[Mis à jour le 22 février 2023 à 11h13] L’obésité est une maladie chronique qui ne cesse d’augmenter. En France, 47% des adultes seraient en surpoids dont 17% en situation d’obésité avec des valeurs plus élevées dans le nord et l’est de la France selon une étude publiée en février 2023 dans le Journal of Clinical Medicine. « La prévalence de l’obésité ne cesse d’augmenter à un rythme rapide. Elle est ainsi passée de 8,5% en 1997 à 17% en 2020. L’augmentation est encore plus marquée dans les groupes d’âge les plus jeunes et pour l’obésité morbide » rapporte l’étude. Elle a été multipliée par plus de 4 chez les 18-24 ans et par près de 3 chez les 25-34 ans. Près de 8,5 millions de Français sont en situation d’obésité. Selon le Rapport sur l’obésité dans la région européenne, publié en mai 2022, 59% des adultes et près d’un enfant sur 3 (29% des garçons et 27% des filles) sont en surpoids ou obèses. La prévalence de l’obésité chez les adultes de la Région européenne est supérieure à celle de toutes les autres Régions de l’OMS, à l’exception des Amériques. L’obésité et le surpoids seraient à l’origine de plus de 1,2 million de décès par an, ce qui correspond à plus de 13 % de la mortalité globale en Europe. Définition, calcul IMC, type d’obésité, prise en charge, régime… Notre dossier dédié à l’obésité.
Quelle est la définition officielle de l’obésité ?
L’obésité est une maladie. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on définit le surpoids et l’obésité comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé. L’indice de masse corporelle (IMC) est une mesure du poids par rapport à la taille couramment utilisée pour estimer le surpoids et l’obésité chez les populations et les individus adultes. La mesure du tour de taille est aussi un indicateur. En plus de ces deux critères, la Haute Autorité de Santé a proposé en juin 2022 de prendre en compte également le niveau de sévérité des pathologies associées, le retentissement fonctionnel de l’obésité (essoufflement, douleurs…), le contexte psychopathologique, l’existence d’un handicap, le comportement alimentaire ainsi que le retentissement de la maladie sur la qualité de vie personnelle ou professionnelle.
Combien de personnes obèses en France ?
L’obésité est en forte hausse en France. 47% des adultes seraient en surpoids dont 17% en situation d’obésité selon une étude publiée en février 2023 dans le Journal of Clinical Medicine. « La prévalence de l’obésité ne cesse d’augmenter à un rythme rapide. Elle est ainsi passée de 8,5% en 1997 à 17% en 2020« rapporte l’étude. Près de 8,5 millions de Français sont en situation d’obésité. L’étude indique aussi que :
- La prévalence de l’obésité est supérieure avec l’âge (chez les plus de 55 ans) mais l’augmentation de l’obésité est plus marquée chez les plus jeunes et pour l’obésité morbide. Elle a été multipliée par plus de 4 chez les 18-24 ans et par près de 3 chez les 25-34 ans. Mais
- L’obésité est plus marquée chez les femmes (17,4%) que chez les hommes (16,7%)
- L’obésité est deux fois plus élevée chez les catégories populaires (employés et ouvriers) que chez les cadres (18% vs 9%).
- Parmi les personnes obèses : 36% suivent ou ont suivi un traitement pour l’obésité ; 20% sont traitées pour un diabète ; 18% souffrent d’apnée du sommeil.
- 34% des enfants de 2 à 7 ans et 21% des 8-17 ans sont en situation de surpoids ou d’obésité (deux fois plus de garçons).
- 6% des enfants de 8 à 17 ans et 18% des enfants de 2 à 7 ans sont en situation d’obésité.
- La prévalence de l’obésité dépasse 20% dans le Nord et le Nord-Est de la France, et elle est la plus basse (moins de 14,5 %) en Île-de-France et dans les Pays de la Loire.
Quel est l’IMC d’une personne obèse ?
L’OMS définit l’obésité par un IMC égal ou supérieur à 30 kg/m2. On distingue ensuite 3 types d’obésités selon les chiffres d’IMC :
- Obésité modérée : IMC compris entre 30 et 34,9 kg/m²
- Obésité sévère : IMC situé entre 35 et 39,9 kg/m².
- Obésité morbide (espérance de vie réduite à moins de 10 ans) : IMC ≥ 40 kg/m².
Comment se calcule l’obésité ?
Le diagnostic de surpoids et d’obésité repose sur l’IMC. L’IMC, indice de masse corporelle, correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m2 .
Qu’est-ce que l’obésité abdominale ?
L’obésité abdominale est le signe d’une accumulation de masse grasse viscérale. Cette masse grasse profonde se loge autour des organes comme le cœur, le foie ou encore le pancréas et nuit à leur bon fonctionnement. Ainsi, elle est souvent associée à un risque élevé d’accidents cardio-vasculaires et de maladies métaboliques telles que la stéatose hépatique (« foie gras » )ou encore le diabète.
Un tour de taille supérieur à 88 cm chez la femme et 102 cm chez l’homme indique une obésité abdominale.
La mesure du tour de taille à l’aide d’un mètre ruban est un bon reflet de cette obésité abdominale. Les valeurs limites diffèrent selon le sexe. Un tour de taille supérieur à 88 cm chez la femme et 102 cm chez l’homme indique une obésité abdominale.
Obésité infantile
Selon l’enquête de la Ligue contre l’Obésité publiée en juin 2021, 34% des enfants de 2 à 7 ans et 21% des 8-17 ans sont en situation de surpoids ou d’obésité (deux fois plus de garçons). Et 6% des enfants de 8 à 17 ans et 18% des enfants de 2 à 7 ans sont en situation d’obésité. La surveillance du poids doit se faire régulièrement chez l’enfant (à chaque visite médicale) en reportant les mesures dans le carnet de santé. Le suivi préconisé se fait à partir de la courbe de corpulence (garçon/fille) qui est tracée en calculant l’IMC en fonction de l’âge. Si la courbe est située au dessus du 97 percentile ou si elle ne suit pas l’évolution indiquée (courbes en pointillées) en augmentant trop rapidement, cela est révélateur d’un excès de poids et d’un risque élevé d’obésité. Chez la plupart des enfants, la corpulence remonte progressivement à partir de l’âge de six ans et jusqu’à la fin de la croissance. Les enfants dont la corpulence augmente avant l’âge de six ans (« rebond d’adiposité« ) ont un risque plus élevé de devenir obèses. Ces dernières années, des cas d’augmentation de la corpulence dès l’âge de trois ans ont été observés !
Quelles sont les causes de l’obésité ?
L’obésité est une maladie chronique complexe multi-factorielle. On retrouve 3 causes principales :
► La génétique dans 30% des cas. Il existe des gènes de prédisposition de l’obésité. Le risque de devenir obèse pour un enfant croit considérablement avec le nombre de personnes touchées dans la famille. D’environ 8 % si un seul des parents ou grands-parents est atteint tôt d’obésité vraie, le risque double si deux des parents ou grands-parents sont obèses et atteint jusqu’à 65 % dans les familles ou quatre personnes parmi les parents ou grands-parents sont touchées.
► L’environnement avec l’évolution profonde des rythmes de vie, de l’alimentation (fast-food, produits industriels, sodas…) et la réduction importante de l’activité physique. Un faible niveau social augmente également le risque d’obésité.
► Des facteurs comportementaux et psychologiques comme des troubles anxieux ou dépressifs, des périodes de difficultés psychologiques ou sociales, une diminution du temps de sommeil, un arrêt du tabac non accompagné de mesures adaptées ou encore une consommation d’alcool excessive. Ces situations engendrent souvent des troubles du comportement alimentaires (TCA) de type grignotage, compulsion, anorexie et crises de boulimie.
Quels symptômes chez une personne obèse ?
Les principaux symptômes de l’obésité sont un poids élevé avec un surplus de graisses réparti dans différentes régions du corps (visage, cou, ventre, hanches, cuisses, fesses…) entraînant une mobilité réduite avec des douleurs articulaires, une transpiration excessive et des difficultés respiratoires ainsi qu’une faible estime de soi et dans certains cas, une tendance à la dépression.
Quelles sont les conséquences de l’obésité sur la santé ?
Les graisses de notre alimentation sont des lipides qui se composent d’acides gras. Tout comme les glucides, les lipides sont des sources d’énergie pour le corps. Ils sont donc indispensables pour se sentir en forme, pour se réchauffer, pour bouger, etc. Pour autant, si on en avale en trop grande quantité, notre corps ne s’en débarrasse pas, il les stocke sous forme de tissu graisseux, sous la peau (tissu adipeux sous-cutané) et autour des organes abdominaux (tissus adipeux viscéraux), comme le cœur, les poumons, le tube digestif ou le foie par exemple. La graisse qui s’accumule n’est pas sans conséquences, notamment lorsqu’elle est localisée au niveau abdominal :
► Elle peut favoriser l’apparition de plaques de graisses sur la paroi des artères (on parle d’athérosclérose), augmentant ainsi le risque de maladies cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral…).
► Elle peut perturber le fonctionnement normal du foie, qui peut alors sécréter plus de sucre, augmentant la glycémie, donc le risque de diabète. Surpoids, sédentarité et hérédité sont les trois principaux facteurs de risque du diabète de type 2, aussi appelé diabète gras et qui concerne 90% des diabétiques. Il se définit par une augmentation du taux de sucre dans le sang, lequel fragilise les artères et augmente aussi le risque d’infarctus.
► Elle favorise la formation de cholestérol : des plaques de cellules graisseuses peuvent progressivement boucher les artères et augmenter le risque d’accident cardiovasculaire.
L’obésité est responsable de très nombreuses pathologies associées, parmi lesquelles on retrouve principalement :
- Des pathologies cardiovasculaires : insuffisance coronarienne, insuffisance cardiaque, hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral (AVC), maladie vasculaire type problème veineux.
- Des problèmes respiratoires : hypoxémie, hyperventilation alvéolaire, apnée du sommeil.
- Des complications rhumatologiques avec des douleurs articulaires.
- Le mal de dos. « Si votre surpoids est par exemple de 20 kilos, c’est comme si vous portiez en permanence un sac de ce poids qui ne peut que contribuer à tasser vos vertèbres » indique le Pr Jean-Jacques Altman, endocrinologue à Paris.
- Des troubles psychologiques : anxiété, dépression.
- Une augmentation des risques de certains cancers (seins, utérus, ovaire, prostate, colon, voies biliaires).
En quoi consiste la prise en charge de l’obésité ?
De nouvelles recommandations sur la prise en charge de l’obésité ont été publiées en juin 2022 par la Haute Autorité de Santé. Si la mesure de l’IMC constitue toujours un des critères de classification d’une situation d’obésité, la prise en charge de l’obésité n’a pas pour seul objectif la perte de poids.
► Elle vise également à agir sur les comorbidités, les facteurs de risque, la qualité de vie et la mobilité. La HAS recommande une indication de perte de poids personnalisée, adaptée au patient et en accord avec celui-ci, à l’issue d’une évaluation globale prenant en compte son âge, les commorbidités associés, sa capacité à s’investir pleinement ou encore ses objectifs. Pour les patients âgés de plus de 70 ans, la HAS insiste sur la nécessité dêtre particulièrement vigilant au risque de réduction significative de la masse musculaire, de fragilité et de dénutrition que peut entraîner ou aggraver une perte de poids.
► D’un point de vue nutritionnel, changer son comportement alimentaire et tendre à une alimentation de type méditerranéen.
► Activité physique : la HAS préconise de pratiquer chaque semaine au choix : 2h30 à 3h d’activité physique modérée (qui correspond à un effort de 5-6 sur une échelle de 0 à 10 en termes de souffle), 1h15 à 2h30 d’activité physique plus intense (qui correspond à un effort de 7-8 sur une échelle de 0 à 10 en termes de souffle) ou une combinaison équivalente d’activités modérées et intensives. Cette pratique est à accompagner par des séances de renforcement musculaire, au moins deux jours par semaine. Il est également recommandé de diminuer les périodes de sédentarité et de les rompre régulièrement par du temps d’activité physique de faible intensité.
► La HAS préconise la mise en œuvre de programmes d’éducation thérapeutique du patient (ETP) pour lui permettre de participer pleinement à la modification durable de son mode de vie.
► En cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle (moins de 5% de perte de poids à six mois), et si celle-ci a été bien conduite sur le plan du comportement alimentaire et de l’implication du patient, une prise en charge médicamenteuse peut être envisagée.
Quels sont les traitements de l’obésité ?
Le traitement de l’obésité nécessite une prise en charge pluridisciplinaire sur le long terme. Tout d’abord médicale pour diagnostiquer les pathologies associées, diététique pour mettre en place et suivre des changements d’habitudes alimentaires soutenue par une prise en charge psychologique pour traiter les traumatismes psychiques, causes profondes à l’origine des troubles du comportement alimentaire. Enfin l’accompagnement pour un professionnel d’activité physique adaptée (APA) est fortement conseillé pour la reprise du sport.
Quelle alimentation pour maigrir quand on est obèse ?
D’un point de vue nutritionnel, la HAS préconise une réduction modérée et personnalisée des apports énergétiques afin de tendre vers une perte de poids durable. Elle recommande un changement du comportement alimentaire régulé par les signaux internes de faim, de rassasiement ou de satiété, ainsi que la prise en compte de la composante émotionnelle de l’alimentation. Si la HAS déconseille la mise en place de régimes déséquilibrés ou très restrictifs, comme le régime cétogène ou le régime Atkins, une alimentation de type méditerranéen peut être intéressante, du fait de ses bénéfices sur la santé. Comme l’explique le docteur Boris Hansel, chef de clinique en endocrinologie et nutrition à la Pitié-Salpêtrière à Paris, « la première étape est de renoncer à tout régime restrictif qui ne fera qu’aggraver la situation à moyen terme ! Ensuite, il faut apprendre à analyser ses habitudes alimentaires en étant capable de se remettre en question : avez-vous faim quand vous mangez ? Grignotez-vous ? Etc. Ensuite seulement, il faut apprendre à se rapprocher le plus possible d’une alimentation « idéale » équilibrée tout en évitant l’alcool. Attention : tout cela demande du temps et un travail sur soi. C’est la condition obligatoire à respecter si on veux protéger son corps et sa santé sur le long terme ! » Il faut reprendre de bonnes habitudes.
► Manger modérément et varier au maximum les plats : de la viande comme du poisson, des fruits et légumes variés.
► Faire 3 repas par jour avec un vrai petit-déjeuner, sans sauter le déjeuner et sans grignoter.
► Sans les supprimer totalement (si on n’y arrive pas), réduire les ennemis du surpoids, à savoir : les fritures, la charcuterie, les sodas, l’alcool, les viandes trop grasses ou en sauce, etc.
► Pour les encas, préférez une pomme pour vous caler plutôt qu’un gâteau.
Comment (re)faire du sport ?
Selon l’OMS, un style de vie sédentaire augmente les risques de prise de poids. Au contraire, l’exercice physique joue un rôle important dans la prévention de la prise de poids. Et croyez pas qu’activité physique soit synonyme de sport de compétition ! En fait, elle correspond à tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles et entraînant une augmentation des dépenses d’énergie par rapport à la dépense de repos. En conséquence elle recouvre également les déplacements de la vie quotidienne, notamment la marche à pied. D’ailleurs entre une personne qui marche tous les jours pour aller travailler et une autre qui se rassure en pratiquant une heure de sport par semaine, c’est sans doute la première qui est considérée comme la plus active. La régularité prime sur l’intensité.
Conseils pour se bouger au quotidien :
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Quand se faire opérer ?
Dans les cas d’obésité morbide (IMC ≥40 kg/m²) ou d’obésité sévère avec pathologie(s) associé(es), et seulement après échecs répétés d’une prise en charge pluridisciplinaire, le recours à la chirurgie de l’obésité ou chirurgie bariatrique, peut être proposé. Il y a 3 types d’interventions chirurgicales : l’anneau gastrique, la sleeve gastrectomie et le bypass.
Quels professionnels de santé consulter quand on souffre d’obésité ?
En cas d’obésité, il est possible de consulter son médecin généraliste, un nutritionniste, un diététicien et un endocrinologue.
Source :
– Obésité et surpoids : près d’un Français sur deux concerné, Inserm, 20 février 2023
– Obésité, OMS
– Surpoids et obésité de l’adulte : prise en charge médicale de premier recours Recommandations pour la pratique clinique. HAS. 2011
Source : JDF Santé