Qu’est-ce que la gangrène de Fournier ?
La gangrène de Fournier est une dermohypodermite bactérienne aiguë nécrosante ou fasciite nécrosante périnéale ou génitale. Elle entraîne ainsi la destruction progressive de tous les tissus cutanés et sous cutanés qui nécrosent jusqu’au fascia musculaire.
Quelles sont les causes de la gangrène de Fournier ?
Cette gangrène est secondaire à une infection polymicrobienne par des bactéries aérobies et anaérobies. Selon l’association Urofrance, bien que plusieurs cas décrits soient idiopathiques, c’est-à-dire que la maladie n’a pas de cause connue, « l’étiologie est identifiée chez 75 à 100 % des patients. Elle est colorectale (une fistule anale par exemple) dans 13 à 50 % des cas et urogénitale (infection urinaire) dans 17 à 87 % des cas« . Le Dr Maxime Vallée, chirurgien urologue, rappelle également que la cause peut être liée à un traumatisme périnéal ou bien à une plaie cutanée non pris en charge. « La gangrène de Fournier survient généralement chez des patients déjà fragiles : diabétiques, obèses, alcoolodépendants, dénutris, immunodéprimés etc… « , explique-t-il. L’homme est 10 fois plus touché que la femme par cette gangrène.
Comment débute une gangrène de fournier ?
Quelle que soit la cause, cette gangrène débute généralement par une infection locale, génitale, périnéale ou périanale, qui s’étend rapidement si celle-ci n’est pas correctement prise en charge. L’infection elle-même débute souvent comme une cellulite, c’est-à-dire que la zone se met à enfler, à devenir érythémateuse et douloureuse avec très rapidement l’apparition de zones nécrotiques avec parfois crépitations » neigeuses » à la palpation cutanée confirmant la maladie.
Quels sont les symptômes ?
« On note parfois une discordance importante entre le tableau général très souvent marqué et les plaintes du patient même si une douleur périnéale importante est la règle« , affirme le Dr Vallée. En effet, les symptômes de la gangrène de Fournier impliquent un tableau infectieux souvent bruyants avec une douleur périnéale importante, de la fièvre, une forte fatigue, une confusion. Ceci peut évoluer jusqu’au choc septique.
Est-ce contagieux ?
Non, la gangrène de Fournier n’est pas contagieuse.
La chirurgie est systématique.
Quel est le traitement d’une gangrène de fournier ?
D’après l’urologue, le traitement comporte trois volets :
► Le premier volet est infectieux, avec la mise en place d’une antibiothérapie à large spectre.
► Dans le même temps, la chirurgie est systématiquement nécessaire pour réaliser un débridement chirurgical : enlever les tissus morts et retrouver des tissus sains. Il sera ensuite nécessaire d’effectuer des pansements toutes 24 à 48 heures au début pour nettoyer la zone et essayer de faire bourgeonner les tissus sains afin qu’un processus de cicatrisation puisse débuter mais il s’agit d’une prise en charge longue s’étalant souvent sur plusieurs mois.
► Enfin, une prise en charge en réanimation est bien souvent nécessaire notamment en cas de choc septique. Cette prise en charge vise à contrôler l’infection et toutes les décompensations d’organes que cela peut induire (insuffisance rénale, hépatique…)
Le taux de mortalité avoisine les 20 à 30%
Quel est le pronostic ?
En 2008, la littérature médicale sur le sujet indiquait que le taux de mortalité était relativement élevé : de l’ordre de 20 à 80% des cas, « souvent en raison du retard dans le diagnostic et la prise en charge« . Un article plus récent (2018) du National library of medicine, affirme que « malgré les progrès des techniques et des modalités de l’anesthésie réanimation la mortalité reste élevée avoisinant les 20 à 30%« .
Quelles sont les séquelles ?
« Les séquelles peuvent être cutanées, musculaires ou d’ordre sexuel (érection). La présence d’une incontinence ou d’une fistule anale ou urinaire nécessite parfois de réaliser une stomie digestive ou urinaire (une dérivation du tube digestif ou des voies urinaires au niveau de la peau de l’abdomen pour évacuer selles ou les urines vers une poche à l’extérieur du corps)« , développe le Dr Maxime Vallée.
Quelles sont les complications ?
Les complications liées directement à la gangrène sont celles citées ci-dessus. D’autres complications, qui ne sont pas liées à l’infection en elle-même existent. En réanimation, le patient, en restant aussi longtemps allongé, peut faire une embolie pulmonaire par exemple. « Les complications sont la plupart du temps liées aux pathologies sous-jacentes propres à chaque patient (diabète, alcoolodépendance etc) et qui doivent à tout prix être prises en charge pour améliorer la survie et la récupération du patient. »
Merci au Dr Maxime Vallée, urologue, membre du comité d’infectiologie de l’Association Française d’Urologie.
Sources :
– Urofrance, Association Française d’Urologie
– National Library of Medicine
Source : JDF Santé