Trouble Anxieux Généralisé : symptômes du TAG, s'en sortir ?

Un trouble anxieux généralisé (ou TAG) se caractérise par un sentiment persistant d’insécurité, une inquiétude permanente et excessive qui a un impact sur les activités quotidiennes. Le TAG peut s’accompagner de symptômes physiques, comme une agitation, une nervosité, des difficultés de concentration, des tensions musculaires ou des troubles du sommeil, liste l’Inserm. 

Quelle est la définition d’un Trouble Anxieux Généralisé (selon le DSM-5) ? 

Le Trouble Anxieux Généralisé (TAG) fait partie de la catégorie des troubles anxieux. « Selon le manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM-5), il se caractérise par la présence d’une anxiété et de soucis excessifs survenant la plupart du temps durant au moins 6 mois« , explique le Dr Pierre-Louis Sunhary de Verville, Interne en Psychiatrie au moment de l’interview. La personne éprouve des difficultés à contrôler ses préoccupations« . Pour que le diagnostic soit posé, au moins trois symptômes parmi les suivants doivent être présents la plupart du temps depuis 6 mois :

  • agitation/sensation d’être survolté ou à bout,
  • fatigabilité,
  • difficultés de concentration ou trous de mémoire,
  • irritabilité,
  • tension musculaire,
  • perturbation du sommeil (difficultés à l’endormissement, réveils nocturnes fréquents, sommeil agité, sensation subjective de sommeil inefficace).

« Comme pour les autres troubles psychiatriques, ces symptômes doivent altérer le fonctionnement habituel de la personne (sphère sociale, professionnelle, familiale), ne doivent pas être le résultat d’une prise de substances psychotropes et ne doivent pas être mieux expliqués par un autre trouble mental« , précise notre interlocuteur.

Quels sont les symptômes physiques d’un TAG ?

Le trouble anxieux généralisé peut entrainer des symptômes physiques (manifestations corporelles de l’anxiété) et psychiques :

  • Perturbations de l’appétit et du sommeil
  • Maux de tête, majoration des migraines chez les migraineux
  • Douleurs musculaires, crampes
  • Troubles digestifs (douleurs, gêne abdominale, transit altéré, syndrome de l’intestin irritable)
  • Fatigue
  • Hypervigilance et sursauts
  • Palpitations
  • Tremblements
  • Nausées
  • Transpiration excessive
  • Mains moites
  • Vertiges
  • Sensations d’étouffement

« Le TAG est souvent associé à d’autres troubles psychiatriques au premier rang desquels figurent les autres troubles anxieux (ex : phobie sociale, trouble panique) et l’épisode dépressif (qui peut également être une complication du TAG), poursuit le Dr Guillaume Fond, Psychiatre. Il peut être associé ou entrainer des troubles addictifs (tabac, alcool, benzodiazépines) selon la théorie de l’automédication (utiliser certains produits pour alléger ses symptômes)« . Il peut enfin être associé à tous les autres troubles psychiatriques (trouble bipolaire par exemple), ce qui est le cas le plus fréquent (il est très rare d’identifier un TAG sans comorbidité psychiatrique).

Quelles sont les causes d’un TAG ?

Comme les autres maladies psychiques, le TAG est le résultat d’une interaction entre une vulnérabilité personnelle et l’environnement de la personne. « La vulnérabilité personnelle est le plus souvent génétique : tempérament anxieux, sensibilité au stress par exemple, souligne le Dr Sunhary de Verville. Les patients souffrant de TAG peuvent présenter des troubles de la personnalité anxieux comme la personnalité évitante ou la personnalité dépendante« . Les contraintes environnementales peuvent être professionnelles, familiales, sociales par exemple. Il peut aussi s’agir de traumatismes psychiques ou d’évènements de vie négatifs.

Quels sont les profils les plus à risque d’avoir un TAG ?

Les facteurs de risques les mieux étudiés sont :

  • Le faible statut socio-économique
  • Le sexe féminin
  • L’exposition à des traumatismes dans l’enfance (entre autres : maltraitance, négligence, violence physique, abus sexuels et alcoolisme parental)

Ils ne sont pas spécifiques du TAG (autres troubles anxieux, troubles de l’humeur).

Comment pose-t-on le diagnostic d’un TAG ? Y a-t-il un test ?

Le diagnostic positif de TAG est clinique. « Le médecin doit cependant éliminer une cause physique aux symptômes rencontrés et s’assurer qu’ils ne sont pas en lien avec un autre trouble mental qui expliquerait mieux leur présence (un autre trouble anxieux par exemple) », précise le Dr Fond. Bien que cela ne soit pas nécessaire au diagnostic, le médecin peut s’aider de différentes échelles d’évaluation de l’anxiété (comme l’échelle d’anxiété de Hamilton par exemple). « Le médecin devra également dépister la présence d’autres troubles anxieux et d’un épisode dépressif, fréquemment concomitants au TAG. S’ils sont présents, ces troubles devront également être traités », précise-t-il. Si le TAG n’entraine que très rarement une hospitalisation, l’épisode dépressif qui l’accompagne peut nécessiter dans certains cas cette mise à l’écart afin de protéger le patient.

Comment soigner un trouble anxieux généralisé ?

La stratégie la plus efficace consiste en l’association d’un traitement antidépresseur avec une thérapie cognitive et comportementale (TCC). En l’absence de prise en charge, le TAG est d’évolution le plus souvent chronique, avec toutefois des fluctuations (atténuation puis majoration de l’anxiété). Dans un premier temps, il est important de rappeler au patient les règles indispensables lorsque l’on souffre d’un trouble mental :

→ Arrêt des excitants (café, tabac, alcool, et toute autre substance psychoactive)

→ Pratique d’une activité physique régulière : 150 minutes par semaine d’activité modérée (légère accélération du rythme cardiaque) en 2 ou 3 séances ou 75 minutes d’activité intense (grande accélération du rythme cardiaque)

→ Régime alimentaire équilibré de type méditerranéen (riche en légumes, légumineuses, privilégiant l’huile d’olive pour l’assaisonnement, incluant deux portions de poisson par semaine et limitant les viandes, les aliments transformés et la junk food)

→ Avoir une bonne hygiène de sommeil (par exemple : coucher et réveil à heures fixes, pas d’écran avant le coucher, ne pas rester au lit lorsque l’on est éveillé)

Quels sont les médicaments pour soigner un TAG ?

Le traitement médicamenteux du TAG repose sur la prescription d’un traitement antidépresseur. « Contrairement à ce que pourrait faire penser son nom, l’antidépresseur n’est pas réservé aux épisodes dépressifs, rappelle le Dr Fond. Il est efficace dans de nombreux troubles anxieux, dont le TAG. Son efficacité n’est pas immédiate. Il peut nécessiter une prise régulière de 4 à 6 semaines avant que les premiers effets n’apparaissent, bien que les améliorations soient observées le plus souvent avant ce délai. Le traitement prescrit devra être pris pendant une durée minimum de 6 à 12 mois, au terme de laquelle il sera diminué très progressivement en accord avec le médecin« . Ce dernier pourra éventuellement prescrire en association avec le traitement de fond antidépresseur, un traitement anxiolytique à utiliser uniquement lors des moments d’anxiété aigu invalidante. « Il s’agit des benzodiazépines, qui ne sont pas des traitements au long cours du TAG. Leur prescription sera limitée dans le temps, du fait du potentiel addictogène de ces molécules. L’hydroxyzine, qui n’entraîne pas de dépendance, peut se présenter comme une alternative aux benzodiazépines mais présente des inconvénients« , précise notre interlocuteur. Cependant son efficacité est inconstante et elle peut se révéler très sédative chez certaines personnes.

Quelle thérapie pour soigner un TAG ?

La psychothérapie est recommandée en adjonction ou en alternative aux antidépresseurs. « Les psychothérapies cognitives et comportementales ont fait la preuve de leur efficacité dans le TAG, rappelle le Dr Sunhary de Verville. Elles se centrent entre autres sur la gestion des émotions, la restructuration des pensées dysfonctionnelles, la résolution de problèmes, les exercices de tolérance à l’incertitude, la relaxation. La réduction du stress basé sur la pleine conscience (MBSR en anglais) est une psychothérapie cognitive et comportementale qui a prouvé son efficacité dans le traitement des troubles anxieux. Elle permet d’abaisser les seuils d’anxiété, et favorise la concentration sur le moment présent. Par-là, elle aide le patient à ne plus se centrer uniquement sur ses ruminations passées et sur ses inquiétudes du futur. La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT en anglais) est une thérapie cognitive et comportementale qui la recentration de la personne sur les actions qui sont en accord avec ses valeurs personnelles profondes. Elle inclut des exercices de pleine conscience, et permet au patient de défusionner des idées dysfonctionnelles et ses vérités émotionnelles« . Les actions ayant pour but d’échapper à l’angoisse sont remplacées par des actions dirigées vers les valeurs.

Quels sont les remèdes naturels pour soigner un TAG ?

Des méthodes de relaxation peuvent être utilisées afin d’aider le patient à gérer son anxiété. Ainsi, la sophrologie, la relaxation, la respiration abdominale et la respiration au carré sont autant de clefs qui pourront aider le patient dans la gestion de ses émotions.

Merci au Dr Pierre-Louis Sunhary de Verville, Interne en Psychiatrie chez APHM (Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille) et au Dr Guillaume Fond (psychiatre enseignant chercheur à l’AP-HM et auteur de « Je fais de ma Vie un Grand Projet » Ed. Flammarion)


Source : JDF Santé