Définition : qu’est-ce qu’un trouble de l’humeur ?
On appelle trouble de l’humeur toute manifestation anormale en lien avec l’humeur d’un individu. On parle également de trouble affectif de l’humeur. Les troubles de l’humeur sont assez nombreux. Les plus fréquents sont la dépression et le trouble bipolaire. Les troubles de l’humeur sont fréquemment associés à des problématiques de dépendance (drogues, alcool, benzodiazépines). Les femmes sont plus touchées par les troubles de l’humeur que les hommes, notamment pour la dépression. « L’humeur est une disposition affective qui colore ce que l’on vit, ce que l’on fait et ce que l’on pense de manière agréable ou désagréable. L’humeur revêt une triple dimension avec l’aspect émotionnel, l’aspect physique (douleurs, troubles du sommeil et de l’appétit), et l’aspect cognitif (difficultés à penser, à se concentrer, à réfléchir). Les troubles de l’humeur affectent ces trois champs« , commente le Dr Hélène Richard-Lepouriel, psychiatre.
Les troubles de l’humeur sont-ils reconnus par le DSM5 ?
Dans le DSM4, il y avait une grande catégorie intitulée troubles de l’humeur qui regroupait la dépression et les troubles bipolaires. Dans le DSM5, les troubles de l’humeur sont scindés en deux catégories distinctes : les troubles bipolaires et les troubles dépressifs. L’expression « troubles de l’humeur » n’apparait plus.
Quelle est la liste des troubles de l’humeur ?
Les troubles de l’humeur sont divisés en deux groupes :
► Les troubles bipolaires : ce sont des personnes qui, à certains moments de leur vie, vont avoir des épisodes dépressifs, se sentir tristes, anxieux, parfois avoir des idées suicidaires, éprouver des difficultés pour s’endormir, perdre du poids. Puis, à d’autres moments, ils vont présenter une exaltation de l’humeur (hypomanie ou manie), à l’opposé de la phase dépressive. Ils sont en forme, très euphoriques, très confiants, ils réfléchissent et parlent vite, dorment peu et ont beaucoup d’énergie. « Contrairement à une croyance populaire, la bipolarité ne correspond pas à une oscillation permanente entre ces deux états, comme le ferait une personne dite « lunatique » ou souffrant de dérégulation émotionnelle qui changerait d’état émotionnel d’une minute à l’autre. Ces phases s’inscrivent sur de longue durée et sont entrecoupées de phases de stabilité« , nuance la psychiatre.
► Le trouble unipolaire ou trouble dépressif caractérisé : le sujet va faire un ou plusieurs épisodes dépressifs au cours de sa vie, sans jamais avoir d’épisodes d’exaltation de l’humeur.
Quelle est la cause d’un trouble de l’humeur ?
« La notion de causalité ne peut pas être appliquée aux troubles de l’humeur. On parle plutôt de facteurs favorisants », rectifie d’emblée la spécialiste. Plusieurs hypothèses sont émises : des phénomènes de vulnérabilité génétique, des facteurs environnementaux (stress, traumatismes précoces de l’enfance, deuil, chômage, rupture affective) pourraient précipiter l’apparition d’un trouble de l’humeur. Au niveau neuroanatomique, on raisonne à la fois sur la structure et sur la connectivité cérébrale. « Il y aurait probablement des structures qui seraient modifiées chez les personnes présentant des troubles de l’humeur (notamment l’amygdale qui gère les aspects émotionnels) et des modifications fonctionnelles. Autre piste, les altérations monoaminergiques avec la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline, les trois grands neurotransmetteurs qui seraient impliqués. D’autres théories autour de l’inflammation ou du stress oxydatif sont avancées. Il existe un vaste champ d’exploration mais pas suffisamment de données pour définir actuellement des causes précises et avoir des marqueurs diagnostiques autre que cliniques », continue-t-elle.
Qui consulter en cas de trouble de l’humeur ?
En première intention, le médecin généraliste. Ces derniers sont de mieux en mieux formés pour diagnostiquer un épisode dépressif et le traiter quand il n’est pas encore trop sévère. S’il le juge nécessaire, il pourra orienter son patient vers un psychiatre.
Comment diagnostiquer un trouble de l’humeur ?
Le diagnostic d’un trouble de l’humeur est essentiellement clinique. Il n’y a pas encore d’imagerie ni de biomarqueur plasmatique. Le psychiatre évalue les symptômes, leur durée, leur intensité et leur retentissement sur la vie quotidienne du patient.
Comment soigner un trouble de l’humeur ?
La prise en charge d’un épisode aigu consiste à stabiliser l’humeur et à prévenir le risque de rechute qui est très important. « En pratique, un traitement stabilisateur de l’humeur est administré pour le trouble bipolaire et un traitement antidépresseur est prescrit pour les épisodes dépressifs d’intensité modérée à sévère. La psychoéducation est également primordiale : avoir une bonne connaissance de ce qu’est la maladie, de la manière dont on peut agir est essentiel. Un travail psychothérapeutique est aussi recommandé« , détaille le Dr Hélène Richard-Lepouriel. Dans tous les cas, le traitement sera ajusté en fonction de l’évolution du trouble de l’humeur en question.
Merci au Dr Hélène Richard-Lepouriel, psychiatre responsable de l’Unité des troubles de l’humeur des HUG.
Source : JDF Santé