L’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine a reçu le signalement du premier cas humain autochtone d’infection à virus West-Nile chez une personne résidant à Bordeaux (quartier de la Gare) le 27 juillet 2023, peut-on lire dans un communiqué de l’ARS du 1er août 2023. 4 autres cas ont été signalés en Gironde et sont en cours d’investigation, conjointement avec Santé publique France. Toutefois, « leur état de santé n’inspire pas d’inquiétude et ils sont en cours de guérison« . Ces 5 cas représentent les premiers cas humains dont l’infection a été acquise en Nouvelle-Aquitaine. Jusqu’à présent, en France, les infections humaines à virus West-Nile n’ont été retrouvées que dans le pourtour méditerranéen (régions PACA et Occitanie).
C’est quoi le Virus du Nil occidental ?
Le Virus du Nil Occidental (en anglais : West Nile Virus) est un arbovirus du genre Flavivirus (famille des flaviviridae). Il est considéré aujourd’hui comme le Flavivirus le plus répandu après celui de la dengue. Il a été isolé pour la première fois en 1937 dans le district de West Nile en Ouganda (Afrique), d’où son nom, rappelle Santé Publique France. Il a historiquement été responsable d’épidémies en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie occidentale et en Europe. Il est apparu en Amérique du Nord pour la première fois en 1999 et il a diffusé en quelques années à tout le territoire. En France métropolitaine, il est régulièrement détecté sur le pourtour méditerranéen. « Il est transmis à l’homme par les moustiques, et plus particulièrement par le moustique Culex« , poursuit Dr Pascal Del Giudice, infectiologue, et spécialiste de la pathologie. En Europe le virus a initialement été introduit par des oiseaux migrateurs venus d’Afrique. « Les hôtes principaux du virus sont les oiseaux, les mammifères (comme l’homme) sont des hôtes accidentels« .
Quels symptômes entraînent le Virus du Nil ?
« Dans 80% des cas, l’infection par le virus West Nile ne cause pas de symptômes« , poursuit le spécialiste. Les formes symptomatiques de la maladie se caractérisent par : une fièvre brutale et importante après 3 à 6 jours d’incubation, qui peut être associée à une éruption cutanée (de discrètes plaques rouges). « Les formes graves de la maladie sont rares (moins de 1% des cas) et touchent majoritairement des adultes et en particulier des personnes âgées. Il s’agit d’atteintes neurologiques qui se manifestant par une méningite, une encéphalite, une méningo-encéphalite… D’ailleurs, dans le sud de la France, où les moustiques sont très présents, tout syndrome avec un trouble neurologique et une forte fièvre pendant la période estivale, fait l’objet d’un test de détection du virus du Nil« .
Quelle est la mortalité du Virus du Nil ?
Dans les cas de formes graves, où la maladie se présente sous une forme neurologique sévère (méningite aseptique, méningo-encéphalites, paralysie flasque aiguë, syndrome de Guillain Barré) principalement décrite chez des sujets fragilisés, la létalité a été évaluée à 2% des infections, rapporte le ministère de la Santé.
Le Virus du Nil est-il présent en France ?
Depuis sa première identification en Afrique de l’Est, le virus a été identifié sur l’ensemble des continents, souligne l’Institut Pasteur. Aujourd’hui, il est endémique dans le pourtour méditerranéen, en Europe Centrale et en Amérique du Nord où il est responsable de cas humains mortels comme il a été observé en Grèce continental, en Italie du Sud et aux Etats-Unis. L’année 2018 a été marquée par la plus importante épidémie décrite, le nombre de cas recensés en Europe a été supérieur à la somme des 7 années précédentes, constate Santé Publique France. En 2019 et 2020 des cas humains ont été signalés pour la première fois en Allemagne (2019 et 2020) et aux Pays Bas (2020). En France, les premiers cas humains et équins ont été diagnostiqués dans le début des années 1960. Le virus est réapparu chez des chevaux en Camargue en 2000, et 7 cas humains ont été recensés en 2003 dans le Var et un cas a été signalé en Nouvelle Aquitaine en 2023.. « Le virus voyage avec les oiseaux migrateurs, poursuit notre interlocuteur. Le nombre de cas varient donc chaque année ».
Comment pose-t-on le diagnostic du Virus du Nil ?
Le diagnostic peut être confirmé par des analyses biologiques réalisées dans le sang et/ou dans le liquide cérébro-spinal (LCS), via une ponction lombaire.
Des infections fréquentes chez le cheval ?
« Le cheval est une espèce qui est particulièrement sensible au virus West Nile. L’infection virale se caractérise par une fièvre, une encéphalomyélite et une paralysie des membres postérieurs, et engendre un taux de mortalité conséquent ». Des cas de chevaux infectés par le virus West Nile ont été rapportés dans plusieurs pays d’Europe et du bassin méditerranéen : en Egypte, en Italie (1998), en Israël (2000), aux Etats-Unis (1999-2004), en France (en Camargue en 2000 et dans les Pyrénées Orientales en 2006), en Guadeloupe en 2002, et au Maroc en 2003, 2010, rappelle l’Institut Pasteur.
Comment se transmet le Virus du Nil ?
« Ce sont les oiseaux migrateurs qui jouent le rôle d’animaux réservoirs du virus West Nile, détaille le Dr Del Giudice. La transmission du virus à l’homme se fait ensuite par la piqûre d’un moustique, du genre Culex. Le moustique se contamine en se nourrissant sur des oiseaux infectés« . Tout comme l’homme, les chevaux sont aussi susceptibles d’être infectés. « Le seul vecteur de contamination étant le moustique, la maladie n’est présente qu’en période estivale, entre juin et octobre« .
Quel est le traitement du Virus du Nil ?
« À ce jour, il n’existe pas de traitement antiviral spécifique contre le virus West Nile, conclut le médecin. On ne traite que les symptômes : par exemple en donnant du paracétamol pour faire baisser la fièvre« . Pour le cheval, un vaccin équin est commercialisé. La prévention de l’infection par le virus West Nile se limite à des mesures de protection contre les moustiques (individuelles et collectives)
Comment se protéger du Virus du Nil ?
Les moustiques Culex piquent essentiellement au coucher du soleil et durant la nuit, en extérieur et dans les habitations.
Selon l’ARS Nouvelle Aquitaine, les mesures de prévention les plus efficaces pour se prémunir des piqûres de moustiques sont :
- porter des vêtements couvrants et amples ;
- utiliser un répulsif cutané en soirée, conseillé par votre pharmacien, sur les zones de peau découvertes ;
- si nécessaire, utiliser des grillages-moustiquaires sur les ouvertures (portes et fenêtres) ;
- dormir sous des moustiquaires, qui peuvent également être imprégnées d’insecticide pour tissus. Il existe des moustiquaires à berceau pour les nouveau-nés ;
- utiliser des ventilateurs et éventuellement des climatiseurs qui gênent les moustiques ;
- utiliser les diffuseurs électriques à l’intérieur des habitations ;
- utiliser les serpentins insecticides uniquement en extérieur ;
Pour limiter le développement des moustiques autour de son domicile, il convient de :
- couvrir les réserves d’eau avec de la moustiquaire ou du tissu afin de les rendre hermétiques ;
- nettoyer les gouttières et caniveaux ;
- vider ou ranger tout récipient pouvant contenir de l’eau (astuce : remplir les coupelles de sable) ;
- éviter les dépôts sauvages de déchets.
Merci au Dr Pascal Del Giudice, chef du service d’infectiologie et de dermatologie du centre hospitalier de Fréjus-Saint-Raphaël.
Source : JDF Santé