La verrue plantaire est une lésion de la peau sur le pied provoquée par une infection virale (virus HPV). Les verrues plantaires touchent de 7 à 10% de la population générale et affectent plus particulièrement les enfants et les adolescents, avec un pic de fréquence entre 10 et 14 ans. Pourquoi a-t-on des verrues plantaires ? Quels sont les lieux à risque ? Les piscines ? Comment s’en débarrasser ? Soi-même à la maison ? Naturellement ? Avec un traitement en pharmacie ? De la pommade cochon ? Des huiles essentielles ? L’azote ?
Définition : c’est quoi une verrue plantaire ?
Les verrues sont des lésions bénignes de l’épiderme, qui se manifestent sous la forme d’excroissances rugueuses, logées sur différentes parties du corps. « Les verrues plantaires sont généralement localisées sur la corne et les orteils, plus rarement sur la peau plus fine de la voûte plantaire » informe le Dr Dominique Penso-Assathiany, dermatologue, membre de la Société Française de Dermatologie. Il existe deux types de verrues plantaires :
- La myrmécie : elle se caractérise par la présence d’un anneau dit « kératosique » (épaississement délimité de l’épiderme), dont le centre est piqueté de points noirs. La myrmécie est en général unique ou comprend seulement quelques unités (moins de 4).
- Les verrues en mosaïque : elles forment un ensemble de verrues plus superficielles.
Photos d’une verrue plantaire
La verrue plantaire se caractérise par une surface rugueuse avec un surplus de peau épaisse et des petits points noirs au centre (voir la photo ci-dessous), qui correspondent à des petits vaisseaux sanguins qui ont éclaté.
Comment savoir si la verrue plantaire est morte ?
Lorsque la verrue plantaire est morte, elle laisse place à une couche de peau morte (couche blanche) qui tombera naturellement. La cicatrisation viendra résorber le trou.
Si elle gratte, elle devrait bientôt disparaître.
Quels sont les symptômes d’une verrue plantaire ?
Le plus souvent, les verrues plantaires apparaissent sous la forme de petites excroissances de peau rugueuses au toucher. Les symptômes des verrues plantaires dépendent du type de verrue. « La myrmécie est un rond de peau avec des points noirs dedans. C’est une verrue profonde et souvent douloureuse lors de l’appui du pied, informe la dermatologue. Les verrues en mosaïque sont des verrues plus petites, regroupées en plaque, superficielles et non douloureuses. » Les verrues ne grattent pas. « Si une verrue gratte, c’est qu’il y a une inflammation, et c’est souvent le signe qu’elle va bientôt disparaître« .
Quelle est la différence entre une verrue et un cor au pied ?
Les verrues peuvent être confondues avec des cors, des durillons. « Le seul moyen d’être certain que c’est une verrue c’est de voir des petits points noirs et parfois les dermatologues doivent gratter pour les voir » explique le Dr Penso-Assathiany. « Le traitement chimique des durillons et des cors et des verrues est le même donc le diagnostic n’est pas essentiel. »
Cause : pourquoi a-t-on des verrues plantaires ?
Les verrues plantaires à l’instar des autres verrues sont liées à différents types de virus de la famille du virus du papillomavirus humain (HPV), et sont donc contagieuses. Cependant, le risque de contagion est faible. « Il existe 120 sous-types de ce virus. Nous sommes porteurs de 5 à 7 sous-types sur notre peau ou nos muqueuses. Les verrues sont dues soit à un de ces virus soit à un virus présent chez quelqu’un d’autre qui pénètre dans notre peau par l’intermédiaire d’un micro-traumatisme » précise la spécialiste. La transmission nécessite une porte d’entrée, qui est le plus souvent une légère lésion cutanée au pied (ampoule, coupure).
La verrue plantaire est-elle contagieuse ?
Oui. Cependant, le risque de contagion est faible.
« Il n’y a pas de traitement contre le virus et le risque de récidive est important »
Quel est le traitement pour se débarrasser d’une verrue plantaire ?
Dans la majorité des cas, chez les personnes en bonne santé, les verrues plantaires guérissent spontanément, dans un intervalle allant de quelques mois à 2 ans. « C’est surtout le cas chez les adultes, un peu moins chez les enfants » précise le Dr Dominique Penso-Assathiany. Mais leur contagiosité (faible rappelons-le), et les douleurs qu’elles entraînent parfois, peuvent justifier un traitement approprié pour pouvoir s’en débarrasser. « Il n’y a pas de traitement contre le virus et le risque de récidive est important » précise cependant la dermatologue.
Pommade cochon et solutions décapantes
Les traitements de premier choix des verrues plantaires sont ceux décapants les verrues à base d’acides organiques (acide salicylique, acide trichloroacétique, acide formique). Ces préparations exfolient la verrue jour après jour et détruisent localement les cellules infectées par le virus HPV. « Pour traiter les verrues situées au niveau des pieds, il faut choisir des solutions fortement dosées en acide salicylique, par exemple la pommade MO Cochon®, constituée de suif de bœuf avec 50% d’acide salicylique. Attention, elle est très caustique et cela nécessite de protéger la peau autour » prévient le Dr Dominique Penso-Assathiany.
Mode d’emploi : entourez la verrue avec un vernis, posez la pommade, couvrez avec un pansement plastifié ; deux fois par semaine, limez la surface de la verrue avec un bout de lime en carton, à jeter après usage et appliquez la solution kératolytique. Ces traitements décapants ne sont pas douloureux et les effets secondaires sont rares.
Cryothérapie pour détruire la verrue le froid
Autre traitement courant des verrues plantaires disponible en pharmacie, la cryothérapie ou destruction par le froid. La surface de la peau est gelée de l’extérieur par l’application 20 à 40 secondes d’une éponge ou applicateur en mousse contenant un mélange de diméthyléther, et de propane qui forment ensemble un gaz atteignant une température d’environ -50 degrés. La cryothérapie vendue en pharmacie est plutôt efficace sur des verrues plantaires pas très épaisses. C’est une technique plus rapide – une seule application peut suffire sur des verrues peu importantes- mais qui a l’inconvénient d’être douloureuse. Elle est ainsi à éviter chez les enfants.
Bicarbonate, homéopathie : les remèdes naturels contre les verrues
Quant aux remèdes maison des verrues, comme l’application de bicarbonate de soude, de bave d’escargot, ou encore les remèdes alternatifs comme l’homéopathie, « il n’y a aucune preuve scientifique que cela puisse traiter les verrues » informe le Dr Dominique Penso-Assathiany.
Bistouri et azote liquide chez le dermatologue
Si vous avez une verrue plantaire particulièrement résistante, « le dermatologue peut la découper avec une lame de bistouri pour mieux la décaper. C’est sans douleur ». Les traitements locaux sont plus efficaces après ce décapage. En revanche, le traitement à l’azote liquide n’est pas plus efficace que les solutions kératolytiques fortement dosées. « Les études ont montré une efficacité identique entre la pommade MO Cochon® et l’azote liquide sur le long terme » explique la dermatologue.
Prévention : comment éviter d’avoir une verrue plantaire ?
« Le lieu le plus transmetteur est probablement la salle de bain familiale » prévient le Dr Dominque Penso-Assathiany, Et non pas comme on le dit souvent la piscine ! Pour prévenir la transmission familiale des verrues, il est recommandé de :
- Ne pas échanger les serviettes de toilette
- Désinfecter la baignoire ou la douche avec un produit désinfectant contenant de l’Eau de javel.
- Bien se sécher les pieds après un contact avec des sols humides de lieux collectifs. Le port de chaussures en plastique n’a pas démontré d’efficacité. De manière générale, le fait de garder vos pieds propres, secs et bien hydratés (en mettant une crème hydratante régulièrement) prévient les verrues.
- Si vous avez une lésion au niveau du pied, vous pouvez porter un pansement étanche pour prévenir la pénétration éventuelle du virus.
- Lorsque vous avez une verrue, il est recommandé de vous laver les mains après l’avoir touchée, pour éviter les risques d’auto-transmission.
- Durant le traitement, vous pouvez couvrir votre verrue avec un pansement.
Merci au Dr Dominique Penso-Assathiany, dermatologue, membre de la Société Française de Dermatologie.
Source : JDF Santé