Quels sont les symptômes de la maladie de Crohn ? C'est quoi ?

La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire du tube digestif (de la bouche à l’anus). Elle a été décrite pour la première fois en 1932 par un médecin américain, Burril B Crohn. En France, le nombre de nouveaux cas chaque année est compris entre 4 et 5 pour 100 000 habitants. Actuellement on dénombre 150 000 personnes atteintes de la maladie de Crohn en France. Les symptômes intestinaux sont les plus fréquents. Découverte.

C’est quoi la maladie de Crohn ?

« La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique pouvant atteindre tous les segments du tube digestif, le plus souvent l’iléon terminal, l’anus, le côlon. Elle touche environ un habitant sur 1000, avec près de 7 à 10 nouveaux cas/100 000 habitants/an. Son incidence augmente dans les pays industrialisés » explique le Dr Axel Balian, gastro-entérologue et hépatologue. L’Europe du Nord-Ouest et les Etats-Unis sont les pays les plus touchés. Les pays émergents d’Amérique latine constatent une augmentation du nombre de personnes touchées. La fréquence, en France, varie selon les régions : le Nord-Pas-de-Calais est une des régions les plus touchées.

Quels sont les symptômes de la maladie de Crohn ?

La maladie de Crohn entraîne surtout des symptômes digestifs. Elle évolue le plus souvent par poussées entrecoupées de périodes de rémissions et d’accalmie pendant lesquelles le patient ne présente aucune manifestation. Il est impossible de prédire la fréquence des pousséesLes principales manifestations sont intestinales. L’inflammation peut se former à divers endroits du tube digestif et en atteindre une ou plusieurs parties. Elle se situe le plus fréquemment au niveau de la jonction de l’intestin grêle et du gros intestin. L‘inflammation chronique provoque l’épaississement de la paroi intestinale. Chez l’enfant et l’adolescent, une cassure des courbes staturo-pondérales et un retard pubertaire peuvent évoquer une maladie de Crohn. 

  • Des symptômes extra digestifs (articulaires, cutanés, oculaires) peuvent également être observés.
  • Des manifestations hépato biliaires peuvent également survenir comme une stéatose, une lithiase biliaire, une cholangite sclérosante primitive. 
  • Autres atteintes plus exceptionnelles : une atteinte pancréatite, une pathologie rénale, urologique, pulmonaire ou une maladie thromboembolique (thrombose artérielle ou thrombose veineuse profonde…) 

Quels sont les symptômes digestifs ?

Les symptômes intestinaux sont les plus fréquents dans la maladie de Crohn : douleurs abdominales, diarrhées avec ou sans émissions sanglantes, atteinte de la région anale (fissure*, fistule*, abcès*).

  • Des douleurs abdominales.
  • Une diarrhée chronique accompagnée de glaires et parfois de sang. 
  • atteinte de la région anale (fissure, fistule, abcès).

Une altération de l’état général accompagne souvent les poussées : fatigue (asthénie), manque d’appétit (anorexie), amaigrissement, fièvre.

Quels symptômes entraîne-t-elle sur la peau ?

« La maladie de Crohn peut avoir un retentissement important sur la qualité de vie personnelle et/ou familiale »

Les lésions de la peau ne sont pas toujours spécifiques et peuvent ressembler à d’autres pathologies cutanées. Il s’agit d’aphtes buccaux, d’érythème noueux ou de pyoderma gangrenosum. Les aphtes sont des lésions ou ulcérations non contagieuses de la muqueuse buccale. L’érythème noueux entraîne des nodules, sortes de boules sous la peau, bleutés, douloureux situés sur la face antérieure des jambes. Ces symptômes disparaissent lors du traitement des poussées. Le pyoderma gangrenosum correspond à des ulcérations localisées au niveau des membres inférieurs, des fesses et du visage.

La maladie de Crohn entraîne-t-elle des rhumatismes ?

Des rhumatismes articulaires périphériques (comme les genoux ou les poignets), d’évolution corrélée ou non à la poussée, ou des rhumatismes axiaux de type sacro-iliite ou une spondylarthrite ankylosante, d’évolution chronique peuvent apparaître au cours d’une Maladie de Crohn. « Les 2 formes de rhumatismes peuvent être parfois associées. Les rhumatismes peuvent siéger au niveau cervical, dorsal, lombaire, des articulations sacro-iliaques, des coude, du poignets, talons, genoux, ou des chevilles. 5% des personnes présentant une maladie de Crohn sont nettement gênées par ces rhumatismes », précise le spécialiste. Les douleurs ont un rythme inflammatoire (différent de celui de l’arthrose) avec une survenue en fin de nuit et des douleurs matinales qui s’accompagnent d’une raideur des articulations atteintes. Elles disparaissent ensuite lors du dérouillage matinal. Les douleurs peuvent survenir lors des poussées évolutives digestives et parfois même précéder la poussée digestive de quelques jours puis disparaissent avec le traitement de la maladie digestive. Il arrive parfois que les douleurs continuent après les poussées digestives. 

Quels symptômes entraîne-t-elle sur les yeux ?

Les symptômes ophtalmologiques sont souvent peu spécifiques de cette pathologie : douleurs, larmoiements, vision trouble, photophobie, rougeurs, etc. En cas de baisse de la vision un traitement doit être envisagé afin d’éviter l’apparition d’une cécité. Il est vivement conseillé de consulter un ophtalmologue lorsque le diagnostic de Maladie de Crohn est posé. 
La majorité des manifestations oculaires surviennent lors des poussées digestives. Uvéites, Sclérites et épisclérites peuvent apparaitre. 

Anémie et carence en fer à cause de la maladie de Crohn

Parmi les symptômes hématologiques : une anémie, le plus souvent par carences (parfois associées, fer, folates, vitamine B12), ou inflammatoire, accompagnée d’une thrombocytose.

Quelle alimentation privilégier en cas de maladie de Crohn ?

Contrairement à d’autres maladies comme le diabète, il n’existe pas vraiment de stratégie nutritionnelle pour la maladie de Crohn car les recommandations varient en fonction de la tolérance de chaque patient. Il faut savoir qu’aucun aliment ne peut déclencher ou empêcher une poussée mais certaines mesures diététiques peuvent rendre la digestion plus agréable.

► En période de poussée : les fruits et légumes crus, les produits laitiers ainsi que l’alcool sont fortement déconseillés.

► En dehors de ces périodes, on peut consommer des féculents blancs, plus faciles à digérer que les complets, ainsi que du poisson, des œufs et de la viande pour l’apport en protéines. Il est également important de boire de l’eau tout au long de la journée car la maladie de Crohn peut entraîner une malabsorption de l’eau or il faut absolument éviter la déshydratation. Enfin, il est préférable de manger au calme pour favoriser la digestion.

« La confirmation du diagnostic de maladie de Crohn s’effectue avec la réalisation des biopsies »

Quelles sont les causes de la maladie de Crohn ?

Les causes de la maladie ne sont pas clairement définies. On ne sait pas encore quel(s) facteur(s) déclenche(nt) cette réaction immunitaire anormale au niveau intestinal et ce qui modifie son évolution dans le temps. Une prédisposition génétique, des facteurs liés à l’environnement ainsi qu’une une anomalie du système immunitaire pourraient constituer des facteurs favorisants. La maladie de Crohn n’est pas une maladie « héréditaire » au sens propre du terme, explique l’association AFA, mais il existe un facteur génétique de prédisposition à la maladie, le gène NOD2 ou CARD16 sur le chromosome 16 du génome humain. Il existerait aussi un lien avec des anomalies du système immunitaire intestinal liées à un déséquilibre de la flore intestinale (dysbiose). Cette flore microbienne (microbiote) est moins diversifiée et l’appauvrissement de certaines souches bactériennes est une des caractéristiques de la maladie de Crohn. « On sait par contre qu’il ne s’agit pas d’une maladie contagieuse » ajoute l’AFA et « il ne s’agit pas non plus d’une maladie « psychosomatique » même si des facteurs psychologiques peuvent moduler son évolution ». Enfin, « le tabagisme est un facteur de risque majeur de développer la maladie », avertit le gastro-entérologue.

Quels sont les examens pour diagnostiquer la maladie de Crohn ?

Aucun test biologique ou radiologique n’est spécifique du diagnostic de la maladie de Crohn. Le diagnostic de la Maladie de Crohn s’effectue sur l’accumulation de plusieurs éléments : L’interrogatoire et l’historique de la maladie, l’examen clinique, les tests sanguins, les examens radiologiques. « Mais c’est surtout l’endoscopie avec les biopsies et l’analyse anatomopathologique qui confirment le diagnostic », nuance le Dr Balian. Les examens morphologiques permettent de mettre en évidence les lésions spécifiques de la Maladie de Crohn et d’en repérer l’étendue et la gravité des lésions. L’IRM permet de repérer les fistules, complications possibles de la maladie de Crohn. Un examen proctologique, permet de repérer des lésions caractéristiques de maladie de Crohn comme des fissures, des fistules simples ou complexes, ou des ulcérations. Un examen par vidéocapsule permet, lorsque les autres examens ne sont pas positifs, de confirmer le diagnostic de maladie de Crohn dont le siège est situé sur l’intestin grêle. « Il faut être sûr au préalable qu’il n’existe pas de sténose du grêle, sinon la capsule pourrait se bloquer et entrainer une occlusion du grêle », note le spécialiste.

Que rechercher dans la prise de sang ?

Recherche de signes d’inflammation, de carence en vitamine témoignant d’une malabsorption, d’anémie. Examens sérologiques pouvant mettre en évidence certains anticorps augmentés dans la Maladie de Crohn. 

Que montre la coloscopie ?

La coloscopie permet l’examen la muqueuse du côlon et de la partie terminale de l’intestin grêle. Des biopsies sont effectuées au cours de la coloscopie. « La confirmation du diagnostic de maladie de Crohn s’effectue avec la réalisation des biopsies sur les lésions visibles macroscopiquement, au niveau iléal, coliques et rectales », précise le spécialiste.

A quoi sert la fibroscopie ?

La fibroscopie œsogastroduodénale permet de visualiser l’œsophage, l’estomac et et le duodénum, première partie de l’intestin grêle. Il s’agit d’un examen qui permet la visualisation de l’intérieur de l’œsophage, de l’estomac et du duodénum, première partie intestin. Cet examen s’effectue au moyen d’un tube souple muni d’une lumière et d’une caméra qui est introduit dans la bouche.

Les examens sont-ils remboursés ?

Ces pathologies sont classées parmi les affections de longue durée, prises en charge à 100% par l’Assurance Maladie. 

Quels sont les traitements de la maladie de Crohn ?

Le traitement de la maladie de Crohn permet de traiter les poussées de la maladie et de prévenir les rechutes et les complications. « Chez tous les patients, il faut absolument obtenir l’arrêt complet et définitif de la consommation tabagique (qui aggrave l’évolution de la maladie de Crohn) », insiste le Dr Balian. Un traitement nutritionnel peut être préconisé afin de palier à une dénutrition. L’alimentation peut ainsi être entérale, par sonde nasogastrique ou parentérale par voie veineuse. Contre les douleurs, les antalgiques peuvent être prescrits. Les médicaments antidiarrhéiques peuvent être conseillés. Enfin, les médicaments antispasmodiques permettent de soulager les douleurs abdominales.  L’arrêt définitif du tabac, facteur aggravant de la maladie, demeure une des mesures les plus importantes. 

Quels traitements lors des poussées ?

Lors des poussées, les traitements médicamenteux suivants sont recommandés : 

  • 5-ASA par voie orale et/ou rectale.
  • mésalazine, 1 à 4 g/jour.
  • corticoïdes : Les corticoïdes utilisés sur de courtes périodes sont prescrits lors des poussées de la maladie. Ils ne constituent absolument pas un traitement préventif.
  • antibiotiques : Les antibiotiques sont prescrits dans plusieurs situations, notamment en cas d’aggravation soudaine ou suspicion d’infection intestinale, également en cas d’abcès, sous forme de quinolone et/ou métronidazole. 

En quoi consiste le traitement chirurgical chez les malades de Crohn ?

Le traitement chirurgical s’envisage en cas d’évolution de la maladie, lors d’apparition de complications et lorsque les traitements médicamenteux s’avèrent inefficaces. L’intervention chirurgicale consiste à enlever la ou les zones de l’intestin qui sont atteintes. « La chirurgie doit être la plus économe possible, des récidives pouvant survenir sur les zones anastomotiques« , explique le gastro-entérologue. La chirurgie consiste en l’exérèse des lésions inflammatoires, le drainage d’abcès et le traitement des occlusions ou des péritonites. Lors de l’ablation d’une partie de l’intestin, il est parfois envisagé une intervention chirurgicale destinée à pratiquer un anus artificiel en effectuant un abouchement du côlon à la paroi de l’abdomen afin de dériver les selles vers l’extérieur dans une poche régulièrement changée. Cette stomie est souvent provisoire. 

Quels sont les chiffres de la maladie de Crohn ?

En France, le nombre de nouveaux cas chaque année est compris entre 4 et 5 pour 100 000 habitants. Actuellement on dénombre 150 000 personnes atteintes de la maladie de Crohn en France. La maladie de Crohn touche les hommes et les femmes. Elle survient le plus souvent chez les jeunes adultes, entre 20 et 40 ans, mais peut apparaître à tout âge et également dans une proportion moins élevée, chez les enfants. Le pourcentage d’enfants touchés est inférieur à 10%. Lors de l’évolution de la maladie, il y a un important recours à la chirurgie ; en effet environ 80% des malades subissent une intervention chirurgicale au cours de l’évolution de la maladie. Après 10 ans d’évolution le risque de cancer colorectal augmente par rapport à la population générale.

Merci au Dr Axel Balian, gastro-entérologue et hépatologue. Source : La maladie de Crohn, Association Afa, 2020.


Source : JDF Santé