Quels cancers provoquent des caillots ?

« Les personnes atteintes d’un cancer sont plus à risque d’avoir des caillots sanguins », nous explique le Dr Marc Carrier, chef du service d’hématologie de l’hôpital d’Ottawa.


Un caillot est un amas de sang qui se forme dans un vaisseau sanguin – le plus souvent une veine, plus rarement une artère. La plupart du temps, les caillots sont petits et inoffensifs, mais il arrive que le caillot devienne suffisamment gros pour bloquer la circulation du sang et provoquer des problèmes de santé graves voire mortels (embolie pulmonaire, accident vasculaire cérébral…). « En raison de plusieurs facteurs de risques que les médecins aujourd’hui connaissent bien, les personnes atteintes d’un cancer sont plus à risque d’avoir des caillots sanguins », nous explique le Dr Marc Carrier, chef du service d’hématologie de l’hôpital d’Ottawa et Président de Thrombose Canada. Les données scientifiques estiment qu’environ 1 personne atteinte d’un cancer sur 200 développera un caillot. 

Une personne qui a un cancer actif (qui n’est pas en rémission, ni guéri) ou qui s’est propagé à d’autres parties du corps (métastases) a plus de risques. « Les cellules tumorales peuvent libérer des substances qui stimulent la coagulation sanguine, ce qui entraîne la formation de caillots dans les vaisseaux sanguins. Le cancer peut aussi causer une inflammation chronique qui va entraîner la sécrétion de substances pro-coagulantes, activant ainsi la « cascade de coagulation ». Parfois, certaines tumeurs plus volumineuses peuvent comprimer les vaisseaux sanguins, ralentissant le flux sanguin (stase sanguine) et augmentant le risque de formation de caillots« .

Une personne sous traitement anticancéreux a également plus de risques de caillots. « Les chimiothérapies peuvent favoriser la formation de caillots (par exemple, celles à base de platine ou certaines thérapies ciblées). D’autres traitements, tels que et les interventions chirurgicales et l’utilisation de cathéters intraveineux, peuvent endommager les parois des vaisseaux sanguins, favorisant ainsi la formation de caillots« , poursuit notre interlocuteur. Enfin, un cancer associé à d’autres affections médicales comme une obésité ou des antécédents de thromboses veineuses accroît les risques. 

Les tumeurs à croissance rapide sont plus à risque

Les cancers associés au risque le plus élevé de caillots sont ceux touchant les ovaires, le pancréas, l’estomac, le cerveau et le poumon. Ce sont des cancers qui se propagent rapidement et on sait que les tumeurs à croissance rapide sont associées à un risque plus élevé de formation de caillots sanguins, tout en précisant que le risque peut aussi varier en fonction du stade du cancer (plus il est avancé, plus le risque est élevé, ndlr). « Bien que le cancer du sein soit associé à un risque plus faible de caillots sanguins par rapport aux cancers cités préalablement, sa forte incidence dans la population féminine fait que les cliniciens observent un nombre significatif de cas de caillots chez ces patientes« , tient à préciser le Dr Carrier. 

L’idéal serait que toutes les personnes atteintes de cancer connaissent les signes d’alerte d’un caillot. Un caillot situé au niveau des membres inférieurs peut entraîner une enflure de la cheville ou du mollet, une crampe ou contracture dans le mollet, une rougeur ou changement de couleur de la jambe, une sensation de lourdeur. Plus grave, un caillot qui se déplace vers une artère pulmonaire peut entraîner des difficultés à respirer, une douleur thoracique vive, une sensation de pression sur la poitrine, des étourdissements ou des vertiges.

« Si vous ressentez l’un de ces symptômes, il est crucial de consulter immédiatement un médecin ou de vous rendre aux Urgences, car ces conditions peuvent mettre votre vie en danger« , insiste notre expert. Le traitement implique généralement l’administration d’anticoagulants, soit par injection (héparine de bas poids moléculaire) soit par voie orale (anticoagulants oraux directs ou warfarine). La durée du traitement est déterminée par votre médecin en fonction de l’évolution de votre cancer et de votre tolérance.


Source : JDF Santé