Le pied bot désigne une malformation du pied qui survient au stade foetal. « Il s’agit d’une pathologie assez fréquente puisque 1 à 2 enfants pour 1000 naissances en France en sont atteints. Le plus souvent, ce sont les garçons qui sont concernés et dans un cas sur deux, les deux pieds sont touchés », explique le Dr Nicolas Henric, chirurgien orthopédiste au pôle Mère enfant du CHU d’Angers. C’est quoi un pied bot ? Comment le diagnostiquer ? Et quelle opération permet de le soigner ?
Définition : qu’est-ce qu’un pied bot ?
Le pied bot est une anomalie congénitale du développement du pied, c’est-à-dire qui survient pendant la période fœtale. La moitié sont détectés par les échographies anténatales. Visuellement, il y a une rétraction de tous les tissus du pied autour de la cheville« , explique le Dr Nicolas Henric
► Pied bot varus et valgus. Le pied bot porte le nom de « varus » lorsque la plante du pied est tournée vers l’intérieur, de valgus lorsqu’elle l’est vers l’extérieur.
► Pied bot équin. On parle également de pied bot « équin » quand la pointe du pied est dirigée vers le bas. Idiopathique, c’est-à-dire non lié à une autre pathologie.
Comment diagnostiquer le pied bot ?
L’intérêt, c’est de le diagnostiquer in-utéro et de faire une consultation avec un chirurgien orthopédique pédiatrique en anténatal pour pouvoir exposer aux parents les différentes techniques qui existent pour le corriger.
Quelle est la cause du pied bot ?
Le pied bot est une malformation congénitale dont la cause n’est pas déterminée.
Comment soigner le pied bot ?
On dénombre deux grandes techniques :
► Une technique de rééducation qui va varier selon les écoles mais dont le principe est toujours le même. « On va essayer de travailler de façon très énergique 5 à 6 fois par semaine pendant 1 heure pour mobiliser le pied et le ramener dans l’axe petit à petit. Le kinésithérapeute va mettre en place un système de contention pour tenir le pied. Et cela, pendant quasiment trois mois, c’est ce qui fait la difficulté de cette prise en charge. Cela nécessite également un kiné vraiment spécialisé, au risque d’avoir des séquelles », souligne le spécialiste.
« Le traitement va durer toute la vie en quelque sorte. »
► La deuxième technique, c’est la technique dite de Ponseti. « Elle coûte moins cher et est moins chronophage. C’est aussi un travail de réduction de la déformation : on va mettre des plâtres progressivement, une fois par semaine, pendant 6 semaines. Il va du haut de la cuisse jusqu’au bout des orteils, on va d’abord ramener l’avant pied dans l’axe global du pied. Le problème de cette technique, c’est que dans la quasi totalité des cas, on va être obligé de faire une ténotomie du talon d’Achille, ce qui nécessite au minimum une anesthésie locale entre 6 et 10 semaines de vie, ce qui n’est pas anodin. L’avantage, c’est qu’il n’y a qu’une consultation par semaine » poursuit le chirurgien orthopédiste pédiatrique.
« Derrière, le traitement n’est pas terminé, il va durer toute la vie en quelques sortes. Après la ténotomie, on remet des plâtres pendant un mois et ensuite on met des atèles que l’on va garder jour et nuit pendant 3 ans puis toutes les nuits jusqu’à l’âge de 5 ans » précise le Dr Henric.
Quelle est l’opération pour le pied bot ?
Les techniques citées ci-dessus permettent d’éviter de faire subir aux enfants la grande chirurgie de libération postérieure qui laisse une grande cicatrice sur la moitié de la jambe jusqu’au gros orteil. « L’opération n’est réservée qu’aux récidives très sévères du pied bot et c’est malheureusement quelque chose qui peut arriver au cours de la croissance. Ce sont des enfants que l’on va suivre tout au long de leur évolution. Lorsqu’on arrive à traiter le pied bot, les enfants n’auront pas d’anomalies majeures, le but est de leur rendre un pied le plus normal possible » conclut le spécialiste.
Merci au Dr Nicolas Henric, chirurgien orthopédiste au pôle Mère enfant du CHU d’Angers.
Source : JDF Santé