Qui dit premiers rapports sexuels dit idéalement première consultation gynécologique et première contraception. Mais encore faut-il opter pour celle qui nous convient le mieux en fonction de notre profil ! Alors, DIU ou pilule ? Implant contraceptif ou anneau vaginal ? Pilule œstroprogestative, de 2e ou 3e génération ou micropilule progestative ? Conseils du Dr Brigitte Raccah-Tebeka, gynécologue-endocrinologue.
Comment se passe la première consultation gynécologique ?
Si la jeune fille a eu ses premières relations sexuelles, ou si elle programme d’en avoir, elle peut consulter un gynécologue et avoir recours à sa première contraception. Elle peut décider, au choix, de consulter un gynécologue (que son médecin traitant, sa maman ou une amie pourra lui conseiller) ou de se rendre dans un centre de planification et d’éducation familiale (CPEF, Planning Familial). Mais qu’elle se rassure, « la première consultation gynécologique n’implique pas forcément un examen gynécologique comme un frottis par exemple. On le réalise seulement si la patiente n’y est pas hostile ou si son état de santé le nécessite« , précise le Dr Raccah-Tebeka. En revanche, le gynécologue vérifiera toujours, lors de cette première séance, son poids, sa tension, l’aspect de sa peau, l’état de ses jambes (pour déceler des éventuels problèmes veineux) ainsi que l’état de ses seins via une palpation (pour déceler une éventuelle boule, un écoulement…).
Ensuite, il y a un véritable échange entre le professionnel de santé et la jeune fille. « Cette première prise de contact est l’occasion de lui demander ce qu’elle connaît de la contraception, si elle a des amies qui lui en ont parlé, quels sont ses éventuels antécédents médicaux ou familiaux (AVC, phlébite, embolie pulmonaire dans sa famille proche). Puis vient le moment de lui exposer les différentes possibilités contraceptives« , explique le Dr Raccah-Tebeka. Par ailleurs, lors de la première consultation gynécologique, le médecin va insister sur l’usage des préservatifs pour informer la jeune fille sur les infections sexuellement transmissibles. Enfin, « inutile de faire une prise de sang avant la première prescription, sauf si la jeune fille est en surpoids (dans ce cas, il faut contrôler sa glycémie et son taux de cholestérol) ou si elle a des antécédents familiaux. En revanche, il est nécessaire de reprendre rendez-vous chez son gynécologue et de faire une prise de sang après 3 mois sous contraception hormonale pour vérifier si celle-ci est bien tolérée par le corps et si elle ne cause pas d’effets secondaires (douleurs dans la poitrine, prise de poids, saignements, acné, migraines…) ».
Avec quelle contraception commencer ?
► Un contraceptif hormonal. « Généralement, pour une première contraception, il est extrêmement rare de proposer une méthode sans hormones comme le DIU au cuivre ou une méthode locale« , indique d’emblée la gynécologue. On conseillera plutôt à la jeune fille d’associer les contraceptions hormonales. Lorsqu’elle est prise correctement, la pilule reste très efficace (91% d’efficacité dans la vie courante). Toutefois, d’autres contraceptifs hormonaux peuvent être proposés. Les anneaux vaginaux et les patchs ont également une bonne efficacité (autour de 90% en usage pratique) et permettent d’éviter les oublis de pilule. En revanche, ils ne sont pas remboursés par l’Assurance Maladie. La pilule est simple d’utilisation, est complètement réversible, régule les cycles et atténue les douleurs liées aux règles. Certaines ont même un effet positif sur l’acné. Les règles d’utilisation sont alors bien expliquées ainsi que l’attitude à adopter en cas d’oubli. Mais pourquoi l’associer aux préservatifs ? Car bien qu’élevée, l’efficacité contraceptive de la pilule n’est encore pas suffisante chez ces jeunes filles, pour qui une grossesse non désirée serait très problématique. Et si au bout de quelques mois, la relation amoureuse se prolonge et si la jeune fille a recours à une autre contraception, on peut inviter le couple à abandonner le préservatif. Mais avant, un test de dépistage des infections sexuellement transmissible doit être effectué par les deux partenaires.
► L’implant contraceptif peut également être envisagé comme une contraception de première intention chez les jeunes filles : cette méthode reste efficace pendant une durée de 3 ans et permet d’éviter les oublis de pilule. En revanche, « les diaphragmes et capes cervicales sont des contraceptions locales que l’on ne proposent pas aux jeunes filles. Leur efficacité n’étant pas suffisante (aux alentours de 85 %) pour ces femmes qui ont une fertilité normale. Ils seront davantage proposés aux femmes de plus de 40 ans dont la fertilité a diminué« , préconise l’experte.
Quelle est la meilleure première pilule contraceptive ?
Combinée ou œstroprogestative, progestative, 2ère génération ou autre… Il existe tellement de pilules différentes qu’il est difficile d’y voir clair. Mais pas de panique, le gynécologue est là pour vous orienter selon votre profil :
► Si la jeune fille ne présente aucun antécédents personnels ou familiaux, n’a pas de cholestérol, de diabète ou d’autres contre-indications, on lui propose une pilule œstroprogestative dite de 2e génération (elle contient du lévonorgestrel ou du norgestrel à moindre risque thrombo-embolique) ;
► Si la jeune fille a des antécédents familiaux ou personnels (et donc a un risque de faire une embolie pulmonaire, une phlébite, un infarctus, un accident cardio-vasculaire…), ou des problèmes de santé (un taux de cholestérol élevé, une hypertension artérielle,) qui contre-indiquent l’utilisation des œstrogènes, on va l’orienter soit vers une pilule progestative, soit vers un implant contraceptif sous-cutané, un dispositif ne contenant que des hormones progestatives qui n’augmentent pas ce risque ;
► Si la jeune fille fume moins de 5 cigarettes par jour et qu’elle n’a comme facteur de risque que le tabac, il n’y a pas de contre-indications à utiliser une pilule œstroprogestative ;
► Si la jeune fille fume plus de 5 cigarettes par jour et qu’elle a un autre facteur de risque (un taux de cholestérol élevé, un surpoids, de l’hypertension artérielle…), on évitera les contraceptions contenant des œstrogènes et on lui prescrira plutôt une pilule progestative ou un implant contraceptif ;
► Si la jeune fille a une peau acnéique, on lui proposera une pilule œstroprogestative qui permet de soulager l’acné. A savoir que le progestatif contenu dans la pilule progestative, comme le lévonorgestrel, aux effets proches des hormones mâles, peut aggraver l’acné.
Merci au Dr Brigitte Raccah-Tebeka, gynécologue-endocrinologue.
Source : JDF Santé