Rotavirus : transmission, vaccin, âge, traitement

Les rotavirus sont les principaux responsables des gastro-entérites aiguës virales hivernales des nourrissons et des jeunes enfants de moins de 5 ans, chez qui elles peuvent entrainer des complications. Conformément au calendrier vaccinal mis à jour en avril 2023 par le ministère de la Santé, la vaccination contre les rotavirus est recommandée chez l’ensemble des nourrissons âgés de 6 semaines à 6 mois, selon un schéma vaccinal en deux doses (à 2 mois et 3 mois de vie) pour Rotarix® et trois doses (à 2 mois, 3 mois et 4 mois de vie) pour RotaTeq®. Ils s’administrent par voie orale. La HAS ne souhaite pas pour le moment rendre cette vaccination obligatoire. 

Définition : c’est quoi un rotavirus ?

Le rotavirus est un virus digestif très fréquent et très contagieux qui infecte les cellules intestinales, fait souffrir la muqueuse intestinale, produit beaucoup d’eau et empêche les cellules intestinales (entérocytes) d’absorber ce qu’on leur apporte, ce qui va entraîner la gastro-entérite. Il touche principalement les bébés et les jeunes enfants.

Comment se fait la transmission ?

La contagiosité est vraiment très importante

Le rotavirus est un virus assez résistant dans l’environnement. Il se transmet par les mains, par les selles et par tous les objets souillés par les selles : les couches, les doudous, les jouets, les poignées de porte, le lit. « Si on ne fait pas de désinfection et que l’on touche les surfaces contaminées puis que l’on porte ses mains à sa bouche, on va s’infecter par le rotavirus, prévient le Pr Romain Basmaci. On estime qu’il peut y avoir 1010 particules virales par gramme de selles, ce qui signifie 10 milliards de virus par gramme de selles. La contagiosité est vraiment très importante. D’où l’importance de se laver les mains régulièrement, avant de changer un bébé, après, et de désinfecter la table à langer, d’éloigner jouets et doudous, de laver les mains du bébé qui peut avoir mis ses mains au niveau de la couche« .

Quels sont les symptômes ?

L’infection à rotavirus provoque une gastro-entérite. Les symptômes sont :

  • des selles molles, liquides et abondantes,
  • souvent des vomissements
  • parfois de la fièvre.

Combien de temps dure l’infection ?

Au-delà de 10 jours, il faut consulter car la diarrhée prolongée peut provoquer une déshydratation

L’infection dure en moyenne 4 à 5 jours. Parfois, elle peut durer 7 à 10 jours. Au-delà, il faut consulter car la diarrhée prolongée ayant altéré la muqueuse digestive peut aboutir à une reprise alimentaire difficile et à la nécessité de changer de lait pour les petits nourrissons. « Ce n’est pas la diarrhée en soi qui est dangereuse, mais le risque de déshydratation. Si les enfants ont beaucoup de selles liquides mais qu’ils arrivent à boire, à manger, ils arrivent à compenser leurs pertes. Si ce n’est pas le cas, le risque de déshydratation existe. Si celle-ci est légère, une réhydratation orale est le plus souvent possible. Si elle est modérée, une courte hospitalisation peut être nécessaire pour une réhydratation par sonde naso-gastrique ou par voie intraveineuse, alors qu’une déshydratation sévère nécessitera une réhydratation par voie intraveineuse en hospitalisation. Si la prise en charge est tardive, cela peut mettre en jeu le pronostic vital« , nuance le chef du service pédiatrie de l’hôpital Louis-Mourier.

Comment est posé le diagnostic ?

Les symptômes de l’infection à rotavirus étant caractéristiques de la gastro-entérite, le diagnostic se fait très facilement. Aucun examen complémentaire n’est nécessaire. L’identification du rotavirus dans les selles n’a pas d’intérêt thérapeutique.

Quels sont les risques de complication chez le bébé ?

La principale complication de la gastro-entérite chez le bébé est la déshydratation qui peut se révéler très grave, et nécessiter une hospitalisation.

Quelles complications chez l’adulte ?

Comme chez l’enfant, les vomissements et la diarrhée sont susceptibles d’entraîner une importante déshydratation. Le meilleur moyen de prévenir cette complication est de boire régulièrement pour compenser les pertes en eau et en sel

Quels sont les traitements du rotavirus ?

« Le meilleur traitement n’est pas de chercher à lutter contre les selles liquides ou les vomissements. Le principal c’est d’apporter de l’eau, du sel et du sucre. Il faut miser sur un soluté de réhydratation orale (SRO), disponible en pharmacie : 1 sachet à diluer dans 200ml d’eau et donner à volonté tant que les selles sont liquides et qu’il y a des vomissements. Donner de petites quantités (20-30 mL) de manière répétée car à force de ne pas manger on est nauséeux. Toutes les 15-20 minutes. La prise très fractionnée de petites quantités de SRO va, dans la grande majorité des cas, permettre de casser les vomissements, et favoriser une réhydratation efficace. Au bout de 4 à 6h on peut reprendre une alimentation normale, il n’y a pas d’aliment à éviter« , indique le spécialiste.

Existe-t-il un vaccin contre le rotavirus ?

En France, il existe deux vaccins contre les gastro-entérites à rotavirus : Rotarix® et Rotateq®. Leur administration est recommandée chez l’ensemble des nourrissons âgés de 6 semaines à 6 mois

Rotarix® : deux doses par voie orale, une à 2 mois et une à 3 mois de vie (en respectant au moins 4 semaines entre chaque dose) Rotarix ne doit pas être administré avant 6 semaines et après 24 semaines de vie. La première dose de vaccin doit être administrée avant l’âge de 16 semaines.

RotaTeq® : trois doses par voie orale, une à 2 mois, une à 3 mois et une à 4 mois de vie (en respectant au moins 4 semaines entre chaque dose). RotaTeq® ne doit pas être administré avant 6 semaines et après 32 semaines de vie. La première dose de vaccin doit être administrée avant l’âge de 16 semaines.

Ces vaccins, administrés par voie orale, peuvent être co-administrés avec les autres vaccins du calendrier vaccinal du nourrisson. Il est recommandé de réaliser le schéma vaccinal complet avec le même vaccin. Il est rappelé que la vaccination contre le rotavirus doit être différée chez les nourrissons présentant une diarrhée ou des vomissements, ou ayant une maladie fébrile sévère aiguë (en veillant à ne pas dépasser l’âge limite).

► Chez le nourrisson immunodéprimé : le vaccin ne doit pas être administré aux enfants présentant une immunodépression connue ou suspectée (dont une infection par le VIH), en raison du risque de survenue de cas sévères de gastro-entérite aiguë à souche vaccinale de rotavirus dans cette population, ces patients ayant par ailleurs un risque de portage pendant plusieurs mois de la souche vaccinale dans les selles.

Merci au Pr Romain Basmaci, chef du service pédiatrie de l’hôpital Louis-Mourier.


Source : JDF Santé