Ritaline : trop prescrite aux enfants, qu'est-ce que c'est ?

Dans son rapport « Quand les enfants vont mal, comment les aider ? » publié le 13 mars 2023, le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) a lancé une alerte sur la surconsommation inquiétante de médicaments psychotropes chez les 6-17 ans. Une véritable augmentation de la consommation de ces médicaments a été observée chez les moins de 20 ans entre 2014 et 2021 : +155% pour les somnifères, +78% pour les psychostimulants, +63% pour les antidépresseurs et +49% pour les neuroleptiques. Dans la classe des psychostimulants, la consommation de Ritaline® (méthylphénidate) connaît une hausse importante : le nombre de patients en prenant a plus que doublé chez les jeunes de 6 à 17 ans. Les recommandations officielles ne sont pas toujours respectées avec des prescriptions chez des enfants de moins de 6 ans (4390 enfants entre 2010 et 2019) ou des durées de traitement relativement longues. L’efficacité et la sécurité n’ont pas été évaluées sur des prises supérieures à 12 mois. Pourtant, la durée de traitement chez les enfants de 6 ans était de 5 ans et demi en 2011. Dans quels cas la Ritaline® est-elle indiquée ? Quels sont les dangers de ce médicament ?

Qu’est-ce que la Ritaline ?

C’est un médicament contenant du méthylphénidate qui est un psychostimulant. Le méthylphénidate présente une structure proche des amphétamines, ainsi il stimule le système nerveux central en augmentant les quantités de dopamine et de noradrénaline. En France, la Ritaline® est un médicament administrable par voie orale classé comme stupéfiant, ce qui implique une prescription limitée à 28 jours sur une ordonnance sécurisée. 

Quels sont les médicaments à base de méthylphénidate en France ?

Pourquoi la Ritaline est-elle prescrite ?

La Ritaline® LP (à libération prolongée) est couramment prescrite chez l’adulte et l’enfant à partir de 6 ans pour traiter le Trouble du Déficit de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH). La prescription chez l’adulte est établie à condition que le TDAH soit associé à une répercussion professionnelle et sociale importante. La Ritaline® à libération immédiate est prescrite dans la prise en charge du TDAH chez l’enfant uniquement. Elle possède également une indication dans le traitement de la narcolepsie de l’enfant et de l’adulte avec ou sans cataplexie (perte brutale du tonus musculaire). Chez l’adulte, une telle prescription se justifie en cas d’inefficacité de Modiodal®, le traitement de première ligne.

Quelles sont les indications de la Ritaline chez les enfants ?

La Ritaline® est indiquée chez l’enfant de 6 ans et plus pour traiter : 

  • le Trouble du Déficit de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH)
  • la narcolepsie avec ou sans cataplexie (perte brutale du tonus musculaire)

En ce qui concerne le TDAH, la Ritaline® est prescrite après échec des prises en charge non médicamenteuses. La première prescription doit obligatoirement émaner d’un médecin spécialiste qui pose le diagnostic puis évalue la sévérité et la chronicité des symptômes. Cette démarche permet de juger de la pertinence du traitement avant de l’instaurer puisque tous les enfants atteints de TDAH ne sont pas éligibles à la Ritaline®. L’objectif du médicament est de stabiliser les troubles du comportement de l’enfant qui se caractérisent notamment par une attention limitée, des difficultés de concentration, une perte de contrôle des émotions, une impulsivité et une agitation continue.

Quels sont les effets secondaires de la Ritaline ?

La Ritaline® est responsable de nombreux effets indésirables. Les effets les plus fréquemment rapportés sont notamment des troubles neurologiques (nervosité, maux de tête, vertiges, somnolence, dépression, insomnie) et des troubles cardiovasculaires (palpitations cardiaques, pouls augmenté, hypertension artérielle). En début de traitement, des troubles digestifs sont fréquents (nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales, sécheresse buccale). Le fait de prendre le médicament en mangeant permettra de les atténuer. De même, une toux, une rhinopharyngite, de la fièvre, des douleurs articulaires peuvent se manifester. Chez un épileptique, le méthylphénidate peut être associé à un abaissement du seuil épileptogène. Une diminution de l’appétit est également observée. D’ailleurs, un traitement prolongé peut induire un retard de croissance staturo-pondérale chez l’enfant, et une perte de poids chez l’adulte. Plusieurs évaluations cliniques sont effectuées avant de débuter le traitement puis renouvelées régulièrement, elles concernent : 

  • l’état cardiovasculaire : mesure de la pression artérielle et du pouls tous les 6 mois chez l’enfant et tous les mois chez l’adulte
  • le poids, la taille et l’appétit tous les 6 mois chez l’enfant, uniquement le poids chez l’adulte
  • l’état psychiatrique : repérage éventuel de troubles du comportement, d’anxiété, d’agitation tous les 6 mois

Quels signes ou symptômes surveiller en cas de prise de Ritaline ?

Pendant le traitement chez l’enfant, l’ANSM recommande de signaler rapidement au médecin la survenue ou l’aggravation :

  • de tics moteurs
  • contractions répétées, difficiles à contrôler de certaines parties du corps ;
  • de tics verbaux :
  • répétition de sons et de mots ;
  • d’une agressivité ou d’un comportement hostile ;
  • d’une agitation, d’une anxiété ou d’une tension nerveuse ;
  • d’un manque d’appétit ou d’un refus de se nourrir ;
  • d’hallucinations (voir, entendre ou sentir des choses qui ne sont pas réelles) ou d’illusions (perceptions déformées de sensations réelles) ;
  • de signes de type paranoïaque (méfiance, susceptibilité exagérée, jugement faux, interprétation hâtive) ;
  • de signes évoquant une dépression (grande tristesse, désespoir, impression d’inutilité, culpabilité) ;
  • de sautes d’humeur ou de modification de l’humeur (notamment des symptômes correspondant à une surexcitation physique et psychique)

Il faut aussi repérer les éventuels signes d’atteintes cardiovasculaires ou cérébrovasculaires pendant le traitement :

  • palpitations, douleurs dans la poitrine,
  • perte de connaissance inexpliquée,
  • difficultés à respirer;
  • maux de tête sévères,
  • engourdissement,
  • faiblesse ou paralysie d’un membre,
  • altération de la coordination, de la vision, de la parole, du langage ou de la mémoire.

Sources : 

– Rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA), « Quand les enfants vont mal : comment les aider ? », 13 mars 2023

– Méthylphénidate : données d’utilisation et de sécurité d’emploi en France, ANSM, mis à jour le 7 avril 2021

– Base de données publique des médicaments, ANSM


Source : JDF Santé