Définition : c’est quoi le syndrome de Korsakoff ?
« Le syndrome de Korsakoff affecte essentiellement les alcooliques chroniques dénutris avec un maximum de fréquence dans la cinquième et la sixième décennie. Ces patients présentent une forte carence en Vitamine B1 par manque d’apport ou malabsorption« , explique le Dr Antoine Moulonguet, neurologue. Aussi appelée « thiamine », la vitamine B1 joue un rôle déterminant dans la transformation du glucose en énergie, notamment pour le cerveau. Une carence prolongée de cette vitamine peut entrainer des lésions cérébrales irréversibles, touchant les circuits de la mémoire, responsables du syndrome de Korsakoff. D’autres causes beaucoup plus rares ont été décrites : tumeur cérébrale, accident vasculaire, traumatisme crânien, encéphalite, grande dénutrition.
Quels sont les symptômes du syndrome de Korsakoff ?
« Le syndrome de Korsakoff se manifeste par des troubles de la mémoire avec une amnésie dite » antérograde « , caractérisée par l’impossibilité de former de nouveaux souvenirs. Le malade oublie à mesure ce qu’on vient de lui dire ou ce qu’il a fait quelques instants plus tôt. Il s’y associe des troubles de l’orientation dans le temps et dans l’espace avec souvent des fausses reconnaissances de personnes et une fabulation, récits fantastiques fruits de l’imagination du patient », explique le neurologue. Le malade est totalement inconscient de son trouble, garde des capacités de de raisonnement et de jugement et la mémoire des faits anciens.
Comment évolue le syndrome de Korsakoff ?
« Le syndrome de Korsakoff s’installe le plus souvent progressivement dans les suites d’une souffrance cérébrale secondaire à l’alcoolisme chronique, appelée encéphalopathie de Gayet Wernicke. L’atteinte se présente sous la forme d’une confusion mentale associée à des troubles de l’équilibre et de la vision. Cette encéphalopathie est réversible si elle est traitée par fortes doses de vitamine B1 en injectable, ce qui évite l’installation du syndrome de Korsakoff irréversible », observe le médecin.
Comment est diagnostiqué le syndrome de Korsakoff ?
Le diagnostic du syndrome de Korsakoff est purement clinique, il se fait le plus souvent aux urgences où ce patient gravement désorienté a été conduit. « On réalise un scanner cérébral sans injection pour éliminer d’autres causes de troubles neurologiques chez l’alcoolique, notamment un hématome intracrânien et un bilan sanguin à la recherche d’un trouble métabolique », précise le spécialiste.
Traitements : comment soigner le syndrome de Korsakoff ?
« Il n’y a pas de traitement curatif du syndrome de Korsakoff, les lésions des circuits de la mémoire sont irrémédiables, ce qui souligne l’importance du traitement préventif et du « réflexe » de l’administration immédiate de fortes doses de vitamine B1 à tout alcoolique confus et suspect d’une encéphalopathie pouvant rapidement conduire au syndrome de Korsakoff », prévient le neurologue. La prise en charge ultérieure du patient doit se faire en centre spécialisé compte tenu de la sévérité de l’atteinte neurologique, avec rétablissement d’une alimentation équilibrée, traitement de l’addiction à l’alcool, soutien psychologique et orthophonique. Le pronostic reste très sombre.
Espérance de vie : peut-on mourir du syndrome de Korsakoff ?
On ne meurt pas d’un syndrome de Korsakoff mais les lésions cérébrales définitives rendent impossible le retour à une vie autonome.
Merci au Dr Antoine Moulonguet, auteur sous le nom d’Antoine Sénanque de « Guérir quand c’est impossible » aux éditions Marabout.
Source : JDF Santé