La manière dont on fait une valise n’est pas anodine et sur certains aspects, elle est un véritable miroir de ce que nous sommes. « On met toujours un peu de « soi » dans sa valise. Outre les choses rationnelles dont on a vraiment besoin quand on part en vacances (crème solaire, maillot de bain…), la valise représente un condensé de ses goûts, ses besoins, ses envies, comme une extension de sa maison…« , confirme Maïté Tranzer, psychologue clinicienne, que nous avons interrogée sur ce sujet. De sa conception à son contenu, la valise en dit long sur notre personnalité. « La notion de temporalité donne déjà des indications sur notre façon d’anticiper les choses et sur sa gestion du stress. Par exemple, le fait de préparer son bagage longtemps à l’avance marque le point de sécurité vis-à-vis de la prise de risque et révèle un besoin de contrôle, tandis que le fait de faire sa valise au dernier moment suggère une capacité plus grande à lâcher prise« , poursuit l’experte. Le contenu de la valise révèle aussi quelque chose :
► Les bagages chargés d’affect sont rassurants et permettent de retrouver un cocon quand on quitte le repère que représente notre maison. Ils jouent un rôle d’objets transitionnels qui font le lien entre un lieu-refuge et un lieu inconnu. « Mais attention, emporter les choses qui nous tiennent à cœur, c’est aussi prendre le risque de perdre, lors du séjour, des objets d’une grande valeur sentimentale« , souligne Maïté Tranzer.
► Les bagages maximalistes ou qui débordent soulèvent une peur de manquer. Certaines personnes prennent plus que le nécessaire pour se rassurer et se séréniser. C’est une manière excessive et irraisonnée d’anticiper les vacances et de pallier les éventuels imprévus. C’est la fameuse « valise trop pleine ». « Ce comportement soulève également la peur de faire des mauvais choix, de se tromper ou d’échouer d’une certaine manière, et par extension la peur de (se) décevoir, de culpabiliser, de se juger négativement ou la peur du regard des autres (« je n’ai pas pris la bonne tenue » par exemple), ce qui peut gâcher les vacances« , décrit la psychologue.
► Le contenu des bagages dépend également de l’état émotionnel dans lequel on élabore sa valise. « Est-ce qu’on prépare sa valise dans la joie, la tristesse, le stress ? Par exemple, le fait d’emmener des vêtements festifs ou de soirée reflète un certain lâcher prise. Le fait d’emporter des livres ou du travail est un moyen de se donner bonne conscience« , continue notre experte.
► Faire sa valise pour d’autres personnes que soi, comme ses enfants ou son conjoint peut induire un stress supplémentaire car « faire la valise pour quelqu’un d’autre peut être source de conflit et de culpabilité. Est-ce qu’on recherche à être irréprochable aux yeux de ses proches ? Quelle valeur se donne-t-on si on rate la valise ou si on oublie quelque chose ? Est-ce qu’on peut se faire suffisamment confiance dans le choix de telle ou telle chose ? Autant de questions qui peuvent initier un travail introspectif« .
« Essayer de maîtriser les paramètres maîtrisables »
A partir du moment où la valise représente une source d’anxiété, il convient de retrouver une sérénité. « Il faut essayer de se faire confiance et de prendre du recul par rapport à ce que l’on emporte et ce qu’on laisse à la maison. L’idée est de se détacher de ses choix, de lâcher prise, de dédramatiser si on oublie des choses et de se dire qu’au pire, on peut les racheter sur-place si on ne peut pas faire sans », préconise notre interlocutrice. Finalement, peu de choses sont vitales et ça peut être un bon exercice pour renforcer sa capacité d’adaptation. Aussi, maîtriser les paramètres maîtrisables comme la météo, le type d’activité que vous allez faire sur-place et prendre connaissance des prestations qu’offre le logement (machine à laver…) aident à mieux appréhender le séjour et à limiter le stress que peut représenter l’élaboration d’une valise.
Merci à Maïté Tranzer, psychologue clinicienne.
Source : JDF Santé