Trouble neurovisuel : cause, autisme, rééducation

Qu’est-ce qu’un trouble neurovisuel ?

Un trouble neurovisuel est un trouble oculaire dont l’origine est cérébrale, et n’est donc pas lié à une lésion aux yeux. « La vue en elle-même rentre par l’œil et passe ensuite par une sorte de fil électrique, le nerf optique, pour aller jusqu’à la partie postérieure du cerveau« ,  nous explique Michel Vastene, neurologue à propos des mécanismes qui entrent dans le développement de ce problème de santé. Avant de détailler : « Dans le cerveau, trois nerfs sur douze innervent les muscles moteurs des yeux. » Ce sont eux qui permettent le traitement des informations perçues par les yeux. Le dysfonctionnement de l’un deux peut causer certains troubles neurovisuels.

Quels sont les symptômes d’un trouble neurovisuel ?

Les symptômes dépendent toujours du type de trouble neurovisuel. Parmi eux, on compte : 

  • Une baisse d’acuité visuelle
  • Une perte brutale de la vision d’un oeil ou deux
  • La vue de points noirs ou de tâches dans son champ de vision
  • Une vision floue
  • Un strabisme
  • Une diplopie (voir deux images au lieu d’une)
  • Des hallucinations dans de rares cas extrêmes (épilepsie)
  • Une photophobie, soit une sensibilité accrue à la lumière
  • Des céphalées

​​​​​​Quelles sont les causes d’un trouble neurovisuel ?

► La cause la plus courante d’un trouble neurovisuel est la migraine ophtalmique. Le neurologue retrace : « On va voir des points noirs, des tâches, un flou visuel ou des choses brillantes qui passent devant l’œil, puis les céphalées vont apparaître. » Des hallucinations visuelles (plus élaborées) peuvent aussi être causées par l’épilepsie, fait-il savoir.

► Dans les troubles du neurodéveloppement, des problèmes s’apparentant à des troubles neurovisuels peuvent se manifester. Des études sont conduites actuellement pour trouver de nouvelles approches thérapeutiques, en tenant compte de ces soucis. Chez les personnes présentant des troubles du spectre autistique, on peut parler de troubles du contact visuel. Il arrive que ces dernières aient du mal à rencontrer le regard de leurs interlocuteurs, ou à fixer leur regard sur un objet. Dans la dyslexie, qui cause des difficultés d’apprentissage de la lecture, on constate un déficit des capacités visuo-attentionnelles, et une confusion entre certaines lettres.

► Le Dr. Vastene cite aussi la consommation d’alcool et de tabac comme les causes de la neuropathie optique alcoolo-tabagique, soit une perte de fonctionnalité du nerf optique.

►  Dans certains cas, une perte de vision brutale d’un œil ou deux peut faire penser à un accident ischémique transitoire (AIT), soit un début d’AVC. Une perte de vision peut aussi être causée par un kyste cérébral. Un mal de tête brutal, une mydriase (dilatation de la pupille) et une paralysie d’un œil sont aussi des signes d’anévrisme. Il est primordial de consulter en urgence, si ces symptômes surviennent.

Comment diagnostique-t-on un trouble neurovisuel ? 

La première étape pour diagnostiquer un trouble neuro visuel est de se rendre chez son médecin généraliste, hors cas d’extrême urgence. Celui-ci pourra prescrire des examens ou réorienter vers un ophtalmologue, un neurologue ou un neuro-ophtalmologue, après un interrogatoire poussé. Au spécialiste d’examiner la santé visuelle de son patient via des examens comme un ophtalmoscope qui permet d’observer le fond des yeux, une analyse des champs visuels ou encore un test d’acuité visuelle (lecture de lettres de tailles plus ou moins petites). Une angiographie permet également d’observer les artères des yeux, si besoin. Du côté neurologique, un scanner ou une IRM peuvent être prescrits. Le tout sera fait dans un parcours de diagnostic pluridisciplinaire, par le biais d’une jonction entre neurologues, ophtalmologues et radiologues. En cas de troubles du neurodéveloppement, un bilan orthoptique peut être proposé. Ce choix thérapeutique ne fait toutefois pas encore consensus au sein de la profession, et une étude a été lancée au mois d’avril 2023 par le ministère de la Santé, pour définir une stratégie nationale dans leur diagnostic et leur traitement.

Une surconsommation de café ou de thé peut aussi être à l’origine de ce trouble neurovisuel

Quel traitement pour soigner un trouble neurovisuel ?

Lorsqu’un patient souffre de migraines ophtalmiques, le médecin s’assure d’abord que l’apparition de celles-ci ne sont pas dues à une mauvaise hygiène de vie : règles hygiénodiététiques, fatigue, manque de sommeil, consommation de chocolat blanc ou encore de vin blanc… Une surconsommation de café ou de thé peut aussi être à l’origine de ce trouble neurovisuel. Dans d’autres cas, il est causé par la prise d’un contraceptif œstroprogestatif. Si ces facteurs entrent en causes, il faudra les éliminer ou leur trouver une alternative. Une fois l’interrogatoire terminé, des anti-inflammatoires non-stéroïdiens peuvent être prescrits, ou encore des triptans, spécialement formulés pour lutter contre les migraines. Attention toutefois à ne pas les prendre pendant des phases d’aura, car « ils agissent sur les artères et les spasmes de l’aura peuvent laisser des troubles permanents« , met en garde Michel Vastene. Concernant les troubles du neurodéveloppement, la Société Francophone d’Etude et de Recherche en Orthoptie (Sfero) conseille de lancer un processus de rééducation orthoptique, pour améliorer les compétences visuomotrices et développer des stratégies de compensation.

Merci au Dr. Michel Vastene, neurologue à la Clinique du Parc de Castelnau-le-lez.


Source : JDF Santé