Pourquoi et comment utiliser la solution de Milian ?

C’est quoi la solution de Milian ?

La solution de Milian est un mélange de deux colorants : vert de méthyle et violet de gentiane (ou violet cristallisé), additionnés d’eau ou d’alcool à 60° pour faciliter l’application. Les colorants utilisés présentent des propriétés asséchantes, faiblement antiseptiques majorées par la présence d’alcool et antifongiques sur le champignon Candida albicans.

A-t-elle été interdite en France ?

Actuellement la solution de Milian n’est plus commercialisée sous forme de dosettes, toutefois elle est toujours disponible en préparation magistrale dans les pharmacies. Malgré de nombreuses ruptures de stocks, elle n’a jamais été interdite en France. Elle ne doit pas être confondue avec le bleu de méthylène qui n’est plus en vente en pharmacie mais uniquement destiné à un usage hospitalier.

Quelles sont les indications de la solution de Milian ?

La solution de Milian est utilisée pour assécher les lésions suintantes de la peau (coupures, égratignures) risquant de s’infecter dans les cas suivants : 

  • l’érythème fessier (fesses rouges) du nourrisson
  • l’impétigo : infection cutanée bactérienne qui se caractérise par des croûtes jaunâtres
  • l’intertrigo : infection bactérienne ou fongique au niveau des plis de la peau favorisée par une macération
  • les autres maladies bulleuses ou vésiculeuses de la peau comme le syndrome pieds-mains-bouche ou la varicelle

Chez les nourrissons, la solution aqueuse (à base d’eau) est préférable pour éviter le passage d’alcool dans le sang.

Comment l’utiliser ?

La solution est directement vaporisée sur les lésions ou appliquée par tamponnement à l’aide d’une compresse, une à deux fois par jour. Le bleu de Milian ne doit pas être employé de manière concomitante avec du sérum physiologique au risque de former des particules en suspension. Il est recommandé de conserver le produit dans un flacon bouché à l’abri de la chaleur, de l’humidité et de la lumière. À noter que cette solution est salissante puisqu’elle colore longuement la peau, les textiles et les surfaces. Pour nettoyer efficacement les objets, il est conseillé d’utiliser de l’alcool modifié à 70° et non de l’eau.

Quelles sont les alternatives à la solution de Milian ? 

Les équivalents de la solution de Milian sont les autres colorants asséchants tels que l’éosine, la fluorescéine. Toutefois, leur utilisation n’est plus recommandée en 1re ligne car ils peuvent masquer les signes d’une infection. Ainsi, les lotions asséchantes non colorées suivantes constituent de bonnes alternatives : Avène Cicalfate®, A-Derma Cytelium®, Gilbert Sensimyl®, Noreva Exfoliac®.

Quels sont les dangers de la solution de Milian ?

Par sa coloration, la solution de Milian peut masquer les signes d’une infection bactérienne ou d’une mycose, ce qui peut rendre difficile la surveillance des lésions et ainsi retarder l’instauration d’un traitement adapté. Cette solution ne doit pas être employée comme un désinfectant puisqu’elle présente des propriétés antiseptiques relativement faibles. Le fait de ne pas recourir à un désinfectant local au préalable peut conduire à la survenue d’une infection voire d’une surinfection des lésions. Par ailleurs, le recours au bleu de Milian doit se limiter à 7 jours au maximum pour limiter l’apparition des irritations. En outre, l’asséchement de la peau au long cours peut bloquer le processus de cicatrisation qui s’effectue préférentiellement en milieu humide. De même, la peau badigeonnée de produit ne doit pas être exposée au soleil en raison du risque de brûlures. Une fois appliquée, la solution ne doit jamais être recouverte d’un pansement, ce qui favoriserait le passage des composants chimiques dans le sang. La solution de Milian peut être toxique si elle est avalée ou mise au contact des yeux. En effet, elle induit des laryngites, des œdèmes du visage et des irritations voire des ulcérations, surtout chez le jeune enfant. Dans ce cas, un rinçage à l’eau claire doit être réalisé sans délai. À noter qu’une mauvaise conservation du produit peut le contaminer et induire une infection des lésions lors de l’application.


Source : JDF Santé