Thrombocytose : cause, bilan, est-ce grave ?

Définition : qu’est-ce qu’une thrombocytose ? 

La thrombocytose (aussi appelée hyperplaquettose) correspond à une augmentation du nombre de plaquettes dans le sang. La norme du taux de plaquettes sanguines se situant entre 150 et 400 G/L de sang, on parle de thrombocytose lorsque celui-ci dépasse 450 G/L.

Quelles sont les causes possibles d’une thrombocytose ?

Il y a plusieurs étiologies à la thrombocytose :

  • elle peut être exceptionnellement familiale 
  • elle peut être réactionnelle à une inflammation
  • elle peut être due à une carence en fer (dans 90 % des cas)
  • elle peut être associée à une maladie de la moelle osseuse qui fabrique les plaquettes. On parle alors de thrombocytémie essentielle. « Celle-ci est rare et correspond à une élévation durable des plaquettes. On observe souvent des mutations. Elle correspond à un syndrome myéloprolifératif« , ajoute le Dr Sylvain Choquet, hématologue à la Pitié-Salpêtrière.

La thrombocytose réactionnelle peut apparaître dans certains contextes : stress, effort physique intense. Certaines maladies peuvent aussi être pourvoyeuses de thrombocytose comme les infections bactériennes (25 % des thrombocytoses), les maladies inflammatoires articulaires de type polyarthrites chroniques ou de l’intestin : rectocolite hémorragique (RCH)… ou encore les cancers.

Quels sont les symptômes d’une thrombocytose ?

« La plupart du temps, il n’y a aucun symptôme, surtout si la thrombocytose est modérée », répond notre interlocuteur. Les plaquettes jouent un rôle important dans la coagulation. Si elles sont très élevées ( ≥ 1 million de plaquettes dans le sang – la norme est de 150 000 à 400 000/mm3), elles sont très souvent liées à une thrombocytémie essentielle ou à des maladies proches, et rarement à des situations réactionnelles. Quand il y en a trop, comme dans la thrombocytémie essentielle, on risque à court terme avant tout de voir se former des caillots sanguins dans les vaisseaux, des caillots qui peuvent migrer et boucher une artère du cerveau, par exemple, provoquant une thrombose, une embolie pulmonaire ou un accident vasculaire cérébral (AVC)… Cette forte élévation des plaquettes peut également provoquer des saignements.

En quoi consiste le bilan sanguin réalisé pour diagnostiquer une thrombocytose ?

Quand un ou une patiente arrive en consultation avec des plaquettes élevées suite à un bilan sanguin, un examen clinique doit être réalisé :

Si on constate au toucher une grosse rate, le diagnostic va vite être orienté vers une thrombocytémie essentielle ou une autre maladie hématologique.

Si l’examen ne trouve rien de particulier, les causes les plus fréquentes seront d’abord éliminées, surtout si c’est une personne qui n’est pas très âgée : un bilan inflammatoire et un bilan martial vont être réalisés.

S’ils sont négatifs, « la recherche de mutations (Jak2, MPL et CALR) va être demandée afin d’envisager une thrombocytémie essentielle. Une biopsie ostéomédullaire, recommandée par l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), pourra ensuite confirmer le diagnostic : fibrose et anomalies qui correspond à une prolifération anormale des précurseurs des plaquettes, les mégacaryocytes », précise le Dr Choquet.

Une thrombocytose est-elle grave et peut-on en mourir ?

Selon les formes de la thrombocytose, cette pathologie est plus ou moins grave. La thrombocytémie essentielle, qui est une des formes graves de thrombocytose, fait partie des syndromes myéloprolifératifs, « et reste celui qui est le moins mauvais« . Le problème est essentiellement si le diagnostic n’est pas fait ou trop tardivement : le patient peut mourir d’une embolie pulmonaire, d’une hémorragie cérébrale ou d’un autre phénomène thrombotique ou hémorragique, conséquence de la thrombocytose. « C’est ce qui fait la gravité : très rarement, cette maladie se transforme en leucémie aiguë », insiste-t-il.

Conduite à tenir : quel traitement pour soigner une thrombocytose ?

La prise en charge de la thrombocytose dépend de son origine et de sa symptomatologie. « Par exemple, une jeune patiente, qui a moins d’1 million de plaquettes à cause d’une thrombocytémie essentielle – et qui n’a pas de facteurs de risque de thrombose, sera surveillée sans traitement. Alors qu’une personne âgée, qui a plus de risques de thrombose, sera traitée« , explique le Dr Choquet. Un suivi régulier sera mis en place avec un hématologue. La mise en œuvre d’un traitement médicamenteux est généralement proposée par l’hydroxyurée pour équilibrer la concentration plaquettaire.

Merci au Dr Sylvain Choquet, hématologue à la Pitié-Salpêtrière (Paris)


Source : JDF Santé