Qu'est-ce qui se passe chez l'homme quand la prostate est enlevée ?

Des conséquences sur la sexualité, mais pas que…


Chez l’homme, on peut enlever la prostate en cas de cancer de la prostate, surtout quand la tumeur est à un stade évolué ou qu’il y a un risque de métastases. « L’ablation de la prostate est une opération plutôt bien vécue d’un point de vue post-opératoire, avec peu de douleurs ou de complications immédiates. Un homme peut bien vivre sans prostate. Toutefois, il peut y avoir deux conséquences fonctionnelles une fois que la prostate est enlevée,

La première conséquence est une incontinence urinaire qu’on appelle « à l’effort » qui survient par exemple quand l’homme tousse, éternue, change de position, marche… Globalement, 60% des hommes sans prostate ont des fuites urinaires après une opération, mais il faut savoir que la très grande majorité de ces fuites disparaissent dans les 3 mois qui suivent l’intervention, soit spontanément, soit grâce à la kinésithérapie périnéale. « Pour prévenir l’incontinence urinaire, on conseille aux patients avant l’opération d’aller voir un kiné sur une ou deux séances, pas forcément pour muscler le sphincter, mais pour prendre conscience du rôle du sphincter et pour lui apprendre à contracter le bon muscle quand il fait un effort« . 

La deuxième conséquence concerne la sexualité. S’il n’y a pas forcément de recommandations officielles concernant la reprise des rapports sexuels après une ablation de la prostate, le bon sens veut qu’on attende grosso modo 15 jours avant de reprendre une activité sexuelle. « Après le retrait de la prostate, l’homme conservera l’envie de faire l’amour, il aura toujours le plaisir, l’orgasme, mais il n’aura plus d’éjaculation parce que quand on enlève la prostate, on enlève avec les vésicules séminales qui fabriquent le sperme. Aussi, l’homme peut avoir des difficultés d’érection« . Ce manque de rigidité est fréquent après une intervention de la prostate parce que les nerfs de l’érection (collés à la prostate) peuvent être altérés pendant l’opération. « Dans certains cancers très évolués, on est obligé de les sacrifier. Dans les cancers qui sont peu évolués, on va les préserver, mais les nerfs peuvent être étirés ou traumatisés, ce qui peut provoquer une sorte de paralysie nerveuse et donc un manque de rigidité transitoire » explique-t-il.

L’homme pourra avoir recours, à sa demande, à des médicaments pour améliorer son érection : soit des cachets (Viagra®, Cialis® par exemple), soit l’application d’un gel au niveau du gland ou l’injection d’un produit dans la verge qui va provoquer l’érection avant chaque rapport. L’érection peut revenir avec le temps, jusqu’aux 3 ans qui suivent l’intervention. « C’est une repousse nerveuse, donc c’est long, mais il ne faut pas perdre espoir » précise-t-il. Que les hommes se rassurent, les médecins proposent un accompagnement efficace face à ces deux problèmes fonctionnels. « Et dans le pire des cas, on sait réparer les fuites avec une chirurgie et on sait aussi mettre en place des prothèses d’érection, mais ça reste exceptionnel d’aller jusque-là. » Des conséquences sur la fonction hormonale ? « Non, répond notre interlocuteur. Même si la prostate est un organe génital interne, ce n’est pas un organe qui va avoir une fonction hormonale, donc il n’y a pas de perturbation hormonale chez l’homme, ni andropause, ni baisse de la testostérone. »


Source : JDF Santé