Quel est le nom de la peur des souris ?
La musophobie désigne une peur irrationnelle, démesurée et persistante des rats, des souris et autres rongeurs. Ce mot vient du latin « mus » (souris, rat) et du grec ancien « phobos » (peur). « Comme les autres phobies animales, il s’agit d’une phobie spécifique ou simple, c’est-à-dire déclenchée par un objet concret. Elle se distingue de la »simple » peur« , souligne Maria Hejnar, psychologue clinicienne et psychothérapeute. « En soi la peur n’est pas un phénomène pathologique. L’homme a besoin de sentir la peur lorsqu’il est confronté à un réel danger. Elle l’a protégé contre les agressions de la nature, sans elle l’homme n’aurait pas survécu. Elle est utile dans les situations de dangers réels, car elle sert de signal d’alarme nous permettant de nous préparer afin de les maîtriser« , explique la psychothérapeute.
Origine : pourquoi certaines personnes ont peur des souris ?
La peur des rats et des souris est liée à la réputation de l’animal. En Occident, il est souvent associé à la saleté et à la maladie. « Nous pouvons penser qu’ayant participé à propager les épidémies de peste, le rat est devenu dans l’imagerie collective l’annonciateur d’un fléau, le présage d’une catastrophe. Il vit près de sous-sols, il en émerge de manière furtive et par cela il peut symboliser ce qui peut surgir de zone d’ombre de notre inconscient et personnifie les forces obscures. Les souris, les rats renvoient symboliquement à des parties archaïques de notre psyché« , avance la psychologue clinicienne. Chez les personnes atteintes de musophobie, la phobie témoigne de l’existence d’une anxiété accrue. « L’anxiété se trouve à la base de toute phobie. Elle peut se fixer sur une situation ou un objet dont la présence ou l’évocation va provoquer des symptômes anxieux plus ou moins intenses. La formation du symptôme passe par le mécanisme du déplacement. Une représentation vient à la place d’une autre pour cacher les conflits ou les désirs interdits« , poursuit-elle. Ce n’est donc pas l’animal en soit qui provoque directement l’angoisse mais l’idée de danger que la personne phobique lui attribue. « Une souris n’est angoissante qu’en fonction de ce qu’elle représente pour la personne musophobe. Le sujet phobique reconnait généralement le caractère déraisonnable de sa peur« , explique Maria Hejnar.
Comment se manifeste la peur des souris ?
Lorsque la personne atteinte de musophobie est en contact avec l’animal, elle ressent de l’anxiété pouvant aller de l’aversion au dégout jusqu’à la crise d’angoisse aiguë incontrôlable. « Lorsqu’il est en présence de l’objet phobogène (et même à l’évocation ou en prévision de devoir y faire face), le phobique va ressentir une émotion désagréable et forte de crainte. Cette anxiété s’accompagne souvent de plusieurs symptômes neurovégétatifs, tels que difficultés respiratoires, sentiment d’oppression ou d’étouffement, douleur thoracique, palpitations ou accélération du rythme cardiaque, transpiration excessive, tremblements ou secousses musculaires, frissons, nausées, vertiges ou encore confusion« , liste Maria Hejnar. Une personne phobique des rats et souris présente également une anticipation anxieuse des situations redoutées, comme l’explique la spécialiste. « Elle appréhende, par exemple, des promenades dans certains lieux où elle pourrait rencontrer ces animaux« . La peur excessive des rats et des souris peut ainsi devenir handicapante. « Elle pousse à avoir des comportements irrationnels tels que la fuite, l’évitement ou la panique. La personne qui en souffre abandonne certains désirs et restreint ses activités afin d’éviter le vécu d’inconfort, ce qui réduit sa liberté. Elle peut, par exemple, ne jamais descendre à la cave où elle garde son vélo par crainte d’y croiser une souris et par conséquent abandonner le vélo ».
Comment se débarrasser d’une peur des souris ?
Pour la psychologue, comme pour les autres phobies d’animaux, si l’objet phobogène est facile à éviter, la phobie est relativement bien tolérée. « Le mécanisme de défense d’évitement, partiellement inconscient, permet de réduire l’angoisse lorsqu’il est impossible d’éviter la confrontation« , explique-t-elle. En termes d’approche thérapeutique, elle recommande la psychothérapie intégrative qui réunit les apports des différents champs de la psychothérapie. Elle détaille. « Le choix des techniques utilisées au cours de cette psychothérapie tient compte de plusieurs aspects de la situation du patient. Elle emprunte à la psychanalyse l’importance accordée au monde intérieur de l’individu, à sa dynamique pulsionnelle, à ses conflits intérieurs, à ses représentations fantasmatiques et aux émotions qui leur sont associées. L’analyse des associations inconscientes du sujet offre accès aux souvenirs et représentations refoulées pouvant se cacher derrière les images d’animaux si terrifiants pour le sujet« . Le psychothérapeute intégratif a recours aux techniques cognitivo-comportementales. « Elles tentent de modifier les croyances irréalistes afin de rendre les réactions plus appropriées à la réalité. De plus, l’application de certaines techniques corporelles permet d’aider le patient à prendre conscience des sensations corporelles avant qu’elles ne deviennent envahissantes. Elles servent aussi à désamorcer les angoisses provoquées par les animaux« , conclut la psychologue.
Merci à Maria Hejnar, psychologue clinicienne et psychothérapeute.
Source : JDF Santé