Plus de 3 millions de Français prennent ce médicament, il fait vieillir plus vite

Son impact est particulièrement probant après 65 ans.


Vieillir réduit l’autonomie. Cela peut se manifester par une difficulté, voire une incapacité, à réaliser des tâches ou des activités de la vie quotidienne, comme le ménage, le jardinage, la cuisine… On devient aussi moins autonome parce que la mobilité du corps est moindre. Certaines personnes vont avoir du mal à marcher, à s’habiller seul… Selon une étude américano-taiwanaise, un médicament pourrait accélérer le vieillissement du corps et la perte d’autonomie des personnes agées.

C’est en menant une étude sur le sommeil que les chercheurs ont fait leur découverte. Ils ont analysé les données de plus de 6700 participants âgés de plus de 65 ans, en regardant la fréquence de leurs insomnies et leur prise associée d’un médicament pour dormir. Ils ont comparé ces données à un « score de handicap » calcul à partir d’un questionnaire. Plusieurs activités « d’autosoins » ont été relevées comme s’habiller, manger, aller aux toilettes et prendre une douche. Il incluait également des questions sur les activités de mobilité, comme sortir du lit, se déplacer à l’intérieur et à l’extérieur. Pour chaque activité, les participants ont été classés comme « tout à fait capables », « vulnérables » s’ils utilisaient des aménagements, réduisaient leur participation à l’activité ou éprouvaient des difficultés, ou « avec assistance ». Les scores les plus élevés représentant des niveaux de handicap plus élevés.

D’après les résultats publiés dans la revue « Sleep », l’invalidité des personnes augmente chaque année avec la fréquence accrue des symptômes d’insomnie et la prise de somnifères. Plus les symptômes d’insomnie sont fréquents, plus la perte d’autonomie est élevée mais la consommation plus fréquente de somnifères entraînait une augmentation encore plus importante des scores d’incapacité que les symptômes d’insomnie seuls. « De nombreuses personnes âgées pensent que les troubles du sommeil font partie intégrante du vieillissement, mais il s’agit d’un problème réel qu’il faut résoudre », a commenté la Pr Soomi Lee, professeure agrégée de développement humain et d’études familiales et co-auteure de l’étude.

En France, « près d’un tiers des personnes âgées de plus de 65 ans, soit près de 3,5 millions de personnes consomment de façon régulière des somnifères » d’après la Haute Autorité de Santé. Les somnifères les plus prescrits font partie de la famille des benzodiazépines (Estazolam (Nuctalon), Loprazolam (Havlane), Lormétazépam (Noctamide et ses génériques), Nitrazépam (Mogadon), Zolpidem (Stilnox et ses génériques), Zopiclone (Imovane et ses génériques)…). L’Agence française du médicament recommande de ne pas dépasser 3 semaines de prise dans le cadre de l’insomnie. Pour les auteurs de l’étude, il est crucial de « traiter l’insomnie et gérer correctement les somnifères » pour contribuer à prévenir l’invalidité des personnes âgées.


Source : JDF Santé