Tératome ovarien : symptômes, pronostic, c'est quoi cette tumeur complexe ?

Tumeur pouvant être bénigne ou maligne, le tératome ovarien qui se développe dans l’ovaire est une tumeur complexe volumineuse qui peut contenir des os, des poils et des dents. Dans les formes les plus graves dites immatures, il doit faire l’objet d’un traitement chirurgical pour être enlevé. Découverte avec le Docteur Elisabeth Paganelli, gynécologue obstétricien à Tours et membre du CA du Syngof, et le Docteur Nicolas Carrabin, chirurgien gynécologue à la clinique Charcot et président du collège de gynécologie Rhône-Alpes.

Qu’est-ce qu’un tératome ovarien ?

Etymologiquement, le terme tératome du grec « teras » signifie « tumeur monstrueuse » de par l’apparition d’une grande variété de cellules dans la tumeur. Comme l’explique le Docteur Elisabeth Paganelli, « un tératome est une tumeur qui se développe à partir des cellules germinales primitives, il est donc nommé tumeur complexe. Il apparaît dans l’ovaire chez la femme et dans les testicules chez les hommes ». Testiculaire ou ovarien, le tératome se caractérise par sa masse volumineuse.  

Qu’est-ce qu’un tératome mature ?

Le tératome mature également nommé kyste dermoïde, le plus fréquent « est une tumeur bégnine de croissance lente », détaille Elisabeth Paganelli. En effet, il s’agit de lésion bénignes, issues de cellules initialement germinales totipotentes mais ayant évolué vers leur stade de cellule mature « définitif », pouvant être par définition très variable : cellule de cheveux, de dent, de peau, de cartilage, de thyroide… « De manière très rare (environ 1% des cas des tératomes matures), ces cellules composant le tératome mature peuvent parfois se cancériser et se transformer en cancer« , ajoute Nicolas Carrabin.

Qu’est-ce qu’un tératome immature ?

Le tératome immature est une tumeur maligne de croissance rapide qui se rencontre surtout chez la femme jeune et présente plusieurs grades d’agressivité décrits après un examen anatomopathologique. Il consiste à étudier des tissus ou des cellules prélevés sur un patient pour repérer et analyser des anomalies liées à une maladie. Cependant comme le précise Nicolas Carrabin, « les tératomes immatures sont très rares (moins de 5% des tératomes) et sont des lésions d’emblée malignes pouvant mettre en jeu le pronostic vital. Ils sont composés de cellules initialement germinales totipotentes mais par définition encore immatures (ou embryonnaires), c’est-à-dire qui n’ont pas encore atteint leur stade mature terminal de cellule de dent, de cheveux ». 

« Les symptômes classiques d’un kyste ovarien »

De quoi est composé un tératome ?

« Les tératomes sont composés de tissus provenant des trois feuillets embryonnaires appelés l’endoderme, l’ectoderme et le mésoderme » répond le Dr Elisabeth Paganelli. Ces trois feuillets étant à l’origine de l’ensemble des organes et des tissus de l’organisme. Ces tumeurs peuvent contenir divers types de tissus. Ainsi, « des tératomes ovariens peuvent produire des poils ou des dents« , souligne le Docteur Paganelli.  Comme le précise le Docteur Nicolas Carrabin, « les cellules germinales ont la capacité d’être totipotente, c’est-à-dire qu’elles peuvent évoluer vers n’importe quelle autre cellule de l’organisme : cellule de cheveux, de dent… » 

Quelle est la cause d’un tératome ovarien ?

Les patients développant un tératome présentent un développement anormal des tissus. Pour autant, il demeure difficile de connaître la cause d’un tératome ovarien, « souvent d’origine inconnue » reconnaît le Docteur Paganelli. Ce qui rend la prévention de la formation de cette tumeur impossible.

Quels sont les symptômes d’un tératome ovarien ?

La découverte de cette tumeur se fait souvent au cours d’une visite de routine de surveillance des ovaires, de suivi gynécologique ou d’une opération chirurgicale. « C’est au cours d’une échographie pelvienne ou d’une iRM que le tératome ovarien est découvert de manière fortuite«  précise Elisabeth Paganelli. Néanmoins, certains symptômes peuvent alerter sur la présence d’un tératome ovarien et alors pousser le patient à consulter. « Il s’agit des symptômes classiques d’un kyste ovarien, présents habituellement en cas de kyste de taille importante. La patiente se plaint d’une pesanteur pelvienne liée à la masse, qui peut parfois comprimer les organes de voisinage comme la vessie (et entrainer une envie fréquente de faire pipi) ou le rectum (et entrainer de faux besoin d’aller à la selle ou des troubles du transit) » argue Nicolas Carrabin. « Lors de la palpation de l’abdomen, il est possible également de percevoir une masse si le tératome est volumineux » ajoute Elisabeth Paganelli. Les troubles endocriniens « tels une hyperthyroïdie si le tératome sécrète de la thyroxine » doivent également alerter, poursuit cette dernière.

« De manière générale, le pronostic reste plutôt bon »

Quel pronostic de survie en cas de tératome ovarien ?

Le pronostic de survie dépend du type de tératome ovarien, mature ou immature. « En cas de tératome bénin, le pronostic vital n’est pas engagé. La croissance de la lésion est le plus souvent très lente et une simple surveillance peut être adaptée. Il existe alors un petit risque de torsion d’ovaire pouvant imposer une opération en urgence », souligne le Docteur Nicolas Carrabin. Il est cependant conseillé d’opérer les tératomes matures en cas de taille importante en raison d’un petit risque de cancérisation, « c’est-à-dire par exemple qu’une cellule mature cutanée composant le tératome se transforme en cellule de cancer cutané. Le pronostic est alors lié à la nature du cancer en fonction de la cellule d’origine : cancer cutané, de la thyroïde… » poursuit le spécialiste. Le tératome immature est une lésion beaucoup plus rare dont le pronostic dépend aussi du grade de la lésion, c’est-à-dire de son agressivité. « De manière générale, le pronostic reste plutôt bon avec un taux important de guérison en cas de tératome immature », explique Nicolas Carrabin.

Quels examens pour diagnostiquer un tératome ?

Le diagnostic de tératome est le plus souvent suspecté lors de l’échographie pelvienne, et est confirmé par un examen d’imagerie plus lourd comme le scanner ou idéalement l’IRM pelvienne« La présence d’un contingent graisseux au sein de la lésion est quasi une « signature » du caractère tératomateux de la lésion. Cette IRM permet très souvent d’orienter le diagnostic vers une lésion mature ou immature du tératome en fonction de son aspect, de la part de tissu solide Vs liquide, de la nature des tissus le composant et de l’importance de l’absorption du produit de contraste qui est injecté » explique Nicolas Carrabin. Le diagnostic de certitude reste apporté par l’analyse sous microscope de la lésion, qui ne peut être fait qu’en cas d’ablation chirurgicale. Il est déconseillé de réaliser des biopsies de ces lésions.

Comment soigner un tératome ovarien ?

En fonction du diagnostic, bénin ou malin, les traitements vont différer. « Si le tératome est mature et ne provoque pas de symptômes, une simple surveillance par imagerie peut être proposée. Si le kyste devient gênant alors une kystectomie peut être envisagée sous anesthésie générale au bloc opératoire, soit par coelioscopie soit par laparotomie en fonction de la taille et de la localisation du tératome », détaille la spécialiste. Avant d’ajouter : « Parfois, il s’avère nécessaire d’enlever l’ovaire, toujours suivant la taille du tératome. Mais cette opération se présente comme une chirurgie à faibles risques de complications. » Dans le cadre des tératomes immatures donc malins, le traitement chirurgical est indispensable. « Il repose sur une exérèse chirurgicale de la tumeur nécessitant une annexectomie (ablation d’un ovaire et de la trompe de Fallope) seulement dans les tératomes avancés, si la tumeur dépasse l’ovaire ou qu’il se produit une rupture tumorale. » En fonction des résultats effectués sous microscope, il peut parfois être nécessaire de compléter le traitement chirurgical par une chimiothérapie. « Un suivi régulier est ensuite fondamental pour prévenir les récidives et repose sur l’examen clinique, la biologie et l’imagerie » conclut le Docteur Elisabeth Paganelli.

Merci au Docteur Elisabeth Paganelli, gynécologue obstétricien à Tours et membre du CA du Syngof, et le Docteur Nicolas Carrabin, chirurgien gynécologue à la clinique Charcot et président du collège de gynécologie Rhône-Alpes.


Source : JDF Santé