Le déclin cognitif ne commence pas forcément par des trous de mémoire, contrairement à ce que tout le monde croit.
Repérer un déclin cognitif n’est pas toujours évident. Les premiers signes ne ressemblent pas forcément à ce que l’on croit comme des oublis. Oublier ses clés ou ses lunettes, c’est banal : « Il s’agit souvent d’un problème d’attention » explique le Dr Remy Genthon, directeur scientifique de la Fondation Recherche Alzheimer, au Journal des Femmes. Le vrai déclin cognitif se manifeste par des changements discrets, que l’on met sur le compte de la fatigue, de l’âge ou d’un passage à vide, mais qui s’installent dans le temps.
Pour notre interlocuteur, le premier signe du déclin cognitif est souvent comportemental, pas mnésique, « c’est une perte de repères par rapport à ce qu’on connaît de soi, ou de la personne concernée ». Par exemple : une personne autrefois organisée qui devient désordonnée, un joueur de cartes qui oublie les règles, quelqu’un de ponctuel qui rate ses rendez-vous… « Ce ne sont pas de petits oublis anodins, mais des modifications de comportement qui s’installent et se répètent. » Ce sont des changements dans la manière d’être, plus que des oublis isolés, qui doivent alerter.
Quand la mémoire est touchée à cause du déclin cognitif, la personne « ne va plus se souvenir d’un événement récent, même quand on lui rappelle, cela montre que l’encodage du souvenir n’a pas eu lieu ». Autre point marquant : certains patients présentent d’abord des troubles du langage. Les mots ne viennent plus, ou sont remplacés par d’autres. A ces signes, d’autres s’ajoutent : la personne se perd dans des lieux familiers ou montre un désintérêt soudain pour ses activités. « L’apathie, le retrait social, une baisse de motivation sans tristesse marquée doivent aussi alerter », ajoute le neurologue. Ces signaux sont souvent perçus par l’entourage avant le patient lui-même.

Le bon réflexe, c’est d’en parler au médecin généraliste. « Il connaît le patient et peut faire la part entre fatigue, anxiété, dépression ou véritable trouble cognitif », souligne le Dr Genthon. Repérer tôt les troubles permet d’adapter le mode de vie et de préserver la qualité de vie le plus longtemps possible. « On peut déjà agir sur les facteurs aggravants : corriger un diabète mal équilibré, traiter l’hypertension, favoriser un bon sommeil, encourager l’activité physique et les liens sociaux. Tous ces éléments influencent directement la santé du cerveau », insiste le neurologue.
Il rappelle aussi qu’il n’existe pas de « petit signe » sans importance : « Ce n’est pas dramatique d’en parler à son médecin. Mieux vaut consulter pour rien que passer à côté d’un vrai problème. » Le Dr Genthon encourage enfin à entretenir sa mémoire au quotidien, sans se mettre la pression : lire, jouer, marcher, échanger, cuisiner, jardiner, apprendre de nouvelles choses. « Tout ce qui stimule la curiosité et la motricité est bénéfique. Le cerveau reste plastique toute la vie : plus on l’utilise, plus il reste performant. »
Source : JDF Santé




