Syndrome de Münchhausen : c'est quoi, symptôme, traitement

Qu’est-ce que ce syndrome ? 

Considéré comme un trouble factice chronique, ce syndrome tire son nom du baron Von Münchhausen, un officier allemand du 18ème siècle, mythomane et affabulateur. Un trouble factice se définit comme la falsification de symptômes physiques ou psychologiques sans motivation externe évidente. Le syndrome de Münchhausen ou Münchausen se caractérise par le besoin de simuler une maladie ou un traumatisme pour attirer l’attention ou la compassion. « La personne se présente avec une plainte concernant son corps – plainte qu’elle adresse à un tiers qu’elle interpelle. Cette plainte est liée à quelque chose qu’elle s’est infligée à elle-même : plaie, lésions cutanées, altération de ces paramètres vitaux induite, prise ensuite dissimulée d’un traitement », explique Camille Pellerin, psychiatre.

Qu’est-ce que le syndrome de Münchhausen par procuration (SMPP) ?

Contrairement au syndrome de Münchhausen direct, le syndrome de Münchhausen par procuration est un trouble factice impliquant un adulte responsable d’un enfant, qui provoque ou crée des manifestations chez cet enfant simulant une pathologie organique. L’adulte sollicite ensuite les soins pour soumettre l’enfant à des explorations et des traitements inutiles. Cette pathologie, considérée comme une forme grave de maltraitance, a été décrite pour la première fois en 1908 par Dieulafoy puis en 1977 par R. Meadow, pédiatre reconnu.

Quels sont les symptômes ? 

La personne atteinte du syndrome de Münchhausen va créer les symptômes correspondant à une maladie. Pour cela, elle ne va pas hésiter à s’infliger des traumatismes. « Le plus souvent, elle va ensuite interpeller le système de soins et demander des solutions à ses souffrances« , indique Camille Pellerin. « Un patient peut, par exemple, être admis aux urgences ou dans un service de diabétologie pour des hypoglycémies secondaires à des injections volontaires d’insuline mais dont les médecins ne vont pas comprendre l’origine, puisque ces injections sont dissimulées par le patient« , complète le Dr Clara Brichant-Petitjean, psychiatre libérale à Paris. Selon les critères du DSM-5 (cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association Américaine de Psychiatrie), on peut citer trois symptômes principaux : 

  • La production ou feinte intentionnelle de signes ou symptômes physiques ou psychologiques ; 
  • La motivation du comportement étant de jouer le rôle de malade ; 
  • L’absence de motifs extérieurs à ce comportement.

D’autres symptômes peuvent apparaître : des hospitalisations répétées, des mensonges pathologiques qui intriguent et fascinent l’interlocuteur… « Les plaintes sont répétées, il y a retour vers les urgences à chaque fois… un statut de malade et une façon d’interpeller le tiers se crée », note Camille Pellerin. 

Quelles sont les causes ? 

Les causes exactes du syndrome de Münchhausen ne sont pas connues, même si l’on retrouve souvent chez les patients un antécédent de stress, trouble anxiodépressif, trouble sévère de la personnalité – le plus souvent des traits limites (borderline). 

Est-il reconnu dans le DSM-5 ? 

Dans la dernière version du manuel des troubles mentaux DSM-5, le syndrome de Münchhausen est classé dans la section consacrée aux troubles à symptomatologie somatique : un « comportement focalisé sur soi-même à celui dirigé vers autrui ». 

Comment poser le diagnostic ? 

Il est difficile de diagnostiquer un syndrome de Münchhausen. « Le diagnostic peut souvent être difficile et long à poser« , explique le Dr Clara Brichant-Petitjean. « Lorsque les troubles simulés ou les plaintes sont somatiques, ces patients vont rarement consulter spontanément un psychiatre : on note en général une très faible demande d’aide psychiatrique. » Le diagnostic, lui, repose sur l’examen clinique et tout autre examen complémentaire nécessaire pour « éliminer les troubles physiques et la démonstration de l’exagération, de la fabrication, de la simulation et/ou de l’induction de symptômes physiques3. » Demander une consultation psychiatrique ou psychologique précoce demeure important, afin d’éviter au maximum les examens invasifs à risque, les procédures chirurgicales ou l’utilisation excessive de médicaments.

Quel est le traitement ? 

Il n’existe pas réellement de traitement efficace. Si le patient peut arriver à être soulagé grâce à la mise en place d’un traitement, « la surenchère apparaît rapidement et le médecin finit par être dépassé par ses requêtes« , écrit Joel E. Dimsdale, chercheur à l’université de San Diego et auteur de l’article « Trouble factice imposé à soi-même ». Alors, « une approche non agressive, non punitive, non conflictuelle doit être envisagée lors du diagnostic de trouble factice présenté aux patients. » Certains experts recommandent un traitement psychologique sans exiger que les patients admettent leur rôle dans leur maladie. Dans tous les cas, il est nécessaire d’indiquer au patient qu’une coopération est mise en place entre lui et le médecin. « Ce qui est le plus important, c’est arriver à se dégager de la question des plaintes somatiques renouvelées autour du corps, de les décaler pour tenter de comprendre ce qui fait la souffrance de la personne », rappelle Camille Pellerin. « Il faut essayer de décentrer les patients de la plainte et de leur permettre qu’eux puissent construire leur récit autrement que de cette façon-là. »

Merci à Camille Pellerin, psychiatre et au Dr Clara Brichant-Petitjean, psychiatre libérale à Paris.


Source : JDF Santé