Phimosis : comment soigner ce problème de décalottage ?

Les problèmes de décalottage ou phimosis du prépuce sont plus fréquents chez l’enfant mais concernent également les adultes. Définition, causes, symptômes et opération.

Définition : c’est quoi le phimosis ?

« Le phimosis est l’impossibilité à retrousser la peau du prépuce sur le gland du pénis au-delà du sillon balano-préputial. C’est en relation avec l’étroitesse du prépuce » informe le Dr Christian Castagnola, chirurgien urologue, Vice-président délégué à la communication de l’Association Française d’Urologie (AFU). Le prépuce regroupe la peau et la muqueuse qui recouvrent le gland. Le prépuce doit coulisser facilement sur le pénis permettant un décalottage. La personne atteinte d’un phimosis éprouve une difficulté ou une impossibilité à découvrir l’extrémité de la verge, situation correspondant à l’impossibilité de décalotter. Le phimosis peut donner lieu à un paraphimosis. « Le prépuce s’est rétracté mais il est resté dans cette position, a gonflé et créé un anneau de striction autour de la verge avec impossibilité de se recalotter » explique le Dr Castagnola.

Quelles sont les causes du phimosis ?

► Il faut distinguer le phimosis constitutionnel, qui est très rare, du phimosis secondaire. « On considère que 96% des nouveaux-nés naissent avec un phimosis. Celui-ci disparaît le plus souvent avec les érections spontanées, la toilette. A 3 ans, 11% des enfants seulement présentent un phimosis et 1% seulement des hommes de plus de 18 ans ont un phimosis constitutionnel. On ne parle donc pas de phimosis avant l’âge de 3 ans » indique le chirurgien urologue.

► Le plus souvent, le phimosis est secondaire. « Dans l’enfance, le phimosis peut être lié à un décalottage forcé, une inflammation, des fissures. Il s’agit alors d’un phimosis scléreux » indique-t-il. L’anneau préputial est alors épais, très étroit et fibreux.

► Le phimosis peut plus rarement apparaître chez l’adulte. « Le phimosis peut être alors lié à un diabète ou un lichen scléro-atrophique » explique le Dr Castagnola.

► Il existe enfin un denier cas de phimosis, qui se révèle au moment de l’adolescence ou à l’âge adulte : « Il s’agit d’un phimosis « limite » dans l’enfance dont on ne s’est pas rendu compte et qui se révèle lors des érections. Le manque de souplesse gêne lorsque la verge prend du volume » informe le chirurgien urologue.

Quels sont les symptômes du phimosis ?

« Le symptôme du phimosis est l‘impossibilité de rétracter le prépuce sur le gland » indique le Dr Castagnola. Chez l’enfant, le plus souvent, le phimosis n’entraîne pas de symptôme « Mais il peut occasionner une inflammation locale voire une infection due à la rétention de smegma (sécrété par les glandes préputiales) qui ne peut pas s’évacuer chez l’enfant comme chez l’adulte. Chez l’adolescent et l’adulte le phimosis peut également entraîner une gêne voire une douleur à l’érection«  informe le chirurgien urologue.

schéma phimosis
Schéma du phimosis © 123rf

Comment diagnostiquer le phimosis du prépuce ?

« Le diagnostic du phimosis est clinique«  informe le Dr Castagnola. Il est suspecté à l’œil nu et confirmé par l’impossibilité par l’examinateur de décalotter. « Nous pouvons nous aider de photographies de la verge en érection chez les adolescents lorsqu’il s’agit d’un phimosis fonctionnel avec un anneau de striction à l’érection » informe le spécialiste. Le paraphimosis est également constaté visuellement.

Comment soigner un phimosis chez l’enfant ?

Pour les nourrissons et enfants en bas âge, chez lesquels le phimosis est souvent naturel, on intervient uniquement en cas de complications (infection, paraphimosis). Les adhérences prépuciales sont progressivement levées sur les premières années de vie.  » Il est déconseillé de décalotter les petits garçons. Plus on force le décalottage et plus on risque de créer un phimosis scléreux «  souligne le Dr Castagnola. Chez l’enfant plus grand avec un phimosis le traitement médical est privilégié. « Il s’agit de l’application d’une pommade corticoïde deux fois par jour. Selon les études, il y a 67 à 95% de bons résultats avec ce traitement » décrit le Dr Castagnola. En cas d’échec, si le phimosis est gênant, une intervention chirurgicale est proposée. « Il s’agit d’une posthectomie, ablation du prépuce médicalement justifiée »  informe le chirurgien urologue. « Il existe une alternative, la plastie du prépuce (plastie de Duhamel), qui consiste à couper l’anneau préputial et à le suturer afin de l’élargir mais cette technique peut donner un aspect inesthétique à la verge » complète-t-il.

Comment soigner un phimosis chez l’adulte ?

Chez l’adulte, le traitement du phimosis est le plus souvent chirurgical (posthectomie). Lorsque le phimosis est peu prononcé, une plastie de Duhamel peut être envisagée. « Dans certains cas de lichen, la corticothérapie locale peut être efficace » précise le chirurgien urologue.

Comment se déroule l’opération d’un phimosis du prépuce ?

L’intervention chirurgicale est rapide et ne nécessite pas d’hospitalisation. Une anesthésie générale est la plus fréquente chez l’enfant. « Ce qui est important, c’est la prise en charge de la douleur » souligne le Dr Castagnola. La cicatrisation se prolonge de 2 à 4 semaines. La reprise de l’activité sexuelle pour les adultes s’effectue au bout de 4 semaines. Le paraphimosis nécessite rarement une hospitalisation en urgence. L’application d’un gel anesthésiant améliore les douleurs. La nécessité de recalotter rapidement le prépuce par un professionnel est indispensable. La consultation d’un urologue doit être envisagée rapidement.

Quels sont les risques d’infection en cas de phimosis ?

Il existe des complications si le phimosis n’est pas traité, notamment des risques d’infection au niveau du gland, appelées balanites : dans ce cas, la verge est douloureuse, chaude, augmentée de volume parfois, et un écoulement blanchâtre peut apparaître spontanément ou à la pression du pénis. L’autre conséquence potentielle d’un phimosis est le paraphimosis : si l’on force le décalottage, l’anneau du prépuce peut rester bloqué sur le pénis à la base du gland et l’étrangler, entraînant des douleurs et un gonflement.

Merci au Dr Christian Castagnola, chirurgien urologue, Vice-président délégué à la communication de l’Association Française d’Urologie (AFU).


Source : JDF Santé