Greffe de cornée : taux de réussite, quelles précautions après ?

Invité du podcast du Parisien en mai 2023, l’animateur Camille Combal a parlé de sa maladie oculaire génétique (le kératocône, une déformation cornéenne) et de la deuxième greffe de cornée qu’il va devoir subir. La première de son oeil gauche a été réalisée en 2015 : « Il faut que je fasse le droit maintenant, j’ai l’autre œil à greffer. Mes deux yeux sont atteints donc il faut que je fasse le deuxième » a-t-il expliqué. C’est quoi une greffe de cornée ? Comment ça se passe ? Après ? Quel taux de réussite ?

Définition : c’est quoi une greffe de cornée ?

« La cornée est la partie transparente de l’œil qui recouvre l’iris et qui nous protège des agressions externes, rappelle le Dr Jean-Philippe Theron, ophtalmologue. C’est la seule partie de l’œil que l’on peut greffer. La greffe de cornée consiste à remplacer la partie malade de la cornée d’un patient par une cornée saine, prélevée sur un donneur ». En France, la greffe de cornée est, de loin, la plus fréquente des greffes de tissus issus de donneurs décédés (10 000 cornées prélevées par an). Plus de 4000 patients en bénéficient chaque année. « Jusqu’en l’an 2000, on faisait des greffes transfixiantes, c’est-à-dire qu’elles concernaient l’ensemble de la cornée. Depuis, la grande avancée chirurgicale réside dans le remplacement sélectif des parties malades de la cornée du patient, en conservant au maximum les parties saines : il s’agit de greffes lamellaires »La cornée se divise en trois couches cellulaires :

  • l’épithélium en surface,
  • le stroma
  • l’endothélium en profondeur.

L’ensemble fait en moyenne entre 500 et 600 μ (micron) d’épaisseur. « En ne remplaçant que la partie malade, on limite ainsi le risque de rejet ».

Indications : quand faire une greffe de cornée ?

Parmi les principales indications pour la greffe de cornée, on retrouve notamment :

Aujourd’hui, la greffe de cornée est une opération chirurgicale bien maîtrisée et relativement simple à pratiquer.

  • Les kératocônes (déformation cornéenne d’origine allergique ou héréditaire)
  • Les décompensations endothéliales primitives (comme la dystrophie endothéliale de Fuchs).
  • Les décompensations endothéliales secondaires (après une chirurgie de la cataracte par exemple).
  •  Les séquelles liées aux traumatismes perforants de la cornée
  • Les cicatrices d’abcès de cornée

« Vont également être concernées toutes les affections susceptibles de laisser pour séquelles une opacification cornéenne et une irrégularité cornéenne, poursuit le médecin. L’opération a pour but de rendre la transparence de la cornée et favoriser la transmission de la lumière dans de bonnes conditions« . Aujourd’hui, la greffe de cornée est une opération chirurgicale bien maîtrisée et relativement simple à pratiquer. « Mais elle reste une solution de dernier recours après l’échec d’un traitement ophtalmique (collyre) ».

Comment se déroule une greffe de cornée ?

► En première intention, le patient consultera un ophtalmologiste qui l’orientera ensuite vers un spécialiste de la cornée.

► Il faudra ensuite que le médecin l’inscrive sur la liste nationale des patients à greffer à l’Agence de Biomédecine. L’attente d’un greffon disponible est variable de quelques semaines à plusieurs mois. La gestion des prélèvements et les contrôles qualité sont assurés par des banques de cornée et l’Agence de Biomédecine.

► « Comme pour toute opération, le patient devra réaliser une consultation en vue de l’anesthésie, générale (si greffe transfixiante) ou loco-régionale (si greffe lamellaire), et signer un document de consentement éclairé« . Un bilan préopératoire complet sera également réalisé.

► Le jour de l’intervention, le patient doit arriver à jeun. Le geste chirurgical dure entre 1 heure et 1h30 selon la technique. Une nuit d’hospitalisation peut être nécessaire, mais le patient peut aussi rentrer chez lui le jour même, avec une visite post-opératoire le lendemain, sans nuit d’hospitalisation. « Le patient est installé sur le dos en milieu chirurgical stérile et sous microscope. Le chirurgien va ouvrir l’œil et remplacer la cornée déficiente par une autre cornée en bonne santé (le greffon). Etant donné que l’on greffe un tissu et non un organe, il n’y a pas de problème de comptabilité entre le donneur et le receveur. De plus, la cornée n’est pas irriguée de vaisseaux sanguins et les cellules qui la constituent n’expriment que très peu les antigènes responsables des rejets« . La greffe de cornée est liée au don d’une personne décédée. « Et il y a un vrai déficit en France« .

Quelles sont les précautions à prendre après une greffe de cornée ?

Le traitement post-opératoire ne comprend que des traitements locaux. « Des collyres et/ou pommades antibiotiques et un collyre corticoïde, principale arme préventive contre le rejet pendant une période de 6 à 12 mois, selon les cas« , détaille notre interlocuteur. La fréquence d’instillation sera décroissante au cours du temps. « La surveillance ophtalmologique doit donc être rigoureuse et à vie, et toute anomalie signalée rapidement au médecin (douleur, baisse de la vision, œil rouge)« .

Le patient doit repérer les signes d’urgence : rougeur à l’œil, douleur, photophobie, diminution de la vision, larmoiement.

Quel est le taux de réussite d’une greffe de cornée ?

« Le taux de réussite des greffes de cornée oscille entre 60 et 90% des cas, souligne le Dr Théron. Selon les cas, il est possible de refaire une greffe de cornée en cas d’échec« .

Schéma d'une greffe de cornée
Schéma d’une greffe de cornée © Nastya Trel – stock.adobe.com

Combien de temps de convalescence après une greffe de cornée ?

« Après l’opération, l’œil étant fragilisé, il est recommandé de rester 1 semaine tranquille à domicile et de porter des lunettes de soleil en cas de gène à la lumière« , conclut notre médecin.

Quels sont les risques d’une greffe de cornée ?

« Le principal risque reste le rejet de la greffe de cornée, répond le spécialiste. Il est lié à la reconnaissance par l’organisme du receveur des antigènes du greffon« . Le patient doit pouvoir repérer les signes d’urgence : rougeur à l’œil, douleur, photophobie, diminution de la vision, larmoiement. Une consultation en urgence est indispensable dans ce cas. « Le risque de rejet est de 15% à 5 ans pour les greffes transfixiantes, et de 2% à 5 ans pour les greffes lamellaires ». Le traitement du rejet repose sur une corticothérapie locale intensive (collyre, comprimé ou injection). Le risque post-opératoire infectieux est faible. Un suivi post-opératoire est programmé tous les mois pour une période de 6 à 12 mois.

Merci au Dr Jean-Philippe Théron, ophtalmologue à l’institut ophtalmique de Somain (59)


Source : JDF Santé