Peur de l'eau : nom, signes, que signifie cette phobie ?

La peur de l’eau, de l’eau trouble, profonde, des fonds marins – regroupée sous le terme aquaphobie – est fréquente. Quelle est la signification d’une peur de l’eau ? D’où ça vient ? Comment se traduit-elle ? Comment dépasser cette peur et la vaincre ? Eclairage et conseils d’Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne. 

Quel est le nom de la peur de l’eau ?

La peur de l’eau est définie dans le DSM-5 (la dernière et 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques de l’Association américaine de psychiatrie) par le terme aquaphobie. « Aqua » en latin signifie « eau » et « phobia » en grec signifie « peur ». « On peut parfois entendre le terme « hydrophobie », mais en pratique, on utilise plus souvent le terme aquaphobie« , indique la psychologue.  

Que signifie le fait d’avoir peur de l’eau ?

La peur de l’eau est un trouble phobique anxieux. « Il s’agit d’une peur panique de l’eau, qui est très souvent accentuée quand la quantité d’eau est importante (l’océan par exemple), quand l’étendue d’eau est vaste et/ou qu’il y a de la profondeur. Cette peur est irrationnelle et le résultat d’une peur sous-jacente : elle est souvent liée au danger et à l’atteinte corporelle que représentent la peur de se noyer et donc de mourir, décrit notre interlocutrice. Les bébés et les enfants ont naturellement une attirance pour l’eau et n’en ont pas peur. Pour eux, l’eau est un élément très attractif et ils n’ont pas conscience du danger que l’eau peut provoquer. La peur se développe généralement plus tard et résulte souvent d’une situation particulière que l’on a vécu avec l’eau (un trauma dans une piscine, un mauvais souvenir à la mer, un incident dans un bain…). Ce sont des contextes qui ont déclenché cette peur. A contrario, il y a certaines personnes qui ont vécu des situations traumatisantes avec l’eau et qui ne vont cependant pas développer une peur de l’eau. Ce n’est pas automatique« .  La peur de l’eau peut aussi être en lien avec l’éducation et la pédagogie lors de l’apprentissage de la nage, du rapport à sa famille à l’eau, ou même au contexte géographique dans lequel on a grandi. « Une personne qui a grandi près de la mer, qui a eu des habitudes ou des pratiques sportives en lien avec le milieu aquatique peut se sentir plus à l’aise avec l’eau par exemple. Il y a aussi des personnes qui savent très bien nager et qui développent tout de même une aquaphobie. L’aquaphobie peut également être retrouvée dans certains troubles psychiatriques« , note la psychologue. 

Que veut dire une peur de l’eau trouble ou profonde ?

« Au niveau de la classification clinique, on n’a pas de référentiel concernant l’aspect de l’eau ou sa profondeur. On se base plutôt sur le degré de phobie« , rétablit notre psychologue clinicienne. 

Quels sont les signes d’une peur de l’eau ?

La peur de l’eau se manifeste de manière variable selon les individus. « Selon les histoires de vie et les facteurs déclencheurs du traumatisme, la personne qui a la phobie de l’eau peut ne pas supporter de prendre un bain ou une douche voire même la sensation de l’eau sur sa peau ou simplement le fait d’entendre de l’eau couler, tandis qu’une autre a peur de se baigner dans une piscine, à la mer… » liste Aline Nativel Id Hammou. Comme toutes les phobies, la peur de l’eau se manifeste par une peur difficilement contrôlable, d’intensité variable mais pouvant aller jusqu’à la panique. La peur a un retentissement sur la vie de la personne. Le plus souvent, la personne évite les situations où elle pourrait être confrontée à l’eau. 

Comment vaincre la peur de l’eau ?

La prise en charge dépend du « stresseur » phobique (l’objet de la phobie) et du degré de phobie de la personne. « Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont les plus recommandées dans la prise en charge d’une phobie, ainsi que la pratique de l’hypnose. Ces deux pratiques psychologiques ont des effets reconnus dans l’accompagnement de l’allègement de la phobie. Ensuite, selon les âges et quand l’aquaphobie est liée à la peur de ne pas maîtriser son corps et sa respiration dans l’eau, le fait de prendre des cours de natation permet de faire ce qu’on appelle en psychologie « une exposition au stresseur », autrement dit, de confronter la personne à l’objet de son stress« , explique-t-elle. Cela renforce l’ancrage et atténue la peur de mourir. Une exposition progressive à l’eau peut avoir de très bons résultats si le rythme de la personne et son degré d’exposition à l’eau sont respectés. « Il n’y a pas de phobies ridicules et il ne faut pas avoir peur de consulter, surtout si elle handicape au quotidien. Il faut aussi rassurer le patient et se dire que sa phobie ne pourra s’alléger que de manière progressive et qu’il existe des solutions pour vivre avec« , conclut notre experte.  

Merci à Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne. 


Source : JDF Santé