Sexsomnie (sexe en dormant) : origines, comment savoir ?

Définition : qu’est-ce que la sexsomnie ? 

« La sexsomnie est une parasomnie, ensemble de comportements moteurs anormaux pendant le sommeil profond qui se caractérise par des comportements sexuels inadaptés » définit le Dr José Haba-Rubio, neurologue et spécialiste des troubles du sommeil. Les terreurs nocturnes et le somnambulisme sont aussi des parasomnies au cours du sommeil profond. La prévalence de la sexsomnie n’est pas connue (les études sur le sujet concernent de petites séries de patients) mais c’est une parasomnie très rare, qui semble concerner plus d’hommes que de femmes. « Nous ne savons pas cependant si c’est vraiment plus fréquent chez les hommes ou moins rapporté par les femmes » souligne le Dr Haba-Rubio.

Quelles sont les causes d’une sexsomnie ? 

« Il s’agirait d’un mécanisme au niveau cérébral au cours du sommeil lent profond, plus précisément un éveil dissocié, c’est-à-dire qu’une partie du cerveau se réveille alors que la plupart du cerveau reste en sommeil profond » informe le Dr Haba-Rubio. Il existe une forte composante génétique pour ce type de parasomnies en sommeil lent profond. 

Quels sont les symptômes de la sexsomnie ? 

La sexomnie est parfois utilisée comme moyen de défense par les agresseurs sexuels

La personne qui souffre de sexsomnie ne garde aucun souvenir ou un souvenir très vague de son comportement. C’est la personne qui dort vers elle qui est le témoin de ce comportement sexuel déplacé. La parasomnie sexuelle se manifeste par des symptômes variables selon les individus : masturbation, éjaculation, mouvements du bassin imitant l’acte sexuel, gémissements, rapport sexuel complet avec le ou la partenaire. Il existe également un risque de comportement violent et d’agression sexuelle pendant le sommeil. « La sexsomnie peut poser un problème médico-légal » indique notre spécialiste qui souligne l’importance de protéger les autres si on souffre de sexsomnie. Signalons que la sexsomnie est parfois utilisée comme moyen de défense par d’authentiques agresseurs sexuels « tout comme le somnambulisme pour certains comme alibi pour des délits comme un assassinat » précise le Dr Haba-Rabio. « C’est là où le spécialiste peut être appelé pour faire une expertise, il va devoir analyser tous les aspects : les antécédents de sexomnie ou d’autres parasomnies, l’existence de facteurs favorisants, le comportement pendant l’épisode ou après, une fois réveillé (car à ce moment-là il devrait récupérer une conscience normale et arrêter le comportement inadapté), s’appuyer sur des enregistrements de sommeil…mais c’est sûr qu’il s’agit souvent de cas complexes » souligne-t-il.

Qui consulter ? 

Il est recommandé de consulter un médecin dès lors qu’un proche signale un comportement sexuel inapproprié ayant eu lieu pendant le sommeil. « Idéalement, il faudrait se rendre dans un centre du sommeil«  informe le Dr Haba-Rubio.

Comment pose-t-on le diagnostic d’une sexsomnie ? 

Le diagnostic de sexsomnie est fait avec un interrogatoire et un enregistrement du sommeil (polysomnographie) pour voir la structure du sommeil. L’enregistrement du sommeil cherche aussi s’il existe des troubles du sommeil (syndrome d’apnées du sommeil, syndrome des jambes sans repos) qui sont des facteurs favorisants d’accès de sexsomnie car ils peuvent provoquer des réveils dissociés. 

Quel est le traitement des sexsomnies ?

Le premier traitement consiste à agir sur l’hygiène de vie. « L’objectif est d’éviter tout ce qui provoque les réveils dissociés et qui ce qui augmente le sommeil lent profond, par exemple un rythme de sommeil irrégulier ou une privation de sommeil« . L’environnement de sommeil doit être le plus calme possible. L’environnement doit être également sécurisé pour protéger le sexsomniaque et ses proches en veillant à fermer portes et volets. Si cela ne suffit, des traitements pharmacologiques peuvent être prescrits pour diminuer voire faire disparaître ce type de comportement en évitant le réveil dissocié lors du sommeil lent profond. « Le médicament le plus utilisé est le clonazépam qui fait partie de la famille des benzodiazépines » informe le Dr José Haba-Rubio. Ce médicament est également prescrit pour d’autres parasomnies du sommeil lent profond comme le somnambulisme.

Merci au Dr José Haba-Rubio, neurologue et spécialiste des troubles du sommeil, Co-directeur médical du centre du sommeil de Florimont (Suisse). 


Source : JDF Santé