Nodule hypoéchogène : qu'est-ce que c'est ?

Un nodule est une grosseur anormale de forme généralement arrondie. Lorsque le nodule ne renvoie que des ondes ultrasonores très faibles voire nulles, on parle de nodule hypoéchogène. Ce genre de cas peut nécessiter un prélèvement au niveau de l’organe hypoéchogène. Ils peuvent toucher la thyroïde, la prostate, le sein ou encore le foie. Quels sont les symptômes ? Quel examen pour savoir si le nodule hypoéchogène est cancérigène ? Faut-il toujours le retirer ?

Définition : c’est quoi un nodule hypoéchogène ?

Un nodule est une grosseur anormale de forme généralement arrondie, qui se développe dans un organe. Lorsque ces nodules sont situés dans des organes accessibles aux ultrasons, comme la thyroïde le foie, le rein, le sein ou la prostate, l’échographie va permettre de les caractériser. A l’aide une d’une sonde émettant et réceptionnant les ultrasons, on va pouvoir identifier la forme, le volume, la composition et la vascularisation du nodule. « On dit que le nodule est hypoéchogène s’il renvoie très peu, voire pas du tout, ces ultrasons lors de cet examen« , explique le Dr Hervé Monpeyssen, thyroïdologue, responsable de l’unité Thyroïde de l’Hôpital Américain. « La signification de l’échogénicité est fonction de l’organe examiné, parfois rassurante, parfois suspecte« , précise-il. De manière générale, on dit d’une structure qu’elle est hypoéchogène lorsqu’elle renvoie des ondes ultrasonores particulièrement faibles (voire nulles) au cours d’une échographie. Sur l’écran, la zone concernée apparaît plus sombre. L’hypoéchogénicité peut être secondaire à une affection liquidienne (formation de kystes ou nodules) ou à une métastase hépatique. Ce phénomène peut conduire à réaliser un prélèvement au niveau de l’organe hypoéchogène. La taille et le volume du nodule doivent être évalués avec précision : le nodule peut mesurer de quelques millimètres, jusqu’à plus de dix centimètres. « La taille à elle seule n’est pas un signe de suspicion, insiste le Dr Monpeyssen, il faut prendre en compte l’ensemble des facteurs : les limites du nodule, sa forme, son volume, sa vascularisation, sa rigidité et son score EU-TIRADS (qui sert à classer nodules) ». En dehors des kystes purs, tous les nodules sont vascularisés. « La vascularisation riche n’est pas non plus un signe de gravité. Un angiome hépatique est une tumeur parfaitement bénigne et très vascularisée« , précise le médecin.

Quels sont les symptômes d’un nodule hypoéchogène ?

Les symptômes dépendent de l’organe où se trouve le nodule. En cas d’organe superficiel (thyroïde, sein…) le nodule peut se manifester comme une bosse plus ou moins sensible. En cas d’organe profond (foie, rein…) le nodule ne peut pas être palpé. Il peut être découvert et exploré en échographie.

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Où peuvent se situer les nodules hypoéchogènes ?

► Le nodule thyroïdien est une grosseur qui se forme dans la thyroïde, et peut être découvert à la palpation pas le patient ou le médecin. Le plus souvent, il est découvert lors d’une échographie systématique ou des carotides. « C’est une affection très fréquente, surtout chez les femmes : une femme sur deux à cinquante ans a au moins un nodule thyroïdien« , explique le spécialiste. Dans la plupart des cas, le nodule est de nature bénigne et n’entraîne aucun symptôme. « Néanmoins, il peut devenir compressif pour les autres organes du cou (trachée, œsophage…), ou peut parfois être douloureux », ajoute le médecin. On dit des nodules thyroïdiens qu’ils peuvent être « chauds » ou « froids ». Le nodule « chaud » signifie qu’il est actif, et va donc secréter des hormones thyroïdiennes en grande quantité. Il est donc responsable d’hyperthyroïdie, mais est en général bénin. Pour rappel, le rôle de la thyroïde est de secréter des hormones, qui ont de multiples rôles. Elles régulent notre métabolisme, contrôlent la température de notre corps, augmentent le rythme cardiaque et l’énergie musculaire, et ont même un rôle dans l’utilisation des glucides, des lipides et des protides. A contrario, le nodule thyroïdien qui est dit « froid » est inactif.

► Un nodule de la prostate peut être découvert par palpation de la prostate par un urologue. C’est un examen recommandé à partir de 50 ans pour détecter le plus tôt possible le cancer de la prostate. Néanmoins, tout nodule n’est pas forcément un cancer. Une biopsie de la prostate permettra d’affirmer le diagnostic de cancer de la prostate lorsque celui-ci est suspecté.

► Un nodule mammaire correspond à une grosseur ou une protubérance dans le sein. On la reconnait par le toucher qui est différent du reste du tissu entourant le sein. Un nodule peut être découvert sur le sein lors d’une autopalpation ou pendant un examen clinique de routine par un médecin. Il peut être plus difficile de détecter les nodules hypoéchogènes dans le sein en fonction de sa densité, s’il est purement graisseux ou s’il a des zones denses et hypoechogènes. Les nodules mammaires sont relativement fréquents. En général, ils ne sont pas de nature maligne.

► Un nodule au foie peut être découvert lors d’une échographie ou d’un scanner. Lorsqu’un nodule, hypoéchogène ou pas, est repéré, des examens sont effectués pour jauger si fonctionnement du foie est correct, ou s’il y a une éventuelle maladie comme la cirrhose ou l’hépatite. En effet, dans la grande majorité des cas, les nodules se développent dans un foie malade : la stéatose et la cirrhose. En fonction de la maladie découverte (ou pas), les médecins peuvent attribuer le traitement nécessaire et prévenir d’éventuelles complications. En effet, des nodules dans un foie malade peuvent devenir malins.

Comment détecter un nodule hypoéchogène ?

Lorsque le nodule est détecté, le clinicien doit rechercher chez le patient des caractéristiques personnelles (maladies, traitements…) ou familiales pouvant entrer en ligne de compte. « Dans le cas du nodule thyroïdien, il doit l’examiner avec soin, recherchant des signes d’hyper ou d’hypothyroïdie (thyroïde qui fonctionne trop ou pas assez)« , explique le Dr Monpeyssen. Puis à sa demande, c’est l’échographiste aguerri à l’organe concerné qui va analyser les caractéristiques échographiques. Concernant la thyroïde, l’échographiste va l’intégrer dans un score EU-TIRADS. « En fonction de son score, de sa taille et des éléments de l’examen clinique, le nodule sera ou non ponctionné« .

Dans le cas d’un nodule malin ou cancéreux, la chirurgie demeure indiscutable

Quel examen pour analyser le nodule hypoéchogène ?

Pour s’assurer que le nodule ne soit pas cancéreux, il peut être ponctionné à l’aide d’une aiguille fine de manière à aspirer un peu de son contenu afin de l’analyser au microscope. « Dans le cas du nodule hypoéchogène on ponctionne généralement pour un diamètre supérieur à 15 millimètres, parfois 10mm« , précise le spécialiste. La ponction est un examen simple mais méticuleux, indolore qui ne nécessite pas d’anesthésie et qui, dans la très grande majorité des cas, doit être pratiquée sous contrôle échographique. Le matériel recueilli est adressé à un médecin, un cytopathologiste, qui analyse l’aspect des cellules (on appelle cela une cytologie) et donne un score dit de Bethesda, séparant les nodules bénins des cancers. Dans 15% des cas, le nodule est dit indéterminé et doit bénéficier d’autres investigations. « Pour les nodules thyroïdiens, la scintigraphie trouve là l’une de ses indications, l’autre étant la recherche d’un nodule « dit chaud » sécrétant des hormones « pour son propre compte« , explique le docteur Monpeyssen. Ce schéma diagnostique nécessite une grande expertise des différents protagonistes. Il a permis de donner une solution alternative à la chirurgie pour la plupart des nodules indéterminés.

Faut-il retirer un nodule hypoéchogène ?

Dans la majorité des cas, on ne touche pas à un nodule bénin, jusqu’à une taille de 4 cm voire plus. S’il est gênant au quotidien ou très volumineux, surtout s’il est situé sur la glande thyroïde, il est possible qu’on doive quand même le retirer, pour éviter qu’il entrave la déglutition. Dans la grande majorité des cas aujourd’hui, on évite la chirurgie. Le nodule peut être traité autrement : « un nodule purement liquidien sera simplement évacué à l’aiguille et alcoolisé en cas de récidive« , indique le médecin. « Un nodule sécrétant peut aisément être traité par le radio-iode. Un nodule majoritairement solide peut bénéficier d’une thermoablation par laser, radiofréquence ou échothérapie (HIFU)« . Ce sont des techniques réalisées en externe ou en hospitalisation de jour, sur un sujet non endormi. Chaque nodule est un cas particulier, et l’option thérapeutique doit être choisie dans l’intérêt du patient, au besoin lors d’une réunion multidisciplinaire. Si ces techniques alternatives ne sont pas applicables, dans le cas de nodules malins, il reste les techniques chirurgicales conventionnelles, mini-invasives et robotiques. « Dans le cas d’un nodule malin ou cancéreux, la chirurgie demeure indiscutable. Dans certains cas, elle peut être pratiquée sur un nodule indéterminé. Sinon, on peut pratiquer la surveillance active et voir comment il évolue avant d’opérer« , conclut le spécialiste.

Merci au Dr Hervé Monpeyssen, thyroïdologue, responsable de l’unité Thyroïde de l’Hôpital Américain.


Source : JDF Santé