Les troubles de la vision désignent toutes les pathologies qui affectent la vue. Myopie, presbytie, hypermétropie, cataracte… les problèmes de vue sont nombreux. Si certains troubles sont liés directement à la vision, d’autres ont des causes sous-jacentes plus ou moins graves, qu’il faut déterminer pour mettre en place le traitement adéquat. Quelle que soit l’origine du trouble visuel, il est indispensable de consulter un ophtalmologue dès lors que vous présentez des pertes de vue, une vision floue ou encore des maux de têtes. Quels sont les différents troubles de la vision ? Qu’est-ce qui peut provoquer des troubles de la vision ? Comment les traiter ? On fait le point.
Définition : quels sont les différents troubles de la vision ?
► Près de la moitié des Français porte des lunettes ou des lentilles de contact. La plupart des problèmes sont dus à une mauvaise courbure de la cornée ou à une anomalie de la longueur axiale de l’œil.
► La myopie est caractérisée par une diminution de l’acuité visuelle de loin. La vision de près est normale. L’œil est « trop long », l’image se forme en avant de la rétine. La myopie se corrige par des verres (ou des lentilles) divergents.
► L’hypermétropie désigne le fait que l’acuité visuelle est diminuée à toute distance mais encore plus dans la vision de près. L’œil est « trop court », l’image se forme en arrière de la rétine. L’hypermétropie se corrige par des verres (ou des lentilles) convergents. Chez les jeunes, l’hypermétropie peut passer inaperçue : pas de baisse de vision car le cristallin compense en accommodant.
► Associé à la myopie et/ou à l’hypermétropie, l’astigmatisme est dû à une anomalie de la forme de la cornée. La vision est perturbée de près comme de loin. L’image se forme en deux points de la rétine. Il se corrige par de verres dits « cylindriques », capable de modifier la réfraction dans deux axes différents.
► Due à l’âge, la presbytie se caractérise par une baisse d’acuité visuelle de près. L’image se forme en arrière de la rétine (comme dans l’hypermétropie), le cristallin n’étant plus capable d’accommoder suffisamment. Le Docteur Gomez rappelle que la presbytie « survient pour 90% des patients à l’âge de 42 ou 43 ans ».
Qu’est-ce qui peut provoquer des troubles de la vision ?
► La maladie de Horton fait partie des maladies auto-immunes, dont les causes sont encore inconnues. Une artérite temporale peut entraîner dans les cas les plus graves la perte brutale, partielle ou totale de la vision d’un œil (cécité). Cette complication intervient dans 10% des cas si un traitement n’est pas mis en place rapidement. « Il s’agit d’une véritable urgence médicale pour l’œil« précise l’ophtalmologue.
► Le vieillissement du cristallin est la principale cause de la cataracte qui est donc essentiellement liée à l’âge des patients. Elle ne survient pas avant 63 ans dans près de 90% des cas. On compte également d’autres facteurs de risques : une exposition importante et régulière aux rayonnements solaires (sans protection des yeux), certains troubles alimentaires (consommation excessive d’alcool) ou encore le diabète sucré et l’obésité.
► Le Docteur Gomez explique que d’autres facteurs de risque existent : « Une cataracte peut également être provoquée par un traitement corticoïde pris à long terme mais aussi par un gros traumatisme. Dans ce cas d’un accident ou d’un coup violent, on parlera alors de cataracte traumatique. » L’opacification du cristallin de l’œil entraîne une moins bonne perception des couleurs et des contrastes. Cette perte est accompagnée d’une sensation de voile devant les yeux. Ce voile a tendance à s’assombrir à mesure que la maladie évolue. Parmi les autres conséquences à moyen et plus long terme : une sensation de gêne à la lumière (photophobie) et, en l’absence de traitement, la cécité.
► Le glaucome chronique est fréquemment associé à une hypertonie oculaire, qui se définit par une pression intra-oculaire anormale. Celle-ci est causée par la dégénérescence du trabéculum, un tissu fibreux qui lorsqu’il vieillit, résorbe moins vite l’humeur aqueuse. D’autres facteurs (notamment génétiques) sont en causes dans la fragilisation du nerf optique, à l’origine d’un glaucome chronique. Enfin, certaines maladies chroniques (diabète et/ou hypertension artérielle) prédisposent également à l’apparition d’un glaucome chronique. « Une perte de la vision périphérique qui avance progressivement est le symptôme le plus important du glaucome » poursuit le Docteur Gomez. Glaucome chronique ou glaucome aigu ? Forme la plus fréquente de glaucome (80 à 90% des cas), le glaucome chronique non traité évolue systématiquement vers une dégénérescence des fibres nerveuses qui relient les cellules de la rétine au cerveau. Les dommages sont irréparables : la complication la plus grave d’un glaucome chronique est donc la perte irréversible de la vision. Plusieurs facteurs prédisposent par ailleurs à l’apparition d’un glaucome aigu (ou « glaucome par fermeture de l’angle ») comme l’hypermétropie, la cataracte et le terrain génétique. La forme aiguë du glaucome est une urgence : en effet, un glaucome aigu peut entraîner la cécité en 48 heures par compression de la papille de la rétine.
► La sclérose en plaques (SEP) est souvent en cause dans l’apparition d’une névrite optique, qui a également des origines infectieuses (ex : syphilis, herpès), auto-immunes et médicamenteuses. La névrite optique peut également être secondaire à une vascularite. Dans la grande majorité des cas de névrite optique, la vision s’améliore spontanément, même sans traitement. Chez moins d’un patient sur dix, la vision peut néanmoins continuer à se dégrader au cours du temps (vision sombre ou déformée).
► La cause d’une vision floue est accidentelle : projection d’un corps solide ou liquide dans l’œil. La conséquence est une perte de la vision partielle ou totale de l’œil touché.
► Un traumatisme oculaire est la cause la plus fréquente d’un décollement de la rétine chez les sujets jeunes. Certains facteurs de risque prédisposent à cette pathologie : comme la myopie (forte) et un antécédent d’opération sur la cataracte. Sans traitement chirurgical rapide (sous 7 jours) ou en cas d’atteinte grave, un décollement de la rétine conduit à la formation d’excroissances fibreuses liée à la rétractation du vitré. Dans ce cas, la vue continue de baisser jusqu’à la perte totale de l’usage de l’œil. Plus le décollement de la rétine est ancien, moins les chances de récupération de l’acuité visuelle sont importantes.
► La kératite peut être causée par un virus du groupe herpès, un adénovirus, certains amibes (transmis par des lentilles de contact souillées), certains rayonnements (UVB), ou divers produits chimiques mis en contact avec l’œil. Une atteinte profonde de la cornée en cas de kératite peut entraîner des séquelles visuelles (vision déformée), car la cicatrisation diminue parfois la transparence de la cornée.
► Les causes de la rétinite pigmentaire ne sont pas encore clairement établies, même si cette maladie a un caractère héréditaire. Le Docteur Gomez évoque toutefois deux facteurs de risques supplémentaires : « Une infection (toxoplasmose, herpès, cytomégalovirus, tuberculose) ou certaines maladies auto-immunes, comme la sarcoïdose peuvent être à l’origine d’une rétinite. » La rétinite pigmentaire évolue généralement assez lentement, sur plusieurs dizaines d’années. Certaines formes de rétinite peuvent mener à la cécité. Dans d’autres cas, les personnes atteintes conservent une partie du champ visuel jusqu’à un âge avancé.
► L’uvéite est plus souvent causée par une infection (herpès, varicelle et zona) et la forme antérieure de la maladie peut être causée par différentes maladies chroniques : sarcoïdose, spondylarthrite ankylosante, maladie de Crohn, etc. Dans les formes les plus graves, les uvéites sont susceptibles d’entraîner une baisse irréversible de la vision ou de provoquer des glaucomes, des problèmes au niveau du nerf optique ou de la rétine, ou une cataracte.
► L’origine exacte d’une migraine ophtalmique est encore méconnue. Ses symptômes, s’ils sont très handicapants, sont heureusement transitoires, comme l’explique le Docteur Gomez : « Elle occasionne une perte temporaire de la vision au niveau périphérique qui va avancer vers le centre. Puis la vision redevient normale après la crise. » Des causes physiques (vasodilatations, ou vasoconstriction des vaisseaux au niveau crânien) et héréditaires auraient un rôle dans le déclenchement de la maladie, de même que certains facteurs comme le manque de sommeil ou le stress. Les épisodes de migraines ophtalmiques n’ont pas de conséquences directes graves, mais ils peuvent mener à une automédication non pertinente, avec risque d’accoutumance à certains médicaments comportant de nombreux effets secondaires.
► Les causes de la diplopie binoculaire (vision double) sont multiples mais le Docteur Gomez rappelle que « les plus fréquentes sont l’hypertension artérielle et le diabète ». On note également le rôle délétère d’une consommation excessive d’alcool mais la diplopie peut aussi être liée à la présence du kyste derrière l’œil, à un traumatisme, à une atteinte neurologique, à une inflammation ou à une maladie d’un muscle de l’œil, ou la maladie de Basedow. L’astigmatisme, la cataracte et la tache de la cornée sont plus souvent en cause dans l’apparition de la diplopie monoculaire.
► Choroïdite : la choroïdite (uvéite postérieure) est liée à différentes infections d’origines bactériennes, virales ou parasitaires. La toxoplasmose est la cause de choroïdite la plus fréquente.
► Dégénérescence maculaire : les causes précises de la DMLA sont encore inconnues. Plusieurs facteurs génétiques, et d’autres facteurs encore mal identifiés, jouent un rôle dans le développement de la maladie à partir de 60 ans. La DMLA conduit à « une perte d’acuité visuelle centrale » mais occasionne rarement une cécité totale, dans la mesure où la majorité des personnes atteintes conserve une certaine vision périphérique.
Quand consulter pour des troubles de la vue ?
Si vous éprouvez des difficultés à lire, à comprendre les sous-titres au cinéma, que vous avez des maux de tête inexpliqués, un rendez-vous chez l’ophtalmologue peut être l’occasion de faire un bilan. Dans les cas plus sérieux : perte subite de la vision, douleur intense, écoulement anormal, vision floue, une consultation en urgence s’impose.
Comment traiter un trouble de la vision ?
Le traitement des troubles de la vision dépendra de leur nature et de leur origine. Si une simple correction avec des verres correcteurs ou des lentilles de contact peut être suffisante (hypermétropie, presbytie, myopie, astigmatisme), dans d’autres cas un traitement à base de corticoïdes, pour la Maladie de Horton par exemple, peut être nécessaire. D’autres pathologies nécessiteront une prise en charge chirurgicale, c’est notamment le cas de la cataracte.
Merci au Docteur Pablo Gomez, chef médical. Clinique Ophtalmoexpert, Mérignac.
Source : JDF Santé