.
« Le cancer du pancréas est le cancer digestif le plus mortel »
Le cancer du pancréas chez la femme jeune est-il possible ?
Le cancer du pancréas survient exceptionnellement avant l’âge de 50 ans. Dans les 3/4 des cas, le diagnostic est posé après 65 ans. Le cancer du pancréas chez la femme jeune (moins de 40 ans) est très rare.
Quelle est l’espérance de vie du cancer du pancréas chez la femme ?
Hommes comme femmes, « le cancer du pancréas est le cancer digestif le plus mortel, rapporte notre spécialiste. On a une survie globale à 5 ans tous stades confondus de moins de 10% »
Merci au Pr Renato Lupinacci, Chirurgien pancréatique et digestif à l’Hôpital Ambroise-Paré (APHP-Université Paris Saclay).
Invité du podcast du Parisien en mai 2023, l’animateur Camille Combal a parlé de sa maladie oculaire génétique (le kératocône, unedéformation cornéenne) et de la deuxième greffe de cornée qu’il va devoir subir. La première de son oeil gauche a été réalisée en 2015 : « Il faut que je fasse le droit maintenant, j’ai l’autre œil à greffer. Mes deux yeux sont atteints donc il faut que je fasse le deuxième » a-t-il expliqué. C’est quoi une greffe de cornée ? Comment ça se passe ? Après ? Quel taux de réussite ?
Définition : c’est quoi une greffe de cornée ?
« La cornée est la partie transparente de l’œil qui recouvre l’iris et qui nous protège des agressions externes, rappelle le Dr Jean-Philippe Theron, ophtalmologue. C’est la seule partie de l’œil que l’on peut greffer. La greffe de cornée consiste à remplacer la partie malade de la cornée d’un patient par une cornée saine, prélevée sur un donneur ». En France, la greffe de cornée est, de loin, la plus fréquente des greffes de tissus issus de donneurs décédés (10 000 cornées prélevées par an). Plus de 4000 patients en bénéficient chaque année. « Jusqu’en l’an 2000, on faisait des greffes transfixiantes, c’est-à-dire qu’elles concernaient l’ensemble de la cornée. Depuis, la grande avancée chirurgicale réside dans le remplacement sélectif des parties malades de la cornée du patient, en conservant au maximum les parties saines : il s’agit de greffes lamellaires ». La cornée se divise en trois couches cellulaires :
L’ensemble fait en moyenne entre 500 et 600 μ (micron) d’épaisseur. « En ne remplaçant que la partie malade, on limite ainsi le risque de rejet ».
Indications : quand faire une greffe de cornée ?
Parmi les principales indications pour la greffe de cornée, on retrouve notamment :
Aujourd’hui, la greffe de cornée est une opération chirurgicale bien maîtrisée et relativement simple à pratiquer.
Les kératocônes (déformation cornéenne d’origine allergique ou héréditaire)
Les décompensations endothéliales primitives (comme la dystrophie endothéliale de Fuchs).
Les décompensations endothéliales secondaires (après une chirurgie de la cataractepar exemple).
Les séquelles liées aux traumatismes perforants de la cornée
Les cicatrices d’abcès de cornée
« Vont également être concernées toutes les affections susceptibles de laisser pour séquelles une opacification cornéenne et une irrégularité cornéenne, poursuit le médecin. L’opération a pour but de rendre la transparence de la cornée et favoriser la transmission de la lumière dans de bonnes conditions« . Aujourd’hui, la greffe de cornée est une opération chirurgicale bien maîtrisée et relativement simple à pratiquer. « Mais elle reste une solution de dernier recours après l’échec d’un traitement ophtalmique (collyre) ».
Comment se déroule une greffe de cornée ?
► En première intention, le patient consultera un ophtalmologiste qui l’orientera ensuite vers un spécialiste de la cornée.
► Il faudra ensuite que le médecin l’inscrive sur la liste nationale des patients à greffer à l’Agence de Biomédecine. L’attente d’un greffon disponible est variable de quelques semaines à plusieurs mois. La gestion des prélèvements et les contrôles qualité sont assurés par des banques de cornée et l’Agence de Biomédecine.
► « Comme pour toute opération, le patient devra réaliser une consultation en vue de l’anesthésie, générale (si greffe transfixiante) ou loco-régionale (si greffe lamellaire), et signer un document de consentement éclairé« . Un bilan préopératoire complet sera également réalisé.
► Le jour de l’intervention, le patient doit arriver à jeun. Le geste chirurgical dure entre 1 heure et 1h30 selon la technique. Une nuit d’hospitalisation peut être nécessaire, mais le patient peut aussi rentrer chez lui le jour même, avec une visite post-opératoire le lendemain, sans nuit d’hospitalisation. « Le patient est installé sur le dos en milieu chirurgical stérile et sous microscope. Le chirurgien va ouvrir l’œil et remplacer la cornée déficiente par une autre cornée en bonne santé (le greffon). Etant donné que l’on greffe un tissu et non un organe, il n’y a pas de problème de comptabilité entre le donneur et le receveur. De plus, la cornée n’est pas irriguée de vaisseaux sanguins et les cellules qui la constituent n’expriment que très peu les antigènes responsables des rejets« . La greffe de cornée est liée au don d’une personne décédée. « Et il y a un vrai déficit en France« .
Quelles sont les précautions à prendre après une greffe de cornée ?
Le traitement post-opératoire ne comprend que des traitements locaux. « Des collyres et/ou pommades antibiotiques et un collyre corticoïde, principale arme préventive contre le rejet pendant une période de 6 à 12 mois, selon les cas« , détaille notre interlocuteur. La fréquence d’instillation sera décroissante au cours du temps. « La surveillance ophtalmologique doit donc être rigoureuse et à vie, et toute anomalie signalée rapidement au médecin (douleur, baisse de la vision, œil rouge)« .
Le patient doit repérer les signes d’urgence : rougeur à l’œil, douleur, photophobie, diminution de la vision, larmoiement.
Quel est le taux de réussite d’une greffe de cornée ?
« Le taux de réussite des greffes de cornée oscille entre 60 et 90% des cas, souligne le Dr Théron. Selon les cas, il est possible de refaire une greffe de cornée en cas d’échec« .
Combien de temps de convalescence après une greffe de cornée ?
« Après l’opération, l’œil étant fragilisé, il est recommandé de rester 1 semaine tranquille à domicile et de porter des lunettes de soleil en cas de gène à la lumière« , conclut notre médecin.
Quels sont les risques d’une greffe de cornée ?
« Le principal risque reste le rejet de la greffe de cornée, répond le spécialiste. Il est lié à la reconnaissance par l’organisme du receveur des antigènes du greffon« . Le patient doit pouvoir repérer les signes d’urgence : rougeur à l’œil, douleur, photophobie, diminution de la vision, larmoiement. Une consultation en urgence est indispensable dans ce cas. « Le risque de rejet est de 15% à 5 ans pour les greffes transfixiantes, et de 2% à 5 ans pour les greffes lamellaires ». Le traitement du rejet repose sur une corticothérapie locale intensive (collyre, comprimé ou injection). Le risque post-opératoire infectieux est faible. Un suivi post-opératoire est programmé tous les mois pour une période de 6 à 12 mois.
Merci au Dr Jean-Philippe Théron, ophtalmologue à l’institut ophtalmique de Somain (59)
Le terme libido désigneledésir sexuel. La libido est propre à chaque individu : chacun peut éprouver plus ou moins de désir. Ce qui est très important, c’est « qu’il n’y a pas de libido dite normale. Alors, si on vit avec quelqu’un qui a le même rythme, on est heureux. Si les deux partenaires ont des rythmes différents, ça peut poser problème« , explique le Dr Sylvain Mimoun, gynécologue. La libido peut varier selon les individus, ou, chez une même personne, selon les périodes de la vie. Le déclin du désir, ou baisse de libido, entraîne une diminution ou une perte totale d’intérêt pour la sexualité.
Chez la femme, la libido est fortement corrélée aux sécrétions hormonales produites notamment par les ovaires. « L’excitation qui déclenche le désir est soutenue par les androgènes, des hormones mâles sécrétées à petites doses« , précise le sexologue. D’autres hormones, les œstrogènes assurent la lubrification des muqueuses. Ces sécrétions hormonales jouent donc un rôle majeur dans le bon fonctionnement de la libido féminine. « Une baisse de libido survient généralement pendant la grossesse,autour de la ménopause ou après une maladie grave« , ajoute le Dr Sylvain Mimoun.
Chez l’homme, les sécrétions hormonales sont principalement constituées de testostérone, une hormone mâle, mais toutefois sécrétée en petite quantité chez la femme. « C’est la même hormone sauf que les quantités ne sont pas du tout les mêmes », apporte le Dr Mimoun comme précision.
Lorsqu’une baisse de désir s’installe, il faut avant tout en comprendre les mécanismes et les causes. Le désir sexuel est propre à chacun et dépend de nombreux facteurs, comme notre culture et notre histoire personnelle, les événements du quotidien… Une diminution du désir sexuel peut être causée par :
► Des troubles d’ordre psychologique, émotionnel ou physiologique. « En effet, une maladie, ou d’autres événements traumatisants peuvent influer sur le psychisme. L’énergie vitale est touchée, la femme se met en retrait de son corps. Il est logique qu’il y ait alors une diminution de l’envie sexuelle« , explique le gynécologue.
► Un médicament, des changements hormonaux, la consommation de substances psychoactives, la fatigue et le stress peuvent également en être les causes.
► La régularité des rapports sexuels joue aussi un rôle capital dans la libido : « Si on n’a plus de relations sexuelles depuis un long moment, notre corps n’est plus habitué à réagir. On l’a laissé s’endormir, voire s’éteindre. Les organes sexuels ne fonctionnent que si l’on s’occupe d’eux ! On peut perdre l’habitude de faire l’amour, l’appétit sexuel en somme« , conclut le Dr Mimoun. La baisse de la passion qui intervient chez un certain nombre de couples au fil des années est une raison fréquemment évoquée pour expliquer la diminution du désir. La routine, des attentes mal ou jamais exprimées, peuvent engendrer une baisse du désir. Un mode de vie stressant, une charge de travail importante, la multiplication des activités familiales ou sportives… peuvent peu à peu entraîner un manque de temps à consacrer à la sexualité.
► En parler à son partenaire : Il ne faut pas hésiter à évoquer le problème de la baisse de désir. Le/la partenaire reste la personne la plus concernée : il/elle peut également ressentir les mêmes angoisses, les mêmes doutes. En parler, exprimer ensemble les questionnements de chacun ne pourra qu’être bénéfique pour votre couple : « La connivence émotionnelle est capitale dans un couple. Si les partenaires discutent de ce qui leur plaît, ils se sentent proches, en phase, et le désir vient naturellement », explique le Dr Sylvain Mimoun. On pourra aussi aborder cette problématique avec des amis de confiance.
► Se surprendre pour maintenir le désir : Il est possible pour un couple de s’épanouir tout au long de sa vie sexuelle. Pour cela, il faut se surprendre, se renouveler, voyager, bousculer des habitudes ancrées dans le quotidien, improviser, jouer, partager, échanger… « C’est une harmonie générale. Il faut être en phase avec soi-même et avec l’autre, avec la progression de l’excitation chez l’un et chez l’autre… De cette manière, les choses peuvent se dérouler favorablement. Une fois que le corps fonctionne bien, il continue normalement à bien fonctionner. Il faut donc éviter de faire des arrêts, car cela peut être problématique au bout d’un moment« , conseille le sexologue. Et d’ajouter « si une femme n’a plus fait l’amour depuis un long moment, je lui donne des exercices de découverte, pour réveiller son propre corps vis à vis d’elle-même, puis vis-à-vis de l’autre« .
► Consulter un médecin : Si la perte du désir entraîne une souffrance, on peut consulter un médecin, en particulier un sexologue. « Apprendre l’auto-hypnose peut aussi aider à mieux gérer son propre corps. Cet exercice qui peut paraître loin de la sexualité permet en fait d’être au plus près de ses émotions, or le plaisir est une émotion. Quelque chose de physique, mais aussi d’émotionnel. Et quand les deux sont présents, le plaisir est bien plus complet« . Le manque de désir touche de nombreuses personnes, plus ou moins souvent au cours de leur vie. Inutile de s’inquiéter si cela ne vous pose pas de problème. Sans être miracle, certaines solutions naturelles à rechercher du côté des plantes ou des huiles essentielles peuvent donner un coup de fouet et stimuler alors l’envie sexuelle.
Attention cependant à toujours utiliser ces solutions en respectant les posologies et contre-indications.
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