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Leucémie chez l'enfant : types, symptômes, guérison

Leucémie chez l'enfant : types, symptômes, guérison

Près de 500 cas de leucémie sont diagnostiqués chez les enfants chaque année en France. Elles représentent 29 % des 1 780 nouveaux cas de cancers diagnostiqués chez l’enfant de moins de 15 ans. Les leucémies infantiles sont les cancers les plus fréquents chez les enfants. Quelles sont les causes ? Quels sont les symptômes de de la leucémie pédiatrique ? Et les chances de guérison ?

Définition : c’est quoi la leucémie de l’enfant ?

Les leucémies chez l’enfant résultent d’une anomalie dans le développement des cellules souches hématopoïétiques de la moelle osseuse (cellules précurseurs de l’ensemble des cellules sanguines : globules rouges et blancs, plaquettes). Ces cellules souches peuvent évoluer en deux grands types de cellules :

► Les cellules souches lymphoïdes, qui se transforment ensuite en lymphocytes (types de globules blancs). Trois types de lymphocytes existent : les lymphocytes B, les lymphocytes T et les lymphocytes NK ;

► Les cellules souches myéloïdes, qui produisent les globules rouges, d’autres types de globules blancs (granulocytes, monocytes) et les plaquettes.

Les leucémies constituent un cancer particulier, car les cellules tumorales envahissent l’ensemble de l’organisme à partir de la moelle osseuse, grâce à la circulation sanguine.

Quelles sont les causes de la leucémie chez l’enfant ?

Dans plus de 90 % des cas, les causes d’une leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) restent inconnues. Pour les 10 % restants, les facteurs de risque reconnus sont d’ordre génétique ou toxique et liés :

  • à une anomalie génétique telle que la trisomie 21 (mongolisme ou syndrome de Down),
  • à l’exposition à certaines substances toxiques (benzène, métaux lourds) et aux radiations ionisantes

Il y a probablement des facteurs de prédisposition génétique, qui font encore l’objet d’études : le jumeau monozygote (vrai jumeau) d’un enfant atteint d’une leucémie risque lui aussi de développer cette maladie, surtout si celle-ci survient dans la première année de vie. « Mais il ne s’agit en aucun cas d’une maladie génétique transmissible », précise le Dr Cécile Renard, pédiatre à l’institut d’Hématologie et Oncologie Pédiatrique de Lyon.

Quels sont les types de leucémie chez l’enfant ?

On rencontre principalement des leucémies aiguës, d’évolution rapide, par opposition aux leucémies chroniques plus fréquentes chez l’adulte. Selon le type de globules blancs atteints, on parle de :

  • leucémie aigüe lymphoïde (lymphoblastique) si les lymphocytes (type de globule blanc) sont en cause. La Leucémie Aigüe Lymphoblastique (LAL) représente 80% des leucémies aiguës de l’enfant.
  • leucémie aigüe myéloïde (myéloblastique)(LAM) si les cellules de la lignée myéloïde sont en cause (20%).

Quels sont les symptômes de la leucémie chez l’enfant ?

La leucémie aiguë survient de manière brutale et se manifeste par une insuffisance de la moelle osseuse et la prolifération de cellules anormales, l’une étant le résultat de l’autre. L’insuffisance médullaire se répercute sur les trois types de cellules sanguines. On observe alors :

  • pâleur, fatigue, difficultés respiratoires (dyspnée), palpitations (tachycardie) et malaise général, c’est un signe de manque de globules rouges (anémie),
  • des infections récidivantes telles que angines, bronchites, infections des gencives (gingivite), c’est un signe de manque de globules blancs normaux,
  • de petits saignements dans l’épaisseur de la peau (pétéchies), des pertes de sang au niveau des gencives, du nez, etc., c’est un signe de manque de plaquettes.
  • une augmentation de volume du foie, de la rate et des ganglions lymphatiques,
  • des douleurs osseuses ou articulaires, au point que l’enfant peut se mettre à boiter (elles sont dues à la prolifération de cellules leucémiques dans la moelle des os concernés).

Il est rare qu’un enfant présente l’ensemble de ces anomalies. Elles peuvent souvent se résumer à un ou deux symptômes.

Comment diagnostiquer une leucémie chez l’enfant ?

► Prise de sang. « Un diagnostic de leucémie aiguë est souvent suspecté à la suite d’une analyse de sang, ou numération formule sanguine (NFS), lorsque celle-ci met en évidence une anémie, une thrombopénie ainsi qu’une neutropénie (chute du taux de leucocytes polynucléaires neutrophiles) », poursuit le médecin. « Cette analyse révèle souvent la présence des cellules leucémiques, globules blancs immatures et anormaux, appelés blastes. »

Myélogramme. Toutefois, une simple prise de sang ne suffit pas à poser le diagnostic, ni à déterminer le type de leucémie dont est atteint l’enfant. Un myélogramme est nécessaire. Il s’agit d’un examen au cours duquel la morphologie des cellules de la moelle osseuse est étudiée au microscope. Le prélèvement de ces cellules est effectué, par ponction dans le sternum ou dans l’os du bassin. Si ce geste ne dure que quelques minutes, il peut néanmoins se révéler douloureux.

► D’autres examens de laboratoire sont indispensables pour affiner le diagnostic et le pronostic. C’est le cas de l’étude des protéines présentes à la surface ou à l’intérieur des cellules leucémiques (immuno-phénotype). Différentes techniques permettent de repérer des anomalies chomosomiques (caryotype) ou génétiques acquises (biologie moléculaire), caractéristiques de cellules leucémiques. Ces différents éléments permettent de préciser le pronostic.

► Ponction lombaire. Enfin, une ponction lombaire (elle aussi réalisée sous anesthésie locale associée à l’inhalation de protoxyde d’azote) est indispensable pour savoir si des cellules leucémiques ont infiltré le système nerveux central.

Quels sont les facteurs de risque de leucémie chez l’enfant ?

Plusieurs facteurs de risque de leucémie ont été identifiés chez les enfants :

  • L’existence de syndromes génétiques (résultant de la mutation d’un ou plusieurs gènes), en particulier le syndrome de Down, le syndrome de Bloom, l’anémie de Fanconi, l’ataxie-télangiectasie, la neurofibromatose de type 1, le syndrome de Wiskott-Aldrich, le syndrome de Li-Fraumeni ou le syndrome de Shwachman-Diamond ;
  • Des antécédents de leucémie dans la fratrie ;
  • L’exposition à de fortes doses de radiations ;
  • Un traitement antérieur par radiothérapie ou chimiothérapie ;

Parallèlement à ces facteurs connus, d’autres aspects pourraient jouer un rôle dans la survenue d’une leucémie, même si ce lien n’a pas encore été prouvé scientifiquement : l’exposition à certains rayonnements ou à des champs électromagnétiques, les pesticides, la fumée de cigarette, l’alcool, le benzène (solvant cancérigène) ou encore l’exposition maternelle à certaines peintures.

Quels sont les traitements de la leucémie chez l’enfant ?

Pour traiter la leucémie aiguë lymphoblastique chez l’enfant, on utilise avant tout la chimiothérapie. Ce traitement est classiquement divisé en plusieurs étapes :

► L’induction. C’est la phase initiale du traitement. Elle a pour but de réduire fortement la quantité de cellules cancéreuses. Il s’agit d’un traitement relativement intensif qui dure 3 à 4 semaines.

► La consolidation. Elle débute dès l’obtention de la rémission complète c’est à dire l’absence de symptômes et de signes cliniques (on ne détecte plus de cellules cancéreuses dans le sang ni dans la moelle osseuse). Cette phase du traitement fait appel à des médicaments différents de ceux utilisés lors de l’induction.

« Le taux de guérison des leucémies ne cesse de s’améliorer, »

► L’intensification. Elle fait suite à la consolidation et reprend habituellement les médicaments utilisés lors de l’induction.

« Ces phases de traitement constituent le traitement « lourd », qui dure entre 6 et 12 mois, avec des conséquences sur la vie familiale et la scolarité, poursuit le Dr Rénard. En effet, l’enfant est souvent à l’hôpital et ne peut pas aller à l’école. Heureusement, l’école à l’hôpital ainsi que de nombreux intervenants prennent le relais pour aider l’enfant et sa famille durant cette période difficile. »

► Le traitement d’entretien (dans les cas de leucémie aiguë lymphoblastique uniquement). Il vise à éviter une éventuelle reprise de la maladie et dure environ 2 ans. À l’arrêt du traitement, on procède pendant plusieurs années à une surveillance régulière qui consiste en un examen médical et une prise de sang.

Comment évolue la leucémie aigüe lymphoïde chez l’enfant ?

« Le taux de guérison des leucémies ne cesse de s’améliorer, grâce à une meilleure caractérisation de la maladie par des techniques de biologie moléculaire, et à la détection des formes plus résistantes par le suivi de la maladie résiduelle, rappelle la spécialiste. Les traitements eux aussi s’améliorent, et de nouvelles thérapies (immunothérapie, CAR T-cell) se développent pour les formes les plus graves. » La recherche ne cesse d’avancer et de permettre de guérir plus de patients, tout en essayant de diminuer les toxicités des traitements.

Quel est le taux de guérison d’une leucémie chez l’enfant ?

Le taux de guérison est de près de 90 % pour les enfants atteints de leucémie aiguë lymphoblastique et d’environ 60 % pour les leucémies aiguës myéloblastiques. On peut parler de guérison à partir des 5 ans du diagnostic de la leucémie aiguë, délai après lequel une rechute est exceptionnelle. « L’allogreffe de moelle osseuse est rarement nécessaire dans les leucémies aigües lymphoblastiques et réservée aux formes les plus graves et aux rechutes, conclut le Dr Renard. Ce traitement est plus souvent nécessaire dans les leucémies aiguës myéloblastiques « . Une étude de suivi à long terme est actuellement en cours en France (LEA = Leucémie Enfant Adolescent), et a permis de montrer que la plupart des adultes traités dans l’enfance pour une leucémie vont bien, mais que certains organes sont à surveiller plus particulièrement chez les patients allogreffés.

Merci au Dr Cécile Rénard, pédiatre à l’institut d’Hématologie et Oncologie Pédiatrique de Lyon.


Source : JDF Santé

Helicobacter pylori : bactérie de l'estomac, symptômes, grave ?

Helicobacter pylori : bactérie de l'estomac, symptômes, grave ?

L’Hélicobacter pylori est une bactérie qui colonise exclusivement la muqueuse gastrique, le plus souvent durant l’enfance. Non traitée, elle persiste et inflamme l’estomac. « Elle a un rôle établi dans le développement des ulcères gastroduodénaux et des cancers de l’estomac » explique la Haute Autorité de Santé (HAS). La plupart du temps l’infection à Helicobacter pylori ne provoque pas de symptômes. Alors comment savoir ? Et est-ce tout le temps grave ? Réponses avec le Dr Michael Bismuth, spécialiste en hépato-gastro-entérologie au CHU de Montpellier.

Définition : c’est quoi la bactérie Helicobacter pylori ?

Helicobacter pylori est une bactérie qui infecte la paroi interne de l’estomac. L’identification de ce germe en Australie dans les années 1990 a complètement remis en question la physiopathologie de l’ulcère gastro-duodénal qui est devenue une maladie infectieuse. « 7 ulcères de l’estomac sur 10 sont directement en lien avec l’infection à Helicobacter pylori et 9 ulcères duodénaux sur 10« , indique le Dr Michael Bismuth. Les deux médecins qui ont découvert Helicobacter pylori ont reçu le prix Nobel de Médecine. Elle n’est présente que chez l’homme. Elle résiste à un environnement très acide. « L’incidence de l’infection à Helicobacter pylori est différente chez les adultes et les enfants. En France, elle est plus faible chez les moins de 30 ans (20% des personnes sont infectées à l’âge de 20 ans) et plus fréquente après l’âge de 50 ans (environ une personne sur deux) » indique spécialiste en hépato-gastro-entérologie.

Image de la bactérie Helicobacter Pylori
Image de la bactérie Helicobacter Pylori © Alfmaler-Adobestock

Causes : comment on attrape l’Helicobacter pylori ?

La contamination se fait dans l’enfance essentiellement pendant les cinq premières années de vie et passe inaperçue. « Théoriquement, l’homme peut être contaminant par deux moyens : la voie orale ou par ses selles. La transmission de la bactérie se fait essentiellement par une transmission directe de personne à personne oro-orale et surtout gastro-orale. C’est à dire que la contamination se fait par un contact direct avec la salive infectée par des régurgitations ou lors des vomissements. La transmission par les selles, suite à un contact par l’intermédiaire des mains ou encore à cause de l’eau et d’aliments contaminés, est plus rare et se rencontre plutôt dans les pays en voie de développement où l’hygiène est déficiente » indique le Groupe d’Etudes Français des Helicobacter (GEFH) . 

Est-ce que l’Helicobacter pylori est grave ?

Le principal danger d’une infection par l’Helicobacter pylori est le développement d’un cancer de l’estomac. Selon la Haute Autorité de Santé, « parmi les personnes infectées, 1% développent un cancer de l’estomac« . Mais « même si ce risque est faible, l’Hélicobacter pylori est la principale cause des cancers de l’estomac (80% des cas). Plus le traitement a lieu tôt, plus il est efficace pour réduire le risque d’apparition de ce cancer ».

Quels sont les symptômes de l’Helicobacter pylori ?

« La plupart du temps, l’inflammation est silencieuse ne provoquant aucun symptôme » répond le Dr Michael Bismuth. Elle peut quand même entraîner des troubles digestifs avec gêne et douleurs. Les symptômes sont ensuite ceux des complications si elles surviennent : la gastrite et l’ulcère. « L’infection à Helicobacter pylori peut se compliquer d’une gastrite chronique (inflammation chronique de l’estomac) qui persiste toute la vie si l’infection n’est pas traitée », précise le spécialiste.

Diagnostic : comment savoir si on a l’Helicobacter pylori ?

Il n’existe pas actuellement de dépistage organisé de l’infection à Helicobacter pylori en France. Quand la recherche de la bactérie est décidée par le médecin, celui-ci peut prescrire :

  • une sérologie (prise de sang) pour détecter les anticorps produits par l’organisme pour lutter contre la bactérie
  • le test respiratoire à l’urée marquée (non remboursé par l’assurance maladie)
  • la recherche d’antigènes dans les selles (non remboursée par l’assurance maladie).
  • une fibroscopie avec prélèvements d’échantillons de la paroi de l’estomac et analyse de ces échantillons

A savoir : la recherche d’H. pylori n’est pas justifiée pour les proches si on est infecté par la bactérie, sauf dans deux situations :

  • Ils présentent eux-mêmes des symptômes liés à une maladie de l’estomac (gêne, douleur).
  • Des lésions précancéreuses ou cancéreuses ont été détectées dans votre estomac. 

Quels sont les traitements de l’Helicobacter pylori ?

« Le traitement d’Helicobacter pylori et son éradication sont recommandées dans plusieurs situations comme la présence d’un ulcère gastro-duodénal, d’une gastrite chronique associée à la bactérie, d’un lymphome du MALT, d’une dyspepsie (après exploration endoscopique), d’un traitement par IPP au long cours, d’un antécédent personnel ou familial au premier degré de cancer gastrique« , indique le spécialiste. Il existe plusieurs stratégies thérapeutiques proposées par le gastro-entérologue. Le traitement repose notamment sur :

  • la prise de médicaments antisécrétoires (pour réduire l’acidité) comme les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : Oméprazole, Esoméprazole, Rabéprazole, Lansoprazole, Pantoprazole.
  • la prise de plusieurs médicaments antibiotiques comme l’amoxicilline, le Métronidazole, la Clarithromycine, la Lévofloxacine.
  • le Pylera® qui est un médicament composé d’antibiotiques et d’un médicament à base de bismuth. Il est pris en association avec un IPP.

Test : Comment savoir si on est guéri de l’Helicobacter pylori ?

Le traitement « permet d’éliminer l’infection dans 80 à 90 % des cas » indique la HAS. Dans 10 à 20% des cas, il peut échouer soit parce que la bactérie résiste aux antibiotiques utilisés, soit en raison des difficultés rencontrées par les patients à suivre le traitement. Un test de contrôle est ainsi prescrit par le médecin pour vérifier si la bactérie a bien été éliminée. L’examen recommandé est le test respiratoire à l’urée marquée (à faire à jeun au laboratoire). Il consiste à avaler une solution d’urée marquée puis à recueillir l’air expiré. Si l’air expiré contient du gaz carbonique lui aussi marqué, cela signifie que la bactérie a transformé l’urée en gaz carbonique et donc qu’elle est présente. Le test respiratoire est contre-indiqué chez la femme enceinte ou qui allaite.

Merci au Dr Michael Bismuth, spécialiste en hépato-gastro-entérologie au CHU de Montpellier.


Source : JDF Santé

Qu'est-ce que la sclérose en plaques ?

Qu'est-ce que la sclérose en plaques ?

Le 30 mai 2023 est la Journée mondiale dédiée à la sclérose en plaques. Une maladie dont on connait le nom mais pas toujours la définition, les traitements et l’évolution. Cette maladie chronique et invalidante survient dans la majorité des cas chez de jeunes adultes, autour de 30 ans, et touche 115 000 personnes en France dont 500 enfants. 4 000 à 5000 nouveaux cas par an sont diagnostiqués en France. 3 malades sur 4 sont des femmes. « Ni la cause, ni le remède ne sont connus actuellement » rappelle la Fondation Arsep qui oeuvre pour la recherche sur cette maladie.

Définition : qu’est-ce que la sclérose en plaques ?

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie inflammatoire qui touche le cerveau et la moelle épinière. Elle fait partie des maladies auto-immunes caractérisée par « un dysfonctionnement du système immunitaire, qui attaque l’organisme au lieu de le défendre« , explique le Dr Alexandre Morin, neurologue à la Pitié-Salpêtrière (Paris). Dans le cas de la sclérose en plaques, le système immunitaire s’attaque à son propre système nerveux central dont l’un des rôles est de transmettre des informations à distance (influx nerveux) au reste du corps. Il y a une réaction inflammatoire développée contre la myéline (sorte de gaine qui entoure les nerfs) pour la détruire et qui détériore ainsi la qualité des influx nerveux. Les zones détériorées de la myéline provoquent les « plaques » caractéristiques de la maladie. La maladie évolue le plus souvent par poussées, mais peut aussi se manifester de manière plus progressive. A terme, elle est responsable d’handicap à des degrés divers.

Quelles sont les causes de la sclérose en plaques ?

« On observe de nombreux dysfonctionnements du système immunitaire, mais pas de grands facteurs influençants. Rien ne permet de prévenir une sclérose en plaques« ,  explique le Dr Morin. Un facteur génétique a été détecté, « à ne pas confondre avec l’hérédité : le fait d’avoir des antécédents familiaux de SEP n’augmente pas les risques pour soi-même. Mais le fait d’être porteur d’une combinaison de certains gènes pourrait favoriser le développement de la maladie« , précise-t-il. Des facteurs environnementaux ont été identifiés, tels que le manque d’apports en vitamine D. « C’est ce qui explique une plus forte prévalence dans les pays occidentaux, notamment en Europe du Nord« , ajoute le neurologue. 

C’est quoi une poussée dans la sclérose en plaques ? 

La poussée correspond à l’apparition aiguë et rapide ou à l’aggravation d’un ou plusieurs symptômes de la maladie, en dehors de tout épisode fiévreux et sur plus de 24 heures.

« Rien ne permet de prévenir une sclérose en plaques »

A quel âge apparaissent les premiers symptômes ?

La sclérose en plaques est la pathologie neurologique non traumatique du système nerveux central la plus fréquemment constatée chez les jeunes adultes. Dans 70% des cas, elle débute entre 25 et 35 ansL’âge moyen d’apparition des symptômes est de 30 ans.

Comment commence la sclérose en plaques ?

Les premiers signes se manifestent en général entre 20 et 40 ans. Les symptômes sont imprévisibles et varient d’une personne à l’autre puisque l’expression de la maladie dépend de la zone du système nerveux atteinte. L’atteinte de la gaine de myéline peut survenir dans de nombreuses aires cérébrales ou spinales. La symptomatologie de la SEP regroupe des signes évocateurs (troubles visuels, de l’équilibre, du langage…) et d’autres signes généraux moins visibles ou moins spécifiques (fatigue, troubles dépressifs, anxiété…). Dans la moitié des cas, le début est polysymptomatique c’est-à-dire avec plusieurs symptômes.

Sclérose en plaque gaine de myéline
Sclérose en plaques © 123RF-blueringmedia

Les symptômes les plus fréquemment rencontrés sont des troubles de la marche, de la vision, de la coordination des gestes, de la parole, des troubles urinaires. Ces troubles neurologiques peuvent apparaître par poussées, qui s’installent en quelques heures, se prolongent sur une durée d’au moins 24 heures, plusieurs jours ou semaines puis disparaissent complètement ou partiellement. Lors d’une poussée, peuvent apparaître de nouveaux symptômes, mais également réapparaître d’anciennes manifestations. En somme, les symptômes d’une SEP peuvent être :

  • des fourmillements dans les bras, les jambes ou le visage,
  • des troubles de l’équilibre
  • une névrite optique
  • des troubles du transit et urinaires
  • des troubles de la mémoire et de l’attention
  • de l’anxiété et de la dépression

Quels examens permettent de diagnostiquer la sclérose en plaques ?

Il n’existe pas de test biologique permettant d’affirmer le diagnostic de sclérose en plaques. Il repose ainsi sur plusieurs examens cliniques, dont l’IRM cérébral et l’IRM médullaire (de la moelle épinière). « A l’image, on voit apparaître des taches blanches qui correspondent à des hypersignaux et à l’inflammation de la myéline« , explique le Dr Morin. Les lésions de SEP sont souvent multiples et atteignent les deux hémisphères cérébraux. Elles sont souvent asymétriques et leur taille varie de quelques millimètres à quelques centimètres. 

Evolution : peut-on guérir de la SEP ?

On ne guérit pas de la SEP, mais on peut retarder l’apparition des symptômes les plus invalidants. Confirmer le diagnostic d’une SEP de manière précoce permet de mettre en place un traitement rapidement. Or, le traitement précoce d’une première poussée isolée peut prévenir ou retarder l’apparition d’autres poussées plus handicapantes. « Pendant longtemps, il n’y avait pas de traitement et les symptômes handicapants arrivaient au bout de 5-10 ans. Aujourd’hui, ces symptômes surviennent en moyenne au bout de 20 ans et on en recule encore l’apparition« , précise l’expert. 

Quels sont les traitements de la sclérose en plaques ?

« Les traitements évoluent beaucoup, avec l’apparition tous les ans de nouvelles molécules sur le marché », précise le neurologue. Les traitements visent à réduire l’intensité des symptômes et à espacer les poussées. Des immunomodulateurs sont prescrits en première ligne afin de réguler l’activité immunitaire au niveau cérébral. Les immunosuppresseurs sont prescrits dans les formes très actives de la maladie ou en cas d’échec au traitement par immunomodulateur. Ils agissent directement sur les cellules immunitaires. Une surveillance étroite est de rigueur en raison du risque de survenue d’effets secondaires. « L’éducation thérapeutique fait aussi partie des traitements. La SEP est une maladie chronique qui atteint souvent des jeunes, lesquels devront vivre avec toute leur vie. Ces ateliers apprennent aux patients à bien vivre avec leur pathologie. Il faut savoir que l’espérance de vie de ces patients est similaire à celle de la population générale« , conclut le neurologue.

Merci au Dr Alexandre Morin, neurologue à la Pitié-Salpêtrière (Paris). Propos recueillis en 2019.

Sources : 

Alexia Leprieur. Sclérose en plaques : la maladie et les avancées thérapeutiques. Sciences pharmaceutiques. 2019

La sclérose en plaques – Clinique et thérapeutique – Bruno Brochet, Jérôme de Sèze, Christine Lebrun-Frenay, 2017


Source : JDF Santé

Fracture du scaphoïde de la main : symptômes, traitement

Fracture du scaphoïde de la main : symptômes, traitement

C’est quoi une fracture du scaphoïde carpien (main) ?

Une fracture du scaphoïde correspond à un os ayant cédé sous le poids d’un choc. « L’os se casse car il se trouve compressé entre le poignet et les os de l’avant-bras au moment de la chute. Le scaphoïde est l’un des 8 os du poignet, situé sur le talon de la main à la base du pouce, qui va alors se casser en deux morceaux lors d’une chute« , explique Frédérique Mazodier, chirurgien de la main et du poignet à l’Institut français de chirurgie de la main à Paris. C’est l’un des plus grands des os du carpe (poignet) Il a pour particularité une grande mobilité et extrême vulnérabilité lors des traumatismes du poignet, ce qui explique que les fractures de cet os soient fréquentes

© barks – stock.adobe.com / Journal des Femmes

Quels sont les symptômes ?

Si les fractures peuvent passer inaperçues, certains symptômes doivent néanmoins alerter, notamment « des douleurs au niveau du poignet, mais qui peuvent s’estomper en une semaine« , indique notre interlocuteur. Ces fractures peuvent également entraîner des gonflements du poignet, du type œdèmes. « On peut ressentir une petite gêne au niveau du poignet, et ne pas pouvoir étendre ou plier à fond dans le cas de mouvements en hypertension. Cependant, bien souvent, même en cas de douleurs, les personnes n’ont pas le réflexe de consulter, à tort et on peut très facilement de ce fait passer à côté d’une fracture du scaphoïde« , insiste le Docteur.

Qu’est-ce qui provoque une fracture du scaphoïde de la main ?

Les chutes avec réception sur le poignet en extension sont souvent à l’origine d’une fracture du scaphoïde de la main. « Quand on tombe en arrière au cours d’une chute de moto, de trottinette, de vélo, dès l’instant où il y a une haute inertie, la chute peut provoquer cette fracture. Parmi mes patients, ce sont davantage de garçons que de filles concernés par cette fracture », reconnaît Frédérique Mazodier.

Quel est le temps de guérison ?

La particularité du scaphoïde réside dans sa difficulté à consolider tout seul. « C’est l’un des os les plus longs à guérir, Il faut compter 3 mois d’immobilisation pour que cet os redevienne solide sans opération« . Un temps de guérison qui se trouve réduit en cas d’opération à environ 1 mois. 

Quels examens faire ?

« Avec ce type de fractures se pose le problème de la visualisation même avec une radio, il faut donc demander un scanner ou IRM pour approfondir et établir le diagnostic« , indique notre interlocuteur.

Quel traitement pour guérir d’une fracture du scaphoïde de la main ?

Dans le cas d’une fracture du scaphoïde de la main, il s’avère nécessaire de consulter un chirurgien spécifique de la main, afin de ne pas passer à côté de ce type de fracture qui peut générer des complications à long terme, notamment « une pseudoarthrose chronique, à savoir une absence de consolidation, dont le traitement est plus aléatoire« .  Une fois le diagnostic établi de fracture, deux types de fractures sont possibles :

Les fractures non déplacées qu’il est possible d’immobiliser dans une attelle ou plâtre avec résine. Un traitement orthopédique est donc en règle générale préconisé mais peut ne pas s’avérer suffisant dans le cadre de certaines fractures. « Il est alors conseillé d’opérer afin qu’elles consolident »

 Les fractures déplacées qui nécessitent toujours une opération sous radio « pour remettre les fragments à l’aide de broches ou vis« . Les opérations se déroulent en chirurgie ambulatoire « sous anesthésie loco-régionale en une demi-journée avec une intervention qui en moyenne dure 30 minutes« .  Et dans tous les cas, il faut arrêter de fumer, « le tabagisme étant contrindiqué en cas de fracture », insiste le Dr Frédérique Mazodier.

Peut-on conduire avec une fracture du scaphoïde de la main ?

« Légalement, on ne peut pas conduire avec une fracture du scaphoïde de la main. La conduite devient compliquée avec une attelle », tient à préciser notre expert. Il est possible de conduire de nouveau un mois après l’opération.

Y a-t-il des gestes à éviter ?

Afin de faciliter la consolidation de cet os, certains gestes sont à éviter. « On peut effectuer les gestes du quotidien en évitant les gestes brusques. Il faut immobiliser au maximum et surtout éviter tous les sports potentiels avec risques de chutes : handball, basket, boxe » conclut le Docteur Frédérique Mazodier.

Merci au Docteur Frédérique Mazodier, chirurgien de la main et du poignet à l’Institut français de chirurgie de la main à Paris.


Source : JDF Santé

Cou gonflé : ce que ça cache

Cou gonflé : ce que ça cache

« Un petit gonflement sur le côté du cou ou sous le menton est généralement le signe d’une adénopathie, autrement dit une augmentation de volume d’un ganglion lymphatique. Il peut être douloureux ou pas », explique le Dr Jacques Amselem, médecin généraliste en Seine-et-Marne que nous avons interviewé sur le sujet. La cause est le plus souvent infectieuse, virale ou bactérienne, surtout quand de la fièvre, un mal de gorge et des douleurs articulaires ou musculaires importantes s’y ajoutent. 

Quelles sont les causes possibles d’un cou gonflé ?

► Un gonflement du cou localisé à la base du cou peut être le symptôme d’un goitre qui correspond à une augmentation de volume de la glande thyroïde située sur la partie inférieure du cou. La maladie de Basedow, certaines thyroïdites ou une carence en iode peuvent par exemple être responsable d’un goitre. 

► Un gonflement juste sous le lobe des oreilles correspond à une atteinte des parotides, souvent infectieuse.

► « Un gonflement du cou survenant rapidement peut être le signe d’un œdème de Quincke ou d’un choc allergique« , alerte le médecin généraliste. Si ce gonflement est indolore, diffus, gagne les paupières ou des lèvres et s’accompagne d’une gène respiratoire ou d’une sensation de malaise, c’est une urgence : il faut appeler le 15.

► Un cou localement gonflé par l’inflammation d’un ganglion peut être le signe d’une infection virale ou bactérienne. Ces infections peuvent être plus ou moins graves: angine, infection dentaire, pharyngite,  mais aussi infection par le VIH ou tuberculose et bien d’autres.

► Il peut aussi s’agir de maladies non infectieuses, comme une maladie auto-immune, métabolique ou cancéreuse. Dans ce cas les ganglions sont généralement indolores, accompagnés d’autres symptômes et persistent dans le temps.

► Un gonflement diffus peut être causé par un choc allergique.

Quels sont les symptômes associés à un cou gonflé ?

Un gonflement localisé du cou ou une augmentation d’un ganglion sont des signes d’alerte. Dans certains cas, ils peuvent également s’accompagner de fièvre ou de certaines douleurs (mal de gorge). Les patients peuvent également rapporter l’apparition d’une importante fatigue.

Qui et quand consulter en cas de cou gonflé ?

Lorsque les signes persistent ou sont accompagnés d’autres symptômes, une consultation avec son médecin s’impose, pour rechercher et traiter la cause. Il peut s’agir d’une urgence.

Quels examens faire pour poser le diagnostic ?

L’interrogatoire et l’examen clinique permettent le plus souvent d’orienter le diagnostic. Dans certains cas, aucun examen complémentaire n’est nécessaire. Dans d’autres cas, des examens biologiques et une échographie pourront être prescrits pour identifier l’origine du gonflement. Parfois des examens plus poussés seront indiqués pour rechercher certaines pathologies.

Quel traitement envisager ?

Le traitement mis en place dépend de la cause. Antibiotiques en cas d’infection bactérienne, antihistaminiques ou cortisone si réaction allergique, antithyroïdiens, anti inflammatoires…

Merci au Dr Jacques Amselem, médecin généraliste.


Source : JDF Santé

Fatigue visuelle : symptômes, maux de tête, vertige ?

Fatigue visuelle : symptômes, maux de tête, vertige ?

Quelle est la définition de la fatigue visuelle ? 

« La fatigue visuelle, également connue sous le nom d’asthénopie, est une condition caractérisée par un ensemble de symptômes oculaires liés à une utilisation prolongée et intense des yeux, en particulier lors de la lecture ou de l’utilisation d’appareils numériques tels que les ordinateurs (vision intermédiaire avec lecture à environ 70-80 cm), les smartphones et les tablettes (vision de près avec lecture à environ 30-40 cm), explique le Dr Didier Hoa, ophtalmologue. « La fatigue visuelle se traduit principalement par une baisse de l’acuité visuelle (les images se dédoublent et deviennent floues et une irritation oculaire avec une inflammation et sensation d’œil sec. Les yeux sont alors rouges et ils démangent. Assez facilement, la fatigue visuelle s’accompagne d’une sensation de lourdeur derrière les yeux voire de maux de tête ». La fatigue visuelle est souvent temporaire et peut être soulagée par des pauses régulières, des exercices oculaires, le port d’une correction optique adaptée et une utilisation appropriée de l’éclairage et de l’écran.

Quels sont les symptômes de la fatigue visuelle ? 

Les symptômes de la fatigue visuelle peuvent varier d’une personne à l’autre. « Mais on constate généralement une sensation générale de fatigue ou de lourdeur dans les yeux ainsi qu’une sensation de sécheresse, de brûlure ou de picotement dans les yeux« . La vision peut devenir floue ou trouble, surtout en fin de journée. De même, une sensibilité accrue à la lumière vive ou à l’éblouissement peut se faire sentir. « Certaines personnes peuvent rencontrer une difficulté à ajuster la mise au point lors de la transition entre différentes distances de vision (par exemple, regarder de près puis regarder au loin) ou à se concentrer pendant de longues périodes« . D’autres peuvent avoir des céphalées ou des maux de tête fréquents, souvent situés autour des tempes ou à l’arrière des yeux et majorés en fin de journée. Enfin, on peut citer parmi les symptômes fréquents de la fatigue visuelle des douleurs dans ou autour des yeux et des tensions musculaires souvent causée par une posture inadéquate pendant la lecture ou l’utilisation d’écrans.

Fatigue visuelle et vertiges : pourquoi ? 

La fatigue visuelle peut parfois être associée à des vertiges, bien que les vertiges ne soient pas un symptôme direct de la fatigue visuelle elle-même. « Cela peut venir de tensions musculaires, reprend le médecin. Lorsque les muscles oculaires sont sollicités de manière excessive en raison d’une utilisation prolongée des yeux, ils peuvent se fatiguer et se contracter de manière anormale. Cela peut entraîner une tension musculaire dans le cou, les épaules et la tête, ce qui peut provoquer des sensations de vertiges« . La fatigue visuelle peut aussi affecter l’équilibre visuel, ce qui peut perturber la perception spatiale et la stabilité. Cela peut provoquer une sensation de déséquilibre ou de vertiges. Enfin, lorsque les yeux sont fatigués, ils peuvent devenir plus sensibles à la lumière vive ou à l’éblouissement. « L’exposition à des sources lumineuses intenses peut déclencher des symptômes de vertiges chez certaines personnes« .

Quelles sont les causes de la fatigue visuelle ? 

La fatigue visuelle peut être causée par plusieurs facteurs, le premier étant une utilisation prolongée des yeux pour des activités telles que la lecture, l’utilisation d’ordinateurs, de smartphones ou de tablettes, regarder la télévision, conduire de longues distances ou effectuer des tâches détaillées. « Elle peut aussi être liée à un effort d’accommodation. Lorsque vous regardez de près pendant de longues périodes, les muscles oculaires responsables de l’accommodation (mise au point) doivent travailler de manière continue, ce qui peut entraîner une fatigue visuelle« . En cause également un éclairage insuffisant ou excessif, une mauvaise posture ainsi qu’une position inconfortable ou non ergonomique, des reflets ou des écrans mal réglés ou un environnement avec un faible contraste. « La sécheresse oculaire peut être aussi causée par un manque de lubrification adéquate de la surface des yeux. Cela peut être dû à des facteurs environnementaux tels que l’air sec, la climatisation, le chauffage, une diminution de la production de larmes ou un défaut du clignement des paupières (clignement incomplet/abortif ou insuffisance du clignement« . Enfin, une correction visuelle inadéquate, comme une prescription de lunettes incorrecte ou des lentilles de contact mal ajustées, peut entraîner une surutilisation des muscles oculaires et une fatigue visuelle. « D’où l’importance des visites à la médecine du travail ». Il faut noter que la fatigue visuelle peut également être associée à d’autres problèmes oculaires ou de santé, tels que la presbytie, l’astigmatisme, les troubles de la vision binoculaire ou les problèmes de santé généraux. 

Merci au Dr Didier Hoa, ophtalmologue et chirurgien de la cataracte, des paupières et voies lacrymales à la Clinique du Parc à Castelnau Le Lez (34).


Source : JDF Santé