Quels bienfaits sur la mémoire ?
En temps normal, l’organisme transforme les glucides, lipides et protéines en énergie qui alimentera les organes vitaux, dont le cerveau. Les systèmes digestif et nerveux sont les deux systèmes qui demandent le plus d’énergie. « Lorsque l’on se prive de nourriture, le système digestif a besoin de moins d’énergie. Ainsi, il y a plus d’énergie disponible pour le cerveau« , explique Mickael Dieleman, diététicien. Pour ne pas manquer d’énergie, l’organisme va développer des mécanismes lui permettant de puiser dans ces ressources internes. Lors d’un jeûne, la production d’une protéine appelée BDNF (brain-derived neurotrophic factor) est favorisée au même titre que lorsque l’on fait du sport. « Cette protéine permet la génération cellulaire du cerveau. » La BNDF agit sur les neurones de l’hippocampe, du cortex et du prosencéphale qui sont les parties du cerveau qui contrôlent la mémoire. « On suppose alors que le jeûne peut améliorer la mémoire. »
Quels bienfaits sur la dopamine ?
« La dopamine est un neurotransmetteur qui sécrète une sensation de plaisir. Elle intervient souvent lors d’une prise alimentaire sucrée par exemple. Mais l’inconvénient c’est que l’effet est de courte durée et entraîne une dépendance. A priori, au bout de quelques jours de jeûne, la dopamine et la sérotonine produites dans le sang engendreraient une sensation agréable, permettant au corps de se sentir mieux« , explique le diététicien.
Quels bienfaits sur le stress ?
Le jeûne est une pratique qui demande de prendre du recul, de se recentrer, se détoxifier et repartir à zéro. Que ce soit pour des raisons religieuses ou encore pour arrêter des habitudes addictives comme l’excès de sucre, d’alcool ou de café, « lorsque l’on débute un jeûne, il y a une vraie volonté de se mettre sur le côté de la vie active et stressante du quotidien. De fait, le jeûne peut en effet avoir des bienfaits sur le stress« . De plus, « un cerveau qui fonctionne bien a une influence sur le système digestif – que l’on considère être un deuxième cerveau – et inversement ». Un message rassurant est alors envoyé au système nerveux. Mais d’après Mickael Dieleman, si ce processus est intéressant, il n’est toutefois pas forcément viable sur le long terme car il est impossible de jeûner sur une trop longue durée.
Le jeûne prévient-il la maladie d’Alzheimer ?
De plus en plus d’articles expliquent en effet que le jeûne pourrait prévenir la maladie d’Alzheimer. Cela serait dû à la sécrétion de la protéine BDNF (cf voir paragraphe sur la mémoire ci-dessus) qui contribuerait à diminuer les risques de démence ou de perte de mémoire. D’après Mark Mattson, neuroscientifique à l’université Hopkins, un niveau de BDNF bas pourrait accentuer l’apparition de la maladie d’Alzheimer et de dépression. Cette autre étude scientifique explique que « le glucose est le principal substrat énergétique du cerveau. Dans la maladie d’Alzheimer, il semble y avoir une diminution pathologique de la capacité du cerveau à utiliser le glucose. Des preuves neurobiologiques suggèrent que les corps cétoniques sont un substrat énergétique alternatif efficace pour le cerveau dans le cadre de la maladie d’Alzheimer. (…) Les corps cétoniques sont normalement produits à partir des réserves de graisse comme alternative au glucose pendant les périodes d’hypoglycémie prolongée, comme pendant un jeûne ou lorsque très peu de glucides sont consommés. » Un test effectué sur une vingtaine de personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer a alors mis en évidence le fait qu’une hypercétonémie améliorerait le fonctionnement cognitif des personnes atteintes de troubles de la mémoire. Et Mickael Dieleman de développer : « Lors d’un jeûne prolongé, le corps a besoin de glucose. Il puise d’abord dans les réserves de glucose présentes dans le foie puis utilise les acides gras pour les transformer en corps cétoniques et en faire de l’énergie. » Le diététicien reste cependant très prudent : « Attention à ne pas faire d’une expérience une généralité.«
Le jeûne prévient-il la maladie de Parkinson ?
Il a été très difficile de trouver des études sur les effets du jeûne concernant la maladie de Parkinson. D’autant plus que la prise de traitements lourds dans le cas des maladies telles que Parkinson semble difficilement compatible avec certains types de jeûnes. Cependant, dans un article de La Vie, le Pr Andreas Michalsen de l’hôpital public de Berlin explique que « pour les patients atteints des maladies de Parkinson, d’Alzheimer (…) l’amélioration est légère. Mais, globalement, le jeûne se révèle être un outil thérapeutique pertinent qui renforce les défenses immunitaires et apporte un bien-être tant physique qu’émotionnel« .
Quels sont les dangers du jeûne pour le cerveau ?
« Chacun est plus ou moins sensible à la privation de nourriture et/ou d’eau. Pour certains, le jeûne prolongé n’est pas viable. Si sur du court terme, les sensations sont principalement de la fatigue, de l’hypoglycémie, une diminution de la concentration et une baisse de la tension artérielle, sur du plus long terme, ces phénomènes peuvent être aggravés. Une perte de connaissance, une fonte musculaire ainsi qu’une atteinte de certains organes vitaux sont alors possibles. »
Merci à Mickael Dieleman, diététicien.
Sources :
– Étude scientifique « Effets du β-hydroxybutyrate sur la cognition chez les adultes ayant des troubles de la mémoire« , mars 2004, ScienceDirect.
– « Le jeûne a de bons résultats thérapeuthiques« , article publié le 3 juillet 2019, La Vie.
Source : JDF Santé