Une uvéite correspond à l’inflammation de l’uvée dans l’oeil. Dans l’immense majorité des cas, elle est « antérieure » : l’œil est rouge, douloureux, sensible à la lumière et il y a une baisse de vision. Elle guérit à l’aide de gouttes anti-inflammatoires prescrites par un médecin (pas d’automédication !). Qu’est-ce qui provoque une uvéite ? Est-ce grave ? Comment la soigner ? Réponses.
Quelle est la définition d’une uvéite ?
« L’uvéite est un terme très générique qui correspond à une inflammation de l’uvée. L’uvée désigne toutes les structures vasculaires de l’intérieur de l’œil. qui sont : l’iris, le corps ciliaire et la choroïde« , explique d’emblée le Dr Ludovic N’Kosi, Chirurgien Ophtalmologiste, co-fondateur du Centre Ophtalmologique Paris 17 – SOS Oeil. Pour l’anecdote, l’uvée a une couleur pourpre qui ressemble à la couleur du raisin (en latin, « raisin » se dit « uva »).
Qu’est-ce qu’une uvéite antérieure ?
Pour schématiser, il y a trois parties dans l’œil : une partie « avant », une partie intermédiaire et une partie « arrière ». La partie « avant » ou « antérieure » de l’uvée est tout ce qui est en avant de l’iris (la partie qui donne la couleur de l’œil). Ainsi, quand l’inflammation touche la partie antérieure de l’iris : on parle d’uvéite antérieure. C’est l’uvéite la plus fréquente (elle représente près de 80% des uvéites). L’uvéite antérieure guérit toujours si le traitement est mis en place de façon précoce et assidu, mais elle est associée à un risque de récidive.
Qu’est-ce qu’une uvéite postérieure ?
L’uvéite postérieure correspond à l’inflammation de la choroïde et/ou de la rétine. Elle est beaucoup plus rare que l’uvéite antérieure. « C’est l’uvéite la plus grave car elle est associée à un risque accru de baisse d’acuité visuelle définitive, voire de cécité« , prévient le Dr N’Kosi. Les symptômes sont d’évolution rapide et il y a un risque de séquelles irréversibles.
Quels sont les symptômes d’une uvéite ?
► Les signes d’une uvéite antérieure (la plus fréquente des uvéites) :
- Un œil rouge
- Un œil douloureux
- Une baisse de la vision
- Une sensibilité à la lumière (photophobie) : c’est généralement le premier symptôme d’appel pour les uvéites qui récidivent.
► Les signes d’une uvéite postérieure :
- Une baisse de vision brutale ou rapidement progressive (quelques jours)
- La perception de mouches volantes (appelée « myodésopsies »), comme des petits points noirs qui passent en permanence dans le champ de vision
- L’œil n’est ni rouge ni douloureux
► Il y a aussi l’uvéite intermédiaire qui encore plus rare. Son signe principal : la perception de mouches volantes.
►Enfin, l’uvéite peut être totale (on parle alors de panuvéite), touchant les secteurs de l’œil à la fois.
L’uvéite touche-t-elle un seul œil ou les deux yeux ?
« L’uvéite antérieure touche le plus souvent un œil à la fois et quand elle récidive, peut toucher le même œil ou l’autre (et inversement). Une atteinte simultanée des deux yeux est possible, mais plus rare« , explique-t-il.
Quelles sont les causes d’une uvéite ?
« Il y a près d’une centaine de causes d’uvéites connues« , souligne notre interlocuteur. Les uvéites sont majoritairement causées :
► Soit par des infections. Les plus fréquentes sont :
- Virus de l’herpès
- Virus du zona
- Tuberculose
- Toxoplasmose
- Syphilis
► Soit par des maladies auto-immunes (pour combattre une infection, le corps développe des anticorps. Il arrive que des anticorps s’attaquent aux structures de l’œil). On peut par exemple citer :
- La sarcoïdose
- La spondylarthrite ankylosante
- La polyarthrite rhumatoïde
► Il arrive parfois que les causes sont inconnues (on parle d’uvéite idiopathique), soit parce que l’uvéite est liée à une maladie qui ne s’est pas encore manifestée chez le patient, soit parce que l’uvéite est liée à une cause qu’on ne connaît pas encore.
L’uvéite est-elle héréditaire ?
« Non, l’uvéite n’est pas héréditaire. Mais il existe des prédispositions génétiques, autrement dit, des terrains génétiques qui favorisent les maladies auto-immunes pourvoyeuses d’uvéites« , rétablit le Dr N’Kosi.
Comment diagnostique-t-on une uvéite ?
Dans le cas d’une uvéite antérieure : si l’œil rouge et les douleurs peuvent être supportables pour certains patients, la photophobie entraîne généralement une consultation en urgence. Le diagnostic d’une uvéite est fait par l’ophtalmologiste qui va mesurer l’acuité visuelle du patient et faire un examen de l’œil (à la lampe à fente pour la partie antérieure et à l’aide d’un fond d’œil pour la partie postérieure. « Les uvéites postérieurs et intermédiaires peuvent être un peu plus traîtres et insidieuses car les patients peuvent ne pas s’en rendre compte (l’uvéite est généralement unilatérale et touche qu’un seul des deux yeux). Il peut donc y avoir un retard de diagnostic », ajoute notre interlocuteur.
Quel traitement pour soigner une uvéite ?
La prise en charge dépend du type d’uvéite, l’uvéite antérieure étant, rappelons-le, beaucoup plus fréquente que l’uvéite postérieure ou intermédiaire. « La prise en charge d’une uvéite antérieure est en ambulatoire (sans hospitalisation) et consiste en l’administration de gouttes anti-inflammatoires dans l’œil plusieurs fois par jour (en général, une fois par heure pendant les 48 premières heures et après on diminue progressivement selon la récupération du patient). Le traitement dure au grand minimum un mois (en pratique, il dure plutôt 1 mois et demi-2 mois pour éviter un « rebond inflammatoire »). Il faut poursuivre le traitement jusqu’au bout même si ça va mieux. L’uvéite postérieure, qui est plus grave, nécessite souvent une hospitalisation pour pouvoir administrer les médicaments par les veines (et atteindre le fond de l’œil, là où il y a l’inflammation, ndlr). L’hospitalisation permet également une surveillance accrue et rapprochée en cas de perte de vision ou si on se rend compte que le traitement ne fonctionne pas correctement« , nous explique le chirurgien ophtalmologiste. Si l’uvéite est de cause infectieuse, il convient bien entendu de traiter l’infection en cause.
Les symptômes s’estompent au bout d’une semaine avec le traitement.
► Attention : dans la majorité des cas, une uvéite récidive. Cependant, il ne faut pas s’auto-médiquer (un patient peut avoir un fond de traitement qui lui reste chez lui par exemple). « C’est très mauvais car le traitement nécessite d’être pris selon un protocole défini. Pris seul, sans consulter un ophtalmologiste, il y a un risque d’effets secondaires liés au traitement qui peuvent être graves (sur le long terme, les complications peuvent être le glaucome et la cataracte)« , insiste notre interlocuteur.
Quel est le temps de guérison d’une uvéite ?
« En général, environ une semaine après la mise en place du traitement, les symptômes s’estompent et le patient va beaucoup mieux. Toutefois, s’il arrête le traitement brutalement, il repart à zéro et l’uvéite ne sera pas guérie. Il faut donc faire une décroissance progressive du traitement jusqu’au bout pour ne pas que l’inflammation revienne« , insiste l’expert.
Est-ce grave ? Quelles complications ?
Généralement, les uvéites antérieures guérissent toujours quand le traitement est pris dans les temps et de manière assidue. Néanmoins, les symptômes d’une uvéite ne disparaissent pas tout seuls. « Sans prise en charge, ils peuvent s’aggraver et entraîner des complications : hypertension oculaire, décollement de rétine et baisse d’acuité visuelle définitive ou cécité. Il y a également les complications liées au traitement de l’uvéite qui sont la cataracte et le glaucome« , indique le Dr N’Kosi.
Comment prévenir une uvéite ?
« Il n’y a aucun geste de prévention pour éviter d’avoir une uvéite« , répond le chirurgien ophtalmologiste. Les personnes qui n’ont jamais eu d’uvéite peuvent tarder à consulter car elles ne savent pas toujours reconnaître une uvéite. En revanche, pour les personnes qui ont des antécédents d’uvéite, elles doivent consulter rapidement dès qu’elles ressentent les premiers symptômes (en général, le premier symptôme est la sensibilité à la lumière) afin de débuter un traitement précoce. Plus le traitement est mis en place tôt, moins il sera long. La durée totale du traitement dépend du niveau d’inflammation qui lui même dépend du moment où le diagnostic a été fait.
Merci au Dr Ludovic N’Kosi, Chirurgien Ophtalmologiste, Cataracte, paupières et réfractive, Centre ophtalmologique Paris 17 – SOS Œil
Source : JDF Santé