Schizophrénie paranoïde : c'est quoi, symptômes, dangereux ?

C’est quoi la schizophrénie paranoïde ?

La schizophrénie est un trouble mental généralement chronique qui se caractérise par une perception erronée de la réalité, des idées délirantes, des hallucinations, un isolement social et relationnel, une désorganisation de la pensée et du  comportement. On parle de schizophrénie paranoïde lorsque les idées délirantes sont dominées par de la « paranoïa » qui se traduit essentiellement par un sentiment de persécution et de méfiance permanent vis-à-vis de son entourage et des personnes inconnues. 

Quels sont les symptômes de la schizophrénie paranoïde ?

La schizophrénie paranoïde se manifeste par des symptômes psychotiques comprenant : 

  • Des idées délirantes qui ne reflètent pas la réalité ; 
  • Des phénomènes hallucinatoires (fait d’entendre des choses ou de voir des choses que les autres n’entendent pas ou ne voient pas, des voix qui me persécutent, disent du mal de moi), les perceptions n’existent pas, elles sont fabriquées par le cerveau ; 
  • Une désorganisation de la pensée et du comportement (réactions inadaptées, colère soudaine) ; 
  • Une perte de contact avec la réalité ; 
  • Des difficultés cognitives : troubles de la concentration et de la mémoire, baisse de motivation. 

► Ces symptômes sont associés à une paranoïa qui se manifeste par un sentiment de persécution permanent. « Le sujet est plus ou moins convaincu que les autres (proches ou non) lui veulent du mal, qu’ils le jugent, il interprète tous les gestes et paroles de manière négative. Il se sent également persécuté par des éléments (eau, lumière, extra-terrestres), des choses qui, a priori, ne font pas de mal. Tout peut donner lieu à interprétation, notamment les informations entendues à la télévision, le patient construit son propre délire et peut avoir l’intuition qu’une catastrophe va survenir.

► Sur le plan émotionnel, le sujet est dominé par l’angoisse et la peur, il est tout le temps sur ses gardes, tendu physiquement et psychologiquement, a tendance à se replier sur soi, adopte un comportement d’évitement, et peut faire preuve d’hostilité voire d’agressivité« , développe le Pr Anne Sauvaget.  

Quelles sont les causes de la schizophrénie paranoïde ?

Si les causes exactes de la schizophrénie restent méconnues, certains facteurs seraient favorisants : une prédisposition génétique, une perturbation des neurotransmetteurs du cerveau (dopamine), une infection précoce ayant touché le cerveau (toxoplasmose, grippe), la consommation régulière de cannabis, un manque d’oxygène (anoxie) pendant la grossesse ou l’accouchement ou encore un stress psychosocial subi dans l’enfance.

Quelles différences avec la paranoïa ?

Le trouble paranoïaque est un trouble délirant persistant qui se traduit par un délire systématisé de méfiance et de suspicion à l’égard des autres, mais sans syndrome de désorganisation comme dans la schizophrénie. Si le délire de persécution est plus ou moins présent dans toutes les formes de schizophrénie, il est beaucoup plus intense dans la schizophrénie paranoïde.

Que faire en cas de crise de schizophrénie paranoïde ?

L’entourage joue un rôle primordial en cas de crise de schizophrénie paranoïde. La priorité est d’installer le malade dans un environnement calme et de lui parler doucement pour éviter de l’effrayer. Il est primordial de rester à l’écoute de ses besoins sans pour autant s’imposer car il est en proie à des idées délirantes et à des hallucinations. 

Quels sont les traitements de la schizophrénie paranoïde ?

Le traitement est celui de la schizophrénie. Il repose sur l’association d’un traitement médicamenteux avec des antipsychotiques atypiques visant à diminuer l’intensité des symptômes (persécution et hallucinations) et une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour apprendre à analyser la situation, comprendre que personne ne m’en veut en réalité, prendre de la distance, gérer l’anxiété avec des techniques de gestion du stress et des émotions. Dans certains cas, la neuromodulation transcrâniennne, une technique de stimulation cérébrale, peut être préconisée. 

Est-elle reconnue dans la CIM10 ? Dans le DMS-5 ?

« Le terme de schizophrénie paranoïde était utilisé dans les anciennes classifications. Il est désormais désuet et n’est plus vraiment employé par les professionnels de la santé mentale », indique la psychiatre

Est-ce que c’est dangereux ? 

« Si le trouble est très intense et que la personne se sent constamment persécutée, elle se retrouve plongée dans un état d’hypertension permanent, ce qui est invivable pour elle, mais aussi pour son entourage. La schizophrénie paranoïde peut entraîner des réactions d’auto-agressivité et d’agressivité sur l’entourage mais il faut retenir en priorité que la plupart du temps, les personnes souffrant de schizophrénie ne sont pas dangereuses et sont avant tout victimes de leur trouble et de stigmatisation« , explique la spécialiste. 

Merci au Pr Anne Sauvaget, psychiatre au CHU de Nantes.


Source : JDF Santé