Vaccin contre le papillomavirus : que doit annoncer Macron ?

[Mis à jour le 28 février 2023 à 10h02] Le président de la République Emmanuel Macron, accompagné des ministres de la Santé et de l’Éducation, François Braun et Pap Ndiaye, sont attendus ce mardi 28 février après-midi dans un collège de Jarnac (Charente) où ils doivent « faire une annonce décisive pour éradiquer le papillomavirus (HPV)« , a annoncé l’Elysée. Le gouvernement assistera à une séance de vaccination anti HPV organisée au sein de l’établissement, soit quelques jours avant la Journée de sensibilisation mondiale autour des maladies induites par le HPV (4 mars 2023). Pour rappel, le HPV serait responsable de 30 000 lésions précancéreuses du col de l’utérus et de 6 000 nouveaux cas de cancers chez la femme et l’homme. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ces cancers seraient totalement éliminables grâce au dépistage et à la vaccination. Mais à date, le taux de couverture vaccinale reste trop faible en France (37% pour les filles et 9% pour les garçons). La vaccination contre les infections au papillomavirus humains est recommandée pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans révolus (possible jusqu’à 26 ans pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes). Et en rattrapage jusqu’à 19 ans. 

Le vaccin HPV protège contre quelles maladies ? Quels cancers ?

Les papillomavirus humains (HPV) sont des virus sexuellement transmissibles très fréquents, contractés généralement au début de la vie sexuelle au cours d’un rapport vaginal, oral ou anal. Ils peuvent causer l’apparition de verrues (papillomes), des lésions contagieuses localisées sur la peau ou sur les muqueuses de l’homme ou de la femme. Si la majorité de ces lésions disparaissent spontanément grâce à notre immunité naturelle ou à l’aide de traitements (laser, cryothérapie, médicament), certaines lésions, causées le plus souvent par les HPV 16 ou 18, peuvent persister et évoluer en cancers anaux et oro-pharyngés, du col de l’utérus, du vagin ou de la vulve. La vaccination contre les papillomavirus humains reste le meilleur moyen de lutter contre ces virus. Elle consiste à introduire dans le corps un microbe inactif (ou très affaibli). Pour faire face à ce « faux microbe » et éviter sa propagation, notre organisme fabrique des défenses immunitaires appelées des anticorps. Si un jour, le « vrai microbe », qui lui est actif, pénètre dans l’organisme, il sera reconnu par les anticorps qui seront donc capables de le neutraliser et d’empêcher le développement de la maladie. 

Qui doit faire le vaccin contre les HPV ?

La vaccination contre les HPV est actuellement recommandée et remboursée à hauteur de 65% par l’Assurance Maladie (des organismes complémentaires interviennent souvent pour compléter le remboursement) chez :

  • les jeunes filles de 11 à 14 ans révolus (avec un rappel de 15 à 19 ans révolus),
  • les jeunes garçons de 11 à 14 ans révolus (avec rappel de 15 à 19 ans révolus) (depuis le 1er janvier 2021)
  • les patients immunodéprimées,
  • les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes jusqu’à l’âge de 26 ans.

Vaccin contre le papillomavirus chez la femme

Le vaccin contre les papillomavirus humains protège les personnes vaccinées contre plusieurs souches d’HPV et notamment les types 16 et 18, les deux plus dangereux. Ce vaccin est recommandé et remboursé chez les jeunes filles de 11 à 14 ans, mais aussi dans le cadre du rattrapage vaccinal, chez les jeunes femmes entre 15 et 19 ans révolus, c’est-à-dire jusqu’à la veille de l’anniversaire des 19 ans. Actuellement, la couverture vaccinale contre les HPV reste insuffisante au regard des recommandations fixées par la HAS il y a 10 ans : seulement 24 % des femmes sont vaccinées selon le schéma complet. A noter que le vaccin contre les HPV est d’autant plus efficace chez les jeunes filles n’ayant jamais eu de rapport ou au début de leur vie sexuelle, lorsqu’elles n’ont pas ou peu été exposées au risque d’infection par le HPV.

Vaccin contre la papillomavirus chez l’homme

Depuis le 1er janvier 2021, la recommandation de vaccination contre les papillomavirus humains est étendue aux jeunes garçons âgés de 11 à 14 ans, quelle que soit leur orientation sexuelle. Cette vaccination a été inscrite au calendrier vaccinal 2020. Si cette recommandation entre en vigueur en 2021, elle avait été formulée par la Haute Autorité de Santé en décembre 2019 pour freiner la transmission des HPV au sein de la population générale et mieux protéger les garçons ainsi que le filles et femmes non vaccinées.

Les professionnels de santé sont ainsi invités à proposer davantage ce vaccin à chaque adolescent, fille ou garçon, que ce soit dans le cadre de programmes de vaccination ou lors d’une consultation de santé sexuelle. La HAS souhaite la mise en place d’un accès plus facile à cette vaccination, en permettant par exemple un remboursement intégral du vaccin par l’Assurance Maladie. Actuellement « le vaccin contre l’infection à papillomavirus humain (HPV) est remboursé, sur prescription médicale, à 65 %. Les organismes complémentaires interviennent habituellement pour compléter le remboursement. La vaccination peut être gratuite dans certains centres de vaccination » informait un communiqué de la CNAM en octobre 2020.

A quel âge se faire vacciner contre le HPV ?

  • Les jeunes femmes sont invitées à se faire vacciner entre 11 et 14 ans révolus, et en rattrapage entre 15 et 19 ans révolus. 
  • Les jeunes garçons de 11 à 14 ans révolus et en rattrapage entre 15 et 19 ans révolus (depuis le 1er janvier 2021).
  • Les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes sont invités à se faire vacciner jusqu’à 26 ans.
  • Les patients immunodéprimés, hommes ou femmes, sont invités à se faire vacciner entre 11 et 14 ans révolus, et en rattrapage entre 15 et 19 ans révolus. Si un enfant est candidat à une transplantation d’organe solide, la vaccination peut être faite dès l’âge de 9 ans

Quel est le nom du vaccin contre les papillomavirus ?

Il existe trois vaccins contre les papillomavirus humains : Gardasil®, Cervarix® et Gardasil 9®. Ils différent par le nombre de papillomavirus contre lesquels ils protègent : 2 à 9 selon le vaccin. Ces trois vaccins ne sont absolument pas interchangeables et toute vaccination commencée avec l’un d’entre eux doit être achevée avec le même vaccin.

Quel est le schéma vaccinal du vaccin HPV selon l’âge ?

Nom du vaccin Protège contre… Âge de la vaccination Schéma vaccinal
Gardasil® (vaccin quadrivalent) Les HPV de type 6, 11, 16 et 18 Vaccination initiée entre 11 et 13 ans révolus 2 doses espacées de 6 mois
    Vaccination initiée entre 14 et 19 ans révolus 3 doses administrées selon un schéma : 0, 2 et 6
    Pour les hommes ayant des relations avec les hommes jusqu’à 26 ans révolus 3 doses administrées selon un schéma : 0, 2 et 6
Cervarix® (vaccin bivalent) Les HPV de type 16 et 18 Vaccination initiée entre 11 et 14 ans révolus 2 doses espacées de 6 mois
    Vaccination initiée entre 15 et 19 ans révolus 3 doses administrées selon un schéma 0, 1 et 6 mois
Gardasil 9® (vaccin nonavalent) Les HPV de type 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52, 58 Vaccination initiée entre 11 et 14 ans révolus 2 doses espacées de 6 à 13 mois
    Vaccination initiée entre 15 ans et 19 ans révolus 3 doses administrées selon un schéma 0, 2 et 6 mois
    Pour les hommes ayant des relations avec les hommes jusqu’à 26 ans révolus 3 doses administrées selon un schéma 0, 2 et 6 mois

Bon à savoir : le Haut Conseil de la santé publique recommande que les jeunes filles et jeunes femmes, qui ne sont pas encore vaccinées contre le papillomavirus, reçoivent le vaccin nonavalent Gardasil 9®.

Quelle est l’efficacité du vaccin contre les papillomavirus ?

La vaccination ne protège pas contre tous les types d’HPV (il en existerait plus d’une centaine) et sa durée d’action n’est pas encore exactement connue. Comme pour tous les vaccins, il ne protège pas à 100%. Une étude publiée dans The New England Journal of Medecine et relayée par la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV) a mis en évidence en octobre 2020 la capacité du vaccin anti-HPV à éviter la survenue d’un cancer du col de l’utérus. L’étude a été réalisée en Suède et s’est basée sur l’analyse de 600 000 femmes. Les chercheurs sont parvenus à montrer une diminution de près de 50 % du risque de cancer du col de l’utérus parmi les femmes vaccinées. Le vaccin était d’autant plus efficace s’il avait été réalisé à un jeune âge (90% de réduction du risque de cancer du col de l’utérus chez les femmes vaccinées avant 17 ans). « Parce qu’il faut un délai de 10, 15 voire 20 ans d’infection HPV persistante pour qu’une femme développe un cancer du col de l’utérus, nous ne disposions pas encore d’un recul suffisant pour pouvoir correctement évaluer ce paramètre. Avec l’introduction des premières politiques de vaccination en 2006-2007, nous disposons maintenant de preuves solides« , commentaient la SFCPCV qui rappelait que la vaccination est recommandée pour toutes les jeunes filles et les jeunes garçons entre 11 et 14 ans et qu’elle peut être faite en rattrapage jusqu’à l’âge de 19 ans. La vaccination contre les HPV ne remplace pas le dépistage du cancer du col de l’utérus par frottis cervico-utérin qui reste primordial à partir de 25 ans, que l’on soit vaccinée ou non. Seul le frottis permet de détecter la présence d’une anomalie au niveau du col de l’utérus après une infection par les virus HPV et de la prendre en charge rapidement.

Quels sont les effets secondaires du vaccin HPV ?

Comme pour tous les vaccins, il existe un risque d’effets indésirables. Après l’injection, les risques les plus fréquents sont : des douleurs, des rougeurs, un gonflement ou un bleu au niveau du point d’injection, parfois associés à de la fièvre, des maux de tête, des nausées, des douleurs musculaires ou articulaires. En France, une étude de 2015 menée sur plus de 2 millions de jeunes filles menée conjointement par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Assurance maladie a confirmé que la vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) par Gardasil® et Cervarix® n’entrainaient pas de sur-risque de maladies auto-immunes et de sclérose en plaque.

Où se faire vacciner contre les HPV ?

La vaccination contre les HPV peut être réalisée :

  • par un médecin ou une sage-femme,
  • par un infirmier à condition de se munir d’une prescription médicale d’un médecin ou d’une sage-femme,
  • dans un centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd), un centre de planification familiale et certains centres de vaccination publics.

Le vaccin contre les HPV est-il obligatoire ?

Le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) n’est pas obligatoire, mais il est fortement recommandé aux jeunes filles (11 à 14 ans et en rattrapage de 15 à 19 ans), aux jeunes garçons (entre 11 et 14 ans et en rattrapage jusqu’à 19 ans) aux patients immunodéprimés et aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans. 

Sources :

– Ministère de la Santé

– Vaccination-info-service.fr

– Haute Autorité de la Santé 


Source : JDF Santé