Il y existe deux modifications importantes après 70 ans. « Tout d’abord, la perte des sens, explique Aline Victor, conseillère en stratégie nutritionnelle. Le goût qui s’émousse, une perte d’odorat qui s’accentue, une baisse visuelle de plus en plus importante…, autant de facteurs qui vont mettre à mal le plaisir de manger« . Ensuite, on retrouve les pathologies liées au vieillissement. « Il s’agit de l’arthrose (usure du cartilage), la sarcopénie (baisse de la masse et de la force musculaire) et l’ostéoporose (diminution de la densité osseuse). Ces 3 pathologies sont souvent responsables de la perte d’autonomie. La personne perd sa mobilité. Elle a peur de la chute et ne sent pas à l’aise pour marcher seul« . Le risque principal est l’isolement et donc la dépression. La fonction immunitaire peut également être affaiblie, ce qui peut augmenter le risque d’infections. Chez certaines personnes, les fonctions cognitives peuvent ralentir avec l’âge, entrainant des troubles tels que la démence et la maladie d’Alzheimer. Enfin, des changements dans les relations sociales peuvent survenir avec le départ des amis et des membres de la famille ou la perte de partenaires.
Quels sont les examens à faire après 70 ans ?
« On continue les mêmes examens qu’à 50 ans et 60 ans,poursuit Aline Victor. Idéalement on rajoute un bilan de dépistage de la dénutrition surtout si des signes de perte d’appétit apparaissent. Ces bilans peuvent être réalisés par un diététicien« . Les mutuelles prennent en charge une consultation par an. Après 70 ans, il est conseillé de faire des examens médicaux réguliers pour surveiller sa santé et détecter les maladies à un stade précoce. Parmi les examens de santé recommandés, on peut citer :
Examens de dépistage du cancer : Selon les recommandations de l’American Cancer Society, les femmes devraient subir un test de dépistage du cancer du sein tous les deux ans et un test de dépistage du cancer colorectal tous les dix ans. Les hommes devraient subir un test de dépistage du cancer de la prostate selon les recommandations de leur médecin.
Des examens réguliers de la vue et de l’ouïe.
Des examens de la tension artériellepour détecter toute hypertension artérielle.
Des tests sanguins réguliers pour mesurer le cholestérol, le glucose et la fonction hépatique, peuvent aider à détecter les maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiaques et les problèmes hépatiques.
Un test de densité osseuse est préconisé pour les hommes de plus de 70 ans afin de dépister l’ostéoporose.
Des examens dentaires réguliers peuvent aider à prévenir les problèmes de santé bucco-dentaire tels que les caries, les maladies des gencives et les infections.
Quel sport faire après 70 ans ?
« Renseignez-vous auprès de votre commune, il existe certainement des clubs qui proposent des activités de gym douce, conseille Aline Victor. Si vous êtes sportif dans l’âme alors n’hésitez pas à maintenir le cap le plus longtemps possible. Il se peut que vos articulations vous demandent de ralentir la cadence. Auquel cas, les sports dans l’eau seront plus adaptés« . Il est important de rester actif à tout âge, y compris après 70 ans. « Les activités physiques peuvent aider à maintenir la force musculaire et l’équilibre, réduire le risque de chutes et améliorer la santé cardiaque et le bien-être mental », confirme le Dr Victoria Tchaïkovski, médecin du sport. « Cependant, il est important de choisir des activités physiques qui conviennent à votre niveau de forme et à vos capacités physiques. Demandez un bilan complet (cardio, gynéco, densitométrie…) à votre médecin généraliste et optez pour une bonne préparation physique afin d’éviter les blessures« . L’électrostimulationpeut être une bonne solution pour prendre de la masse musculaire. « Rappelons que le sport reste le meilleur traitement contre l’ostéoporose, l’hypertension et le diabète qui surviennent avec l’âge« . Parmi les sports préconisés après 70 ans pour aider à améliorer la santé cardiaque, la flexibilité et la force musculaire sans mettre de stress sur les articulations : la marche, la natation, le yoga, la gymnastique douce ou le vélo stationnaire.
Quelle alimentation après 70 ans ?
Attention à la dénutrition ! « En effet, l’un des principaux risques après 70 ans est la dénutrition, observe Aline Victor. C’est une maladie silencieuse due à une diminution des consommations alimentaires et une augmentation des dépenses (souvent liée à une maladie). Les douleurs articulaires qui font que les déplacements deviennent difficiles, la perte d’appétit qui est vecteur de perte de poids sont autant de situations qui peuvent entrainer à terme une dénutrition. L’unique potage le soir ne suffit pas !« . Dans son alimentation, il faut : ► Consommer suffisamment de protéines (viande, poisson, œufs, fromage…). « On conseille midi et soir une source de protéines animales ou végétales pour prévenir et lutter contre la sarcopénie liée à l’âge« , rappelle Sarah Marin-Maire, diététicienne nutritionniste. ► Manger des aliments riches en nutriments : « les fruits, les céréales complètes et les légumineuses, les noix et les graines ont leur intérêt. Ils peuvent aider à prévenir les maladies chroniques et à maintenir une bonne santé« . ► Boire suffisamment d’eau : « Une bonne hydratation est indispensable tout au long de sa vie, mais nous devons y être d’autant plus attentifs en prenant de l’âge. La sensation de soif s’amoindrie avec l’âge mais les besoins restent importants et à ne pas négliger pour éviter la déshydratation : 1,5 litre d’eau par jour est un minimum. On peut également privilégier des eaux riches en calcium comme l’Hépar, la Courmayeur ou la Salvetat pour protéger le capital osseux« . ► Éviter les carences en vitamines et minéraux : « Les personnes âgées ont souvent des besoins en nutriments différents des plus jeunes« . ► Éviter les aliments transformés souvent riches en gras, en sel et en sucre. Ils peuvent contribuer à l’obésité, aux maladies cardiaques et au diabète. « Il est préférable de se concentrer sur les aliments entiers et non transformés ».
Quels conseils pour prévenir les maladies liées au vieillissement après 70 ans ?
Il est possible de prévenir certaines maladies liées au vieillissement en adoptant un mode de vie sain. Voici quelques conseils, de notre experte, Aline Victor : ► Rester actif : « L’exercice régulier peut aider à maintenir la force musculaire et à prévenir les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’obésité, l’arthrose et l’ostéoporose. Essayez de marcher tous les jours« . ► Suivre une alimentation saine et équilibrée ► Éviter les comportements à risque comme fumer ou boire de l’alcool en excès. ► Maintenir une vie sociale active. Objectif : aider à prévenir la dépression et l’isolement, qui peuvent contribuer à de nombreux problèmes de santé. ► Faire des bilans de santé réguliers. ► Prendre des mesurespour prévenir les chutes, comme installer des barres d’appui dans la salle de bain, enlever les tapis glissants et porter des chaussures à semelles antidérapantes.
Merci à Sarah Marin-Maire, diététicienne nutritionniste et co-fondatrice de Make Me Healthy, au Dr Victoria Tchaïkovski, médecin du sport à la Clinique Drouot (Paris 9ème) et experte Compex, et à Aline Victor, conseillère en stratégie nutritionnelle et cheffe de projet Nutrition pour Nutrisens.
L’Isoméride® (dexfenfluramine) produit par le laboratoire Servier est mis sur le marché en France le 15 novembre 1985 (en 1996 sous la marque Redux aux Etats-Unis). C’est un médicament anorexigène (coupe-faim) indiqué en cas d’obésité. Il est retiré de la vente le 15 septembre 1997 à cause de complications d’hypertension artérielle pulmonaire et d’anomalies des vulves cardiaques. « 7 à 10 millions de Français ont absorbé de l’Isoméride entre 1985 et 1997 » estime l’Association d’aide aux victimes de l’Isoméride® et du Mediator® (AVIM). Les premiers signalements sur les effets secondaires du traitement par Isoméride® ont été rapportés dès 1991. Retour sur les conséquences de la prise d’Isoméride, son retrait du marché et les dates clés de l’affaire.
Quels sont les effets secondaires de l’Isoméride ?
L’Isoméride® est retiré des marchés français et américain après l’annonce d‘effets secondaires graves : des valvulopathies cardiaques et de l’hypertension artérielle pulmonaireprovoqués par la dexfenfluramine (principe actif du médicament). L’hypertension artérielle pulmonaire ou HTAP est une maladie rare et grave qui se traduit par une augmentation de la pression au sein des artères pulmonaires, chargées d’amener le sang au poumon pour qu’il y soit chargé en oxygène. Cette maladie se manifeste par un essoufflement à l’effort, parfois accompagnée de signes d’insuffisance cardiaque tel que l’œdème des membres inférieurs. « L’hypertension artérielle pulmonaire dont le risque est multiplié par 3 au bout de 3 mois d’utilisation d’Isoméride® et par 23 après 12 mois d’utilisation » indique l’Association d’Aide aux Victimes de l’Isoméride®. Les valvulopathies regroupent les maladies des valves du coeur. Selon une étude française rendue publique le 10 mars 2006 par l’AFSSAPS (ex-ANSM), l’Isoméride ® provoque des effets secondaires graves jusqu’à cinq ans après l’arrêt du traitement.
Pourquoi le retrait de l’Isoméride a fait scandale ?
En 1991, l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart observe un lien entre l’Isoméride® et la survenue d’hypertension artérielle pulmonaire. En 1993, Mariane Ewalenko, une cardiologue belge, remarque des valvulopathies cardiaques sous traitement par Isoméride®. Elle prévient le laboratoire Servier. « Nous avons signalé les cas à l’Agence belge de pharmacovigilance et je n’ai plus eu de nouvelles. Au total j’ai signalé 14 cas de valvulopathies entre 1993 et 1995 » rapporte-t-elle aux auteurs de l’ouvrage Le livre noir du médicament. Un autre médecin belge, le Dr Jean Malak tente de mettre en garde contre les risques de l’Isoméride®, sans succès. En mars 1994, une enquête réalisée par le Pr Lucien Abenhaïm souligne les risques d’hypertension artérielle pulmonaire liés à l’Isoméride®. Pourtant, le médicament arrive sur le marché américain en avril 1996. « Le laboratoire va alors chercher à minimiser l’importance de cette information à la Food and Drug Administration (FDA). Sur les fiches transmises à la FDA, ces pathologies cardiaques seront qualifiées de « non graves » afin de ne pas éveiller l’attention des autorités sanitaires américaines » rapporte le Figaro dans un article paru en juin 2011. Il ne sera retiré des marchés français et américain qu’en 1997, plusieurs années après les premiers signalements de complications d’hypertension artérielle pulmonaire et d’anomalies de vulves cardiaques.
Quels points communs entre l’Isoméride et le Mediator ?
La substance active du Mediator® est le benfluorex. Celle de l’Isoméride® est le dexfenfluramine. Les 2 molécules appartiennent à la famille des fenfluramines. A la différence de l’Isoméride, le Mediator® n’est pas positionné sur le marché comme anorexigène mais comme adjuvant au régime chez les diabétiques en surpoids.
Par quoi remplacer l’Isoméride ?
L’Isoméride® ne peut pas être remplacé en France par un autre médicament. Les autorisations de mise sur le marché (AMM) des médicaments anorexigènes ont été suspendues en France à partir de 1999 puis retirées en 2006. Aucun médicament ne peut être prescrit pour maigrir.
Dates clés de l’affaire de l’Isoméride
► 15 novembre 1985. L’Isoméride® est mis sur le marché en France par le laboratoire Servier. Il est indiqué pour lutter contre l’obésité mais il est également utilisé en coupe-faim par des personnes souhaitant perdre du poids.
► 1991 : Les médecins de l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart observent un lien entre l’Isoméride® et la survenue d’hypertension artérielle pulmonaire.
► 1993 : Mariane Ewalenko, une cardiologue belge, remarque des valvulopathies cardiaques sous traitement par Isoméride®. Elle prévient le laboratoir Servier. « Nous avons signalé les cas à l’Agence belge de pharmacovigilance et je n’ai plus eu de nouvelles. Au total j’ai signalé 14 cas de valvulopathies entre 1993 et 1995 » rapporte-t-elle aux auteurs de l’ouvrage Le livre noir du médicament. Un autre médecin belge, le Dr Jean Malak signale également les risques de l’Isoméride®, sans succès.
► Mars 1994. Le Pr Lucien Abenhaïm, directeur du Centre d’épidémiologie clinique et de recherche en santé publique à l’université McGill de Montréal, publie uneétude demandée par les laboratoires Servier dans le National Library of Medicine soulignant les risques d’hypertension artérielle pulmonaire liés à l’Isoméride®.
► 10 mai 1995. Le ministère de la Santé publie un arrêté interdisant l’exécution et la délivrance de préparations magistrales à base de dexfenfluramine.
►Avril 1996. L’Isoméride® est lancé aux Etats-Unis sous le nom de Redux par le laboratoire américain American home Products qui en a acheté les droits au laboratoire Servier.
► 29 août 1996. Une étude publiée dans le New England Journal Of Medicine rapporte que « l’utilisation de médicaments anorexiques dont l’Isoméride® était associée à un risque accru d’hypertension pulmonaire primaire« .
► Mars 1997. Anna Paulos, une femme âgée de 39 ans porte plainte contre l’Isoméride®pour avoir causé son hypertension artérielle pulmonaire. En décembre 2000, la première chambre civile du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Nanterre déclare le laboratoire Servier coupable, rapporte Les Echos.
► 15 septembre 1997. L’Isoméride® est retiré du marché en Franceet aux Etats-Unis, à cause des complications d’hypertension artérielle pulmonaire et d’anomalies de vulves cardiaques.
► 7 juillet 2006. Le TGI de Nanterre condamne le laboratoire Servier à verser 130 500 à la famille d’une victime décédée suite à la prise du traitement Isoméride®. La victime, âgée de 47 ans, mère de famille, était décédée le 31 octobre 1995. Le laboratoire fait appel du jugement mais le 20 janvier 2011, la Cour d’Appel de Versailles condamne le laboratoire Servier en augmentant la somme à verser à la famille à 145 500 euros.
Sources :
– Médicaments coupe-faim et risque d’hypertension pulmonaire primaire, 29 août 1996, New England Journal Of Medicine
– Étude internationale sur l’hypertension pulmonaire primaire, mars 1994, Pr L. Abenhaim, National Library of Medicine
Définition : c’est quoi un médicament anorexigène ?
Aussi appelé coupe-faim, c’est un médicament qui induit un sentiment de satiété précoce voire une absence totale de faim. Après administration, plusieurs signaux sont envoyés au cerveau pour l’informer que l’estomac est plein. La satiété est donc rapidement ressentie.
Quel est le mode d’action d’un médicament coupe-faim ?
Dans l’organisme, la prise alimentaire est régulée d’une part par la ghréline (hormone qui augmente l’appétit) et la leptine (hormone qui diminue l’appétit). D’autre part, le contrôle de la prise alimentaire se fait par le système hédonique basé sur la recherche du plaisir. En effet, l’ingestion de nourriture est associée à un sentiment de plaisir, elle active les mêmes circuits neuronaux que certaines addictions. Ce plaisir est atteint par la libération de dopamine, de sérotonine ou d’endorphines. Ainsi, certains médicaments permettant la production de ces substances peuvent induire une satiété.Les médicaments anorexigènes présentent différents modes d’action au niveau des neurones :
ils augmentent les quantités de sérotonine, appelée hormone du bonheur. C’est le cas des anorexigènes sérotoninergiques comme certains antidépresseurs et certains dérivés de l’amphétamine.
ils augmentent les quantités de dopamine, appelée hormone du plaisir. Ce sont des anorexigènes amphétaminergiques.
ils reproduisent les effets de la leptine, hormone induisant la satiété. Par exemple, le médicament Myalepta® à base de métréleptine est un analogue de la leptine.
ils produisent des endorphines (substances qui agissent sur les mêmes récepteurs que les opioïdes). Cette action est exercée par la naltrexone à faibles doses.
De nombreux médicaments peuvent provoquer un effet secondaire qui s’apparente à une perte d’appétit. Toutefois, le mécanisme d’action impliqué reste inconnu pour certains d’entre eux.
Quelles sont les indications d’un anorexigène ?
Un médicament anorexigène permet de réduire la quantité d’aliments consommés voire de diminuer les crises chez un patient boulimique. Ce type de traitement est principalement utilisé en cas de surpoids ou d’obésité pour induire une perte de poids. De nombreux médicaments responsables d’une anorexie (perte partielle ou totale d’appétit) possèdent d’autres indications puisque leurs propriétés anorexigènes constituent un effet indésirable et non l’effet initialement recherché.
Quels sont les médicaments anorexigènes autorisés en France ?
Les autorisations de mise sur le marché (AMM) des médicaments anorexigènes ont été suspendues en France à compter de 1999 puis retirées en 2006. Aucun médicament ne peut être prescrit pour maigrir. En revanche le Prozac dispose d’une AMM pour la prise en charge de la boulimie« en complément d’une psychothérapie, dans la diminution de la fréquence des crises de boulimie et des vomissements ou prise de laxatifs » précise l’ANSM. Les autres molécules qui possèdent des propriétés anorexigènes ne sont pas autorisées à être prescrites pour perdre du poids ou pour traiter la boulimie. Si elles sont utilisées à ces fins, il s’agit d’un détournement de leur usage formellement interdit. Par exemple :
► les antiépileptiques comme Epitomax® (le topiramate) et Zonegran® (le zonisamide). Dans plusieurs pays, une association de topiramate et de phentermine (dérivé de l’amphétamine interdit en France) est indiquée dans le traitement de l’obésité. ► le médicament Fintepla® à base de fenfluramine (dérivé de l’amphétamine) est disponible en milieu hospitalier pour traiter l’épilepsie, il fait partie de la même famille que le benfluorex (molécule du Mediator®). ►un autre dérivé de l’amphétamine, le méthylphénidate, induit une diminution voire une absence totale d’appétit. Cette molécule est retrouvée dans les spécialités Ritaline®, Quasym® ayant une indication dans le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). L’instauration d’un de ces traitements chez l’enfant doit conduire à une surveillance régulière du poids et de l’appétit. ► Une association de naltrexone (traitement du sevrage alcoolique) et de bupropion (traitement du sevrage tabagique) est commercialisée aux Etats-Unis pour traiter l’obésité. Des études ont mis en évidence l’efficacité de ce traitement sur la régulation de l’appétit. Ces molécules sont disponibles individuellement en France. ► Des études sur lebaclofène (traitement du sevrage alcoolique et d’un type de contractions musculaires) ont montré des résultats spectaculaires sur la fréquence des compulsions alimentaires en induisant une satiété. ► De même, la spécialité Myalepta® (indiqué chez les patients ayant une lipodystrophie) présente des effets comparables à la leptine (hormone réduisant l’appétit). D’autres médicaments peuvent provoquer une diminution de l’appétit, mais ne sont pas tous détournés de leur usage en raison de leurs propriétés anorexigènes non prouvées ou peu importantes. C’est le cas par exemple de l’amiodarone (antiarythmique), de la vitamine D (en cas de surdosage), du métronidazole (antiparasitaire et antibiotique). De plus, certains antidépresseurs sont anorexigènes comme la sertraline, la paroxétine, le citalopram, l’escitalopram (ceux de la même famille que la fluoxétine) et Laroxyl®. Orlistat® est le seul médicament indiqué dans le traitement de l’obésité, toutefois il ne s’agit pas d’un anorexigène. En effet, il bloque la digestion des graisses alimentaires, mais n’exerce aucune action sur la satiété.
Quels médicaments coupe-faim ont été interdits en France ?
Le plus connu est le Mediator® (benfluorex), un dérivé de l’amphétamine. Ce médicament était normalement indiqué chez les patients diabétiques de type 2 en surcharge pondérale. Pourtant il a été détourné de son usage en étant prescrit comme coupe-faim chez des personnes non diabétiques pour les aider à perdre du poids. La mauvaise utilisation de ce médicament a causé de nombreux décès par un dysfonctionnement des valves cardiaques. Ce phénomène a fait l’objet d’un important scandale médiatique. Actuellement, tous les dérivés amphétaminiques ne sont plus commercialisés en France, excepté la fenfluramine et le méthylphénidate. Ces dérivés regroupent l’amfépramone, la sibutramine, le dexfenfluramine, la phentermine, le clobenzorex, le méfénorex et le fenproporex. Ils étaient indiqués dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité chez des patients diabétiques de type 2 mais, comme le Mediator®, étaient fréquemment détournés de leur usage.
Peut-on acheter des médicaments coupe-faim sans ordonnance ?
Non, en France, les médicaments anorexigènes sont uniquement délivrés sur ordonnance. Seuls les coupe-faim naturels (ci-dessous) sont en vente libre.
Quels sont les effets secondaires et les dangers des médicaments coupe-faim ?
La fluoxétine (seul médicament autorisé pour son action anorexigène) provoque fréquemment une perte de poids, des insomnies, de l’anxiété, des maux de tête, des vertiges, des tremblements, des palpitations cardiaques, des éruptions cutanées et des troubles digestifs (diarrhées, nausées). Plus rarement, ce médicament est responsable d’atteintes du foie et de réactions allergiques graves. Les dérivés amphétaminiques ont été retirés du marché en raison de leur caractère dangereux. Ils étaient responsables d’effets indésirables cardiovasculaires graves tels que le risque d’AVC ou d’infarctus, d’hypertension artérielle pulmonaire, d’atteinte des valves cardiaques ou encore de risque de dépendance médicamenteuse.
Leur utilisation doit être évitée chez les patients souffrant d’anorexie mentale.
Quelles sont les contre-indications des coupe-faim ?
Tous les coupe-faim ne doivent pas être administrés en cas d’allergie à l’un des composants du médicament. Leur utilisation doit être évitée chez les patients souffrant d’anorexie mentale. Ces patients obsédés par leur poids ont tendance à détourner ces médicaments à des fins amaigrissantes pour perdre davantage de poids. La fluoxétine ne doit pas être associée à des antidépresseurs de la famille des IMAO (comme l’iproniazide) ou au métoprolol (traitement de l’insuffisance cardiaque). Les autres médicaments ayant des propriétés anorexigènes ont des contre-indications qui leur sont spécifiques, ils ne doivent en aucun cas être considérés comme coupe-faim.
Quels sont les coupe-faim naturels ?
Certains produits de phytothérapie sont utilisés comme des anorexigènes naturels :
la pectine de pomme
le fucus
la gomme de konjac
la graine de chia
le nopal (ou figuier de Barbarie)
Une fois ingérés, ces produits à base de plantes absorbent l’eau contenue dans le bol alimentaire et gonflent au sein de l’estomac pour former un gel qui induit un sentiment de satiété plus rapide que prévu. À noter que les graines de chia peuvent être responsables de douleurs abdominales, surtout chez les personnes qui consomment peu de fibres habituellement. De même, l’administration de fucus requiert une vigilance particulière. Une exposition prolongée ou un surdosage en fucus peut augmenter les concentrations en iode dans l’organisme et se traduire par des diarrhées, des maux de tête, des troubles thyroïdiens (hypothyroïdie, hyperthyroïdie) et plus rarement par des atteintes cardiaques. En aromathérapie, les huiles essentielles de pamplemousse et de mandarine sont utilisées pour réduire la sensation de faim, elles ont des propriétés anorexigènes. En micronutrition, Insunea TCA® peut être employé pour réduire principalement les compulsions alimentaires sucrées. Ce complément alimentaire contient du tryptophane (acide aminé précurseur de la sérotonine), sachant qu’un apport en sérotonine freine l’appétit.
Sources : – Base de données publiques des médicaments – Les anorexigènes amphétaminiques sont strictement interdits en France, 07/01/2021, ANSM – La Haute Autorité de santé – Wichtl M., Anton R. Plantes thérapeutiques, 2ème édition. Editions Tec et Doc-Médicales internationales-Lavoisier, 2003.
[Mis à jour le 21 février 2023 à 15h20] En France, 47% des adultes français seraient en surpoids dont 17% en situation d’obésitéavec des valeurs plus élevées dans le nord et l’est de la France selon une étude publiée en février 2023 dans le Journal of Clinical Medicine. Elle est plus basse en Île-de-France et dans les Pays de la Loire. Le surpoids est plus élevé chez les hommes (36.9%) que chez les femmes (23.9%) et chez les plus de 55 ans (57% contre 23% des 18-24 ans). Le surpoids est déterminé par l’IMC.C’est quoi être en surpoids ? Comment savoir si on est concerné par le surpoids ? Comment calculer mon IMC ? Quelle situation en France ? Quels conséquences pour la santé ?
Quelle est la définition médicale du surpoids ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le surpoids est une accumulation anormale ou excessive de graisse, qui nuit à la santé. Il est principalement causé par une alimentation trop riche et une activité physique faible. C’est une maladie chronique associée à de multiples comorbidités et une mortalité importante. « En 2017, plus de 4 millions de personnes mouraient chaque année des suites de surpoids ou d’obésité, selon une étude sur la charge mondiale de morbidité. Les taux de surpoids et d’obésité continuent d’augmenter chez les adultes et les enfants. Entre 1975 et 2016, la prévalence du surpoids ou de l’obésité chez les enfants et adolescents âgés de 5 à 19 ans a été multipliée par plus de quatre, passant de 4 % à 18 % à l’échelle mondiale » rapporte l’OMS.
30% des Français sont en surpoids
Quel est le pourcentage de personnes en surpoids en France ?
En 2020, la surcharge pondérale concerne 47% de Français dont 17% en situation d’obésité. Depuis 1997, la prévalence du surpoids (seul sans obésité) fluctue toujours autour de 30%. Les hommes sont plus souvent en surpoids que les femmes (36,9 % contre 23,9 %). Le surpoids (obésité inclue) touche 57% des 65 ans et plus contre 23% des 18-24 ans. La prévalence de l’excès de poids est de 51% chez les ouvriers, 45% chez les employés, 43% chez les professions intermédiaires et 35% chez les cadres. Dans le monde, 39% des personnes sont en surpoids et 13% en situation d’obésité selon les chiffres publiés en 2022 par la Commission des Affaires sociales du Sénat.
Quel est l’IMC d’une personne en surpoids ?
Selon l’OMS, une personne est en surpoids si son indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 25 kg/m². A partir de 30, l’IMC est signe d’obésité.
Comment savoir si on est en surpoids ?
Le surpoids est défini à partir de l’IMC (Indice de Masse Corporelle). L’indice de masse corporelle est une mesure simple du poids par rapport à la taille couramment utilisée pour estimer le surpoids et l’obésité. Il correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m2 .« L’IMC est corrélé à la quantité de masse adipeuse et c’est la mesure la plus utile pour évaluer le surpoids et l’obésité (…) car elle s’applique aux deux sexes et à toutes les tranches d’âge adulte. Il doit toutefois être considéré comme une indication approximative car, au niveau individuel, il ne correspond pas nécessairement à la même masse graisseuse selon les individus » souligne la Haute Autorité de Santé.
Quelle est la différence entre le surpoids et l’obésité ?
On différencie le surpoids de l’obésité tout d’abord avec l’IMC. A partir de 30 kg/m², on parle d’obésité qui est l’état d’excès pondéral supérieur. Les facteurs de risque et pathologies associées sont plus fréquents dans l’obésité. Le surpoids est un symptôme réversible alors que l’obésité est une maladie chronique complexe, difficile à traiter, parfois irréversible.
Quelles sont les causes du surpoids ?
Cet excès de poids est souvent dû à une mauvaise hygiène de vie (consommation excessive de nourriture, activité physique insuffisante) : lorsque l’énergie apportée au corps par l’alimentation est supérieure à celle dépensée par l’organisme sur une longue période, une prise de poids apparaît progressivement. Mais des facteurs génétiques sont aussi en causes, l’organisme de certaines personnes stockant beaucoup plus les graisses que la normale.
Quels sont les conséquences et risques du surpoids ?
Les personnes présentant une surcharge pondérale souffrent plus fréquemment de douleurs articulaires ou de lombalgie. Elles ont également un risque accru de développer une pathologie cardio-vasculaire de type hypertension, infarctus du myocarde, angine de poitrine ou encore accident vasculaire cérébral (AVC). Des désordres métaboliques comme le diabète, des dyslipidémies (cholestérol élevé) ou encore une stéatose hépatique (foie gras) sont souvent associés à la prise de poids. Sans oublier les troubles respiratoires comme l’apnée du sommeil. Enfin, les adultes ayant une masse corporelle élevée ont une probabilité plus grande de développer un cancer.
Que faire en cas de surpoids ?
Pour perdre du poids, il est nécessaire d’associer les deux paramètres suivants : une alimentation saine, variée et équilibrée et une activité physique quotidienne.
Pour des conseils adaptés aux habitudes de vie permettant une perte de poids modéré suivi d’une stabilisation sur le long terme, un suivi par un médecin nutritionniste ou un(e) diététicien(ne) peut s’avérer utile.
Sources :
– Obésité et surpoids : près d’un Français sur deux concerné, Inserm, 20 février 2023
– Obésité, OMS
– Surpoids et obésité de l’adulte : prise en charge médicale de premier recours, HAS, 2011.
Le narcissisme, l’arrogance, le mensonge et la manipulation sont des caractéristiques du syndrome d’Hubris. Un syndrome particulièrement fréquent chez les chefs de gouvernement. « Qu’il s’agisse d’un mari violent, d’un chef d’entreprise mégalomane ou d’un chef d’état militariste, ce sont des personnalités extrêmement dangereuses pour autrui et d’une immense fragilité« nous explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre. Le président russe Vladimir Poutine pourrait en être atteint selon des médecins qui l’ont observé depuis son entrée en guerre contre l’Ukraine, en février 2022. Beaucoup de rumeurs circulent par ailleurs sur son état de santé : cancer, maladie de Parkinson… Aucune n’a été confirmée.
Définition : qu’est-ce que le syndrome d’Hubris ?
Le syndrome d’Hubris est un trouble de la personnalité, non une maladie mentale. « Hubris » (ou « hybris ») en grec ancien signifiait « démesure » et en anglais « Orgueil ». Ce syndrome est inextricablement lié au pouvoir, c’est une condition préalable. Quand le pouvoir passe, le syndrome s’atténue. Une personnalité « hubristique » est particulièrement courante chez les chefs de gouvernement. En psychanalyse, on parle de « syndrome d’hubris » lorsqu’une personne fait preuve de « narcissisme, d’arrogance, de prétention, d’égotisme, voire de manipulation, de mensonge et de mépris » en réaction à son pouvoir.
Cette personne a le sentiment d’être invulnérable et d’avoir la toute-puissance.
Cette personne a le sentiment d’être invulnérable et d’avoir la toute-puissance. « La personne dépasse les limites de l’admissible dans la perception d’elle-même et dans le rapport aux autres. Il y a une surestimation de soi et une sous-estimation permanente des autres. Dans la notion d’hubris, dans la mythologie grecque, il y a aussi toujours la notion de violence, c’est un retour archaïque à la violence brute, à une puissance uniquement destructrice qui dépasse ce dont les humains devraient se contenter » nous explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre.
Quels sont les symptômes du syndrome d’Hubris ?
Plusieurs symptômes comportementaux sont associés au syndrome d’Hubris. Selon le médecin et ancien ministre anglais David Owen, il faut en présenter au moins trois ou quatre de la liste suivante pour être considéré comme atteint de ce syndrome :
Propension narcissique à voir le monde comme arène où exercer son pouvoir et rechercher la gloire
Prédisposition à engager des actions susceptibles de se présenter sous un jour favorable, c’est-à-dire pour embellir son image
Attrait démesuré pour l’image et l’apparence
Manière messianique de parler de ce que l’on fait avec une tendance à l’exaltation dans la parole et les manières
Identification de soi-même à la nation dans la mesure où les perspectives et intérêts des deux sont identiques.
Tendance à parler de soi à la troisième personne ou à utiliser le « nous »
Confiance excessive en son propre jugement et mépris pour les conseils ou critiques d’autrui.
Confiance en soi exagérée, à la limite d’un sentiment de toute-puissance, dans ce qu’ils peuvent réaliser personnellement.
Conviction qu’au lieu d’être responsable devant l’opinion publique, le seul tribunal auquel il devra répondre sera celui de l’histoire souvent accompagnée d’une conviction inébranlable que dans ce tribunal on leur donnera raison
Agitation, insouciance et impulsivité.
Perte de contact avec la réalité, souvent associée à un isolement progressif
Tendance à accorder de l’importance à sa « vision », à son choix, ce qui évite de prendre en considération les aspects pratiques ou d’évaluer les coûts et les conséquences indésirables.
Incompétence, lorsque les choses tournent mal parce qu’une confiance en soi excessive a conduit le leader à négliger les rouages habituels de la politique, du droit.
Les symptômes s’atténuent généralement lorsque la personne n’exerce plus de pouvoir. Il est moins susceptible de se développer chez les personnes modestes, ouvertes à la critique, qui ont un certain cynisme ou un sens de l’humour bien développé.
« On a bien souvent à faire à des grands paranoïaques et/ou à des grands pervers »
Quelles sont les caractéristiques d’une personne atteinte du syndrome d’Hubris ?
« Si on rattache ce syndrome à ce que l’on observe chez des humains qui ont eu beaucoup de pouvoir et qui l’ont exercé de façon tyrannique, on a bien souvent à faire à des grands paranoïaques et/ou à des grands pervers », poursuit le psychiatre. Le paranoïaque « plus souvent un homme » est celui dont on entend parler dans les faits divers : l’homme persuadé que son voisin fait des choses exprès pour lui nuire, qui va en parler à tout le monde, et qui, en voyant que personne ne le prend au sérieux, finit par tuer son voisin et se suicider derrière. Il ne se remet jamais en cause. « Ce sont des gens qui raisonnent de façon juste, structurée mais dont le raisonnement repose sur un postulat de départ qui est faux. On observe la même logique chez les tyrans. Hitler, Staline… Ce sont des gens intimement persuadés d’avoir raison au départ et qui vont mettre toute leur puissance au service de cette certitude d’avoir raison. Toute personne qui va s’opposer, contester ou même juste questionner cette certitude va être située dans ses ennemis. » S’ajoutent parfois les caractéristiques du pervers :« Le pervers ne considère pas l’autre en tant qu’autre, l’autre n’existe qu’en tant qu’outil ou objet que l’on va pouvoir utiliser ou abîmer si on en a envie. »L’autre est perçu comme une extension de soi-même dont on peut faire ce que l’on veut, il n’est pas perçu comme un être à part entière.
Il n’y a aucune place pour l’échec, le doute ou la nuance.
« Qu’il s’agisse d’un mari violent, d’un chef d’entreprise mégalomane ou d’un chef d’état militariste, ce sont des personnalités extrêmement dangereuses pour autrui et d’une immense fragilité« poursuit le Dr Gilot. La personne qui a un profil « hubristique » ne laisse aucune place à l‘échec, au doute, à la nuance : « Tout est extrêmement brutal et en cas de confrontation à leur échec c’est généralement le suicide, le suicide violent, qui survient. Eventuellement en semant la destruction autour d’eux avant de se suicider. Cette position de toute-puissance est là pour se défendre d’une réalité qui est l’impuissance. »
Quelles sont les personnalités atteintes du syndrome d’Hubris ?
Le syndrome d’Hubris est particulièrement courant chez les chefs de gouvernement mais il peut toucher n’importe quelle autre personne dans la vie privée, au travail… et se manifester à n’importe quel âge. Dans son livre « In Sickness and in power », le médecin anglais David Owen considère que les quatre chefs de gouvernement suivants ont développé ce syndrome de l’orgueil : Lloyd George, Margaret Thatcher, George W. Bush et Tony Blair. En mars 2022, des médecins qui ont observé l’attitude du président russe Vladimir Poutine, en guerre contre l’Ukraine, estime qu’il en est atteint.
Existe-t-il des traitements contre le syndrome d’Hubris ?
Il n’y a pas de traitement au sens « médicamenteux » pour « soigner » un syndrome d’Hubris. Selon le Dr David Owen, les symptômes s’atténuent généralement lorsque la personne n’exerce plus de pouvoir. Il faudrait aussi qu’elle soit entourée de critiques pour contrer son sentiment de « toute puissance » absolue. Mais encore faut-il que cette personne entende ces critiques et qu’elle parvienne à modifier son raisonnement ce qui est rarement le cas.
« Le silence est toujours plus dangereux que la parole. »
Que faire face à une personne qui a le syndrome d’Hubris ?
« Il faut s’en éloigner pour s’en protéger » répond d’emblée le Dr Bertrand Gilot. Au travail, le mieux est de quitter son emploi. Dans le couple devenu toxique, c’est la même chose, il faut se séparer de cette personne. « Chaque fois que vous essaierez de raisonner l’autre, vous aurez de toutes façons perdus car ça ne se joue pas dans le dialogue ou alors juste le temps d’imaginer d’autres solutions. » Dans un conflit géopolitique avec une personne assurée de sa toute-puissance et du bien fondé de ses actions -comme on l’observe avec le Président russe en guerre contre l’Ukraine – « il est compliqué d’imaginer un dénouement calme » explique notre interlocuteur. « On est uniquement dans le rapport de force avec un mépris total de l’autre où on est certain d’être victorieux. Il y a une course illusoire, une fuite en avant sans limite. Si le Président russe annexe l’Europe, il lui faudra l’Afrique, puis l’Asie… Or, plus il est victorieux, plus son potentiel de dangerosité augmente ».Alors que faire ?
Ne pas réagir et le laisser faire ?« C’est dangereux car la toute puissance est augmentée. Plus il obtient de succès, plus il prend de puissance donc de dangerosité. On a vu avec Hitler ce qui s’est passé. Il y a un besoin psychique de se conforter soi, la démonstration de force envers autrui vise surtout à se rassurer soi-même. Derrière cette grande dangerosité, il y a une immense fragilité interne,. On n’est plus dans une logique rationnelle. »
Résister ? S’opposer ? « Si on résiste, il va s’énerver. Si on s’oppose à lui et qu’on le met en échec il va être face à un effondrement de ses certitudes et il peut aussi être d’une violence extrême. »
Dialoguer ? « Dialoguer ne sert pas toujours grand chose mais ne pas dialoguer c’est pire. Le silence est toujours plus dangereux que la parole, c’est toujours vrai même face à ce genre de personnalité. On peut espérer que le dialogue instille un tout petit peu de doute, un tout petit peu de nuance. Il ne faut pas espérer que la personne revienne à la raison mais qu’il arrondisse un petit peu certains angles. »
Le mettre face à ses échecs pour qu’il passe de la toute-puissance à l’impuissance ?« Etre face à un échec impossible à nier déstabilise mais on ne sait pas de quelles informations réelles il dispose pour évaluer cet échec, on ne peut pas savoir à l’avance le point de bascule entre les deux. »
Merci au Dr Bertrand Gilot, psychiatre.
Sources :
Hubris syndrome. David Owen. Clin Med 2008;8:428–32
In Sickness and in Power: Illnesses in Heads of Government During the Last 100 Years Relié – 30 mai 2008. David Owen.
Le 20 février 2023, presqu’un an après avoir déclaré la guerre à l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a annoncé que la Russie suspendait sa participation à l’accord New Start établi avec les Etats-Unis en 2010, visant au désarmement nuéclaire. Il a ensuite appelé les autorités russes à se tenir « prêtes à des essais d’armes nucléaires »si Washington en effectuait en premier. En octobre 2022, le président américain, Joe Biden avait mis en garde contre un risque d’« apocalypse » nucléaire, à cause des menaces du président russe. Par crainte d’unaccident nucléaire, des comprimés d’iode (iodure de potassium) peuvent être distribués aux populations à risque d’exposition pour les protéger d’une irradiation. A quoi sert l’iode en cas d’accident nucléaire ? Contre la radioactivité ? Quels risques si on est exposé à de l’iode radioactif ? Peut-on en acheter librement ? En pharmacie ? Sans ordonnance ?
Pourquoi prendre de l’iode en cas d’attaque nucléaire ?
En cas d’accident nucléaire, de l‘iode radioactif peut être libéré et peut ensuite se retrouver dans le corps, via les voies respiratoires (par inhalation) ou suite à l’ingestion de liquides ou d’aliments contaminés. Or, laglande thyroïde (située sur le devant du cou) est capable de stocker l’iode jusqu’à saturation. Si cette glande fixe de l’iode radioactif, il existe un risque accru de cancer de la thyroïde. C’est pourquoi en cas d’accident nucléaire, et si de l’iode radioactif est libéré, les autorités peuvent recommander de prendre de l’iode stable (non radioactif), disponibles sous forme de comprimés d’iodure de potassium, afin de protéger la thyroïde de l’irradiation. Ainsi, cela permet à la thyroïde d’être saturée par de l’iode stable (via une dose d’environ 1000 fois celle nécessaire à l’organisme quotidiennement) et d’éviter en conséquence l’absorption d’iode radioactif. Toutefois lors d’un accident nucléaire, différentes matières radioactives peuvent être libérées. L’iode stable n’est donc utile qu’en cas de libération d’iode radioactif, et les comprimés d’iode stable n’offrent pas de protection contre les autres substances radioactives. Enfin, la prise de comprimés d’iode ne doit s’effectuer que sur recommandation expresse des autorités compétentes car les comprimés ingérés ne sont efficaces que pendant un laps de temps d’environ 24h et avec un effet optimal après 2 heures. Il est donc inutile de prendre des comprimés d’iode par prévention, en consommer sans que la consigne ne soit donnée par les autorités pouvant au contraire exposer à des risques pour la santé. La recommandation de se mettre à l’abri reste en parallèle la solution la plus efficace et qui prime sur la prise d’iode.
Où acheter des pastilles d’iode ?
Les comprimés d’iode stable dosés à 65 mg sont fabriqués par la pharmacie Centrale des Armées. En France, l’iode stable peut être distribué gratuitement par les autorités compétentes (exemple : par voie postale) ou par les pharmacies, uniquement aux populations exposées à un risque nucléaire c’est-à-dire localisées dans un rayon de 20 km autour d’une centrale nucléaire. La délivrance de ces comprimés d’iode étant réglementée, elle ne peut se faire que sur présentation d’un justificatif de domicile ou d’un bon de retrait reçu remis par les autorités. Les stocks sont contingentés et toutes les pharmacies n’en disposent pas en permanence. Pour la population non concernée par cette procédure réglementaire, il est néanmoins possible de se procurer des comprimés d’iode auprès de pharmacies disposant d’un stock suffisant et en les payant. A noter que pour faire face à un éventuel accident nucléaire grave, l’État dispose de réserves suffisantes pour fournir l’ensemble de la population. Dans tous les cas, c’est le préfet qui donne la consigne de prise d’iode, par tous les moyens existants permettant de diffuser l’information (hauts parleurs de pompiers / gendarmes, sirènes, télévision, radio, etc.).
Peut-on acheter des comprimés d’iode en pharmacie ?
Seules les personnes vivant dans un rayon de 20 km autour des centrales nucléaires peuvent en principe retirer les comprimés d’iode en pharmacie, lors des campagnes de distribution organisées par les autorités ou lors de leur emménagement dans la commune concernée, cela sous la responsabilité des préfets. Les stocks sont en effet contingentés et réservés en priorité à cette population à risque. Toutefois si les approvisionnements le permettent (commandes via les grossistes), il est possible d’acheter librement des comprimés d’iode auprès des pharmacies qui en disposent.
Les pastilles d’iode sont-elles disponibles sans ordonnance ?
L’iodure de potassium est un médicament non listé qui ne nécessite donc pas de prescription médicale pour être délivré. En France et pour les personnes ou établissements situés dans un rayon de 20 km autour d’une centrale nucléaire, les boîtes d’iode stable sont remises gratuitement et sans ordonnance par les pharmacies des secteurs concernés, sur simple présentation d’un justificatif de domicile et/ou en remplissant un bon de retrait. Pour les autres personnes (non concernées par un risque nucléaire particulier), il est possible d’obtenir ces comprimés en pharmacie sans ordonnance, selon les stocks disponibles et en les payant.
Quels sont les effets de l’iode sur le corps ?
L’iode stable est un oligo-élément naturel absolument nécessaire à notre santé. Il entre dans la composition d’hormones fabriquées par la glande thyroïde, après fixation de l’iode inhalé ou ingéré sur cette dernière. Les hormones produites sont sécrétées par la thyroïde dans la circulation sanguine et agissent sur le métabolisme de différents organes. Elles jouent un rôle primordial, notamment dans la croissance et le développement. Pour fonctionner, la thyroïde a besoin d’une petite quantité d’iode naturel (en moyenne 150 microgrammes par jour) qui provient essentiellement de la nourriture, mais aussi en plus petite proportion de l’air que l’on respire (surtout présent dans les régions maritimes). En cas d’excès dans l’organisme, l’iode est rapidement évacué par les urines.
Saturée d’iode stable, la glande thyroïde est en incapacité de fixer l’iode radioactif.
Quel est l’effet de l’iode contre la radioactivité ?
Les comprimés d’iode stable (iodure de potassium) protègent la glande thyroïde contre une contamination radioactive. Un évènement grave comme un accident ou une attaque nucléaire peut entrainer le rejet dans l’atmosphère d’iode radioactif. Inhalé ou ingéré, ce radioélément entraîne l’irradiation de la population exposée, lui faisant alors courir un risque important de cancer de la thyroïde. C’est pourquoi pour éviter que la thyroïde ne fixe l’iode radioactif, une prise d’iode stable en comprimés et en grande quantité (exemple : 2 comprimés de 65 mg pour un adulte) constitue un moyen de prévention efficace. Saturée d’iode stable, la glande thyroïde est en effet en incapacité de fixer l’iode radioactif, ce qui protège les individus d’éventuels cancers de la thyroïde. Des comprimés contenant de l’iode stable sont distribués préventivement aux populations vivant à proximité des installations nucléaires. L’iode stable n’offre en revanche aucune protection contre les autres éléments radioactifs pouvant être libérés lors d’un accident ou d’une attaque nucléaire.
Quels sont les dangers des pastilles d’iode ?
Les comprimés d’iode peuvent entraîner certains effets secondaires comme un goût métallique dans la bouche, des nausées et des vomissements, des maux d’estomac, des diarrhées, des éruptions cutanées, des agitations et encore des palpitations cardiaques. Dans de rares cas, l’ingestion de comprimés d’iodure de potassium peut provoquer des troubles thyroïdiens tels qu’une hyperthyroïdie se manifestant par une accélération du rythme cardiaque, de la transpiration, de l’anxiété, de l’insomnie, des tremblements ou une perte de poids importante. Ces effets secondaires sont généralement transitoires et sans gravité, et ils disparaissent spontanément une fois l’iode éliminé par l’organisme. Si le problème persiste ou si l’état s’aggrave, il est toutefois impératif de consulter un médecin. Dans quelques cas exceptionnels, l’absorption d’iode peut entraîner des réactions d’hypersensibilité (rougeurs, œdèmes, douleurs cervicales, écoulement lacrymal, frissons, gonflement des glandes salivaires, fièvre).
Pour rappel, en cas d’alerte nucléaire :
Mettez-vous rapidement à l’abri dans un bâtiment en dur
Tenez-vous informé via les médias et les réseaux sociaux
N’allez pas chercher vos enfants à l’école
Limitez vos communications téléphoniques
Prenez les comprimés d’iode stable sur instruction du préfet et selon la posologie
Préparez-vous à une éventuelle évacuation
Quel est le prix des pastilles d’iode en pharmacie ?
Le prix de l’iodure de potassium est compris entre 3,80 euros et 5 euros en fonction des points de vente.
Y-a-t-il des contre-indications à la prise d’iode ?
Les contre-indications à la prise de comprimés d’iode sont exceptionnelles. Le risque de réaction d’hypersensibilité étant relativement faible, il ne constitue pas une contre-indication stricte à la prise des comprimés d’iode en cas de nécessité. Une personne allergique à l’iode ou ayant une pathologie thyroïdienne peut toutefois demander conseil à son médecin traitant par mesure de précaution, le risque lié à la prise de comprimés d’iode stable étant évalué au cas par cas.