Variole du singe : cas en France, boutons, traitements

Arrivé en France en mai 2022, le virus de la variole du singe, appelé « Monkeypox » et renommé Mpox par l’OMS en novembre, semble se faire de plus en plus rare en France selon les données de Santé Publique France. « Le scenario le plus probable à moyen et long terme est celui du maintien d’une circulation virale à bas bruit à l’échelle européenne rendant l’hypothèse de l’élimination complète de l’infection à virus Monkeypox peu probable et conduisant à un risque de reprises épidémiques, voire saisonnières en France et en Europe » a cependant estimé le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) dans son Avis du 22 novembre. Cette maladie infectieuse contagieuse se transmet entre les Hommes (hommes et femmes peuvent l’attraper). Les personnes les plus à risque de l’attraper semblent être les hommes de 18 à 50 ans ayant des relations sexuelles avec des hommes ou rapportant des partenaires sexuels multiples.

Combien de cas de variole du singe en France ?

Depuis mai 2022, une forte proportion de cas de Mpox ont été signalés dans des pays (dont la France) sans transmission précédemment documentée. Elle est localisée originellement en Afrique. Depuis le pic de contaminations survenu fin juin/début juillet 2022, le nombre de cas confirmés de variole du singe diminue en France : 4109 cas d’infection dont 61% en Ile-de-France fin novembre 2022. Il est passé « sous le seuil de 5 cas » par semaine a indiqué Santé Publique France mais « il faut néanmoins rester prudent car l’amélioration des connaissances sur la maladie peut diminuer le recours aux soins des populations les mieux informées ».  En France, les cas concernent principalement des hommes de 18 à 50 ans ayant des relations sexuelles avec des hommes ou rapportant des partenaires sexuels multiples. A ce jour, 81 608 cas dans le monde ont été confirmés à l’OMS Aucun décès n’a été signalé à ce jour. Que sait-on de cette maladie ? Ses symptômes, sa transmission, la contagion de son virus ? Les risques ? Lors des rapports sexuels ?

Carte des cas confirmés de monkeypox par région en France
Carte des cas confirmés de monkeypox par région en France au 29 novembre © Santé Publique France

Qu’est-ce que la variole du singe ?

La variole du singe est une maladie causée par un virus à ADN du genre Orthopoxvirus de la famille des Poxviridés. « C’est une zoonose virale rare (virus transmis à l’être humain par les animaux) que l’on observe principalement dans les zones isolées du centre et de l’ouest de l’Afrique, à proximité des forêts tropicales humides » indique l’OMS. On parle du variole du « singe » car le virus a été découvert en 1958 chez des singes de laboratoire à Copenhague mais « c’est une erreur de dire cela car c’est plutôt un virus variolique hébergé par des rongeurs comme les écureuils et les gros rats d’Afrique comme le rat de Gambie » nous explique le Pr Jeanne Brugère-Picoux. « Ce virus ressemble à celui de la variole sur le plan clinique mais le monkeypox est dû à un poxvirus différent du virus de la variole«  précise l’OMS. La variole dite « du singe » est plus bénigne, associée à des ganglions (il n’y a pas de ganglions dans la variole), les cicatrices sont moins graves. La variole simienne ressemble aussi beaucoup à la varicelle qui est plus contagieuse. Le premier cas humain de variole du singe a été détecté en 1970, en République démocratique du Congo chez un enfant vivant dans une région où la variole avait été éliminée depuis 1968. On connaît deux souches de variole du singe :

  • la souche Congo ou souche d’Afrique centrale (la plus virulente) renommée « Clade I » par l’OMS en août 2022.
  • la souche d’Afrique occidentale (moins virulente qui semble être celle retrouvée dans les cas actuels) renommée « Clade II ».

« Les virus responsables de l’épidémie humaine mondiale récente sont dus à un nouveau clade (clade 3), issu du clade 2 » précise le Covars.

« Au microscope, on reconnaît tout de suite le virus »

Quel est le nom de la variole du singe ?

On a parlé initialement de la variole du « singe » car le virus a été découvert en 1958 chez des singes de laboratoire à Copenhague mais « c’est une erreur de dire cela car c’est plutôt un virus variolique hébergé par des rongeurs comme les écureuils et les gros rats d’Afrique comme le rat de Gambie » nous explique le Pr Jeanne Brugère-Picoux. Pour éviter d’offenser des groupes culturels, sociaux, nationaux, régionaux, professionnels ou ethniques et afin de minimiser un impact négatif sur le commerce, les voyages, le tourisme ou le bien-être animal, les experts de l’OMS ont renommé le virus « mpox » le 28 novembre 2022. Depuis le 12 août 2022, les noms des deux souches du virus Monkeypox ont été modifiés par l’OMS. On parle de « Clade I » pour désigner la souche dite « Congo » ou d’Afrique centrale (la plus virulente) et de « Clade II » pour la souche dite « d’Afrique occidentale » (moins virulente).  Le Clade II se compose de deux sous-clades : « Clade IIa » et « Clade IIb » (retrouvé dans l’épidémie 2022). 

LES 10 PAYS LES PLUS TOUCHES PAR LE MONKEYPOX (novembre 2022-OMS)
  • Etats-Unis
  • Brésil
  • Espagne
  • France
  • Colombie
  • Royaume-Uni
  • Allemagne
  • Pérou
  • Mexique
  • Canada

Quels sont les symptômes de la variole du singe ?

La variole du singe est une maladie « à tropisme cutané » nous explique le Pr Brugère-Picoux. Les symptômes sont douloureux et très inconfortables. Ils disparaissent d’eux-mêmes, mais peuvent être graves dans certains cas. 

Classiquement, dans les 5 premiers jours, l’infection par le Monkeypox provoque :

  • fièvre
  • maux de tête
  • adénopathie (gonflement des ganglions lymphatiques)
  • douleurs dorsales
  • myalgies (douleurs musculaires)
  • asthénie (épuisement)
  • Des maux de gorge 

Dans les 1 à 3 jours (parfois plus) suivant l’apparition de la fièvre, le patient présente des éruptions cutanées (rash) qui commencent souvent sur le visage puis s’étendent à d’autres parties du corps, dont les paumes des mains, les plantes des pieds et les muqueuses (bouche et région génitale (sexe, anus)). L’atteinte cutanée survient en une seule poussée. Des démangeaisons sont fréquentes. Les boutons passent par différents stades successifs :

  • macules
  • papules
  • vésicules
  • pustules
  • croûtes

Lorsque les croûtes tombent, les personnes ne sont plus contagieuses. Les autres muqueuses (ORL, conjonctives) peuvent également être concernées. En cas d’apparition de symptômes (fièvre et éruption cutanée avec des vésicules), contacter le SAMU Centre 15. Il est recommandé de vous isoler en attendant un avis médical et d’éviter les contacts avec d’autres personnes. Une étude publiée en juillet 2022 dans le New England Journal of Medicine portant sur 528 cas d’infections Monkeypox diagnostiquées dans 16 pays entre avril et juin a montré que 95% des personnes présentaient une éruption cutanée (dont 64% avaient < 10 lésions), 73% avaient des lésions anogénitales et 41 % avaient des lésions muqueuses. Avant l’apparition de ces lésions, 62% avaient eu de la fièvre, 41% une léthargie, 31% une myalgie et 27% des maux de tête. 56% présentaient aussi un gonflement des ganglions. 70 personnes ont été hospitalisées pour prendre en charge leur douleur, principalement pour des douleurs anorectales sévères (21 personnes) ; surinfection des tissus mous (18) ; pharyngite limitant la prise orale (5); lésions oculaires (2); lésion rénale aiguë (2); myocardite (2); et à des fins de contrôle des infections (13). Aucun décès n’a été signalé.

Quel test permet de diagnostiquer la variole du singe ?

Les personnes ayant des symptômes évocateurs d’une infection à Monkeypox doivent contacter leur médecin traitant ou un Cegidd (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic). Une analyse virologique par PCR permet de confirmer l’infection. Le prélèvement de référence est cutanée (au niveau des vésicules). Il peut aussi parfois être nasopharyngé si la personne a une poussée éruptive dans la bouche ou la gorge. « Au microscope (prélèvement cutané, ndlr), on reconnaît tout de suite le virus car c’est un gros virus » précise le Pr Brugère-Picoux. En attendant de réaliser le test et de connaître les résultats, les personnes testées doivent à s’isoler. En cas de test positif, il faut s’isoler pendant 21 jours, plus si les boutons ne sont pas complètement secs. 

Combien de temps s’isoler si on a la variole du singe ?

Une personne dont le résultat du test diagnostique (PCR) au virus du monkeypox est positif est un cas confirmé de variole du singe et doit s’isoler à domicile pour une durée de 3 semaines (21 jours) à partir de leur date de début des signes si leur état clinique ne nécessite pas une hospitalisation, rappelle Santé Publique France. Elle est contagieuse depuis les premiers signes, jusqu’à la cicatrisation complète de la peau (disparition des croûtes). Cet isolement, après avis médical, peut être levé au bout de 14 jours en cas de guérison (cicatrisation de toutes les vésicules avec chute des croûtes). Un arrêt de travail ou une autorisation de télétravail à temps plein peut être délivrée par votre médecin traitant, précise l’ARS d’Ile-de-France.

Pendant l’isolement à domicile (idéalement) dans une pièce séparée des autres habitants :

  • Pas de sortie ni de visite, sauf indispensable (médicale par exemple)
  • Pas de contact physique (pas d’embrassade, contact peau à peau…)
  • Porter un masque chirurgical en présence d’autres personnes
  • Couvrir au mieux les éruptions ou boutons (vêtements, pansements)
  • Ne pas partager ses effets personnels (objets, vaisselle, vêtements, linge de maison)
  • Pas de contact avec les animaux domestiques (possibilité de transmission)
  • Bien respecter le traitement donné par le médecin, car certains médicaments sont à éviter (ne pas prendre d’anti-inflammatoires)
  • Mains propres, ongles courts, ne pas se gratter, ne pas toucher les boutons.
  • Se laver les mains avant tout contact et régulièrement en utilisant de l’eau et du savon ou une solution hydro-alcoolique.
  • Eviter de prendre des bains, privilégier les douches et se sécher en tamponnant (sans frotter).
  • Laver ses affaires personnelles séparément (vaisselle, linge à 60° si possible).
  • Nettoyer/désinfecter régulièrement les surfaces touchées, surtout sanitaires (1 fois par jour), avec les produits habituels.
  •  Il est recommandé de s’abstenir de rapports sexuels pendant toute la durée de l’isolément.
  • Aération régulière de la pièce où séjourne la personne infectée.

Si des croûtes tombent, elles peuvent être contagieuses, de même que les pansements et bandages souillés : les mettre dans un sac-poubelle spécifique à fermer, puis mettre dans un autre sac poubelle à fermer avant de le jeter avec les déchets ménagers. Les proches doivent se laver les mains régulièrement, éviter tout contact direct (peau à peau) avec la personne infectée ou ses effets personnels (vaisselle, linge, …) et porter un masque chirurgical à sa proximité.

Combien de temps durent les symptômes de la variole du singe ?

« La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie, généralement bénigne, guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines » informe Santé Publique France. 

Photo : à quoi ressemblent les boutons de la variole du singe ?

La variole du singe entraîne des boutons qui peuvent faire penser à la varicelle : d’abord des vésicules (boutons avec liquide à l’intérieur) puis des pustules et enfin des croûtes. A la différence de la varicelle, les boutons surviennent en une seule poussée. Lorsque les croûtes tombent, les personnes ne sont plus contagieuses. 

Photo bouton variole du singe
Photo bouton variole du singe © OMS
boutons variole du singe
Boutons typiques en cas d’infection à la variole du singe © UKHSA

Quelle est la durée d’incubation de la variole du singe ?

« La période d’incubation actuelle, d’une durée moyenne de 9 jours, semble plus courte que la durée classique de 13 jours (3 à 34 jours). Elle est suivie d’une phase de 1 à 4 jours, caractérisée par une fièvre, des maux de tête, une grande fatigue et des ganglions, en particulier dans la région du cou » précise le Covars dans son Avis.

Comment se transmet la variole du singe ?

La maladie est très contagieuse : « Une transmission considérable [du virus de la variole du singe] se produit avant l’apparition ou la détection des symptômes » a défendu une étude publiée le 2 novembre dans le British Medical Journal (BMJ). 
► Transmission entre Hommes : La transmission se produit principalement par les particules des gouttelettes respiratoires (postillon, éternuement à moins de 2 mètres pendant au moins 3 heures) et par le contact direct de la peau ou des muqueuses (bouche, sexe, anus) avec les boutons ou les croûtes.  Les rapports sexuels, avec ou sans pénétration, réunissent ces conditions pour une contamination, et avoir plusieurs partenaires augmente le risque d’être exposé au virus. La transmission peut aussi se faire via le partage de linge (vêtements, draps, serviettes…), d’ustensiles de toilette (brosses à dents, rasoirs…), de vaisselle, sextoy, seringue…

►Transmission de l’animal à l’Homme : « Le virus se transmet principalement à l’être humain à partir de divers animaux sauvages, rongeurs ou primates par exemple » explique l’OMS. L’infection est provoquée par un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d’animaux infectés. « En Afrique, on a documenté des infections humaines à la suite de la manipulation de singes, de rats géants de Gambie et d’écureuils infectés, les rongeurs étant vraisemblablement le principal réservoir du virus. La consommation de viande d’animaux infectés pas suffisamment cuite est un facteur de risque possible«  développe l’OMS.

Selon des chercheurs de l’institut Pasteur, la transmission du virus de la variole du singe en dehors de l’Afrique « est probablement dû au déclin mondial de l’immunité aux virus du genre orthopoxvirus (responsables de la variole humaine), suite à l’arrêt de la vaccination antivariolique, dans les années 1980. La variole du singe pourrait donc devenir la plus importante infection à orthopoxvirus chez l’Homme ».

Comment éviter la transmission pendant le rapport sexuel ?

Les contacts sexuels avec une personne porteuse du virus favorisent la transmission du virus. Le virus a été isolé dans le sperme de patients. « On ne sait pas combien de temps le virus persiste dans le sperme et les sécrétions génitales, ni si ces liquides biologiques peuvent transmettre la maladie » informe l’ARS d’Ile-de-France. En conséquence et par précaution, les autorités sanitaires françaises recommandent de :

  • s’abstenir de rapports sexuels pendant toute la durée d’isolement (3 semaines environ) ;
  • ne pas partager de sex-toys;
  • d’utiliser un préservatif lors des rapports sexuels de tous types jusqu’à 8 semaines après la fin de la période de contagiosité (la période de contagiosité commence dès l’apparition des premiers symptômes et dure jusqu’à la cicatrisation des lésions).

Que faire si on est cas contact Monkeypox ?

La Haute Autorité de santé (HAS) recommande de vacciner les cas contacts d’un cas confirmé de variole du singe par le vaccin contre la variole. Pas besoin de s’isoler en revanche. Pour les enfants (-de 18 ans), la HAS préconise que la vaccination soit envisagée au cas par cas. Si votre enfant est cas contact, l’Agence Régionale de Santé (ARS) préconise de : 

  • Surveiller l’apparition de symptômes (fièvre, éruption cutanée) et solliciter le 15 en cas de besoin ;
  • Se voir proposer une consultation afin de faire bénéficier à l’enfant d’une vaccination si celle-ci est jugée nécessaire par le médecin 
  • En l’absence de symptômes, et en l’état des connaissances, il n’y a pas de risque connu de contagion. Aucune mesure n’est donc nécessaire pour l’enfant (ni isolement, ni adaptation des activités) ni pour les autres membres de la famille.

Combien de temps est-on contagieux si on a la variole du singe ?

« La variole du singe est une maladie contagieuse, confirme le Pr Brugère-Picoux mais pas autant que la varicelle. » La personne est contagieuse depuis les premiers signes de la maladie et jusqu’à la cicatrisation complète de la peau, rappelle la Mission nationale Coreb. Soit environ 3 semaines.

Quel est le traitement contre la variole du singe ?

La variole du singe est une maladie dont le patient guérit le plus souvent spontanément en deux à trois semaines. « Dans la situation où un traitement de l’infection à Monkeypox est à envisager lors d’une forme grave de la maladie notamment et après discussion collégiale, le tecovirimat serait le traitement proposé en première intention » indique le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Le Tecovirimat (SIGA Technologies) est un médicament antiviral sous forme de gélules qui va empêcher le virus de se propager dans l’organisme. La posologie recommandée chez l’adulte et l’enfant varie en fonction du poids précise l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) :
► Pour les patients de 13 kg à moins de 25 kg : 1 gélule administrée toutes les 12 heures
► Pour les patients de 25 kg à moins de 40 kg : 2 gélules administrées toutes les 12 heures
► Pour les patients de 40 kg et plus : 3 gélules administrées toutes les 12 heures

La durée de traitement recommandée est de 14 jours. Les gélules de tecovirimat doivent être prises dans les 30 minutes suivant un repas. 

Vaccin contre la variole du singe

Supprimée depuis 1984, la vaccination antivariolique est de retour en France face à l’émergence de cas du virus Monkeypox responsable de la variole du singe. La vaccination contre la variole du singe est proposée en prévention aux personnes les plus exposées au virus ou en post-exposition chez les cas contacts d’une personne infectée. C’est le vaccin antivariolique Imvanex, produit par le Laboratoire danois Bavarian Nordic qui est actuellement indiqué dans la lutte contre la variole du singe. Une trentaine de lieux proposent la vaccination en Ile-de-France.

Quels risques si on attrape la variole du singe ?

La maladie est généralement spontanément résolutive. Des complications peuvent imposer une hospitalisation (entre 5 et 10% des cas) du fait de surinfections bactériennes, de douleurs intenses, d’atteintes anale, pharyngée ou digestive sévères, d’atteintes pulmonaire, cardiaque ou cérébrale. La gravité des symptômes et la durée de la maladie sont proportionnelles à la densité des lésions cutanées. La maladie est plus grave chez l’enfant, la femme enceinte et les patients immunodéprimés rappelle le COVARS. Le Pr Brugère-Picoux rassure « c’est un virus stable, un virus à ADN, il ne mute pas facilement comme un virus à ARN (type le Sars-Cov-2 du Covid-19, ndlr) ».

Peut-on mourir de la variole du singe ?

Aucun décès lié à la variole du singe n’a été recensé en France, selon les données le HAS publiées en octobre 2022. « Le taux de mortalité lors des flambées d’orthopoxvirose simienne s’est établi entre 1% et 10% (3.6% pour la souche d’Afrique occidentale ; 10,6% pour la souche d’Afrique centrale), la plupart des décès survenant chez les plus jeunes » indique l’OMS. « Sur les plus de 70.000 cas recensés récemment dans le monde, on constate 28 décès dont 12 dans des pays non endémiques, 15 décès dans des pays endémiques,
mais aucun en France
 » indique le Covars le 22 novembre.

Cas et décès de variole du singe dans le monde
Cas et décès de variole du singe dans le monde au 4 octobre 2022 © Organisation Mondiale de la Santé OMS

Comment se protéger de la variole du singe ?

La maladie étant transmissible par contact avec les lésions, il faut éviter tout contact avec la personne atteinte et avec ce qu’elle a pu toucher (drap, serviettes de toilette, vêtements…). La personne contaminée doit s’isoler. Lorsqu’une personne est infectée par le virus de la variole du singe, elle doit « éviter au maximum les contacts avec son animal de compagnie, idéalement en le faisant garder par une autre personne le temps de l’isolement » et « avant chaque contact avec son animal, se laver les mains, puis porter des gants et un masque à usage unique » a recommandé l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) le 16 juin qui s’est interrogée sur la transmission du virus de l’homme aux animaux. « Par comparaison avec la variole humaine, les mesures d’éradication ne pourront pas être aussi efficaces avec la variole simienne du fait d’un réservoir viral dans plusieurs populations d’animaux sauvages en Afrique » précise le Pr Brugère-Picoux. Enfin, la vaccination contre la variole permettait d’offrir une protection croisée contre le virus de la variole simienne estimée à 85%.

Quelle est l’origine de la variole du singe ?

La variole du singe est une maladie qui a émergé en Afrique. Les premiers cas humains ont été recensés en 1970 dans la République démocratique du Congo. On reconnait une origine zoonotique (transmission venat de l’animal (écureuil, rat de Gambie en Afrique…)) dans la plupart des cas africains. Les cas émergents hors Afrique depuis mai 2022 (premier cas rapporté en Angleterre par l’UKHSA le 7 mai) sont liés à des contaminations interhumaines : « Des enquêtes sont en cours, mais l’apparition soudaine du monkeypox dans de nombreux pays au même moment suggère qu’il peut y avoir eu une transmission non détectée pendant un certain temps » a expliqué l’OMS le 1er juin. Alors que la transmission de l’animal à l’homme est admise en Afrique, ces cas émergents sont liés à des contaminations interhumaines, souvent observées chez des hommes homosexuels ou bisexuels présentant des lésions cutanées génitales et au niveau du visage. « Une transmission sexuelle peut être suspectée. La transmission interhumaine est possible par le contact avec les fluides corporels, les lésions cutanées (dont les croûtes), l’environnement ou les objets contaminés par le malade. Il peut aussi s’agir d’une contamination d’origine nosocomiale » a expliqué le Pr Jeanne Brugère-Picoux, vétérinaire et membre de l’Académie nationale de médecine dans un document de synthèse du 22 mai 2022. Contactée par téléphone, elle confirme que pour l’instant « on est dans une incertitude totale, on a des raisons de s’inquiéter mais il faut attendre de voir si cela continue ou pas« . Selon elle « seule une enquête épidémiologique complète permettra d’évaluer le risque lié à ce virus émergent hors de sa région  géographique habituelle (Afrique, ndlr) ».

Merci au Pr Jeanne Brugère-Picoux, vétérinaire et membre de l’Académie nationale de médecine. Propos recueillis en mai 2022.

Sources :

– Monkeyox – Evolution de la conduite à tenir, élargissement de la vaccination et mise à disposition du Tecovirmiat. DGS, 8 juillet 2022

– Monkeypox virus (variole du singe) Fiche d’information au patient, après le diagnostic. Mission Coreb. 3 juin 2022.

– Variole du singe : risque d’une propagation interhumaine depuis la description de près d’une centaine de cas sporadiques autochtones décrits simultanément depuis le 6 mai 2022 en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Jeanne Brugère-Picoux. 22 MAI 2022.

– Mise à jour épidémiologique : épidémie de monkeypox, ECDC

– Monkeypox, Centers for Disease Control and Prevention

– Orthopoxvirose simienne, OMS, 6 juin 2018

– Institut Pasteur

– Monkeypox, Santé Publique France


Source : JDF Santé