Variant BQ 1.1 : stable en France, symptômes, dangereux ?

[Mise à jour le 13 janvier 2023 à 10h36] Repéré en Afrique puis en Europe, le variant BQ 1.1 « semble se stabiliser avec 69% des séquences interprétables au cours de l’enquête Flash S52 (dernière semaine de 2022, contre 67% sur la semaine 51) » informe Santé Publique France le 12 janvier 2023. Selon le Pr Éric Caumes, professeur de maladies infectieuses à Sorbonne Université invité de Europe 1le BQ 1.1 a été à l’origine de la 9ème vague de Covid qui s’est diffusée en France entre novembre et décembre 2022. Plus contagieux que les précédents variants Omicron et plus résistant à la vaccination, il ne s’est pas montré plus dangereux. Selon les modélisations rapportées par l’ECDC, plus de 80% des infections par le SRAS-CoV-2 en Europe seront dues à BQ.1/BQ.1.1 début 2023

C’est quoi le nouveau variant Covid BQ 1.1 ?

Le variant BQ 1.1 est un sous-lignage du BQ.1, lui-même sous-lignage du BA.5, lui-même sous-lignage du variant Omicron, lui-même variant du virus Sars-Cov-2 de la Covid-19. Il a été défini en octobre 2022. « BQ.1 est caractérisé par la mutation K444T et N460K, et BQ.1.1 porte en plus la mutation R346K. Ces mutations sont situées sur des sites importants de la protéine Spike, impliqués à la fois dans l’interaction avec son récepteur et dans la reconnaissance par les anticorps«  indique Santé Publique France dans l’analyse des variants d’octobre 2022. Le variant BQ.1 a été classé comme « VOI » soit « variant à suivre » par l’ECDC.

Sous lignages-Omicron
Chaines de modification de la structure du variant Omicron jusqu’au lignage BQ.1.1 © Twitter@YvesCoppieters

Pour rappel, les virus se caractérisent dans leur immense majorité par leur évolution génétique constante, plus ou moins rapide. Cette évolution génétique s’associe à des mutations ou des suppressions dans le code génétique du virus ce qui entraîne l’apparition de « variants ». « Pour un virus comme le SARS-CoV-2, l’émergence de variants au cours du temps est donc un phénomène attendu » rappelle Santé Publique France. Parmi ces variants, des variants dits « préoccupants » ou « VOC » en anglais (Alpha, Beta, Gamma, Delta et Omicron (le dernier VOC apparu fin novembre 2021 en France). 

Combien de cas du variant BQ 1.1 en France ?

Santé Publique France a commencé a rapporté sa présence début octobre 2022. Sa diffusion a continué d’augmenter jusqu’à fin décembre 2022. Le 12 janvier 2023, Santé Publique France indique qu’il « semble se stabiliser avec 69% des séquences interprétables au cours de l’enquête Flash S52 (dernière semaine de 2022, contre 67% sur la semaine 51)​​​​​​ ».

 Présence du sous-lignage Omicron BQ 1.1 en France, au 12 décembre 2022
Présence du sous-lignage Omicron BQ 1.1 en France, au 12 décembre 2022 © Santé Publique France

Quels sont les symptômes du variant BQ 1.1 ?

Pour l’instant il n’y a pas eu de communications des autorités sanitaires françaises sur les symptômes des cas Covid positifs au variant BQ 1.1 néanmoins « les personnes infectées par BA5 pourraient aussi être infectées par BQ 1.1«  a prévenu le virologue et membre du Covars Bruno Lina sur le site du journal LeProgrès.fr le 25 novembre. Selon les observations de médecins rapportées sur les réseaux sociaux en octobre 2022, le variant BQ 1.1 entraînait des symptômes digestifs. Sur Twitter par exemple, le Dr Yves Coppieters, médecin épidémiologiste et Directeur du centre de recherche Epidémiologie et biostatistique de l’Ecole de santé publique de l’ULB en Belgique, explique qu’il entraîne les symptômes « classiques » du Covid « et diarrhées, vomissements, maux de ventre qu’il faut appréhender pour les personnes plus à risque »

Quelle est la contagion du variant BQ 1.1 ?

« BQ.1.1 est une des variantes présentant une résistance profonde à l’immunité antivirale induite par les infections BA.2 et BA.5 (une infection précédente ne protège pas du BQ 1.1, ndlr) ainsi que des anticorps monoclonaux thérapeutiques » ont indiqué les auteurs d’une étude japonaise menée sur des hamsters publiée en décembre 2022 sur bioRxiv. Ils rapportent aussi une « plus grande fusogénicité que BA.5 ». La fusogénicité est un facteur pouvant influer sur la transmissibilité d’un variant. Le variant BQ 1.1 est ainsi plus contagieux que le BA.5 qui était déjà plus contagieux que les précédents variants.  « BQ.1.1 possède la transmissibilité la plus élevée des sous-lignages d’Omicron » rapportait Santé Publique France le 14 décembre.

Le variant BQ 1.1 est-il dangereux ?

« La pathogénicité de BQ.1.1 est comparable ou même inférieur à celui de BA.5 » ont constaté les chercheurs japonais. Il ne rendrait donc pas plus malade.« Aucun signal clinique préoccupant n’a été associé à BQ.1.1, que ce soit en France ou à l’international. L’efficacité des traitements par anticorps monoclonaux est cependant impactée, en particulier une perte complète d’activité de l’Evusheld » a indiqué Santé Publique France le 14 décembre. Deux études in vitro (rapportées par l’agence de santé) ont montré une résistance accrue de BQ 1.1 à la neutralisation par les anticorps post-vaccinaux et post-infection après BA.1, BA.2 ou BA.5. « Il existe une variation antigénique qui fait que des personnes infectées par BA5 pourraient aussi être infectées par BQ 1.1«  informait le virologue et membre du Covars, Bruno Lina, sur le site LeProgrès.fr fin novembre. Ce que confirmaient les chercheurs japonais dans l’étude du 5 décembre. 

Sources :

– Point épidémiologique Covid, Santé Publique France

– Analyses de risque des variants, Santé Publique France.


Source : JDF Santé