La chanteuse Céline Dion, âgée de 55 ans, a annoncé être atteinte du « stiff person syndrom » (SPS) en anglais, ou syndrome de Stiff-man en français, aussi appelé syndrome de l’homme raide (SHR), dans une vidéo postée sur son compte Instagram le 8 décembre 2022. « On sait que c’est la cause des spasmes musculaires dont je souffre. Ces spasmes affectent ma vie de tous les jours, à plusieurs niveaux. J’ai parfois beaucoup de difficultés à marcher ou utiliser mes cordes vocales pour chanter […] C’est un combat continuel« , expliquait la chanteuse. Son état ne s’est pas amélioré, à tel point qu’elle annoncé le 26 mai 2023 annuler tous ses concerts prévus jusqu’en avril 2024. « Il vaut mieux tout annuler jusqu’à ce que je sois vraiment prête à remonter sur scène. Je veux que vous sachiez que je n’abandonne pas… » a-t-elle écrit dans un communiqué relayé sur Twitter. Qu’est-ce que c’est cette maladie ? Quels sont les symptômes ? La prise en charge ? A-t-il un impact sur l’espérance de vie ?
Définition : qu’est-ce que le syndrome de l’homme raide ?
Le stiff person syndrom ou syndrome de Stiff-man ou syndrome de l’homme raide (SHR) en français, est une maladie neurologique très rare, dont la prévalence est estimée à environ 1 personne sur 1 million. Environ 2/3 des patients touchés seraient des femmes, avec un pic d’incidence autour de 45 ans selon le site Orpha.net, portail des maladies rares et orphelines. Elle se manifeste principalement par une raideur des muscles du tronc avec une déformation du rachis, et des spasmes douloureux. Ce syndrome a été décrit pour la première fois en 1956, par Moersch et Woltman, deux neurologues américains.
Quels sont les symptômes du syndrome de Stiff-man ?
Le tableau clinique est très évocateur. Cette maladie neurologique se caractérise par :
- Une raideur musculaire progressive qui peut conduire à une immobilité du tronc et des hanches
- Une démarche raide et atypique
- Des spasmes musculaires spontanés ou réflexes, douloureux, pouvant provoquer des chutes et des épisodes de fracture
- Une agoraphobie, associée à la réalisation de certaines tâches
- Une tendance à sursauter de façon exagérée
- Des déformations ankylosantes, telles qu’une posture lombaire figée en hyperlordose (accentuation des courbures soit au niveau cervical, soit au niveau lombaire)
Quelle est l’espérance de vie en cas de syndrome de Stiff-man ?
Généralement, les symptômes se stabilisent avec la mise en place d’un traitement par benzodiazépines. Toutefois, la plupart des patients présentent tout de même une limitation fonctionnelle franche. Le pronostic vital n’est a priori pas impacté. Lorsque le syndrome de la personne raide est associé à une encéphalomyélite progressive avec rigidité et myoclonies (appelé PERM), le pronostic est un peu plus sévère et les symptômes sont plus difficiles à contrôler.
Quelle est la cause du syndrome de Stiff-man ?
La cause de cette pathologie n’est encore pas certaine. Néanmoins, il semblerait que l’on retrouve la présence d’anticorps anti-acide glutamique décarboxylase (GAD) dans plus de 70% des cas, ce qui laisse à penser qu’il s’agit d’une pathogénie auto-immune. Ces anticorps pourraient bloquer la synthèse de l’acide gamma amino-butyrique (GABA), un neurotransmetteur inhibiteur, conduisant ainsi à une diminution de l’inhibition des motoneurones spinaux (responsable de la contraction d’un muscle). Selon une étude parue dans la Lettre du rhumatologue n°269, on trouve fréquemment une association avec des maladies auto-immunes, telles que le diabète insulinodépendant (dans 30 % des cas), les dysthyroïdies, le vitiligo, l’anémie de Biermer. Dans 5 à 10 % des cas, on note la survenue de crises d’épilepsie. « Le lien entre ces deux pathologies n’est pas bien clair« , peut-on lire dans l’article paru dans la revue du rhumatologue.
Comment diagnostique-t-on le syndrome de Stiff-man ?
Le diagnostic de cette pathologie repose essentiellement sur l’examen clinique. Il est ensuite confirmé par la mise en évidence d’anticorps circulants anti-GAD et d’anomalies électromyographiques caractéristiques visibles lors d’une électromyographie (EMG). Afin d’exclure d’autres pathologies – mécaniques – comme la hernie discale ou la présence d’un kyste au niveau de la moelle épinière, il peut être nécessaire de réaliser un scanner de la moelle épinière. Egalement pour exclure des maladies de la moelle épinière comme une sclérose en plaques ou des tumeurs. Un examen du liquide céphalo-rachidien permet également d’éliminer un processus inflammatoire.
Quel est le traitement du syndrome de Stiff-man ?
Pour traiter les symptômes de la maladie, le médecin peut prescrire des benzodiazépines (particulièrement le Diazépam®) qui ralentissent l’activité cérébrale et du baclofène. Le Diazépam est généralement admis par voie veineuse ou par voie orale à la posologie de 10 à 100 mg par jour, une posologie bien sûr à adapter en fonction de l’efficacité et des effets secondaires. Les thérapies immuno-modulatrices (corticoïdes, immunoglobulines intraveineuses, plasmaphérèse) peuvent être proposées, mais avec des résultats variables. Une rééducation chez le kinésithérapeute doit souvent être entreprise afin de lutter contre les spasmes.
Source : JDF Santé