L’angoisse liée au vieillissement des parents touche souvent les 40-65 ans.
On ne voit pas le temps passer, jusqu’au jour où on le lit dans les rides de nos parents. L’angoisse liée au vieillissement des parents touche souvent les 40-65 ans. De fait, accepter le vieillissement de ses parents, surtout de la mère, celle que l’on a toujours vue comme une figure « invincible », est l’un des défis émotionnels les plus intenses de la vie adulte. « Pourtant, il faut se dire qu’il y a 1001 façons de prendre de l’âge et que le vieillissement en est le plus doux. La perte d’autonomie n’est pas un passage obligé et il n’est pas nécessaire de faire le deuil de cette image si aucun signe de fragilité n’apparaît. La véritable urgence est plutôt de prendre conscience que cette « figure qui paraît éternelle » ne le sera plus un jour et d’en profiter tant qu’on peut« , souligne d’emblée le Dr Bruno Oquendo, gériatre, créateur du compte @le_gériatre sur Instagram et auteur du livre « Mes parents vieillissent » (éd. Vuibert).
Pour mieux vivre le vieillissement de ses parents, le gériatre conseille de réinventer la relation. « Le vieillissement doit être vu comme un continuum et non comme une déchéance. Au fil du temps, nos relations changent naturellement avec nos parents. On peut décider de passer plus de temps ensemble, de s’intéresser à l’histoire de notre proche, de partager des activités mais c’est surtout un rapprochement personnel et intime. Pourquoi ne pas proposer de nouveaux « rituels familiaux » de découverte ensemble, de repas ensemble…« , propose le gériatre.
La situation est différente quand l’autonomie décline ou qu’une maladie chronique s’installe, l‘enfant doit enclencher le « deuil de l’objet idéalisé » : il est inutile de nier que notre proche vieillit et qu’il a des limites. Au contraire, le processus de deuil s’enclenche par la reconnaissance de cette réalité. Parler, écrire ou faire une psychothérapie peut aider à digérer ce « réveil » brutal, surtout si des sentiments de culpabilité ou de colère émergent. Le gériatre met aussi en lumière le concept du « deuil blanc » qui survient avec les maladies neurocognitives (comme Alzheimer). « Le proche reste là physiquement mais n’est plus vraiment lui. » Les aidants vivent alors un « chagrin ambigu » car la personne est en vie, mais la relation et la personnalité ont disparu. Dans tous les cas, pour gérer l’anxiété du futur et la peur de la perte imminente, il insiste sur le besoin de « soutien social » (amis, psychologues, groupes d’aidants) et recommande de « planifier, poser des questions sur les choix possibles (succession…) pour se sentir plus acteur que spectateur« .
Face au refus d’aide souvent rencontré (par exemple, la mère qui « minimise ses difficultés »), le gériatre conseille d’adopter la posture de « partenaire » et non de « parent inversé » : l’objectif est de chercher l’alliance en évitant le choc frontal. Pour cela, il est préférable de « poser des questions ouvertes, éviter les jugements, reformuler les besoins du parent avant de lui proposer tout de suite une solution et chercher un but commun (comme sortir voir les petits-enfants)« . Il est souvent plus efficace de se faire aider par un professionnel de santé, car le message passe souvent mieux quand ce n’est pas l’enfant qui le porte.
Source : JDF Santé




