La schizophrénie est une pathologie psychiatrique qui évolue sous une forme chronique dans le temps. Même si elle ne peut pas être soignée, sa prise en charge permet au patient d’avoir une qualité de vie la plus normale possible. Les causes de cette pathologie ne sont pas connues précisément.
Définition : c’est quoi la schizophrénie ?
La schizophrénie est une maladie mentale qui affecte la pensée, le système émotionnel ainsi que les comportements de la personne qui en souffre. Cette maladie apparaît généralement au début de l’âge adulte (dans 85% des cas) et touche un peu moins de 1 % de la population (environ 1 personne sur 100). Elle se traduit par l’association de troubles du fonctionnement mental regroupés sous l’appellation de syndrome dissociatif, et d’un délire permanent du patient, c’est-à-dire des idées et des pensées fausses qui sont en désaccord complet avec la réalité des faits. Elle peut aussi être associée à des hallucinations auditives et visuelles, à un repli sur soi et des difficultés dans les relations sociales. Les personnes schizophrènes souffrent aussi souvent de paranoïa et pensent que des complots sont dirigés contre elles. La schizophrénie est classée dans la CIM 11 de l’OMS parmi les troubles psychotiques.
C’est quoi la schizophrénie dysthymique ou affective ?
La schizophrénie dysthymique (parfois appelée trouble schizo-affectif ou psychose aiguë schizo-affective) est une forme de schizophrénie qui affecte en particulier les émotions et les facultés cognitives. Les crises sont généralement accompagnées de manies et/ou de dépressions avec une tendance suicidaire. Le sujet peut être victime de manie, de délires et de paranoïa. Le traitement repose sur la psychothérapie et la prise de neuroleptiques (médicaments tranquillisants), combinés parfois à des antidépresseurs.
C’est quoi la schizophrénie hébéphrénique ?
Dans cette forme, qui représente environ 20 % des schizophrénies, la maladie débute tôt, au cours de l’adolescence, et ce sont le syndrome dissociatif et le retrait qui sont au premier plan. Les éléments délirants sont souvent absents, le langage est incohérent mais la personne parait indifférente au monde extérieur malgré une forte anxiété. Les patients refusent souvent les traitements, ce qui en fait la forme la plus résistante aux thérapeutiques.
C’est quoi la schizophrénie catatonique ?
Dans les formes catatoniques, les symptômes corporels (à type de raideur, de maintien d’attitudes), et le déficit cognitif (avec absence d’initiatives, fléchissement des habilités, l’indifférence affective, mutisme) prédominent et isolent les malades socialement. Certains troubles du langage et du cours de la pensée sont présents comme la répétition en écho ou le mimétisme. Le traitement est difficile et doit viser à maintenir une alimentation et une vie relationnelle. C’est la forme de schizophrénie la plus grave.
Quels sont les symptômes de la schizophrénie ?
Comme le définit l’OMS, la schizophrénie se caractérise par des perturbations mentales qui touchent la réflexion, la perception, l’expérience de soi, la cognition, la motivation, l’affect et le comportement. Les symptômes fondamentaux sont :
- les idées délirantes persistantes,
- hallucinations persistantes,
- troubles de la pensée et expériences d’influence, de passivité ou de contrôle
Les symptômes doivent avoir persisté pendant au moins un mois pour qu’un diagnostic de schizophrénie soit posé.
« La maladie se révèle généralement au cours de l’adolescence, entre 15 et 35 ans »
Quelles sont les causes de la schizophrénie ?
La schizophrénie n’a pas de cause unique connue. Comme beaucoup d’autres maladies psychiques, elle semble due à un ensemble de facteurs qui interagissent : génétique, environnemental, éducationnel… La consommation de cannabis à un jeune âge est aussi considérée comme un facteur de risque. « La maladie se révèle généralement au cours de l’adolescence, entre 15 et 35 ans. Un facteur génétique est en cause, ainsi que des facteurs environnementaux comme des problèmes au cours du développement fœtal et la consommation de substances psychotropes (cannabis, LSD…) » nous indique le Dr Patrick Lemoine, psychiatre.
La schizophrénie est-elle héréditaire ?
« Un facteur génétique est en cause » répète le psychiatre. Les membres de la famille d’un schizophrène ont dix fois plus de risque de développer la maladie que l’ensemble de la population.
Qui consulter en cas de doute ?
Le psychiatre est le médecin spécialiste des maladies mentales, et donc de la schizophrénie, à la fois pour le diagnostic, le traitement et le suivi. C’est le médecin généraliste qui envoie vers la consultation d’un psychiatre.
Quels sont les traitements de la schizophrénie ?
► Les neuroleptiques sont au cœur du traitement médicamenteux de la schizophrénie. Ils agissent en particulier sur les symptômes positifs et plus particulièrement sur le délire, qu’ils permettent de bien juguler. « Ils sont moins efficaces sur les hallucinations verbales, par exemple, note le Pr Franck. Le principe est de rétablir un équilibre.
► Autre pan du traitement, en plus des médicaments, la remédiation cognitive permet de travailler sur les symptômes négatifs de la maladie. C’est une méthode d’entraînement de certains processus cérébraux : attention, mémoire, concentration, etc. Grâce au traitement, les malades peuvent avoir l’espoir de reprendre un travail, de vivre de manière autonome… « Le principe est d’arriver à stabiliser la maladie et d’aboutir à une rémission car il est certain qu’il n’est pas possible de guérir, dans le sens littéral du terme, de la maladie. D’une manière ou d’une autre, on arrive toujours à les aider et dans les meilleurs des cas, ils arrivent même à devenir autonomes. »
► Les patients suivent également une psychothérapie qui leur permet de faire le point sur l’évolution des symptômes, les effets des traitements et les événements qui ont pu le déstabiliser. La psychothérapie a pour objectif de diminuer à la fois les symptômes positifs, négatifs, cognitifs, comportementaux, et affectifs en tenant compte de la phase de la maladie et des besoins particuliers du patient.
« Après traitement et selon la forme de la maladie, il est possible pour certains patients de mener une vie normale »
« Après traitement et selon la forme de la maladie, il est possible pour certains patients de mener une vie normale : se marier, avoir des enfants, un travail, un logement, rassure toutefois le professeur Nicolas Franck, psychiatre. Pour d’autres, l’acquisition d’une certaine autonomie (prendre son traitement, avoir un travail, s’occuper de soi) est un objectif raisonnable. Enfin, d’autres auront toujours besoin d’assistance. De nombreux éléments sont à prendre en compte, mais la prise en charge aide toujours les patients, d’une manière ou d’une autre. »
Schizophrénie et suicide
« La schizophrénie souffre d’une mauvaise image et la maladie du patient est taboue. De ce fait, l’accès aux soins des malades est bien souvent tardif. C’est d’ailleurs pour cela que les cas de suicides sont très fréquents chez les personnes souffrant de schizophrénie » explique le Pr Franck. « Il est très important que les proches ne soient pas dans le déni, qu’ils maintiennent le dialogue avec le malade, qu’ils l’amènent à consulter... Même s’il est difficile pour eux d’admettre que l’un des leurs est atteint de schizophrénie. » Pour améliorer la vie du patient et l’aider à surmonter ses troubles, il est nécessaire de consulter au plus vite. « Comme dans bien des cas, plus la prise en charge est précoce, plus le traitement est efficace. Le délire, en particulier, est réversible, il est possible d’améliorer la vie du patient », ajoute le Pr Franck. En cas de danger imminent pour lui ou un tiers, il faut absolument appeler les secours (les pompiers au 18). S’il y a une urgence, la loi du 27 juin 1990 permet, en cas de danger, d’hospitaliser un malade sans son consentement sur la demande d’un tiers.
Merci aux Dr Patrick Lemoine et au Pr Nicolas Franck, psychiatres.
Source : OMS.
Source : JDF Santé